Liberty is a prerequisite of a meaningful society. A dictatorship or a bureaucracy are incompatible with meaning. From all the modes of government, democracy is the one that most respects human liberty and dignity. Still, respecting democratic forms is not a proof of a vigourous ethos, as was shown by the unfortunate Weimar republic. A democracy which is falling apart paves the way for totalitarism. Thus, the present legitimacy crisis of the western democracy represents a major threat. Legitimacy can find its source in ideas and principles which are able to transcend individual interests. In the past, the recognized source of legitimacy was God. Thus, the Church became the repository of legitimacy. According to democratic rules, the people represent the source of legitimacy and religion has been relegated to the private sphere, at least in western countries. During the twenty past years, this situation has been progressively shifting. Free markets have been considered as the source of legitimacy. Banks have become the repository of this new legitimacy. Multinational companies do not accept anymore to refer to the power of the people, but to technocratic institutions which comply with the rules of the Market and to a "governance", which has nothing to do anymore with democracy. Thus, it is not surprising that an increasing fraction of the population feels outcast and excluded from any access to the power, which becomes the preserve of a wealthy minority. In order to break this deadlock, it is necessary to find new sources of meaning and new symbolic expressions, which might be able to overcome the present reference to Markets. In order to preserve the gains of the previous centuries, democracy has to recover the path of the public good, by regaining its independance from the powerful lobbies, which try to rule the world.
La liberté est une condition indispensable pour que la société soit porteuse de sens. Un régime dictatorial ou bureaucratique est incompatible avec le sens. De tous les modes de gouvernement connus jusqu’à présent la démocratie est celui qui respecte le mieux la liberté et la dignité humaines. A ce titre, elle fait partie des acquis essentiels de la société occidentale. Toutefois, le respect des formes démocratiques ne représente pas en soi la garantie d’un ethos vigoureux. La malheureuse république de Weimar est un exemple de démocratie qui s’est délitée, en laissant la porte ouverte au totalitarisme. A ce titre, il est préoccupant de constater que la démocratie dans son ensemble semble passer actuellement par une crise de légitimité, qui la met en péril.
Les institutions européennes, qui ont inspiré l’organisation du pouvoir dans l’ensemble du monde occidental, trouvent leur source dans l’Antiquité gréco-romaine. L’Empire romain avait compris que le pouvoir (potestas), pour être accepté, ne peut s’exercer sans une légitimité qui lui confère une autorité (auctoritas). Dès lors, une nation doit être gouvernée en vertu du couple indissociable potestas/auctoritas.
La légitimité doit trouver sa source dans un principe capable de transcender les intérêts particuliers. C’est la référence à un tel principe qui donne un sens aux actions menées par le pouvoir et lui enlève le caractère arbitraire de décisions prises par un individu qui ne serait plus qu’un tyran. La source de légitimité peut varier dans le temps. Durant l’Antiquité romaine, la légitimité relevait des dieux, puis de l’Empereur lui-même élevé au rang de divinité. L’arrivée du christianisme a profondément transformé cette situation en transférant à Dieu toute source de légitimité. De ce fait, l’Eglise devenait la garante de la légitimité et donc du pouvoir. La démocratie moderne s’est libérée de cette dépendance et a transféré la légitimité au peuple souverain, formant la Nation. De ce fait, selon le principe de laïcité, l’exercice de la religion était renvoyé dans une sphère privée distincte de la sphère publique.