Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

jeudi 31 octobre 2013

Vicariance

The neurophysiologist Alain Berthoz has written a new book about "vicariance". Vicariance designates the way any living being can replace a mechanism by an alternative one, for achieving a better adaptation to its environment. For instance,  a region of the brain which is damaged can be replaced by an other (vicariant ) region. Such a process is very general and Jean-Pierre Aubin has already shown that the evolution of most system is governed by vicariant regulation modes. Alain Berthoz shows that vicariance is an essential property of life. It represents one of the main means used by nature for being creative. In the case of human beings, the vicariance concept can be extended to mental processes and to the virtual worlds created by the human mind. It behaves then as a marvelous creativity booster, at least if these virtual worlds can coexist without any violent struggle for domination.

Le nouvel ouvrage du neurophysiologiste Alain Berthoz est consacré au concept de vicariance (terme dont la racine latine vicarius signifie un remplaçant, d'où le terme de "vicaire"). La vicariance désigne la façon dont un organisme peut substituer un mécanisme à un autre pour s'adapter à l'environnement. C'est ainsi qu'en cas de lésion cérébrale, le cerveau, grâce à sa plasticité, peut faire appel à d'autres zones pour remplir ses fonctions.Ce processus est très général. Analysant la viabilité des systèmes, Jean-Pierre Aubin a montré que de manière très générale, ils sont pilotés par des mécanismes de régulation vicariants. Alain Berthoz montre que la vicariance est une propriété essentielle du vivant. Elle représente un des principaux moyens pour la nature de faire preuve d'une créativité incessante. Dans le cas des êtres humains, cette vicariance s'étend aux processus mentaux et aux mondes virtuels que crée le cerveau humain. Elle représente alors un fabuleux moteur de créativité, à condition, bien sûr que ces différents mondes "vicariants" puissent coopérer, sans s'affronter.

mardi 29 octobre 2013

Gravity


The film produced by Alfonso Cuaron is to a large extent outstanding. It brings us into a universe completely different from ours, where gravity does not exists any more and in which all our  usual landmarks are abolished. Still, it gives the impression of being a documentary fiction or a disaster movie and not the master-piece, it might have been. The inspiration which can be found in the films by Kubrick, Tarkovsky or Malick is absent here. The infinite space is only a hostile  nothingness from which to escape. The Earth itself provides a material support but it is void from any soul.

Le film produit par Alfonso Cuaron est incontestablement un film qui sort de l'ordinaire. Il a le mérite de nous entraîner dans un univers spatial, radicalement différent du notre, où la gravité n'existe plus et dans lequel tous nos repères habituels sont abolis, l'usage de la 3D renforçant l'impression de se retrouver plongé dans un univers inconnu.  Pourtant en sortant de ce spectacle, on a l'impression d'avoir assisté à un documentaire-fiction ou à un film catastrophe et le réalisateur semble être passé à côté de ce qui aurait pu être un chef-d’œuvre. On n'y trouve ni le souffle ni l'inspiration des films de Kubrick, Tarkovsky ou de Terrence Malick. L'espace infini n'est qu'un néant hostile, dont on souhaite s'évader au plus vite.  La Terre elle-même n'est plus qu'un support matériel. L'âme en est absente.

dimanche 27 octobre 2013

Le Futur d'Al Gore / The Future by Al Gore

The book about "The Future" by Al Gore has just been published in French. It presents six main drivers for reshaping our world: the globalized economy, the new digital age, world governance, the transformations of consumption habits, biotechnologies and climate change. Al Gore's way of thinking may seem somewhat outdated. Global warming does not seem any more a major concern and the Nobel Prize seems far away. Still, Al Gore is certainly a major leader, one of the few people able to conciliate politics and humanism with an interest for science and technology. He represents the America of great hopes, which associates humanism with the faith in progress.  He shows a coherent vision for the future. His book is a new indication that the future might have been different, if only he had been designated in 2000.

L'ouvrage d'Al Gore, "Le Futur" vient d'être édité en français. C'est un ouvrage ambitieux, qui pose la question de l'avenir de notre civilisation, en  préconisant sur un nouveau modèle économique, pour remettre le Monde sur la bonne voie, en s'appuyant sur six grands facteurs de changement: la mondialisation, les technologies numériques, la gouvernance mondiale, les mutations des modes de vie, les biotechnologies et le changement climatique.
Al Gore peut paraître passé de mode. On ne parle plus beaucoup du réchauffement climatique, le prix Nobel de 2007 paraît déjà loin. Pourtant, c'est l'un des personnages clefs de notre temps, une des rares personnalités qui ont su associer politique, écologie ainsi qu'une ouverture vis à vis de la science et de la technologie. Al Gore représente l'Amérique des grandes espérances, celle qui veut associer humanisme et foi dans le progrès. Il montre une voie, qui représente pour le Monde une séduisante vision d'avenir. A la lecture de son ouvrage, on ne peut que regretter davantage qu'elle n'ait pas prévalu en 2000.

mercredi 23 octobre 2013

La fin de la viande? / The end of meat?


Many reasons support the idea that our present consumption of meat should come to an end:
- Meat consumption increases the risk of cancer and heart disease.
- It represents a very heavy burden for the environment (pollution and high consumption of resources). Extrapolating the present Western mode of nutrition to the whole world would bring this burden to a highly unacceptable level.
- Alternative solutions become available for the production of proteins (micro-algae, transformation of insects.
- The most imperative reason is ethical. Animals are obviously conscious and sentient beings. Therefore their life and well-being have to be protected, especially in the case of the most evolved animals, such as superior mammals.
It is not what happens now and the share of meat increases at the world level. It is perceived as a progress by most populations. Food is narrowly related to the culture and the habits acquired during infancy evolve only slowly. In this area as in many others, a cultural change is the first step. Still, we can think that in the future, human beings will observe with surprise and horror the cruelty of our time.

De nombreuses raisons incitent actuellement à fortement ralentir, voire à arrêter complètement la consommation de viande:
- La consommation de viande entraîne des risques pour la santé: risques cardiaques liés à la consommation de graisse, risques de cancer liés à la consommation de viande grillée (la pratique du barbecue étant particulièrement nocive)
- La consommation de viande se traduit par une très forte pression sur l'environnement. L'élevage consomme une part de plus en plus importantes des ressources agricoles. Pour que l'ensemble de la population mondiale puisse adopter le régime alimentaire nord-américain actuel, il faudrait d'ici là produire  cinq fois plus d'aliments qu'aujourd'hui, ce qui semble peu imaginable. Pour simplement poursuivre la tendance actuelle, il faudrait doubler la production agricole entre 2010 et 2030, ce qui correspond à un rythme de croissance nettement supérieur à celui qui a été observé ces dernières années. En outre la pollution résultant de tous les excréments (fientes, lisier) est de plus en plus difficile à maîtriser.
- Des solutions alternatives de fourniture de protéines deviennent disponibles (micro-algues ou transformation d'insectes: la production d'un kg de vers de farine nécéssite11 fois moins de surface agricole que la production d'un kg de bœuf).

samedi 12 octobre 2013

Le principe innovation / The innovation principle

Anne Lauvergeon, the former CEO of Areva, has chaired a Commission which has recently issued a report about innovation. It recommends six major priorities: energy storage, recycling,  better exploitation of sea resources (metals and sea water desalination) , vegetable proteins and green chemistry, medical sensors, innovation for elderly people and Big data. Beyond these specific topics, the report advocates for an "innovation principle" able to equilibrate the "precautionnary principle", which has been accused to generate inaction. The report recommends to reintroduce the idea of change, risk and possibility of failure, in order to promote entrepreneurship and innovation. Promoting innovation requires also to break many existing barriers and to give to the individual the freedom to grow through creativity and invention as recommended by Carl Bass, the CEO of Autodesk , one of the pionners of 3D printing in the United States.

La Commission présidée par Anne Lauvergeon vient de rendre au Président de la République un rapport sur l'innovation. Le rapport préconise six grandes priorités: le stockage de l'énergie, le recyclage (et notamment celui des métaux rares), la valorisation des richesses marines (métaux et dessalement de l'eau de mer), les protéines végétales et la chimie du végétal, la médecine individualisée, l'innovation au service des seniors et les Big data. 
Au delà de ces voies de progrès, le rapport préconise l'adoption d'un "principe d'innovation" venant équilibrer le "principe de précaution", qui risque à lui seul d'être générateur d'immobilisme. 
Plus que d'un ensemble de mesures et d'un programme de financement, il s'agit là d'introduire une changement culturel pour "réapprendre à oser, à accepter le risque et donc l'échec", "stimuler et encourager la création d'entreprises, l'innovation, les PME innovantes, l'expérimentation, l'audace, l'achat innovant". Promouvoir l'innovation, c'est aussi décloisonner la pensée en silos et donner à l'individu la capacité de s'épanouir à travers une attitude créative, comme le préconise Carl Bass le président d'Autodesk, l'un des pionniers de l'impression 3D aux Etats-Unis..

dimanche 6 octobre 2013

L'économie positive / The positive economy

Is the "positive economy" the solution to all our problems?  The report  of the commission chaired by Jacques Attali seems to claim that. To advocate for a long term thinking is certainly right. Still, can the "positive economy" provide a vision for the future, able to federate all our efforts?
Positive is a very general and vague wording. It includes everything, sustainable development and altruistic behaviour.  It suggests that it is possible to combine all the advantages. Unfortnately, reality is not so "positive". Globalization imposes an intense competition. General interest is in contradiction with many personnal interests. Efforts and choices are required.

"L'économie positive" est-elle la solution à tous nos problèmes? Le rapport de la commission présidée par Jacques Attali, téléchargeable sur le site du LH Forum, semble l'affirmer. Jacques Attali a le grand mérite d'alimenter constamment une réflexion de fond sur les grands enjeux du pays et de la planète. En outre, il présente des constats de fond qui paraissent fort justes, notamment en dénonçant la tyrannie du court-terme. Pour autant, "l'économie positive" apporte-t-elle la vision d'avenir susceptible de galvaniser les efforts? 
Le terme lui-même paraît fort vague. L'économie positive intègre le long terme, mais aussi l'altruisme. Le terme de positif englobe tout, attrape tout. Certes on pouvait se douter que la crise actuelle s'explique largement par "le caractère non positif de l'économie mondiale". Mais est-ce que cela suffit pour rendre compte des manœuvres douteuses qui ont pris à une minorité de spéculateurs de s'enrichir en toute impunité?Ce n'est pas en louant la micro-finance qu'il sera possible de régler le problème, mais en s'attaquant aux mécanismes de la mondialisation. Affirmer que les technologies numériques favorisent l'altruisme, c'est reprendre le discours de Jeremy Rifkin, c'est oublier que ce sont elles qui ont permis un développement incontrôlé de la finance et le trading à haute fréquence.
Ce qui est gênant dans cette façon de vouloir "positiver" l'avenir, c'est qu'elle semble prétendre que la voie est toute tracée, en combinant tous les avantages. Dans le monde réel les tensions entre l'intérêt général et l'intérêt particulier ou entre les nations sont constantes. Des efforts et des sacrifices sont nécessaires, surtout dans les périodes de crise et les choix à effectuer ne sont sans doute pas aussi évidents que semble vouloir le dire le rapport. 

L'innocence du carbone? / Is carbon innocent?

While the first results to be published in the new IPCC report are made public, new books written by climate skeptics have been recently published in France. The book by François Gervais "The innocence of carbon" puts forward an argument which may seem decisive. The carbon dioxide molecule absorbs infra-red radiations only at two frequencies. He states that "a  layer of air ten meters thick absorbs completely these radiations". Therefore this effect is rapidly saturated and adding more CO2 does not change any more the earth thermal balance. In fact, it is the overall effect across all the frequencies range which has to be taken into account,  and this effect is not saturated. Although the radiative forcing  is not proportionnal to the CO2 concentration, it varies as its logarithm. It appears clearly once again that although it is legitimate to raise questions, using a systematic denial approach based upon simplistic arguments can only contribute to create more confusion. 

La parution des premiers éléments du nouveau rapport du GIEC, on observe une nouvelle offensive des climato-sceptiques avec la publication de deux ouvrages: "Climat: 13 vérités qui dérangent" et "L'innocence du carbone". Le livre de François Gervais, "L'Innocence du carbone" attire tout particulièrement l'attention. D'une part, l'auteur est un scientifique reconnu, et d'autre part, il avance un argument qui peut sembler décisif, auquel se résume l'ensemble de l'ouvrage . La molécule de dioxyde de carbone n'absorbe le rayonnement infra-rouge qu'à deux fréquences. Il en déduit qu'elle se comporte comme "une vraie passoire au rayonnement". En outre, et c'est là le point le plus important, l'effet de serre produit à ces deux niveaux de fréquence est complètement saturé. Ainsi, d'après François Gervais, "à ces deux fréquences, au niveau de la mer, il suffit d'une couche d'air d'une dizaine de mètres de hauteur pour occulter le rayonnement terrestre". Cette affirmation est utilisée pour nier tout effet significatif du dioxyde de carbone. Si l'effet d'absorption par les molécules de CO2 est saturé, toute émission supplémentaire de ce gaz est sans effet.  En fait, il s'agit là d'observations élémentaires, qui n'ont rien de nouveau. C'est la transmission du rayonnement sur l'ensemble du spectre qui compte et non sa transmission aux deux fréquences d'absorption, Dans les fréquences voisines des deux fréquences d'absorption, il n'y a pas d'effet de saturation et c'est ce qui explique la variation logarithmique du forçage radiatif avec la concentration de CO2. Sur des questions aussi importantes, il importe de poursuivre les recherches et aussi d'éclairer l'opinion. La complexité des modèles incite à poser des questions. Toutefois, ce n'est pas en faisant preuve d'un parti-pris systématique et avec des raisonnements aussi simplistes, que l'on fera avancer le débat.

samedi 5 octobre 2013

Le boson et le chapeau mexicain / The boson and the mexican hat

The experimental discovery of the Higgs (or BEH) boson in july 2012, with the help of the CERN hadron collider, has been a landmark of last year. Englert and Higgs have just received the Nobel prize for their work concerning the BEH boson. This particle remained to be discovered for proving the validity of the "standard model". The BEH boson plays a central role in this model, as only the particles which interact with the BEH boson, acquire a mass. The book recently published (in French) by Gilles Cohen-Tannoudgi and Michel Spiro presents an overall picture of our knowledge. Both authors are highly competent. Still, their explanations of the BEH mechanism, linked with the fact that the auto-interaction potential of the field has the shape of a  Mexican hat, which can lead to a break of the symmetry remain difficult to follow for the non-specialist. It corresponds of course to the difficulty of translating in plain language the mathematical language of modern physics. Still, the challenge remains to overcome.

La découverte expérimentale du boson de Higgs (ou encore BEH, pour Brout, Englert et Higgs) en juillet 2012, grâce au grand collisioneur de hadrons du CERN, a marqué l'actualité scientifique récente. Englert et Higgs viennent d'être récompensés par le prix Nobel de physique pour leurs travaux sur le boson BEH. Cette particule, qui restait à découvrir pour compléter le "modèle standard", joue un rôle central, car seules les particules qui interagissent avec elle acquièrent une masse. L'ouvrage de Gilles Cohen-Tannoudji et Michel Spiro intitulé "Le boson et le chapeau mexicain" arrive donc au bon moment pour éclairer ceux qui veulent mieux comprendre le monde dans lequel ils habitent, sans être des spécialistes. Les deux auteurs, physiciens de renom,  sont prestigieux. Gilles Cohen-Tannoudgi avait publié en 1986 un remarquable ouvrage intitulé Matière-espace-temps.
Pourtant, après une belle introduction aux théories de la physique moderne, les explications fournies concernant le mécanisme BEH, selon lesquelles une particule circulant dans le champ BEH serait ralentie par ses interactions avec le champ BEH, comme dans une sorte de "mélasse quantique visqueuse" et ceci en vertu d'une brisure de symétrie du "potentiel d'auto-interaction du champ BEH en forme de chapeau mexicain" apparaissent relativement obscures. L'ouvrage illustre ainsi la difficulté de traduire en langage ordinaire le  langage mathématique de la physique actuelle. C'est là un défi qui reste à surmonter.

La Réinvention du monde / The World reinvention

The decisions which determine our future depend, often in an unconscious way,  upon our World vision. The present crisis corresponds to a large extent to a lack of a vision for the future. How to build such a vision, when the stakes and challenges have become planetary, while the mere idea of progress is more and more frequently questioned? These are some of the issues tackled in a book just published in the Futures Studies collection of the Editions de l'Harmattan ( for the time being in French),  entitled "The World Reinvention - Between Utopia and the Reality Principle". The main difficulty to overcome, discussed in the book, is the need  to conciliate the general interest and the preservation of common goods with a realistic approach. Different solutions and scenarios are presented. Most of the situations which have to be considered are complex and adopting a broad, open, multidisciplinary and intercultural approch appears as most important for entering into a new and uncertain age. 

Les décisions qui orientent notre avenir sont guidées, souvent sans même qu'on s'en rende compte, par une certaine vision du monde. La crise actuelle correspond, dans une large mesure, à une crise de la vision du monde et à une absence de vision d'avenir. Comment construire une vision d’avenir, à un moment où les enjeux et les défis sont devenus planétaires, alors que. le progrès scientifique et technique est de plus en plus fréquemment contesté ?  C'est l'objet de l'ouvrage "La réinvention du monde - Entre utopie et principe de réalité" qui vient d'être publié dans la collective Prospective de l'Harmattan.e
   Défendre une vision d’avenir, compatible avec l’intérêt général et la préservation des biens communs, se heurte à la contradiction entre un idéal, qui peut être jugé « utopique », et une démarche prise en fonction d’intérêts particuliers, au nom du « réalisme ». Cette contradiction ne peut être surmontée qu’en associant lucidité et valeurs éthiques, pour  « réinventer le monde ». Il ne sera possible de formuler un projet collectif, que si l’esprit de coopération l’emporte sur les antagonismes et les rivalités. L’auteur aborde différents scénarios alternatifs pour un tel projet: décroissance, développement durable, innovation technologique, société du savoir et de la création, mondialisation responsable, émergence de nouvelles valeurs, en se plaçant dans la perspective de l’histoire longue de l’humanité. Plutôt qu’essayer d’apporter des réponses immédiates aux questions complexes qui restent à résoudre, il met l’accent sur l’évolution des mentalités et les conditions à réunir pour aborder avec lucidité et ouverture d’esprit les situations nouvelles que nous réserve l’avenir.