Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

jeudi 22 décembre 2016

Technologies frugales / Frugal technologies


Our society is facing an exhaustion of resources, raw materials and energy. Technology is often considered as the solution to these challenges. Still, innovative technologies require energy and raw materials, including rare earths. Digital technology and electrical transportation means require electricity. Renewable energy sources rare metals (neodyme, dysprosium, terbium, praseodyme) for the permanent magnet generators of windmills, rare earths (gallium, selenium, cadmium) for thin-film photovoltaic solar cells, lithium for batteries, platine for fuel cells. Technological innovation can still help to save energy and materials, if it is conceived according to criteria differing from the present. A frugal innovation aims at manufacturing simple and sustainable artifacts. Such objects are designed in a way that they can be easily recycled. It uses byproducts from agriculture and industry, which helps to minimize waste. Equipements are easily repaired and reused. They include modules which can be changed or replaced without the need to change the whole equipment.
   Frugal innovation has been used in developing countries. In India, jugaad innovation , jugaad coming from a hindi word which suggests ingenuity and cleverness,intends to make the best use out of locally available products and cheap materials  including waste. This concept is now used in many countries, including developed western countries.
   The need to develop sustainable technologies means that high-tech is more and more frequently replaced by low-tech, designed for using cheap and widely available materials, remaining simple, robust and sustainable. Low-tech is not designed for the happy few, but for a large number of people. Therefore, the future belongs probably more to low-tech rather than high-tech. 

Notre société est confrontée à un épuisement de ses ressources, matières premières et ressources énergétiques.Certains espèrent que les nouvelles technologies pourront répondre à ces problèmes. Toutefois, ces nouvelles technologies nécessitent elles-mêmes de l'énergie et des matières premières, notamment des métaux rares. Les technologies numériques et les transports électriques nécessitent de l'énergie. Les énergies renouvelables nécessitent des métaux rares,néodyme, dysprosium, terbium, praséodyme, pour les aimants permanents qui équipent les éoliennes, terres rares (gallium, indium, sélénium, cadmium) pour les capteurs photovoltaïques en couches mince, lithium pour les batteries, platine pour les piles à combustible.  
   L’innovation technologique peut néanmoins contribuer à réduire la consommation de ressources, à condition d’abandonner les critères fixés par la société de consommation. Une innovation frugale vise la réalisation d’objets simples et durables. Afin de n’utiliser qu’un minimum de ressources, elle fait appel au recyclage et exploite les sous-produits de l’agriculture ou de l’industrie, de façon à éviter le rejet de déchets. Les équipements sont conçus de manière à être plus facilement réparables et recyclables. Au lieu de former un bloc compact, difficile à réparer et à recycler, ils comprennent des modules qui peuvent être réparés ou échangés, sans qu’il soit nécessaire de changer l’ensemble.
    De telles formes d’innovation sont déjà pratiquées pour répondre aux besoins des pays en voie de développement. L’innovation jugaad, dont le nom dérive d’un terme hindi signifiant à la fois ingéniosité et débrouillardise, consiste à exploiter au mieux l’ensemble des ressources disponibles localement, y compris les déchets recyclés, en concevant des produits et des équipements adaptés pour de tels matériaux. Elle connait à présent un large succès partout dans le monde, y compris en France.
   Aux technologies high-tech, dont le développement dépend du complexe militaro-industriel, le renouveau citoyen préfère les technologies low-tech, compatibles avec un développement durable Ces technologies évitent l’utilisation de ressources rares et pratiquent un recyclage poussé des déchets. Elles ne font pas étalage de prouesses techniques, mais visent la robustesse et la longévité. Elles ne sont pas le monopole de quelques-uns, mais sont accessibles au plus grand nombre. Elles sont porteuses de sens, car soucieuses de la nature et de l’être humain. Dès lors, on peut penser que le futur appartient aux low tech plutot qu'aux high tech.

lundi 12 décembre 2016

La démocratie est-elle menacée? / Is democracy threatened?


The neoliberal ideology adopted since the Reagan/ Thatcher years  admits no contradiction. According to the famous assertion by Margaret Thatcher, "there is no alternative". Any corporation or nation that would like to follow a different path would take the risk to be isolated, marginalized or even sanctioned. Excluding any alternative view is the mark of a totalitarian ideology.The idea that the Western political system has lost, at least partly, its democratic functioning is now often put forward. The English sociologist and political scientist Colin Crouch  considers that we have entered a new era of "post-democracy", that "continues to have and to use all the institutions of democracy, but in which they increasingly become a formal shell". Sheldon Wolin, the American  political philosopher,  describes the present Western political system as "inverted totalitarism", which excludes the ordinary citizen from most decisions, which are dictated by the corporate power. The formal democracy which remains is called by Sheldon Wolin a "managed democracy". According to Sheldon Wolin democracy might appear as confined to a rather short period of time during history and might be considered as a "fugitive democracy". The present political system has been also labelled as a "soft-totalitarism", which rejects any contradiction, without using violent means. Soft-totalitarism refers to a prediction made by Alexis de Tocqueville in his book "Democracy in America" about a "mild despotism" a a potential evolution of democracy,  Although such a political system differs deeply from the totalitarian regimes which occured during the XXth century, in case of a serious crisis, it might evolve towards a much more authoritarian system, which would sharply limit civil liberties.

L’idéologie du néolibéralisme adopté à partir des années Reagan et Thatcher n’admet pas la contradiction. Selon la déclaration fameuse de Margaret Thatcher, « il n’y a pas d’alternative ». L’idéologie néolibérale a été imposée au monde entier. Toute nation qui voudrait suivre une voie différente prendrait le risque de se trouver isolée, marginalisée ou même directement sanctionnée. Refuser et a fortiori interdire tout point de vue différent est la marque d’une idéologie totalitaire.  L’idée selon laquelle le système politique occidental a déjà perdu, au moins en partie, son caractère démocratique est souvent évoquée. C’est ainsi que dès le début des années 2000, l’universitaire anglais Colin Crouch a pu parler de post-démocratie, pour décrire l’évolution du système politique en Europe et aux États-Unis. La post-démocratie se sert de méthodes de communication dérivées de celles qu’utilise la publicité commerciale pour manipuler l’opinion. Ses priorités émanent d’une minorité des dirigeants économiques et non de la population, qui, de ce fait, se sent de plus en plus écartée des débats politiques. Le philosophe politique américain Sheldon Wolin a décrit l’évolution récente du système politique aux États-Unis en termes de totalitarisme inversé. Selon Sheldon Wolin, la différence principale avec les totalitarismes du XXe siècle tiendrait au fait que le pouvoir économique domine le pouvoir politique et non l’inverse. Alors que les régimes totalitaires cherchaient à endoctriner la population et à l’impliquer fortement dans l’action politique, cette nouvelle forme de pouvoir anesthésie les citoyens par une communication lénifiante et les tient à l’écart de l’organisation politique. Agiter constamment une menace extérieure, terroriste, ou autre, aide à maintenir la population dans un état de sidération et d’apathie. Tandis que les formes extérieures de la démocratie sont maintenues, les principales décisions échappent totalement aux citoyens. Elles sont prises par les dirigeants des grandes compagnies internationales et des institutions paraétatiques, qui assurent une permanence du pouvoir, alors que les représentants élus par la population se succèdent, pour exercer un pouvoir qui tend à devenir fictif. Sheldon Wolin qualifie une telle démocratie, sous dépendance d’une minorité, de « démocratie dirigée » (managed democracy). Analysant l’évolution de l’organisation politique aux États-Unis, il va jusqu’à se demander si la démocratie n’a pas été une simple parenthèse dans l’organisation de la société. Sa quasi-disparition actuelle l’amène à évoquer une « démocratie fugitive » (fugitive democracy), qui se présenterait comme une sorte de parenthèse dans la longue histoire de l’humanité. La démocratie dirigée actuelle a été aussi qualifiée de totalitarisme soft, car tout en dessaisissant le citoyen des principales décisions économiques et politiques, elle veille à préserver les apparences et à ne pas apparaître comme pratiquant une répression brutale vis-à-vis de la population. Un "despotisme doux" avait déjà été annoncé par Alexis de Tocqueville dans son ouvrage "La Démocratie en Amérique".

mardi 6 décembre 2016

Retrouver une vision d'avenir / Recovering a meaningful vision for the future



How to recover a meaningful vision for the future? The difficulty  to overcome is finding an appropriate anwer, without reviving  ideologies or dogmatic views, which, in the past, have contributed to the misfortune of humanity.by fuelling a murderous intolerance Any ideology tries to impose government rules and a social organization. By imposing rigid rules and excluding any alternative view, it leads to some kind of totalitarism. Neoliberal ideology, which relies onlu upon market forces, is such an ideology. By imposing its views to the whole world it becomes totalitarian. Finding new hope without using reductive ideological views,  is possible only by staying away from the will to power and turning towards inner values. New meaningful visions for the future are emerging.  The completion point of the undergoing evolutionsyet remains unknown. A new vision for the future will be able to transform the society, only if it is able to influence and transform the views of economic and political leaders. A will  to change, which leads to an active support for a desirable future tends to to become a self-fulfilling prophecy. As it has been stressed by David Korten, founder of the Positive Future Network, a positive vision represents a powerful tool of transformation. In order to be able to understand events happening within a chaotic world, it is necessary to be able to connect them to a some clear  and understandable narrative. Narratives, used for explaining world events, shape opinion. For building a  meaningful and sustainable future, it is therefore essential, according to David Korten, to replace the present imperial narrative,  inspired by the will-to-power, by an alternative narrative, based upon a more peaceful and sustainable model,  Despite the impossibility to predict  precisely what will happen, it is possible to contribute to a better future. Already half a century ago, Gaston Berger, who introduced in France the forward-looking approach, wrote : « To morrow will be different from to day. It will be new and it will depend on us. It has to be invented rather than discovered ».

Comment retrouver une vision d’avenir ? Toute la difficulté est de trouver une réponse, sans pour autant renouer avec les idéologies ou les dogmatismes qui ont contribué, par leur intolérance meurtrière, au malheur du genre humain. Une idéologie, en tant que système de pensée, cherche à imposer des principes de gouvernement et une organisation sociale. En introduisant des règles rigides, appliquées mécaniquement, indépendamment des situations concrètes, elle aboutit inévitablement à une forme de totalitarisme. L’idéologie est incompatible avec une éthique fondée sur des valeurs universelles telles que la raison et la conscience, car elle exclut tout questionnement sur les prises de position qu’elle génère. L’expérience passée a amplement démontré qu’il est impossible de fonder le sens, tout en rejetant la liberté. L’idéologie néo-libérale, qui fonde la globalisation actuelle, assigne au seul Marché la capacité d’assurer le bonheur de l’humanité. Comme toutes les idéologies, elle prend un caractère totalitaire en excluant toute alternative. Si elle prétend imposer ses options par la force, elle s’oriente inévitablement vers un ordre de type totalitaire.
   Retrouver une espérance, sans recourir à des schémas idéologiques réducteurs, n’est possible qu’en acceptant de renoncer à la volonté de puissance et à la fascination pour la technologie comme fin en soi, en les remplaçant par des valeurs intérieures puisées au plus profond de la conscience humaine. De nouvelles visions du monde devraient émerger dans l’avenir. Des changements décisifs, capables de susciter un renouveau du sens, sont déjà à l’œuvre. Le point d’aboutissement des évolutions en cours reste cependant inconnu. 

samedi 3 décembre 2016

Le véhicule autonome / The autonomous car


The autonomous car can provide good answers to many present needs, such as enhancing safety, car sharing or batteries recharching for electric cars. Still it is facing numerous technical and legal challenges. There are five levels of autonomy, but real autonomy, which starts at level 3, means a driver-less car is driven in an automatic way. At level 5, it is supposed to operate without human intervention, i.e., it can become a driver-less car. The introduction of autonomous cars in practical use means that legislation has to be adapted. The fist laws regulating the use of autonomous cars have been issued in United States. In Europe, the Vienna convention has been recently modified in order to authorize autonomous cars, provided that they remain under human supervision, with the possibility to disconnect the assistance system. The number of autonomous cars is also expected to grow rapidly in other countries, in particular in China. Autonomous vehicles have been experimented on roads under real conditions. In 2016, Google has announced that more than two million driven- kilometers with an autonomous car, without accident. In France, the PSA Group has been testing four autonomous vehicles successfully in real conditions. Tesla is already marketing cars which are claimed to be driverless. Still, some limitations appear already now. Not any road infrastructue is acceptable. European cities with narrow streets do not fit very well with driverless cars, unless all cars become driverless. Very bad weather conditions are not suitable either. Therefore, despite the major advantages of driverless cars,  it will require time before they spread everywhere. Meanwhile driving assistance systems such as emergency braking systems will tend to become the rule.

Le véhicule autonome apparaît comme la solution à de nombreux besoins du transport de demain. Il est capable d'assurer une très grande sécurité et de réduire considérablement le nombre d'accidents. Il permet d'envisager un partage du véhicule, avec un service porte à porte. Dans le cas d'un véhicule électrique, il peut aller se recharger automatiquement à une borne électrique ou même à une source d'énergie, constituée par exemple par des capteurs photovoltaïques, au meilleur moment de la journée, suivant les usages requis. Il fait face néanmoins à un certain nombre de défis technologiques, réglementaires et juridiques. Il existe cinq niveaux d’automatisation, allant de la simple assistance à la conduite jusqu’à l’autonomie complète de conduite en l’absence de conducteur. Le niveau d’autonomie qu’il est possible d’atteindre dépend des infrastructures routières et de l’état du trafic.  Une autonomie poussée est possible sur autoroute, mais guère envisageable sur des petites routes de campagne. Au niveau 3, la conduite n’impose plus une supervision permanente. Dans ce cas, il faut que le délai de reprise en main qui est de l’ordre de 6 s, soit suffisant pour réagir.
    Au niveau réglementaire et juridique, les Etats-Unis ont été les premiers à promulguer des lois au niveau des différents Etats, autorisant les véhicules autonomes. En Europe,il est nécessaire,  de faire évoluer la convention de Vienne et de régler les questions de responsabilité juridique en cas d’accident. La convention de Vienne a été modifiée récemment pour autoriser les véhicules autonomes, sous réserve qu'ils restent contrôlés par un conducteur, qui puisse éventuellement les désactiver. Le véhicule autonome devrait se développer rapidement dans d'autres pays, et notamment en Chine.

dimanche 16 octobre 2016

La société du soin et de la compassion / The caring and compassionate society


The automated society which is under way will be full of intelligent robots and unemployed workers. It is necessary to consider new options which might limit the negative impact of automation. A first option consists in limiting the use of robots, when they destroy social links. Another one is to develop new kinds of activities and to dedicate a large share of the time liberated by machines to activities of general interest.  Education, health, environment, justice, vocational integration and social insertion of young people generate many needs and require more jobs. Care and compassion are required for such activities. The ethics of care advocated by Carol Gilligan represent such a shift of consciousness. Instead of focusing all the attention to the economic performance, the caring and compassionate society helps most vulnerable people, those who are sick, elderly or disabled.  In performing such activities, sincerity and discretion are essential. Thus intelligence and lucidity are required, in order to avoid any fake attitude. Through the development of a caring and compassionate society, it is possible to reconcile full employment, personal development and general interest. Still, such an ambition remains difficult to implement within the present flat world of the neoliberal globalization. A major movement of upheaval and renewal seems necessary, in order to achieve such a goal.

La société automatisée de demain va être peuplée de robots intelligents et de travailleurs sans emplois. Pour limiter l'impact négatif de cette évolution, on peut envisager tout d'abord d'exclure l’usage des robots lorsque celui-ci porte atteinte aux liens sociaux. Réorienter la fiscalité est l'un des moyens possibles pour limiter l'introduction de robots, lorsque celle-ci a un effet globalement négatif sur la société. Une autre façon d'agir consiste à développer de nouvelles formes d'activité et, notamment, de consacrer une large partie du temps libéré par le recours aux machines à des actions d’intérêt général. La société des loisirs vantée par le modèle consumériste ne devrait pas être considérée comme un but en soi, si elle a comme résultat de favoriser des pratiques peu enrichissantes, voire abrutissantes. Au contraire, le temps consacré à la préservation de l’environnement ou l’aide aux plus faibles et aux plus démunis est générateur d’emplois, tout en étant porteur de sens. L’éducation, la santé, l’environnement, mais aussi la justice, l’insertion professionnelle, la vie culturelle et sociale font partie des principaux secteurs d’intérêt général concernés.

samedi 1 octobre 2016

Economie et réchauffement climatique / Economy and global warming

How to prevent the global warming resulting from Green House Gases emissions? Most economists consider that the only way is to "internalize the negative externalities" due to GHG emissions. Therefore, it is necessary to assess the economic impact of these emissions and to introduce an economic penality taking into account the externalities they generate, i. e. a carbon tax or a carbon price. Antonin Pottier, a young and brilliant researcher in environmental economics, criticize these option in his thesis and in a book just published. For him, the economists are responsible for the fact that no real solution has been found since the last twenty years for preventing GHG emissions and global warming. He considers inadequate the cost-benefit approach, as there is no economic option for compensating an irreversible degradation of the environment. For similar reasons, he rejects the idea of a global "carbon market", as inapplicable in practice and unsatisfactory as a concept. His arguments are based upon a thorough analysis and sound thinking. Still, are really the economists those to be blamed? Their answers sound rational in a Market driven economy. Therefore, the present situation should be considered rather as a result of the political choice of the neoliberal ideology. The responsability of the economists (not all of them but mainly the Chicago school) is therefore to have supported this ideology.

Comment prendre des mesures efficaces contre le réchauffement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre. La réponse des économistes est de chercher à "internaliser les externalités", de façon à prendre en compte les effets négatifs des atteintes à l'environnement. Il faut donc pouvoir mesurer l'impact économique de ces émissions et d'autre part les pénaliser par un système de taxe carbone (ou de prix carbone), de façon précisément à prendre en compte les externalités. A la suite d'une thèse soutenue récemment, Antonin Pottier, jeune et brillant chercheur, critique ces réponses des économistes. Ses principales idées sont reprises dans un ouvrage destiné au grand public: "Comment les économistes réchauffent la planète". Il attribue à la vision erronée des économistes le fait qu'aucune solution véritable n'a été trouvée depuis plus de vingt ans au problème du réchauffement climatique. Il conteste à la fois leur diagnostic  et leurs solutions. Concernant le diagnostic, il estime inappropriée la démarche coût-bénéfices. En effet, aucune mesure de compensation ne peut pallier une destruction irréversible de l'environnement. De la même façon, l'idée d'un marché global du carbone lui paraît inadéquate pour régler le problème. Il la juge inapplicable en pratique et, fondamentalement insatisfaisante. L'analyse que livre Antonin Pottier est fort intéressante et s'appuie sur une réflexion approfondie. On peut toutefois se demander quelle est l'alternative. En outre, faut-il vraiment incriminer les économistes? Leurs réponses paraissent rationnelles dans le cadre d'une économie de Marché. Ce qui est en cause, c'est donc avant tout le choix politique de l'idéologie néolibérale. Tout au plus peut-on reprocher aux économistes (du moins certains d'entre eux, principalement l'école de Chicago) d'avoir prôné ce choix néolibéral.

mardi 27 septembre 2016

Le cerveau global / The global brain


According to the philosopher and futurist Nick Bostrom, the capabilities of Artificial Intelligence will soon exceed those of the human brain. Such an artificial superintelligence should help to build an even more powerful machine.  It might fulfill unprecendented tasks. Nick Bostrom considers that, apart from being a simple tool, an artificial intelligence might become an oracle, answering to most difficult questions, a genius, solving most difficult problems or a sovereign, able to rule organisations. By connecting superintelligent machines with the collective intelligence of human beings, some kind of global brain might emerge,.With capabilities far exceeding those of a single humain brain, such a global brain would be able to act as a "sovereign", ensuring the governance of the whole planet. This  global brain might help to address major challenges facing humanity, but it might result into an authoritarian or even totalitarian regime. The global brain would not necessarily take the best decisions for humanity. Instead it might lead the world to a catastrophy, through a path which would not be understood by human beings. The potential danger of Artificial Intelligence has been pointed out by Ellon Musk, who says that it is "our major existential threat", by  the astrophysicist Stephen Hawking and by many other scientists

Selon le philosophe et prospectiviste Nick Bostrom, l'intelligence artificielle devrait bientôt dépasser les performances du cerveau humain. Une telle super-intelligence artificielle va aider à concevoir une machine dotée d’une intelligence encore supérieure, en entraînant ainsi un développement accéléré de l’Intelligence Artificielle. Outre une fonction de simple outil multi-tâches, Nick Bostrom assigne trois fonctions possibles à une telle super-intelligence : celle d’oracle, pour répondre aux questions les plus difficiles, de génie, pour résoudre les problèmes les plus épineux et de souverain, auquel serait confié le choix des décisions optimales. De l’association en réseau de l’intelligence humaine et d’une super-intelligence artificielle pourrait émerger un cerveau global, doté d’un niveau d’intelligence opératoire supérieur à tout ce qu’il est encore possible de concevoir. Ce cerveau global serait capable d’assurer la fonction de « souverain », anticipée par Nick Bostrom.

samedi 17 septembre 2016

La démocratie participative / Participatory democracy


Democracy is never completely achieved. Representative democracy is threatened by the risk of an oligarchy isolated from the electorate overtaking the power. A power which is not tightly controlled by the citizens wants to remain indefinitely and tends to reinforce permanently its own finalities. Such a tendency represents a real threat for the Western countries which claim to represent models of democracy. As discussed by Eric Olin Wright, if the elected representatives depend upon the economic power, the citizens loose their democratic power. It is possible to bring more democracy by increasing the involvment of citizens. Participatory democracy can be implemented at different levels. At the first level, it involves consultation processes, before taking a decision. At a second level, it involves diverse forms of direct democracy, with voting procedures for any major decision to be taken. The referendum is one of them and the recent vote concerning the Brexit issue is a good example of the potential impact of direct democracy. It is often treated with contempt by the politicians and the media, but refusing such a procedure means a low acceptance of democracy. At a third level, participative democracy means co-management of public affairs, involving citizens and public bodies. Such a co-management  seems feasible only at a small scale. It is the reason why the American political thinker and activist Murray Bookchin has proposed what he calls libertarian municipalism, involving a confederation of free municipalities. Participative democracy can be applied to each municipality. The municipalities form a network and cooperate for solving collective issues, which cannot be addressed by a single one. Such a participative democracy might become, with the help of numerical technologies, a good model for the democracy to come.

La démocratie, en tant que pouvoir des citoyens, n'est jamais totalement acquise. Au sein des démocraties représentatives, demeure le risque permanent d’un accaparement du pouvoir par une oligarchie coupée de sa base. Un pouvoir qui échappe au contrôle des citoyens tend à vouloir se perpétuer et se renforcer constamment dans ses propres finalités. Un tel danger menace clairement les sociétés occidentales, qui se présentent en modèles de démocratie. Jamais achevée, la tâche qui consiste à redonner le pouvoir à la société civile doit être indéfiniment poursuivie. La gestion du pouvoir peut être restituée à l’ensemble des citoyens, suivant de nouvelles formes d’organisation de la démocratie, qui permettent de la rendre effective et non plus seulement formelle. Les différentes façons dont les pouvoirs étatique, social et économique, peuvent interagir entre eux a été analysée par le sociologue américain Eric Olin Wright, qui a qualifié d’utopies réalistes les modèles de société capables de concilier les critères de justice sociale avec des impératifs de réalisation concrète. Suivant le type de pouvoir qui domine, le régime politique est étatique, social-démocrate ou libéral. Dans le cas de la démocratie représentative classique, les citoyens (pouvoir social) élisent des représentants détenant le pouvoir politique, censé contrôler le pouvoir économique. Si le pouvoir politique est affaibli ou devient dépendant du pouvoir économique, les citoyens perdent le pouvoir qu’ils étaient supposés détenir en élisant leurs représentants. Toute la question est alors de savoir comment rétablir ce pouvoir démocratique. Une forme de gouvernement plus démocratique que le système représentatif actuel, peut être réalisée par la mise en place d'une démocratie participative, faisant intervenir les citoyens dans la gestion des affaires publiques,  qu'elles soient communales, régionales ou nationales. 

lundi 12 septembre 2016

Vie et mort des civilisations / Life and death of civilizations


The future of the Western civilization appears presently as most uncertain. Already after the first World War, in 1919, Paul Valery was writing: "We, civilizations, know that we are mortal", while Oswald Spengler was publishing his book "The Decline of the West".  For Oswald Spengler, each civilization undergoes through birth, growth, aging and death. For him, a civilization is characterized by its abity to fulfill material objectives and differs from "culture", which corresponds to the initial blooming period. As a civilization becomes unable to reinvent its cultural foundations, it is bound to decay. Although the work of Spengler was criticized and discarded during a long period, his intuitions become quite relevant presently.  The concept of civilization has to be used with some care, as the idea of a "clash of civilizations" has been exploited by neoconservatists as an argument for promoting war and conflicts. The Western civilization has spread throughout the world, and the end of the Western civilization would be, to a large extent, the end of the present global civilization. Already in 1970, the Meadows report was predicting a collapse of the economy and demography, due to the lack of natural resources. The idea of a collapse due to ecological causes was later developed by Jared Diamond in his now famous book. Such a scenario was applied to the Western civilization by Eric M. Conway and Naomi Oreskes. A new thinking about a potential "collapse" is emerging presently. Ecological causes are not the only ones which can produce a collapse. Economic and political factors can also play a major role as explained by Dmtry Orlov. A major war, especially if it becomes nuclear, could also cause such a collapse. Besides all material causes, the present crisis of meaning and the incapacity of the West to reinvent its cultural and inner values is probably the most immediate and serious cause of collapse, as anticipated by Oswald Spengler. 

Une question lancinante concerne l’avenir de la civilisation occidentale actuelle. Au lendemain de la Première guerre mondiale, des voix s’étaient déjà fait entendre en Europe pour évoquer les menaces à l’horizon. Paul Valéry écrivait : « Nous autres civilisations savons à présent que nous sommes mortelles » (La crise de l'esprit, 1919), tandis qu’Oswald Spengler publiait son ouvrage célèbre, quoique controversé, « Le déclin de l’Occident » (1918-1923). Pour Oswald Splengler, chaque civilisation passe par des phases successives de naissance, croissance, vieillesse et mort. Il opposait par ailleurs culture et civilisation, réservant le terme de civilisation à une société orientée vers des objectifs matériels, à l’image de la Rome antique. Devenant incapable de réinventer ses fondements culturels, toute civilisation est condamnée au déclin. Cette vision pessimiste de l’avenir a été oubliée en Occident, au cours de la longue période de prospérité économique qui a suivi la Seconde guerre Mondiale. La démarche d’Oswald Spengler, qui était fondée sur l’analogie vitaliste entre civilisations et organismes vivants, a été souvent jugée peu scientifique. Dans le contexte actuel, ses intuitions retrouvent néanmoins une actualité troublante.

dimanche 14 août 2016

Néolibéralisme et théorie des jeux / Neoliberalism and game theory

Cold War has driven the development of Game theory. The main issue was to define the most rational nuclear warfare strategy. The Prisoner's Dilemma  illustrates this kind of approach. Two prisoners are put in jail. Each of them can choose between confessing and denouncing his accomplice or remaining silent. If (1) A and B "cooperate" by remaining silent, they receive each one year in prison. If (2) one of them defects  and the other remain silent, the first gets free, while the other gets a ten-year sentence. If (3) both of them defect, they each get five years of prison. The Table shows clearly that the choice (1) is the best for both A and B. Yet, accordind to the game theory, the rational choice is to  defect, because each prisoner assumes that his colleague will not accept to take any risk by trying to cooperate and that he will choose also to defect. Therefore, they choose the option (3) and get five years of prison.  The Prisoner's Dilemma (PD) shows that a system based upon the individual maximisation of the utility does not correspond to the optimal collective choice. A recent book shows that neoliberalism is based upon such a PD logic. The Prisoner's Dilemma illustrates the difference between classical liberalism and neoliberalism. Whereas the classical liberalism accepts the no-harm principle and the reciprocal respect of individuals' rights, neoliberal theory asserts that every actor will likely cheat, free-ride and seek self-gain. Confidence in the will of a partner to cooperate is considered as unrealistic, with two big consequences: (a) true cooperation becomes impossible and (b) in order to avoid cheating, massive surveillance means and heavy sanctions are required. Therefore, the society becomes less democratic and moves towards a police state. It is the risk facing neoliberalism. 

Au cours de la Guerre froide, l’importance et la difficulté des décisions à prendre, face à des enjeux aussi stratégiques que la dissuasion nucléaire, avaient conduit à étudier systématiquement les différentes stratégies possibles dans le cadre de la Théorie des jeux. Les différents schémas de pensée qui en ont résulté ont modelé la pensée stratégique américaine durant la Guerre froide. Ils ont ensuite continué à marquer la politique suivie après la chute de l’URSS. Un ouvrage récent montre le lien étroit entre la logique de la théorie des jeux et la doctrine néolibérale. Le dilemme du prisonnier illustre un cas très simple de décision stratégique à prendre. Deux prisonniers A et B sont confrontés au choix suivant : ou se dénoncer en dénonçant son collègue, ou rester silencieux. Les conséquences de ce choix sont présentées sur le Tableau ci-dessus. Si (1) A et B « coopèrent » en restant silencieux, ils obtiennent tous les deux un an de prison. Si (2) l’un des deux fait « cavalier seul » et dénonce l’autre, sans que son collègue le fasse, il est libéré tandis que l’autre écope de dix ans de prison. Enfin, si (3), les deux se dénoncent mutuellement, ils obtiennent alors chacun cinq ans de prison. Le Tableau fait apparaître clairement que le choix (1) de la coopération est le plus bénéfique pour les deux prisonniers. Toutefois, ce n’est pas le choix « rationnel »  de la théorie des jeux. En effet, en l’absence de toute solidarité ou confiance entre les deux acteurs, le choix rationnel consiste à dénoncer son complice, de façon à ne pas risquer dix ans de prison. Chacun supposant que l’autre raisonne de cette façon, tous les deux aboutissent au choix (3) et obtiennent cinq ans de prison, résultat évidemment moins favorable que celui qu’ils obtiendraient en coopérant.

jeudi 4 août 2016

La gouvernance par les nombres / Governance by numbers

The book of the eminent French jurist Alain Supiot, entitled "Governance by numbers", which stems from the lectures he gave at the Collège de France from 2012 to 2014, helps to understand to day's world. Alain Supiot analyzes the differences between the concept of government and the concept of governance. While a government takes decisions which commit the future of the nation, governance is only guided by corporate management rules. The economic system is supposed to be self-organised through the Market rules and to operate according to the cybernetic model of a computer. As a result, choices are made according to numerical criteria. Such a governance by numbers is uncompatible with the welfare state which was widespread in Europe. Whereas the welfare state resulted from the modern utopia of an universal protection ensured by a central authority, governance by numbers can be described as the postmodern utopia described by Gilles Deleuze et Félix Guattari of a rhisomatic system, excluding any kind of heteronomy,  Governance by numbers undermines democracy itself, as decisions do not depend any more on the voting process and drags backward social law. As individuals are no more protected by the State, they have to owe allegiance to those who are powerful. Instead of liberating the society, governance involves a new kind of feodality.

L'ouvrage du distingué juriste qu'est Alain Supiot intitulé "La Gouvernance par les nombres" reprend le contenu du cours qu'il a donné au Collège de France de 2012 à 2014. C'est un ouvrage important pour comprendre le Monde d'aujourd'hui. Alain Supiot analyse les différences fondamentales entre les principes de gouvernement et la gouvernance telle qu'elle a été mise en place, à la suite du mouvement de dérégulation des années 90, qui a mené à l'ultralibéralisme actuel. Alors qu'un gouvernement prend des décisions qui engagent l'avenir de la nation, la gouvernance s'inspire des principes de gestion appliqués dans le monde des entreprises. Le système économique étant supposé auto-organisé par l'application des lois du Marché, il suffit d'appliquer des règles de bonne gestion, pour qu'il puisse fonctionner. "Le modèle physico-mécanique de l'horloge, qui avait partie liée avec l'idée de règne de la loi, a été supplanté par le modèle cybernétique de l'ordinateur".Ce modèle a mis en péril le compromis social-démocrate, répandu en Europe, fondé d’une part sur le respect de la concurrence de l’économie de marché, et d’autre part sur une politique aussi étendue que possible de protection sociale. L’utopie moderne de l’Etat-providence est remplacée par l’utopie postmoderne d’un modèle rhizomatique déjà annoncé par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans Mille plateaux, excluant toute forme d’hétéronomie dans l’organisation sociale. Dans un tel modèle, la décision politique est remplacée par les procédures économiques opérées dans le cadre du Marché. Ces procédures sont fixées en fonction de critères numériques. "La gouvernance par les lois n'implique pas la disparition des lois, mais la soumission de leur contenu à un calcul d'utilités".
   De ce fait, la démocratie est vidée de sa substance, puisque les choix qui engagent l'avenir échappent totalement au scrutin électoral. Alain Supiot montre par ailleurs le recul considérable qui en résulte en matière de Droit social. La  protection des citoyens n'étant plus assurée par l'Etat, le seul moyen de se protéger consiste à accepter des liens d'allégeance vis à vis des plus forts. Loin de libérer la société, la gouvernance implique une nouvelle forme de féodalité.

vendredi 8 juillet 2016

Le rapport Meadows 45 ans plus tard / The Meadows report 45 years later

The Meadows report was initially published in 1972. Entitled "The Limits to Growth", it forecast a collapse of the world economic system, due to the rarefaction of natural resources as a result of the GDP exponential growth. It was a pionieering work, dealing with a global system including the whole world and its environment. It introduced also the concept of "collapse", which has become familiar with the book published by Jared Diamond. It was strongly opposed by most economists and those who perceived it as a threat for their business. The concept of sustainable development was introduced, in order to show that development is acceptable if it remains virtuous enough.  The idea of green growth intended to transform a threat into an opportunity. The Meadows report is very timely and challenling presently, as the turndown it predicted should occur quite soon. The simulation operated with theWorld3 model forecast a beginning of collapse for the world economy by 2015 and a drop of the world population resulting from a lack of resources towards 2030. It is therefore quitev appropriate to investigate quite carefully the results of the report, as recommended by Gaël Giraud, Chief Economist of the French Agency for Development (AFD). In fact, most of the recent work tends to confirm the conclusions of the report. The evolution followed during forty years, is in rather good accordance with  the evolution predicted. It is still too early to  check the evolution predicted during the downfall period, although the beginning of the economic crisis in the Western countries can be related to some extent to a rarefaction of oil resources. Supplementary negative factors, which were not taken into account in the Meadows report have to be taken into account, including global warming and a demographic transition slower than initially anticipated. It seems therefore essential to revisit carefully the conclusions of the report and to undertake appropriate actions, in order to reduce the consumption of natural resources and to prevent further environment and land degradation.

Le rapport Meadows a été publié en 1972 et date déjà de près d'un demi-siècle. Intitulé "Les limites de la croissance" (traduit en français sous le titre "Halte à la croissance"), il prévoyait un effondrement du système technico-économique mondial, sous l'effet de la raréfaction progressive des ressources disponibles, causée par la croissance exponentielle du PIB et de la consommation corrélative de ressources. Ce rapport était particulièrement novateur, car il envisageait pour la première fois l'ensemble formé par l'économie et l'environnement comme un système mondial. Il introduisait également l'idée d'effondrement qui était mal perçue à l'époque et qui a été depuis popularisée par Jared Diamond.  Ce rapport fut vivement combattu d'une part par les économistes qui admettaient mal cette incursion sur des territoires qu'ils prétendaient bien balisés et par tous ceux qui voyaient dans ce document une menace à l'égard de leur manière d'agir et donc de leurs intérêts. Le concept de développement durable fut inventé pour contourner l'obstacle en décrétant que la croissance était acceptable, à condition d'être suffisamment vertueuse.. De la même façon, il est question à présent de croissance verte, afin de transformer les obstacles en "opportunités".
Le rapport Meadows est particulièrement actuel, du fait que ses prédictions pessimistes viennent à échéance. En effet, le modèle World3 prévoyait un début de chute de l'économie mondiale vers 2015 et un début de chute de la population mondiale par manque de ressources vers 2030. C'est pourquoi, il est particulièrement important, comme le souligne Gaël Giraud, de revisiter aujourd'hui les conclusions de ce rapport.

mercredi 6 juillet 2016

Découpler la prospérité de la consommation de ressources / Decoupling prosperity from the consumption of resources

The world is facing two major challenges: the exhaustion of natural resources and the rise of unemployement due to the growth of digital technologies and automation. It is therefore necessary to develop new sectors of activities, without increasing the consumption of resources. Even the intellectual work is threatened by the rise of Artificial Intelligence (AI). Still, creation is going to play an increasing role in the future. Creation will play an essential role in all areas, including thel activities related to everyday life, such as housing or clothing. The value of creative activities is not measured by the amount of work which they require, but by the social utility they can bring. The treatment of Data, especially Big Data, will require powerful computers, but also highly skilled work, rather than more resources. Care activities are also strongly needed. A heartful welcome in an administration, good medical attention create value without consuming more resources. Education, heath, environment, justice require qualification and skills. The value of services provided is not measured only by the amount of time spent, nor is it related to the GDP, which means that it is possible to bring more prosperity without growth. Such activities can also provide more jobs. It does not mean that the issues related to the consumption of natural resources would be solved, as it will remain possible to produce more goods within automated factories. Thus a deeper transformation will be required in the way of life, using new regulatory and organizational tools, to deal with this issue.

Le monde est confronté à deux graves problèmes: d'une part l'épuisement des ressources et d'autre part la montée du chômage liée à l'essor des technologies numériques. Il est donc nécessaire de développer de nouveaux secteurs d'activités, qui ne se traduisent pas par un accroissement de la consommation de ressources. Le travail intellectuel, qui occupe désormais une place prépondérante par rapport au travail physique, est lui-même menacé par les progrès de l'information et de l'Intelligence Artificielle (IA). Demain, le développement de l’Intelligence Artificielle pourrait contribuer à supprimer une large partie des emplois intellectuels, de la même façon que les machines ont supprimé la quasi-totalité des emplois physiques. Toutefois, les activités de création vont prendre une place croissante.  La création  ne se confond pas avec la quantité de travail, effectué, même intellectuel. La valeur que représentait l'invention de l’ampoule électrique ou du transistor était totalement sans rapport avec la quantité de travail qu'elle avait requis.La valeur créée est dans ce cas découplée de la consommation de ressources. La création couvre aussi tout le domaine de la production de biens culturels, littéraires ou artistiques, qui peut se traduire pour une part en une contribution au PNB, mais ne se limite pas à cela. Elle s'étend à tous les secteurs, notamment ceux qui concernent la vie de tous les jours (habitat, alimentation, vêtements). L’information, les données (Data) font partie des facteurs immatériels qui créent de la valeur et devraient se développer considérablement à travers le traitement des « Big data ». Le savoir associé à la création permet de comprendre et d’innover. Le traitement des données implique l'utilisation de technologies numériques de plus en plus puissantes. Toutefois le travail d'interprétation et de synthèse va nécessiter des ressources humaines importantes.

dimanche 19 juin 2016

De la société automatique à la société de création / From the automatic society to the creative society


Digital technologies and artificial intelligence robotize and automate an ever increasing number of tasks. The result is not only the risk of massive unemployment, but also a deshumanization of the society. This evolution, which aims at maximizing the profits, destroys the human society. The  automatic society immerses each person in a world of machines unable to understand his specific needs. It supplies standard products, which are duplicated all around the world. It suppresses not only the possibility to work, but also the faculty of thinking and dreaming. The transformation to be accomplished now consists in a deautomatization of the society in order to restore the ability to act, to think and to dream in an independent way. Within the creative society, knowledge and intangibles become predominant. The nature of work is transformed, from endured to chosen. Rather than being automatized and energy intensive, industrial or agricultural production is preferably operated at a smaller scale, in a creative and diversified way.  Creation is deployed in every sector of activity. Everybody is involved in the co-creation of new organisational practices in order to make life easier and more beautiful. Technology remains present but is unobtrusive. Its inspiration is often biomimetic. Each object is designed in order to become a source of beauty and inspiration. Enlighned by spirit and consciousness, creativity is not only a form of virtuosity but becomes a source of meaning, harmony and beauty

Les technologies numériques et l’intelligence artificielle robotisent et automatisent un nombre de tâches sans cesse croissant. Il en résulte non seulement une augmentation accélérée du chômage, mais aussi une déshumanisation de la société. Cette évolution, qui vise à maximiser les profits, détruit la société humaine. La société automatique plonge l’individu dans un monde de machines incapables de comprendre ses besoins spécifiques. Elle lui fournit des produits standardisés, dupliqués d’un bout à l’autre de la planète. Elle lui enlève non seulement son travail, mais aussi la faculté de penser et de rêver. Le retournement à accomplir consiste donc à désautomatiser la société par une « redistribution massive du temps de songer ». Les activités de production étant de plus en plus déléguées à des machines, une société de création peut se déployer. Dans une telle société, le savoir et les biens immatériels prennent une place prédominante. La nature du travail évolue, passant d’un travail subi à un travail voulu. Au lieu d'être automatisée et intensive en ressources ainsi qu'en énergie, la production est menée à petite échelle, de façon créative et diversifiée. La création investit les domaines les plus variés de l’alimentation, de la confection de vêtements ou d’objets. Elle invente de nouvelles pratiques agricoles, telles que la permaculture ou commerciales, pour aider l’usager à utiliser intelligemment les produits ou équipements auxquels il fait appel. Elle rétablit des relations personnelles au sein des administrations, des entreprises ou des villes. Chacun est invité à co-créer de nouveaux modes d’organisation pour rendre la vie plus belle et plus agréable. Le rôle de la créativité ne consiste pas seulement à alimenter le marché en innovations technologiques., mais représente également une voie de progression dans les domaines spirituel, culturel, artistique et scientifique.  

samedi 28 mai 2016

Le Principe Espérance / The Principle of Hope

It is a mere evidence that technical and economic factors induce rapid social changes.  Digital technologies reshape everyday life and the organization of our society. They influence the way economy is operating. These changes can play a liberating role, but they have also resulted into the flat world of globalization. In a society dominated by objects, the inflation of matter has lead to a weakening of culture and social cohesion. The power of arms destroys whole countries. In such a world which seems dominated by matter, the weak signals of  a cultural and spiritual renewal can be detected.   The search of a more authentic life and of an empathic connection with all living beings responds to the risks of dehumanization through a reckless use of technologies. Collective action can find a meaning only through the emergence of such a spiritual renewal, which can compensate the spreading of the mainstream pseudoculture. The world is still full of sound and fury. It would be naïve to imagine a world liberated from from hatred and lies. No rational argument can ensure us that the will to build a better world will prevail upon the will of power. But if we consider Hope as a virtue, it becomes legitimate to bet on such an hypothesis. In the face of disasters, catastrophes and wars, it remains possible to adopt the Principle of Hope advocated by the philosopher Ernst Bloch, for trying to build a better world.

Constater que les facteurs technico-économiques induisent des transformations rapides dans le monde actuel relève d’une simple évidence. Les technologies numériques bouleversent les modes de vie quotidiens et l’organisation de la société. Elles conditionnent le fonctionnement de l’économie, qui impose son primat à la vie sociale. Les changements qui sont ainsi intervenus ont joué, pour nombre d’entre eux, un rôle libérateur, mais ils ont également contribué à l’avènement du monde plat de la Globalisation. Dans une société dominée par les objets, l’inflation matérielle conduit à un affaiblissement de la culture et de la cohésion sociale. La puissance des armes détruit des pays entiers. Dans ce monde qui semble soumis à l’emprise de la matière, on peut néanmoins déceler les signaux faibles d’un renouveau culturel et spirituel. Aux risques de déshumanisation par un recours irréfléchi aux technologies répond le besoin de vivre de manière plus authentique, en retrouvant ses sources intérieures et en rétablissant un lien empathique avec l’ensemble des êtres vivants. La recherche d’une spiritualité authentique tend à supplanter progressivement l’adhésion conformiste à des croyances. Les découvertes scientifiques récentes contribuent à transformer la vision du monde. A la conception réductionniste d’un Univers mu par le hasard et la nécessité, se substitue la vision d’un Multivers complexe, vivant et créateur, en transformation permanente. Au ressenti d’un monde absurde se substitue l’émerveillement face à un monde harmonieux et « élégant ». La circulation accrue des idées permet aux traditions et cultures du Monde entier d’élargir l’héritage gréco-romain du monde occidental et d’ouvrir de nouveaux horizons. Ces échanges tendent à compenser l’aplatissement du monde par la pseudo-culture mainstream. La configuration que prendra le monde de demain va dépendre de l’impact potentiel futur de ces différents facteurs. L’action collective ne pourra toutefois retrouver un sens qu’à travers l’émergence d’un renouveau culturel, dont on entrevoit les premières lueurs, mais dont on ne peut considérer qu’il est d’ores et déjà acquis.

samedi 21 mai 2016

L'avenir de la démocratie / The future of democracy


The future seems most uncertain in the political area. The great socialist utopias of the XIXth century failed to be implemented in a satisfactory way. They led to totalitarian or dictatorial regimes, instead of the ideal society which was anticipated. But, on the other hand, liberal politicies do not guarantee a democratic society either. To day, the rise of unequalities and the concentration of power in the hands of a minority represent a real threat for democracy. Furthermore, the values claimed by Western countries seem debatable. Thus, the promotion of human rights has been used as an argument for bombing countries in a most disastrous way. The neoliberal ideology which drives globalization wants to replace the political power by governance rules. The economic system is supposed to be self-organized. Private entities can apply any policy, as long as they comply with governance rules. Such a framework is incompatible with  democracy as no real decision power is left to the citizen, who can just comply with what has been decided by the economic actors. When the economic actors are in position to control the State, there is a real threat of a shift towards a totalitarian regime. Therefore, the question is raised about the best way to reinforce democracy.
The utopy of a peaceful world government seems far away and a threat rather than an assurance of public freedom.  The main issue has to be considered presently is how to improve the control of public decisions by the citizens. One way is to introduce a proportion of direct democracy, as it has been made possible through the use of digital technologies.  Other options include the development of a social economy, with organizations operating in the way of cooperatives, at least partly uopn a voluntary basis and the creation of a participatory democracy, involving a large participation of the civil society within the ruling bodies. 
The challenges humanity is facing require a long term approach, which is far from compatible with election timetables. What is needed is some kind of categorical imperative, which can compel citizens and political leaders to place the common interest above individual interests. It is possible only through shared values and a common vision of the future.

L’avenir paraît particulièrement incertain dans le domaine politique. Les grandes utopies socialistes du XIXe siècle ne se sont pas réalisées, du moins sous la forme selon laquelle elles avaient été conçues initialement. Au lieu de la société idéale qui était anticipée, elles ont contribué à la mise en place de la dictature d'un parti unique comme au sein l’ex-URSS ou aujourd’hui en Chine, .
   Dans les pays où la démocratie est ancienne, elle est menacée par la montée des inégalités et la concentration du pouvoir aux mains d’une minorité. Les valeurs dont elle se réclame sont contestées. Ainsi, la défense des droits de l’homme, au lieu de s’appuyer sur de réels principes éthiques, a servi de prétexte à des interventions militaires fort discutables, notamment au Moyen-Orient, avec des conséquences souvent catastrophiques comme en Irak, en Libye ou en Syrie. L’idéologie néolibérale qui oriente la globalisation actuelle prétend abolir ou, tout au moins, réduire au minimum le rôle du pouvoir politique en le remplaçant par une gouvernance guidée par des principes juridiques. Le système économique est supposé fonctionner en auto-organisation. Les entités privées sont alors libres de mener les actions qu’elles souhaitent, à condition de respecter les règles de gouvernance. Une telle conception aboutit en fait à une extinction de la démocratie, puisque aucun choix réel n'est plus proposé au citoyen. Le gouvernement démocratique est remplacé par un système dont le fonctionnement est régi par des mécanismes purement économiques et juridiques. Conçue en dehors de tout principe éthique, la gouvernance devient un instrument au service des plus puissants, ceux qui conçoivent les règles et savent les appliquer à leur profit. De ce fait, il existe, dans ce cas, un danger réel d’évolution vers un système de type totalitaire, dirigé par une minorité prétendant gérer suivant des règles de gouvernance, mais rejetant en fait toute expression démocratique.
   Dès lors, les questions qui se posent quant à l’organisation d’un avenir souhaitable sont multiples. Faut-il toujours espérer l’avènement d’un gouvernement mondial, qui permettrait de mettre fin à toutes les confrontations ? Un tel aboutissement de la globalisation actuelle, est souvent perçu comme le gage d’une paix universelle et le meilleur moyen pour surmonter les principaux défis mondiaux. S’engager dans cette voie pourrait toutefois conduire au résultat contraire, à la tyrannie et à la multiplication des conflits. L’existence de nations diverses en interaction mutuelle contribue à générer des espaces de liberté, alors qu’un gouvernement mondial, doté de tous les pouvoirs, risque d’aboutir rapidement à un système totalitaire. De ce point de vue, l’organisation du monde en entités régionales autonomes et diversifiées semble bien préférable.

vendredi 13 mai 2016

Avons-nous besoin d'utopie? / Do we need any utopia?


Utopias are not much in favour presently. Any utopia is considered as an unrealistic dream. In order to discredit a vision of a radical change, it is often presented as an utopia. The failure of past utopias perpetuates  such a perception. Utopias are also presented as the expression of abstract concepts, which may lead to a totalitarian society, according to Karl Popper. The communist regime in the former USSR is often presented as an exemple of a failed utopia. Still, the negation of utopia as a way to conceive different possible futures, leads to an ideology which rejects any alternative and is therefore incompatible with human liberty. On the contrary, utopia is the expression of human liberty and creativity. The present neoliberalism assigns to the Market all the choices to be made, through a governance processs which is supposed to require no political decision. This logic leads to the disparition of democracy as the citizen is no more involved in making any major choice, whereas all the decisions are made by those who rule the system, In front of the world chaos, the risk of ecological collapse and the rise of geopolitical tensions, it becomes essential to reestablish a link with the Principle of Hope advocated by Ernst Bloch. Utopias, as an expression of human liberty and creativity, excluding ideology and dogmatism, become more necessary to imagine than ever. 

Le concept d'utopie est actuellement peu en vogue. Toute utopie est assimilée à  un rêve irréaliste. Une vision d’avenir qui vise un changement radical, est fréquemment taxée d’utopie lorsque l'on cherche à la discréditer.   L'échec des multiples utopies passées, telles que, par exemple le phalanstère de Charles Fourier, accrédite cette idée. L'utopie est par ailleurs accusée de vouloir faire triompher une idée abstraite.  En prétendant instaurer une société parfaite, toute utopie serait censée conduire à l’avènement d’un régime totalitaire, selon la crainte exprimée par Popper. Le régime communiste, tel qu'il a été mis en oeuvre dans l'ex-URSS est considéré comme l'exemple d'une utopie qui aurait mal tourné.
Toutefois, la négation de l'utopie comme façon de concevoir de multiples futurs possibles aboutit à une idéologie refusant toute alternative concernant l'avenir et de fait contraire à la liberté humaine. Au contraire, l'utopie est l'expression toujours renouvelée de la liberté et de la créativité humaine. La globalisation actuelle s’appuie sur l'idéologie néo-libérale, qui assigne au seul Marché la capacité d’assurer le bonheur de l’humanité, en bannissant « l’idéal d’égalité et de justice dont la matrice utopienne s’est longtemps nourrie ». Une telle conception aboutit en fait à une disparition de la démocratie, puisque plus aucun choix réel n'est proposé au citoyen.

samedi 16 avril 2016

Les incertitudes de la COP 21 / The uncertainties following COP 21

COP 21, which was held in Paris during december 2015 appears as a valuable diplomatic success, as it has been possible to reach an ambitious agreement, with the help of the United States and China. Two main results were achieved. First, the principle according to which all countries have to contribute to the reduction of GHG emissions has been accepted. The Kyoto protocol imposed limitations only to 38 countries which were considered as industrialized, but did not anticipate the explosion of GHG emissions in China. A second important result of the agreement is the fact that all countries have indicated specific targets, on a voluntary basis (Intended Nationally Determined Contributions: INDC).
Still significant uncertainties remain. Until now, it has not been possible to curb the evolution of GHG emissions Since the beginning of Climate negociations (more than 20 years!), the rate of increase is not lower but steeper. With very low prices for fossil fuels , developing countries will tend to use these energy sources and especially coal, which is the cheapest but also the most polluting fuel.It would be necessary to make a clear difference between coal and natural gas, which is much less polluting and well adapted for the energy transition period. On a longer term, the issue of hydrocarbons production is very important. If the peak oil and the peak gas are reached in the near future, there is a risk of massive shift towards coal, which would be catastrophic for the climate. There are also large uncertainties concerning the future production of coal, beyond 2050. With all these uncertainties, it is necessary to proceed pragmatically, taking into accounts the numerous constraints to be taken into account

La COP 21 qui s'est tenue à Paris en décembre 2015,  est la 21e réunion de la Convention Cadre des Nations Unies contre le changement climatique (CCNU).  Elle apparaît comme un grand succès diplomatique, en ayant réussi à emporter l'adhésion de l'ensemble des pays autour d'un texte d'accord très significatif. Cet accord a été possible grâce à l'aide des Etats-Unis et de la Chine. Deux résultats très importants ont été obtenus. Le premier est l'acceptation du principe selon lequel tous les pays doivent contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En 2011, les 38 pays qui étaient assujettis à une obligation de réduction des émissions, ont atteint l’objectif (-5,2%) qui leur était assigné. Cependant, au niveau mondial les émissions ont augmenté de 45,4%, en raison du poids des grands pays émergents, dont la Chine et l’Inde. La Chine est passée de 2,43 Gt de CO2 en 1990 à 8,67 Gt en 2011, en devenant le premier émetteur au niveau mondial. Un autre résultat important est l'engagement pris d'atteindre des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre sur la base de contributions volontairesL’accord de Paris est basé sur des contributions volontaires déterminées au niveau national (INDCs). Les INDCs représentent  55,2 Gt eq. CO2 en 2025 et 748,2 Gt eq. CO2 en 2030. Si l’ensemble des contributions est mis en œuvre, on observait une hausse du volume global des émissions de 11 à 22% en 2030 par rapport à 2010, mais une baisse de 5% par habitant (6,7 t eq. CO2 en 2030).  Des procédures de suivi et de révision sont prévues pour vérifier la bonne tenue des engagements.