Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

vendredi 19 octobre 2018

La ville intelligente / The smart city


The concept of smart city dates from 2008. The goal was to create new markets, taking advantage of digital developments and in particular the proliferation of connected objects. IBM was one of the first players involved in this field. It was to form a new urban imaginary. GAFA companies have followed the movement by seeing areas of expansion. At first, the solutions adopted revolved around the concept of a control room, as was done in Rio de Janeiro. Such a model is clearly impracticable. Developments in digital technologies, and in particular the proliferation of connected objects, have made it possible to adopt more flexible solutions. Digital technologies have claimed to provide technical solutions to the complex problems facing human societies. By connecting the inhabitants, they can effectively help solve certain problems, facilitate transactions, inform in real time (augmented reality), optimally manage the various infrastructures of the city. They can also promote direct democracy. Unfortunately, there generate also many negative externalities: increased control over the population, lack of confidentiality for personal data, high energy consumption, high investments in equipment that may quickly become obsolete. In addition, the technological and hyperconnected city is reserved for the richest. The city of Masdar is an example of a city designed for a minority in the middle of a desert. The "smart city" can become a kind of contemporary Metropolis, where misery is carefully hidden in the basement. In short, the notion of smart city is blurred. Given the multiple criteria used, the European Commission manages to distinguish 240 smart cities in Europe. In fact, one can conceive opposite models of the smart city. A first type of city is represented by the Quayside neighborhood, Toronto, designed by Sidewalk Labs (Google), which incorporates multiple public facilities automatically controlled based on records transmitted by many sensors. This type of neighborhood is clearly intended for a wealthy population. In contrast, is the project of Red Hook in Brooklyn, which had been heavily affected by drug trafficking in the 1980s, but has since been rehabilitated, becoming a neighborhood of artists. The inhabitants, and especially the younger ones, are invited to become directly involved in the layout and maintenance of the connections. The old cities that enjoyed a certain political freedom were intelligent, because they knew an organic development and were able to implement the economic synergies at the service of the common good (the good government, Siena, Palazzo Pubblico). Democracy is at the heart of urban life (example of leadership by the People's Assembly in Novgorod). The size of the city is a very important factor. It is governed by a set of factors. Beyond a maximum size, its organization becomes too complex to be managed optimally. A population of 600,000 seems to be a good target value. There is currently a trend, particularly in China, of organizing the urban cluster city of small and medium towns. Excessive size generates negative externalities (stress, daily commuting time, isolation). It is necessary to take into account all these externalities, including those generated in the suburban environment. The optimization of the urban system requires modeling that is difficult, because of the complexity of the system and the importance of human factors that escape the modeling by the laws of physics. Increasing the resilience of the city involves consulting the inhabitants, developing the systems of deliberation, and encouraging citizens to generate ideas. The resilience of the city is based on direct democracy. Technical solutions, especially digital solutions, are not enough to solve the city's problems. The human factor is essential. In order to create a smart city, we must first create the conditions that enable society to become intelligent. This involves cultural rather than technological factors.

La notion de smart city date de 2008. Le but était de créer de nouveaux marchés, en profitant des développements du numérique et en particulier de la multiplication des objets connectés. IBM a été l'un des premiers acteurs engagés dans ce domaine. Il s’agissait de former un nouvel imaginaire urbain. Les compagnies GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) ont suivi le mouvement en y voyant des domaines d'expansion.
   Dans un premier temps, les solutions adoptées ont tourné autour de la notion de salle de contrôle, comme cela a été fait à Rio de Janeiro. Un tel modèle s’avère clairement impraticable. Les développements des technologies numériques et en particulier la multiplication des objets connectés, ont permis d'adopter des solutions plus souples.
 Les technologies numériques ont prétendu apporter des solutions techniques aux problèmes complexes qui se posent aux sociétés humaines.  En connectant les habitants, elles peuvent effectivement aider à régler certains problèmes, faciliter les transactions, informer en temps réel (réalité augmentée), gérer de façon optimale les diverses infrastructures de la ville. Elles peuvent aussi favoriser la démocratie directe.
   Malheureusement, elles génèrent également de nombreuses externalités négatives: contrôle accru sur la population, perte de confidentialité des données, consommation élevée d'énergie, investissements élevés portant sur des équipements qui risquent de se trouver rapidement obsolètes. En outre, la ville technologique et hyperconnectée est réservée aux plus riches. La ville de Masdar est un exemple de ville conçue pour une minorité au milieu d'un désert. La "ville intelligente" peut devenir ainsi uns sorte de Metropolis contemporaine, où la misère est soigneusement cachée dans les sous-sols.
   En définitive, la notion de ville intelligente (smart city) s’avère floue. Compte-tenu des multiples critères utilisés, la Commission Européennes parvient à distinguer 240 villes intelligentes en Europe. En fait, on peut concevoir des modèles opposés de la ville intelligente. Un premier type de ville est représenté par le quartier de Quayside, Toronto, conçu Sidewalk Labs (Google), qui intègre de multiples équipements publics commandés automatiquement en fonction des enregistrements transmis par de nombreux capteurs. Ce type de quartier est manifestement destiné à une population aisée. A l’opposé, se trouve le projet de Red Hook à Brooklyn, qui avait été très affecté par le trafic de drogue dans les années 1980, mais qui a été réhabilité depuis, en devenant un quartier d’artistes. Les habitants, et notamment les plus jeunes, sont invités à s’impliquer directement dans l’aménagement et l’entretien des connexions.
   Les villes anciennes qui jouissaient d’une certaine liberté politique étaient intelligentes, car elles connaissaient un développement organique et étaient capables de mettre en œuvre les synergies économiques au service du Bien commun (Le bon gouvernement, Sienne, Palazzo Pubblico). La démocratie est au cœur de la vie urbaine (exemple de la direction par l’assemblée du peuple à Novgorod).
   La taille de la ville est un facteur très important. Elle est régie par un ensemble de facteurs. Au-delà d’une taille maximale, son organisation devient trop complexe pour être gérée de façon optimale. Une taille de 600 000 habitants paraît constituer une bonne valeur cible. Il existe actuellement une tendance, suivie notamment en Chine, qui consiste à organiser la ville en cluster urbain de villes petites ou moyennes. Une taille excessive génère des externalités négatives (stress, temps de déplacement journalier, isolement). Il est nécessaire de prendre en compte l’ensemble de ces externalités, y compris celles qui sont générées dans le milieu périurbain.
   L’optimisation du système urbain nécessite une modélisation qui est difficile, en raison de la complexité du système et de l’importance des facteurs humains qui échappent à la modélisation par les lois de la physique. Accroître la résilience de la ville implique de consulter les habitants, de développer les systèmes de délibération, d’inciter les citadins à générer des idées. La résilience de la ville repose sur la démocratie directe. Les solutions techniques et en particulier celles qui proviennent du numérique ne suffisent pas pour régler les problèmes de la ville. Le facteur humain est essentiel. Pour parvenir à créer une ville intelligente, il faut en tout premier lieu créer les conditions qui permettent à la société de devenir intelligente. Ceci passe par des facteurs culturels plutôt que technologiques.

mardi 2 octobre 2018

Effondrement et globalisation / Collapse and globalization


Collapsology attracts many followers, who, far from being sorry for such a perspective, see it as a justification for the establishment of alternative lifestyles. Frugality and voluntary simplicity are in the right case, but it remains to convince a majority of citizens to go in this direction. Political representatives, even when defending ecology, do not always set an example. It is surprising, however, that the obvious link between the risk of collapse and the neoliberal globalization has not been better analyzed. Globalization, which followed the end of the cold war, resulted from the conjunction of globalization and neoliberal ideology. By ensuring near instantaneous flows of information and financial flows from one end of the world to the other, digital technologies have enabled its implementation. Globalization, organized according to the rules of neoliberal governance, has entrusted all arbitrations to the market, considering profit as the exclusive engine of the economy. It has led to the current flat world, open to all commercial and financial movements. Whereas classical liberalism still referred to a humanist principle of reciprocity, neoliberalism is placed in a world of competition, governed solely by the balance of power. As a result, the major issues that concern the environment, global warming, the collapse of biodiversity and the pollution of water and air, even if they are better perceived, are still unresolved. Globalization is constantly seeking to produce massively by implementing economic, social and environmental dumping, seeking lowest wades and minimum environmental constraints. There is therefore a fundamental contradiction between this logic and the principles of sustainable development. In addition, the main argument in favor of globalization, which is to produce at lower cost, leads to the overconsumption of resources that we would like to avoid. Indeed, all the conditions are there to mistreat the Earth and extract the maximum of resources at the lowest cost. Other powerful factors related to globalization are in the direction of a collapse. The financial structure is particularly weak: derivatives, high frequency trading are some of the techniques that reduce the stability of the building. When you can instantly move billions of dollars across the globe, the risk of a crisis becomes significant. Growing inequality also increases the risk of collapse. If the richest 1% can lead a most expensive lifestyle, how can one hope that the good people agree to tighten their belts, adopt the decay and happy sobriety. Some believers will accept, who can only remain a minority. Faced with these realities, the "green growth technologies" pale. Therefore, if nothing changes, this flat world will surely collapse. Cracks are already felt, which suggest that the course of things is perhaps changing, provided of course that a war of great amplitude does not bury all hopes.



La collapsologie attire de nombreux adeptes, qui, loin de se désoler d'une telle perspective, y voient une justification pour la mise en place de modes de vie alternatifs. La sobriété, la réduction de la consommation de ressources, la simplicité volontaire vont dans le bon cas, mais il reste à convaincre une majorité de citoyens d'aller dans ce sens. Les représentants politiques, même lorsqu'ils défendent l'écologie, ne donnent pas toujours l'exemple. Il est surprenant par contre que lien pourtant évident entre le risque d'effondrement et la globalisation néolibérale n'ait pas été mieux analysé.  
   La globalisation, qui a suivi la fin de la guerre froide, a résulté de la conjonction de la mondialisation et de l’idéologie néolibérale. En assurant une quasi-instantanéité des flux d’informations et des flux financiers d’un bout à l’autre de la planète, les technologies numériques ont permis sa mise en œuvre. La globalisation, organisée selon les règles de la gouvernance néolibérale, a confié tous les arbitrages au Marché, en considérant le profit comme le moteur exclusif de l’économie. Elle a conduit au monde plat actuel, ouvert à tous les mouvements commerciaux et financiers. Alors que le libéralisme classique se référait encore à un principe humaniste de réciprocité, le néolibéralisme se place dans un univers de compétition, régi par les seuls rapports de force. De ce fait, les grandes questions qui concernent l’environnement, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’eau et de l’air, même si elles sont mieux perçues, ne sont toujours pas résolues.  
   La globalisation cherche constamment à produire massivement là où sont réunies les conditions du moins-disant économique, social et environnemental. Il y a donc une contradiction fondamentale entre cette logique et les principes d'un développement qui serait durable. En outre, le principal argument en faveur de la globalisation, qui est de produire à moindre coût, conduit préciser à la surconsommation de ressources que l'on voudrait éviter. En effet toutes les conditions sont réunies pour maltraiter la Terre et en arracher un maximum de ressources au moindre coût. D'autres puissants facteurs liés à la globalisation vont dans le sens d'un effondrement. La structure financière est particulièrement peu résiliente: les produits dérivés, le trading à haute fréquence font partie des techniques qui réduisent la stabilité de l'édifice. Lorsqu'il est possible de déplacer instantanément des milliards de dollars d'un bout à l'autre de la planète, les risques de crise deviennent considérables.
   La croissance des inégalités accentue également les risques d'effondrement. Si le 1% le plus riche peut mener un train de vie dispendieux, comment espérer que le bon peuple accepte de se serrer la ceinture, adopte la décroissance et la sobriété heureuse. Certains convaincus, qui ne peuvent rester qu'une minorité. Face à ces réalités, les "technologies de la croissance verte" font pâle figure.
   Si le monde plat perdure, nous allons sûrement vers l'effondrement. Des craquements se font sentir toutefois, qui font penser que le cours des choses va peut-être se modifier dans l'avenir, à condition bien sûr qu'une guerre de grande amplitude n'enterre tous les espoirs.