Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

dimanche 19 mars 2017

Destruction créatrice et disruption / Destructive creation and disruption


Technological innovation involves destructive creation as was shown by Joseph Schumpeter during the last century. New technologies create a new world by destroying the existing one., through successive waves. The industrial revolution destroyed the world of water and wind mills, the automotive car replaced the horse-drawn carriage, the machine eliminated most of the physical labour and now artificial intelligence might eliminate any need of a human intervention whatsoever. Destructive creation is at the core of the capitalistic system, as the key for improving its margin of profit. Innovation becomes the main driver of the economy and the prerequisite of any economic success. The economic progress tends however to conceal the destruction at work within any innovation process. This destruction impacts the environment and the ways of life. If it does not take into account the cultural dimension, it becomes a disruptive transformation which can represent a "new form of barbarism", according to Adorno and Horkheimer, quoted by Bernard Stiegler in a recent book. Such a disruption inverts the project planned by the Enlightenment, at the origin of modernity. Technology is no more driven by the Reason, but, on the contrary, it is Reason which has to adapt itself to its irresistible movement. This situation is made worse by globalization, which makes even more difficult the conciliation between culture and the technological environment; Instead, the technological innovation becomes a tool for the subjugation to a globalized way of life. Bernard Stiegler considers even that the  inability of the human being to conform oneself to the explosive growth of the digital technology leads to a kind of madness. Rather than expanding permanently the creative.destruction, Pierre Caye proposes to favor the concepts of heritage, land development and architecture, which can be preserved and transmitted to the following generations. It is the only way to give a real meaning to sustainable development. 

L'innovation technologique se nourrit de destruction créatrice comme l'avait montré Joseph Schumpeter au siècle dernier. Les nouvelles technologies détruisent un monde pour en créer un autre. Elles procèdent ainsi par vagues successives. La révolution industrielle a ainsi détruit le monde  des moulins, la voiture à essence a remplacé les calèches, le moteur électrique s'est substitué à la machine à vapeur, la machine s'est substituée au labeur physique et à présent l'intelligence artificielle permet de produire toujours plus, en se passant de toute intervention humaine. Cette destruction créatrice est au cœur du système capitaliste, en lui permettant d'augmenter constamment ses marges de profit. L'innovation devient le moteur de l'économie et la condition même de tout succès. Le progrès économique tend toutefois à occulter la destruction à l'oeuvre dans tout processus d'innovation. Cette destruction touche l'environnement et les modes de vie. Si elle ne tient pas compte de la dimension culturelle, elles se transforme en disruption destructrice du système social, c'est à dire une "nouvelle forme de barbarie", selon l'expression introduite par Adorno et Horkheimer, rappelée par Bernard Stiegler dans un ouvrage récent. La disruption inverse le projet de la philosophie des Lumières, à l'origine de la modernité. L'innovation technologique n'est plus un projet conçu par la Raison, mais celle-ci doit s'adapter au mouvement irrésistible de la technologie. Cette situation est aggravée par la globalisation, qui ne permet plus d'associer une culture à un environnement; Au contraire l'innovation technologique devient l'outil de l'asservissement à un mode vie globalisé. Bernard Stiegler estime même que l'incapacité de l'être humain à s'adapter au caractère foudroyant de la révolution numérique conduit à une forme de folie.
A la destruction créatrice, Pierre Caye oppose les notions de patrimoine, d'aménagement du territoire, d'architecture, qui permettent de préserver et de transmettre aux générations suivantes ce qui a été acquis par les générations antérieures. C'est à cette condition que la notion de développement durable peut trouver un sens.

mardi 7 mars 2017

La crise de l'art postmoderne / The crisis of postmodern art



As the whole flat world, art has entered into postmodernity. Postmodernism disclaims any reference, overlaying various borrowings, using parody and pastiche. It dismisses any foundation or "grand narrative", i.e. any philosophical, political or religious system of thought. Il deconstructs the world. Postmodernism is the cultural counterpart of neoliberalism It is coherent with the absence of finality in a world governed by the Market. Its relativism is best suited to a world governed by economics. The value of everything fluctuates with supply and demand as stockmarket transactions. Therefore, nothing can be considered as false, ugly or immoral, if somebody is ready to pay. Everything can be bought and sold. Postmodern art becomes a tool for speculation, similar to hedge funds. Postmodern culture could be called also neoliberal, as it evolves according to the laws of the Market, totally open to globalization. Its composite style is well suited to the taste of nouveaux riches, those who are ready to reconstruct Loire castles or Venice canals. A large share of contemporary art follows those lines. It does not hesitate to deploy decorative kitsch. Jeff Koons, one of the best known contemporary artists, is famous for his inflatable rabbits and balloon dogs. Decorative paintings suit the Market as demonstrated by the smiling flowers of the pop-artist Takashi Murakami. Other artists claim derision and the rejection of good taste. A posh provocation as illustrated by Damien Hirst, when he displays diamonds on a skull, is well suited for a  reproduction on glossy paper. Some artists such as  David Salle claim that they are involved in « bad painting », as they mix unrelated images, without any attempt of coherenceAmong these different works, some may be worth posterity. It is still difficult to know which of them will remain. Few seem able to raise the level of consciousness. Still, the end of art, as suggested by the philosopher Arthur C. Danto, is unlikely. Art is not ending, no more than history. In the future, art might be able to reject the Market dictatorship, and illustrate exits from the flat world of postmodernity. Some artists, still unrecognized, are probably preparing the  art.of tomorrow  

Comme l'ensemble du monde plat, l'art contemporain est entré dans la postmodernité. Le postmodernisme a renoncé à toute référence fixe, en pratiquant des emprunts à différentes cultures et en prônant le syncrétisme des styles ou des époques. Sur le plan des valeurs et des idées, il marque le renoncement à des repères fixes, en maniant la dérision et l'ironie. Quand il reprend un thème antérieur, c’est le plus souvent sous la forme de pastiche. Il abandonne tout fondement et admet la fin des « grands récits », c’est-à-dire de tous les grands systèmes d’explication du monde, qu’ils soient philosophiques, politiques ou religieux. Il déconstruit le monde.
 Le postmodernisme est le pendant culturel du néolibéralisme économique. Il est cohérent avec l’absence de finalité d’un monde gouverné par le Marché. Le relativisme postmoderne est, en fait, la forme de pensée la mieux adaptée à un système régi par les seules lois économiques. La valeur de toute chose fluctue en fonction de l’offre et de la demande comme les actions en Bourse. Par conséquent, rien ne peut être considéré comme faux, laid ou immoral, à partir du moment où il existe un acheteur prêt à payer. Tout s’achète et se vend. L'art postmoderne sert à spéculer, au même titre que les fonds dérivés. La culture postmoderne pourrait donc être qualifiée aussi bien de culture néolibérale, car elle se construit en fonction des seules lois du Marché. Totalement ouverte à la globalisation, elle se construit en dehors des références culturelles nationales ou régionales. Le style composite qu’elle propose est parfaitement adapté aux goûts des nouveaux riches, ceux qui sont prêts à reconstruire les châteaux de la Loire ou les canaux de Venise.
   Une part importante de l’art contemporain se situe dans cette veine, n’hésitant pas à miser sur le kitsch décoratif. L’un des artistes contemporains les plus connus, Jeff Koons, qui s’est fait connaître par ses lapins gonflables et ses chiens en ballons multicolores, est parfaitement représentatif de cette tendance. Les effets décoratifs se vendent bien, comme les papiers peints couverts de fleurs multicolores que propose  Takashi Murakami. D'autres artistes revendiquent le jeu de la dérision, le rejet du bon goût, La provocation "chic" comme celle que pratique Damien Hirst, en disposant des diamants sur un crane, facilite la reproduction sur papier glacé. Il est possible également de revendiquer, comme le fait le peintre David Salle, le « bad painting », en pratiquant le télescopage d’images sans rapport, ni sur le plan du style, ni sur celui du récit.
   Parmi ces oeuvres diverses, sans rapport les unes avec les autres, certaines passeront peut-être à la postérité. Il est bien difficile d'en juger. Peu d'entre elles sont susceptibles d'élever le niveau de conscience. Pour autant, la prétention du postmodernisme d'incarner la fin de l'art annoncée par Arthur C. Danto n'est sans doute pas justifiée. L'art ne connait pas de fin, pas plus que l'histoire. Le néolibéralisme sombrera à son tour. Un jour viendra peut-être où l'art sera capable de renoncer au Marché, pour proposer des issues au monde plat de la postmodernité. Certains artistes, aujourd'hui méconnus, préparent sans doute la relève.