In a World subject to the laws of the market, Utopias ignite a renewed interest. No deep transformation of the society is feasible without a view of the future, i.e. without an utopia. Still, Utopias are often dismissed under the principle of reality, which means that most changes are rejected as utopian.. Utopia is also accused of being at the origin of various forms of totalitarianism. The major totalitarianisms of the XXth century are often presented as resulting from Utopias. Florent Bussy, a philosopher and author of books about totalitarianism has recently published a book about the relationship between Utopia and totalitarianism (Libre & Solidaire, publisher). He shows that the two notions are, in fact antagonistic. Totalitarianism aims at a complete domination of the present world, whereas utopia proposes an alternative for the future. Utopia introduces a distance with reality, incompatible with power. Utopias are indeed diverse and some of them are prone to the accusation of a will of domination. In the "City of the Sun" (1602) by Tommaso Campanella, sexuality est governed by a central theocratic power. But the City of the Sun remains a fiction and human liberty is preserved through the distance between fiction and reality. Still, all utopias are not equivalent and not all of them describe a better future. Dystopias, such as the Brave New World or 1984, are meant to represent a threat rather than a hope. In order to show the way for the future, Utopias must become ethical and human by accepting, according to Levinas, a face-to-face encounter with the "Other". Utopia opposes totalitarianism and becomes democratic, by rejecting any attempt to impose a single point of view. When neoliberalism claims a monopoly on thinking, without any possible alternative, it becomes totalitarian. Thus, Utopias are more needed than ever, for building an alternative reality. Utopia cannot stay as a pure product of imagination and has to become real through multiple social, economic, ecological and political initiatives, taken by various organisations and communities. Then, it can drive the ambition of a radical transformation of the society. at various scales. One of its important missions is to contribute to the preservation of a living democracy, staying immune to totalitarianism.
Dans un monde soumis aux lois du Marché, l'utopie suscite un intérêt nouveau, comme en témoignent différentes publications récentes. Aucune transformation sociale de grande ampleur n'est possible sans une vision d'avenir, c'est à dire une forme d'utopie. Toutefois, l'utopie reste décriée au nom du principe de réalité, ce qui permet de rejeter un changement qualifié d'"utopique". Il est également reproché à l'utopie d'être la source des différentes formes de totalitarisme. Les grands totalitarismes du XXe siècle, le fascisme et le communisme seraient ainsi le résultat des utopies des siècles précédents.
Florent Bussy, professeur de philosophie et auteur d'ouvrages sur le totalitarisme, a récemment publié aux Editions Libre & Solidaire, un ouvrage consacré aux liens possibles ou supposés entre totalitarisme et utopie. Il montre que les deux notions sont, en fait antagonistes. Le totalitarisme vise à exercer au présent un pouvoir de domination absolu sur la population, alors que l'utopie propose une alternative pour l'avenir. L'utopie institue un écart par rapport à la réalité, incompatible avec le pouvoir. Certes, "les utopies sont diverses et toutes n'échappent pas également au reproche de la totalisation". Dans la Cité du Soleil (1602) de Tommaso Campanella, la sexualité est régie par un pouvoir central théocratique. Mais la Cité du Soleil reste une fiction et la liberté humaine reste préservée dans l'écart entre la fiction et la réalité. Toutes les utopies ne sont pas équivalentes et toutes ne décrivent pas un avenir souhaitable. A l'image du Meilleur des mondes ou de 1984, certaines décrivent un monde dystopique, qui représente une menace plutôt qu'un espoir. Pour tracer des voies d'avenir, l'utopie doit devenir éthique, à travers une ouverture au "visage de l'autre", selon les termes de Levinas. L'utopie s'oppose alors au totalitarisme et devient démocratique, en refusant de n'admettre qu'un point de vue unique. Lorsque le néolibéralisme s'affirme comme une pensée unique, sans alternative possible, il verse dans le totalitarisme. L'utopie devient alors plus que jamais nécessaire, pour s'incarner concrètement dans la réalité quotidienne. "L'utopie a vocation à ne pas demeurer seulement théorique, mais à secréter quantité de tentatives sociales, économiques, écologiques, politiques s'opposant au capitalisme total". Elle représente alors l'ambition d'une "visée radicale de transformation et de rupture" qui conduit dès à présent à de multiples initiatives, notamment au niveau local (communautés diverses, Amap, permaculture, monnaies locales). Un de ses rôles essentiels est de contribuer à maintenir une démocratie vivante, à l'abri de toute forme de totalitarisme.