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samedi 4 novembre 2017

La tragédie des biens communs / The tragedy of common goods


The tragedy of the commons is often evoked to highlight the difficulties encountered when it comes to preserving an environment that is useful to everyone but does not belong to anyone. A common good, with free and open access, risks being overexploited. Thus, overexploitation of the oceans due to industrial fishing, has led to the virtual disappearance of whole species of once abundant fish such as, for example, cod. The example of the "tragedy of the commons", these pastures, which would have been overexploited in the Middle Ages because they belonged to a whole village, is often cited, perhaps wrongly, because, it seems established, now that collective operating rules, functioning satisfactorily, existed at that time. The notion of common was manifested as a reaction to the "enclosure of the commons" policy, which had led to the privatization and closure of spaces previously open to the community. When it was practiced in England in the eighteenth century, the movement of enclosure provoked violent movements of revolt. The privatization of the commons was again practiced on a large scale during the 1990s. For the movements that contest the appropriation of natural resources by a minority, the defense of the "common" finds a central place in the definition of an alternative policy. The main justification for private property is that everyone is careful not to damage what belongs to them, and private property is better preserved and maintained than those belonging to a community or the state. The experience of the communist regimes has indeed shown that collective property frequently leads to failure. The functioning of collective farms, sovkhozes or large state enterprises has proved to be inefficient. Central planning, leaving little room for individual initiatives, has not been able to adapt the economy to needs. The economic system has also been unable to adequately reward the efforts of the most dynamic actors. Proponents of the neoliberal policy introduced in the 1990s used this argument to advocate the privatization of almost all economic and administrative activities, including public services, such as police or justice. This policy is obviously very dangerous for the commons, which are perceived in this context as a mere source of profit. The environment is the first of the commons. Without the preservation of natural environments, ecosystems, water and air, all life is impossible and even inconceivable. Nature provides resources, but it also forms a living environment, where the human being feels solidarity. A living culture is also part of the commons belonging to the World Heritage of Humanity. Regional or even national cultures are threatened by globalization and the standardization it entails. The populations who hold them tend to abandon them, under the effect of the conditioning they undergo, hoping to better benefit, thus, from the progress of modernity. As in the case of a loss of biodiversity , such depletion is generally irreversible, as it interrupts the intergenerational transmission process. To be preserved, cultural heritage requires ongoing efforts from the entire community. Otherwise, it may disappear forever. Community-based services of general interest such as schools, hospitals and public administration are another category of commons. Their good functioning conditions the quality of life and the future of society. Among these services, the internet is particularly important to protect, so as to preserve its independence and maintain free access to informationThe challenge to be met in order to preserve the commons is to avoid excessive use of privatization and state control, which is often misguided. According to economist Elinor Ostrom, who shared with Oliver E. Williamson in 2009 the "Nobel Prize" in Economics, local user associations are better able to manage common goods than public authorities or private companies. Good management of common goods at the local level requires, however, to specify at the outset the rules to follow as well as the deliberative procedures applicable to collective decision-making. The commons are particularly difficult to protect when they call for the concerted action of all nations, whose interests are often divergent. The prevention of global warming is a good illustration.

La tragédie des biens communs est souvent évoquée pour faire état des difficultés rencontrées, lorsqu’il s’agit de préserver un environnement, utile à tous mais n’appartenant à personne. Un bien commun, en accès libre et gratuit, risque d’être surexploité. Ainsi, la surexploitation des océans due à la pêche industrielle, a conduit à la quasi-disparition d’espèces entières de poissons jadis abondantes comme, par exemple, la morue. L’exemple de la « tragédie des communs », ces pâturages, qui auraient été surexploités au Moyen Âge parce qu’ils appartenaient à tout un village, est souvent cité, peut-être à tort, car, il semble établi, à présent, que des règles d’exploitation collective, fonctionnant de manière satisfaisante, existaient à cette époque. La notion de commun s’est manifestée sous la forme d’une réaction à la politique « d’enclosure des communs », qui avait conduit à privatiser et à clôturer des espaces auparavant ouverts à la collectivité. Lorsqu’il s’est exercé en Angleterre au xviiie siècle, le mouvement d’enclosure a suscité de violents mouvements de révolte. La privatisation des communs a été à nouveau pratiquée à grande échelle au cours des années 1990. Pour les mouvements qui contestent l’appropriation des ressources naturelles par une minorité, la défense du « commun » retrouve une place centrale dans la définition d’une alternative politiqueLa principale justification de la propriété privée repose sur l’idée que chacun étant soucieux de ne pas détériorer ce qui lui appartient, les biens privés sont mieux préservés et entretenus que ceux qui appartiennent à une collectivité ou à l’État. L’expérience des régimes communistes a effectivement montré que la propriété collective conduit fréquemment à un échec. Le fonctionnement des kolkhozes, sovkhozes ou des grandes entreprises étatiques s’est avéré peu efficace. La planification centralisée, en ne laissant que peu de place aux initiatives individuelles, n’a pas été en mesure d’adapter l’économie aux besoins. Le système économique s’est montré, en outre, incapable de rétribuer correctement les efforts engagés par les acteurs les plus dynamiques. Les partisans de la politique néolibérale instaurée dans les années 1990 se sont servis de cet argument pour préconiser la privatisation de la quasi-totalité des activités économiques et administratives, y compris de celles qui relèvent d’un service public, comme l’enseignement, la police ou la justice. Cette politique est évidemment très dangereuse pour les biens communs, qui sont perçus dans ce cadre comme une simple source de profit.
L’environnement constitue le premier des biens communs. Sans la préservation des milieux naturels, des écosystèmes, de l’eau et de l’air, toute vie est impossible et même inconcevable. La nature fournit des ressources, mais elle forme aussi un milieu vivant, dont l’être humain se sent solidaire. Une culture vivante fait également partie des biens communs appartenant au patrimoine mondial de l’humanité. Les cultures régionales ou même nationales sont menacées par la globalisation et l’uniformisation qu’elle entraîne. Les populations qui les détiennent tendent à les abandonner, sous l’effet du conditionnement qu’elles subissent, en espérant mieux bénéficier, ainsi, des progrès de la modernité. Comme dans le cas de la perte de biodiversité, un tel appauvrissement est en général irréversible, car il entraîne une interruption du processus de transmission entre générations. Pour être préservé, l’héritage culturel nécessite des efforts continus de toute la communauté concernée. Sinon, il risque de disparaître à jamais. Les services d’intérêt général assurés par la collectivité, tels qu’écoles, hôpitaux et administrations publiques forment une autre catégorie de biens communs. Leur bon fonctionnement conditionne la qualité de vie et l’avenir de la société. Parmi ces services, l’internet est particulièrement important à protéger, de façon à préserver son indépendance et maintenir un libre accès à l’information.
Le défi à relever, pour préserver les biens communs, consiste à éviter tout à la fois un recours excessif à la privatisation et un dirigisme étatique souvent mal inspiré. Selon l’économiste Elinor Ostrom, qui a partagé avec Oliver E. Williamson en 2009 le "prix Nobel" d'économie, des associations locales d’usagers sont mieux à même de gérer des biens communs que les pouvoirs publics ou les compagnies privéesUne bonne gestion des biens communs au niveau local nécessite, toutefois, de préciser dès le départ les règles à suivre ainsi que les procédures de délibération applicables aux prises de décisions collectives. Les biens communs sont particulièrement difficiles à protéger lorsqu’ils réclament l’action concertée de l’ensemble des nations, aux intérêts souvent divergents. La prévention du réchauffement climatique en est une bonne illustration.

lundi 11 novembre 2013

La divergence des visions du monde / Diverging worldviews

The present world vision crisis is due not so much to a lack of vision but rather to the incompatibility between the main existing worldviews. Worldviews can be schematically represented in a diagram refering to the growth of complexity and public interest as coordinates. Complexity grows permanently as a result of the scientific and technical progress. Such an evolution is rejected by worldviews, which promote ideology as the way to govern social life. Public interest is always taken for granted, but is totally absent from the rules which govern the global economy. Therefore, the sustainable development worlview which seeks to conciliate complexity with public interest is incompatible with globalization as it is presently organized. As most decisions are dictated by the economy, it becomes impossible to implement the sustainable development agenda. It becomes therefore essential to build a coherent worldview integrating all the economic but also cultural, social and environmental, which might provide an adequate framework for future décisions at the worldwide level

La crise de la vision du monde actuelle est liée, non pas tant à l'absence de toute vision, mais à l'incohérence et même à l'incompatibilité des principales visions actuelles. Ces visions du monde peuvent être schématiquement représentées dans un diagramme faisant apparaître la façon dont elles se positionnent par rapport à la croissance de la complexité d'une part et à l'intérêt général d'autre part. La complexité dans l'organisation de la société croît principalement en raison des progrès de la science et de la technologie. Cette évolution rapide n'est pas acceptée par tous. Elle est rejetée par les partisans de la décroissance et d'un retour à une vie plus lente et plus simple. Elle est également rejetée par les idéologies et les intégrismes qui se réfèrent à des principes schématiques devant prévaloir sur la réalité.  L'intérêt général, par opposition à la recherche du profit individuel, est souvent mis en avant, mais il est en fait totalement absent de la vision actuelle de la globalisation, conçue selon les règles neolibérales ainsi que du capitalisme cognitif, qui vise à exploiter au mieux les nouvelles technologies de l'information pour maximiser le profit réalisé.