Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

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mardi 2 octobre 2018

Effondrement et globalisation / Collapse and globalization


Collapsology attracts many followers, who, far from being sorry for such a perspective, see it as a justification for the establishment of alternative lifestyles. Frugality and voluntary simplicity are in the right case, but it remains to convince a majority of citizens to go in this direction. Political representatives, even when defending ecology, do not always set an example. It is surprising, however, that the obvious link between the risk of collapse and the neoliberal globalization has not been better analyzed. Globalization, which followed the end of the cold war, resulted from the conjunction of globalization and neoliberal ideology. By ensuring near instantaneous flows of information and financial flows from one end of the world to the other, digital technologies have enabled its implementation. Globalization, organized according to the rules of neoliberal governance, has entrusted all arbitrations to the market, considering profit as the exclusive engine of the economy. It has led to the current flat world, open to all commercial and financial movements. Whereas classical liberalism still referred to a humanist principle of reciprocity, neoliberalism is placed in a world of competition, governed solely by the balance of power. As a result, the major issues that concern the environment, global warming, the collapse of biodiversity and the pollution of water and air, even if they are better perceived, are still unresolved. Globalization is constantly seeking to produce massively by implementing economic, social and environmental dumping, seeking lowest wades and minimum environmental constraints. There is therefore a fundamental contradiction between this logic and the principles of sustainable development. In addition, the main argument in favor of globalization, which is to produce at lower cost, leads to the overconsumption of resources that we would like to avoid. Indeed, all the conditions are there to mistreat the Earth and extract the maximum of resources at the lowest cost. Other powerful factors related to globalization are in the direction of a collapse. The financial structure is particularly weak: derivatives, high frequency trading are some of the techniques that reduce the stability of the building. When you can instantly move billions of dollars across the globe, the risk of a crisis becomes significant. Growing inequality also increases the risk of collapse. If the richest 1% can lead a most expensive lifestyle, how can one hope that the good people agree to tighten their belts, adopt the decay and happy sobriety. Some believers will accept, who can only remain a minority. Faced with these realities, the "green growth technologies" pale. Therefore, if nothing changes, this flat world will surely collapse. Cracks are already felt, which suggest that the course of things is perhaps changing, provided of course that a war of great amplitude does not bury all hopes.



La collapsologie attire de nombreux adeptes, qui, loin de se désoler d'une telle perspective, y voient une justification pour la mise en place de modes de vie alternatifs. La sobriété, la réduction de la consommation de ressources, la simplicité volontaire vont dans le bon cas, mais il reste à convaincre une majorité de citoyens d'aller dans ce sens. Les représentants politiques, même lorsqu'ils défendent l'écologie, ne donnent pas toujours l'exemple. Il est surprenant par contre que lien pourtant évident entre le risque d'effondrement et la globalisation néolibérale n'ait pas été mieux analysé.  
   La globalisation, qui a suivi la fin de la guerre froide, a résulté de la conjonction de la mondialisation et de l’idéologie néolibérale. En assurant une quasi-instantanéité des flux d’informations et des flux financiers d’un bout à l’autre de la planète, les technologies numériques ont permis sa mise en œuvre. La globalisation, organisée selon les règles de la gouvernance néolibérale, a confié tous les arbitrages au Marché, en considérant le profit comme le moteur exclusif de l’économie. Elle a conduit au monde plat actuel, ouvert à tous les mouvements commerciaux et financiers. Alors que le libéralisme classique se référait encore à un principe humaniste de réciprocité, le néolibéralisme se place dans un univers de compétition, régi par les seuls rapports de force. De ce fait, les grandes questions qui concernent l’environnement, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’eau et de l’air, même si elles sont mieux perçues, ne sont toujours pas résolues.  
   La globalisation cherche constamment à produire massivement là où sont réunies les conditions du moins-disant économique, social et environnemental. Il y a donc une contradiction fondamentale entre cette logique et les principes d'un développement qui serait durable. En outre, le principal argument en faveur de la globalisation, qui est de produire à moindre coût, conduit préciser à la surconsommation de ressources que l'on voudrait éviter. En effet toutes les conditions sont réunies pour maltraiter la Terre et en arracher un maximum de ressources au moindre coût. D'autres puissants facteurs liés à la globalisation vont dans le sens d'un effondrement. La structure financière est particulièrement peu résiliente: les produits dérivés, le trading à haute fréquence font partie des techniques qui réduisent la stabilité de l'édifice. Lorsqu'il est possible de déplacer instantanément des milliards de dollars d'un bout à l'autre de la planète, les risques de crise deviennent considérables.
   La croissance des inégalités accentue également les risques d'effondrement. Si le 1% le plus riche peut mener un train de vie dispendieux, comment espérer que le bon peuple accepte de se serrer la ceinture, adopte la décroissance et la sobriété heureuse. Certains convaincus, qui ne peuvent rester qu'une minorité. Face à ces réalités, les "technologies de la croissance verte" font pâle figure.
   Si le monde plat perdure, nous allons sûrement vers l'effondrement. Des craquements se font sentir toutefois, qui font penser que le cours des choses va peut-être se modifier dans l'avenir, à condition bien sûr qu'une guerre de grande amplitude n'enterre tous les espoirs.

mardi 7 mars 2017

La crise de l'art postmoderne / The crisis of postmodern art



As the whole flat world, art has entered into postmodernity. Postmodernism disclaims any reference, overlaying various borrowings, using parody and pastiche. It dismisses any foundation or "grand narrative", i.e. any philosophical, political or religious system of thought. Il deconstructs the world. Postmodernism is the cultural counterpart of neoliberalism It is coherent with the absence of finality in a world governed by the Market. Its relativism is best suited to a world governed by economics. The value of everything fluctuates with supply and demand as stockmarket transactions. Therefore, nothing can be considered as false, ugly or immoral, if somebody is ready to pay. Everything can be bought and sold. Postmodern art becomes a tool for speculation, similar to hedge funds. Postmodern culture could be called also neoliberal, as it evolves according to the laws of the Market, totally open to globalization. Its composite style is well suited to the taste of nouveaux riches, those who are ready to reconstruct Loire castles or Venice canals. A large share of contemporary art follows those lines. It does not hesitate to deploy decorative kitsch. Jeff Koons, one of the best known contemporary artists, is famous for his inflatable rabbits and balloon dogs. Decorative paintings suit the Market as demonstrated by the smiling flowers of the pop-artist Takashi Murakami. Other artists claim derision and the rejection of good taste. A posh provocation as illustrated by Damien Hirst, when he displays diamonds on a skull, is well suited for a  reproduction on glossy paper. Some artists such as  David Salle claim that they are involved in « bad painting », as they mix unrelated images, without any attempt of coherenceAmong these different works, some may be worth posterity. It is still difficult to know which of them will remain. Few seem able to raise the level of consciousness. Still, the end of art, as suggested by the philosopher Arthur C. Danto, is unlikely. Art is not ending, no more than history. In the future, art might be able to reject the Market dictatorship, and illustrate exits from the flat world of postmodernity. Some artists, still unrecognized, are probably preparing the  art.of tomorrow  

Comme l'ensemble du monde plat, l'art contemporain est entré dans la postmodernité. Le postmodernisme a renoncé à toute référence fixe, en pratiquant des emprunts à différentes cultures et en prônant le syncrétisme des styles ou des époques. Sur le plan des valeurs et des idées, il marque le renoncement à des repères fixes, en maniant la dérision et l'ironie. Quand il reprend un thème antérieur, c’est le plus souvent sous la forme de pastiche. Il abandonne tout fondement et admet la fin des « grands récits », c’est-à-dire de tous les grands systèmes d’explication du monde, qu’ils soient philosophiques, politiques ou religieux. Il déconstruit le monde.
 Le postmodernisme est le pendant culturel du néolibéralisme économique. Il est cohérent avec l’absence de finalité d’un monde gouverné par le Marché. Le relativisme postmoderne est, en fait, la forme de pensée la mieux adaptée à un système régi par les seules lois économiques. La valeur de toute chose fluctue en fonction de l’offre et de la demande comme les actions en Bourse. Par conséquent, rien ne peut être considéré comme faux, laid ou immoral, à partir du moment où il existe un acheteur prêt à payer. Tout s’achète et se vend. L'art postmoderne sert à spéculer, au même titre que les fonds dérivés. La culture postmoderne pourrait donc être qualifiée aussi bien de culture néolibérale, car elle se construit en fonction des seules lois du Marché. Totalement ouverte à la globalisation, elle se construit en dehors des références culturelles nationales ou régionales. Le style composite qu’elle propose est parfaitement adapté aux goûts des nouveaux riches, ceux qui sont prêts à reconstruire les châteaux de la Loire ou les canaux de Venise.
   Une part importante de l’art contemporain se situe dans cette veine, n’hésitant pas à miser sur le kitsch décoratif. L’un des artistes contemporains les plus connus, Jeff Koons, qui s’est fait connaître par ses lapins gonflables et ses chiens en ballons multicolores, est parfaitement représentatif de cette tendance. Les effets décoratifs se vendent bien, comme les papiers peints couverts de fleurs multicolores que propose  Takashi Murakami. D'autres artistes revendiquent le jeu de la dérision, le rejet du bon goût, La provocation "chic" comme celle que pratique Damien Hirst, en disposant des diamants sur un crane, facilite la reproduction sur papier glacé. Il est possible également de revendiquer, comme le fait le peintre David Salle, le « bad painting », en pratiquant le télescopage d’images sans rapport, ni sur le plan du style, ni sur celui du récit.
   Parmi ces oeuvres diverses, sans rapport les unes avec les autres, certaines passeront peut-être à la postérité. Il est bien difficile d'en juger. Peu d'entre elles sont susceptibles d'élever le niveau de conscience. Pour autant, la prétention du postmodernisme d'incarner la fin de l'art annoncée par Arthur C. Danto n'est sans doute pas justifiée. L'art ne connait pas de fin, pas plus que l'histoire. Le néolibéralisme sombrera à son tour. Un jour viendra peut-être où l'art sera capable de renoncer au Marché, pour proposer des issues au monde plat de la postmodernité. Certains artistes, aujourd'hui méconnus, préparent sans doute la relève.

dimanche 14 août 2016

Néolibéralisme et théorie des jeux / Neoliberalism and game theory

Cold War has driven the development of Game theory. The main issue was to define the most rational nuclear warfare strategy. The Prisoner's Dilemma  illustrates this kind of approach. Two prisoners are put in jail. Each of them can choose between confessing and denouncing his accomplice or remaining silent. If (1) A and B "cooperate" by remaining silent, they receive each one year in prison. If (2) one of them defects  and the other remain silent, the first gets free, while the other gets a ten-year sentence. If (3) both of them defect, they each get five years of prison. The Table shows clearly that the choice (1) is the best for both A and B. Yet, accordind to the game theory, the rational choice is to  defect, because each prisoner assumes that his colleague will not accept to take any risk by trying to cooperate and that he will choose also to defect. Therefore, they choose the option (3) and get five years of prison.  The Prisoner's Dilemma (PD) shows that a system based upon the individual maximisation of the utility does not correspond to the optimal collective choice. A recent book shows that neoliberalism is based upon such a PD logic. The Prisoner's Dilemma illustrates the difference between classical liberalism and neoliberalism. Whereas the classical liberalism accepts the no-harm principle and the reciprocal respect of individuals' rights, neoliberal theory asserts that every actor will likely cheat, free-ride and seek self-gain. Confidence in the will of a partner to cooperate is considered as unrealistic, with two big consequences: (a) true cooperation becomes impossible and (b) in order to avoid cheating, massive surveillance means and heavy sanctions are required. Therefore, the society becomes less democratic and moves towards a police state. It is the risk facing neoliberalism. 

Au cours de la Guerre froide, l’importance et la difficulté des décisions à prendre, face à des enjeux aussi stratégiques que la dissuasion nucléaire, avaient conduit à étudier systématiquement les différentes stratégies possibles dans le cadre de la Théorie des jeux. Les différents schémas de pensée qui en ont résulté ont modelé la pensée stratégique américaine durant la Guerre froide. Ils ont ensuite continué à marquer la politique suivie après la chute de l’URSS. Un ouvrage récent montre le lien étroit entre la logique de la théorie des jeux et la doctrine néolibérale. Le dilemme du prisonnier illustre un cas très simple de décision stratégique à prendre. Deux prisonniers A et B sont confrontés au choix suivant : ou se dénoncer en dénonçant son collègue, ou rester silencieux. Les conséquences de ce choix sont présentées sur le Tableau ci-dessus. Si (1) A et B « coopèrent » en restant silencieux, ils obtiennent tous les deux un an de prison. Si (2) l’un des deux fait « cavalier seul » et dénonce l’autre, sans que son collègue le fasse, il est libéré tandis que l’autre écope de dix ans de prison. Enfin, si (3), les deux se dénoncent mutuellement, ils obtiennent alors chacun cinq ans de prison. Le Tableau fait apparaître clairement que le choix (1) de la coopération est le plus bénéfique pour les deux prisonniers. Toutefois, ce n’est pas le choix « rationnel »  de la théorie des jeux. En effet, en l’absence de toute solidarité ou confiance entre les deux acteurs, le choix rationnel consiste à dénoncer son complice, de façon à ne pas risquer dix ans de prison. Chacun supposant que l’autre raisonne de cette façon, tous les deux aboutissent au choix (3) et obtiennent cinq ans de prison, résultat évidemment moins favorable que celui qu’ils obtiendraient en coopérant.

lundi 14 novembre 2011

Le darwinisme économique n'a pas besoin de vision d'avenir / The Darwinian economy does not need any vision of the future

Darwinism has become the main feature of the present neo-liberal paradigm, despite the fact that Darwin himself rejected such an interpretation of his theory. As a worldview, it is very convenient for those who detain the wealth and the power. It is appropriate at a certain level for adusting supply and demand, but becomes clearly inadequate, not only when general interest is involved, but also when anticipating innovative options becomes necessary. Still, it remains the basic ideology of present-time economic system. As a result, there is a lack of anticipation and prospective thinking about the future, which becomes useless, if everything is driven by the invisible hand of the market.

Le darwinisme est devenu le paradigme dominant en économie  et sert de justification au néo-libéralisme, bien que cette interprétation ait été récusée par Darwin lui-même.  En effet, celui-ci peut ainsi proclamer que le laisser-faire est la meilleure des doctrines puisqu'il conduit au triomphe des plus aptes. Une telle doctrine est particulièrement séduisante pour les riches et les puissants, car, non seulement elle permet de ne pas remettre en question leur situation, mais elle leur confère un brevet de supériorité comme faisant partie des plus aptes et des plus intelligents.