Cold War has driven the development of Game theory. The main issue was to define the most rational nuclear warfare strategy. The Prisoner's Dilemma illustrates this kind of approach. Two prisoners are put in jail. Each of them can choose between confessing and denouncing his accomplice or remaining silent. If (1) A and B "cooperate" by remaining silent, they receive each one year in prison. If (2) one of them defects and the other remain silent, the first gets free, while the other gets a ten-year sentence. If (3) both of them defect, they each get five years of prison. The Table shows clearly that the choice (1) is the best for both A and B. Yet, accordind to the game theory, the rational choice is to defect, because each prisoner assumes that his colleague will not accept to take any risk by trying to cooperate and that he will choose also to defect. Therefore, they choose the option (3) and get five years of prison. The Prisoner's Dilemma (PD) shows that a system based upon the individual maximisation of the utility does not correspond to the optimal collective choice. A recent book shows that neoliberalism is based upon such a PD logic. The Prisoner's Dilemma illustrates the difference between classical liberalism and neoliberalism. Whereas the classical liberalism accepts the no-harm principle and the reciprocal respect of individuals' rights, neoliberal theory asserts that every actor will likely cheat, free-ride and seek self-gain. Confidence in the will of a partner to cooperate is considered as unrealistic, with two big consequences: (a) true cooperation becomes impossible and (b) in order to avoid cheating, massive surveillance means and heavy sanctions are required. Therefore, the society becomes less democratic and moves towards a police state. It is the risk facing neoliberalism.
Au cours de la Guerre froide, l’importance et la difficulté des décisions à prendre, face à des enjeux aussi stratégiques que la dissuasion nucléaire, avaient conduit à étudier systématiquement les différentes stratégies possibles dans le cadre de la Théorie des jeux. Les différents schémas de pensée qui en ont résulté ont modelé la pensée stratégique américaine durant la Guerre froide. Ils ont ensuite continué à marquer la politique suivie après la chute de l’URSS. Un ouvrage récent montre le lien étroit entre la logique de la théorie des jeux et la doctrine néolibérale. Le dilemme du prisonnier illustre un cas très simple de décision stratégique à prendre. Deux prisonniers A et B sont confrontés au choix suivant : ou se dénoncer en dénonçant son collègue, ou rester silencieux. Les conséquences de ce choix sont présentées sur le Tableau ci-dessus. Si (1) A et B « coopèrent » en restant silencieux, ils obtiennent tous les deux un an de prison. Si (2) l’un des deux fait « cavalier seul » et dénonce l’autre, sans que son collègue le fasse, il est libéré tandis que l’autre écope de dix ans de prison. Enfin, si (3), les deux se dénoncent mutuellement, ils obtiennent alors chacun cinq ans de prison. Le Tableau fait apparaître clairement que le choix (1) de la coopération est le plus bénéfique pour les deux prisonniers. Toutefois, ce n’est pas le choix « rationnel » de la théorie des jeux. En effet, en l’absence de toute solidarité ou confiance entre les deux acteurs, le choix rationnel consiste à dénoncer son complice, de façon à ne pas risquer dix ans de prison. Chacun supposant que l’autre raisonne de cette façon, tous les deux aboutissent au choix (3) et obtiennent cinq ans de prison, résultat évidemment moins favorable que celui qu’ils obtiendraient en coopérant.
Le dilemme du prisonnier montre qu’un choix « rationnel » réalisé en dehors de tout lien de solidarité n’aboutit pas au résultat optimal. Il permet de mettre en évidence la différence de nature entre le néolibéralisme et le libéralisme classique. Selon le libéralisme classique, les citoyens se comportent selon un mode de représentation admis par tous et acceptent, pour la plupart, de coopérer honnêtement. Suivant la logique néolibérale au contraire, la prise de décision s’effectue en dehors de tout critère moral et se conforme au choix rationnel qu’établit la théorie des jeux, sur la base d’un calcul d’utilité, chacun cherchant à maximiser l’utilité qu’il tire d’une prise de décision. Le néolibéralisme assume que chaque acteur va vouloir mentir ou tricher. Une décision qui permet de gagner un maximum pour soi est rationnelle, même s’il existe un compromis qui serait favorable pour les deux. Pour éviter un recours permanent à la tricherie et au mensonge, il faut déployer un large système de surveillance et un dispositif de répression sans faille.Le dilemme du prisonnier montre qu'une société opérant uniquement sur la base d’un calcul d’utilité, sans référence à un Bien commun ou à une morale, nécessite une organisation autoritaire, sous peine de chaos social. C’est le risque auquel est confronté le modèle néolibéral.
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