Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

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vendredi 23 novembre 2018

L'avenir en péril / Future at risk


The question of the future must now be thought of in a global way. All humanity is concerned by global warming, resource depletion, deforestation or the threat of nuclear weapons. The blog created a decade ago under the title of "the future at stake" was given as a goal to explore these different issues. Ten years later, we have to recognize that the perspective has changed. Not only have the problems not abated but they have become much worse.  The future is at risk, resulting in a change of the title of the blog. To convince oneself of this state of affairs, it is enough to make a brief overview.
Global warming is getting worse and the situation is not likely to improve. The objective of 1.5 ° C mentioned in the latest IPCC report seems a pure fiction. The prospect of limiting the rise in temperature to 2 ° C, which implies a 2-fold reduction in greenhouse gas emissions from emissions in 2000, is moving away quickly. The goals of sustainable development appear to be incompatible with neoliberal globalization, which we are told must be accepted as a fait accompli. Under these conditions, deforestation, the destruction of large tropical forests and the collapse of biodiversity are inevitable. In the international field, tensions are only growing. The use of force is trivialized. Negotiations give way to threats, sanctions and armed interventions. As the cold war seemed to be over, new blocs are emerging, renewing the arms race. The use of so-called "tactical" nuclear weapons is the object of an attempt at trivialization. Missile batteries deployed all around Russia and China meet announcements of "hypersonic gliders". The time required to carry a nuclear missile is shortening dangerously making the entire system more and more unstable.
The potential destruction of nature by overexploitation of its resources and that of humanity by means of nuclear weapons are two sides of the same policy guided by profit and the will to power.  Only a profound cultural change could lead to placing intangible values ​​and the general interest at the center of the agenda. Even if the goal is difficult to reach, any attempt to change the world in such a direction is a step towards the right direction.

La question de l'avenir doit être à présent pensée de manière globale. Toute l'humanité est concernée par le réchauffement climatique, l'épuisement des ressources, la déforestation ou le péril nucléaire. Le blog créé il y a une dizaine d'années sous le titre "l'avenir en question" s'est donné comme but d'explorer ces différentes problématiques. Dix ans plus tard, force est de reconnaître que la perspective a changé. Non seulement les problèmes ne se sont pas atténués mais ils se sont largement aggravés. Les incertitudes débouchent sur l'inquiétude. L'avenir en question devient l'avenir en péril, ce qui entraîne un changement de l'intitulé du blog. Pour se convaincre de cet état de fait, il suffit d'effectuer un bref tour d'horizon.
Dans le domaine de l'écologie, il apparaît de plus en plus clairement que les objectifs visés ne seront pas atteints. L'objectif de 1,5°C tel qu'il est affiché dans le dernier rapport du GIEC relève d'une pure fiction. La perspective d'une limitation de l'élévation de température à 2°C qui suppose une division par 2 de émissions de gaz à effet de serre par rapport aux émissions de l'année 2000 s'éloigne rapidement. Les objectifs de développement durable apparaissent incompatibles avec la globalisation néolibérale, dont on nous dit qu'elle doit être acceptée comme un fait accompli. Dans ces conditions, la déforestation, la destruction des grandes forêts tropicales et l'effondrement de la biodiversité apparaissent inévitables. Dans le domaine international, les tensions ne font que croître. L'usage de la force est  banalisé.  Les  négociations cèdent la place aux menaces, aux sanctions et aux interventions armées. Alors que la guerre froide semblait terminée, de nouveaux blocs se constituent, relançant la course aux armements. L'usage d'armes nucléaires dites "tactiques" fait l'objet d'une tentative de banalisation. Aux batteries de missiles déployées tout autour de la Russie et de la Chine répondent des annonces de "planeurs hypersoniques". Le délai nécessaire pour acheminer un missile nucléaire se raccourcit dangereusement rendant l'ensemble du dispositif de plus en plus instable.
La destruction potentielle de la nature par une surexploitation de ses ressources et celle de l'humanité au moyen de l'arme nucléaire sont les deux faces d'une même politique guidée par le profit et la volonté de pouvoir.
Seule une profonde mutation culturelle pourrait conduire à placer les valeurs immatérielles et l'intérêt général au centre des priorités. Même si l'entreprise est difficile à mener, toute tentative de faire évoluer le monde dans une telle direction va dans le bon sens.

jeudi 7 juin 2018

Globalisation et écologie / Globalization and ecology



Globalization, which has been put in place, has resulted from the conjunction of globalization and neoliberal ideology. By ensuring near instantaneous flows of information and financial flows from one end of the world to the other, digital technologies have enabled its implementation. Globalization, organized according to the rules of neoliberal governance, has entrusted all arbitrations to the market, considering profit as the exclusive engine of the economy. It has led to the current flat world, open to all commercial and financial movements. Whereas classical liberalism still referred to a humanist principle of reciprocity, neoliberalism is placed in a world of competition, governed solely by the balance of power. This competition favors systematically the least saying on the social level and environment. Giant factories are set up in places where the protection of workers and the preservation of the environment are least assured. It leads to maximizing the exploitation of natural resources, such as fossil energy resources or raw materials, despite the resulting impact on the environment. The resulting lowering of costs is often put forward as an advantage of globalization, but it has led to overexploitation of raw materials and in particular materials whose availability is limited such as platinum, cobalt and rare earths. As a result, the major issues that concern the environment, global warming, the collapse of biodiversity and the pollution of water and air, even if they are better perceived, are still unresolved. The solutions that seemed to prevail ten years ago, especially to fight against global warming, are still not implemented, because they face the logic of globalization today. A return to the local could undermine growth but would better preserve the environment as well as local economies, especially those based on food crops in developing countries. The commons are also better defended at a local level than at a global level. Small countries are better at protecting their environment and social environment than larger ones. Therefore the current cracks of the flat world, whether in the United States or in Europe, despite their chaotic nature and the risks they entail, could be heralding the end of the flat world and a return, at least partial to the local, which would probably be good news for the environment and social balance.

La globalisation, qui a été mise en place, a résulté de la conjonction de la mondialisation et de l’idéologienéolibérale. En assurant une quasi-instantanéité des flux d’informations et des flux financiers d’un bout à l’autre de la planète, les technologies numériques ont permis sa mise en œuvre. La globalisation, organisée selon les règles de la gouvernance néolibérale, a confié tous les arbitrages au Marché, en considérant le profit comme le moteur exclusif de l’économie. Elle a conduit au monde plat actuel, ouvert à tous les mouvements commerciaux et financiers. Alors que le libéralisme classique se référait encore à un principe humaniste de réciprocité, le néolibéralisme se place dans un univers de compétition, régi par les seuls rapports de force. Cette compétition favorise systématiquement le moins disant sur le plan social et environnement. Des usines géantes sont installées dans des lieux où la protection des travailleurs ainsi que la préservation de l'environnement sont le moins bien assurées. Elle conduit à maximiser l'exploitation des ressources naturelles, telles que les ressources d'énergie fossile ou de matières premières en dépit de l'impact qui en résulte sur l'environnement. L'abaissement des coûts qui en résulte est souvent mis en avant comme un avantage de la globalisation, mais il a conduit à une surexploitation des matières premières et notamment de matériaux dont les disponibilités sont limitées telles que platine, cobalt et terres rares.
De ce fait, les grandes questions qui concernent l’environnement, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’eau et de l’air, même si elles sont mieux perçues, ne sont toujours pas résolues. Les solutions qui paraissaient s’imposer, il y a déjà dix ans, notamment pour lutter contre le réchauffement climatique, ne sont toujours pas mises en œuvre, car elles se heurtent à la logique de la globalisation actuelle.
Un retour au local pourrait mettre à mal la croissance mais permettrait de mieux préserver l'environnement ainsi que des économies locales, notamment celles qui sont basées sur des cultures vivrières dans les pays en développement. Les biens communs sont également mieux défendus à un niveau local qu'à un niveau global. Les petits pays préservent mieux leur environnement et leur milieu social que les grands.
Dès lors les craquements actuels du monde plat, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, en dépit de leur caractère chaotique et des risques qu'ils comportent, pourraient être annonciateurs de la fin de ce monde plat et d'un retour, au moins partiel au local, ce qui serait sans doute une bonne nouvelle pour l'environnement et l'équilibre social.

jeudi 12 avril 2018

collapsologie/collapsology


As early as the 1970s, a collapse by depletion of natural resources was considered in the Meadows Report about the limits to growth. More recently, Jared Diamond has linked the collapse of various past civilizations, represented in particular by the ancient Mayans in Mexico, the Vikings living in Greenland or the inhabitants of Easter Island, to a lack of adaptation to a critical change in their environment. Our current globalized society could suffer the same fate, if it fails to overcome the environmental challenges it faces, including the major challenge of global warming. The theme of collapse sparked a whole current of thought, sometimes called collapsology. It is usually the ecological causes of a collapse that are retained and analyzed. However, other causes could also cause a catastrophic end of the Western civilization. One of those who has studied the issue, Dmitry Orlov, distinguishes five stages of collapse: financial, commercial, political, social and cultural. According to this American author born in Russia, a collapse similar to that experienced by the USSR could occur in the United States, due to an inadequate economic policy in the context of the decline of oil resources. A collapse could also occur as a result of a major global conflict, resulting in a sharp worsening of international geopolitical tensions. By taking a step back, we can link a collapse to three main causes, related to an ecological, social or moral crisis,. The ecological crisis leading to a lack of resources is the one studied by Jared Diamond, and this is the most widespread theme investigated today. A crisis of the social organization is the one advanced by Tainter, notably to explain the fall of the Roman Empire. According to Tainter, increasing complexity in a vast empire is becoming more and more difficult to control and is leading to a growing share of unproductive spending. This thesis is in fact unconvincing, because the entire evolution of modern society has relied on a prodigious rise in complexity. It has even been shown that complexity and material prosperity are largely related. Finally, a third type of explanation is linked to a decline, associated with a moral crisis. Such an analysis has been done in the past by authors as prestigious as the historian Arnold Toynbee, the thinker of civilizations Oswald Splengler or the sociologist Pitirim Sorokin. The fear of decline is widely shared in Europe and particularly in France, where this theme was recently taken up by Michel Onfray, who linked the decline of the West to a disintegration of the Christian cement. The inability to face environmental, social or technical challenges is largely linked to a moral crisis. To claim that it is possible to meet a major challenge such as global warming without effort or sacrifice is an illusion or a deception. It will be possible to accept a form of frugality only through an increase of consciousness. Similarly, a major conflict can be avoided only through dialogue, leaving out propaganda. Collapsology involves the risk of being complacent about what would be considered as unavoidable.To announce a future catastrophe is not enough, because it would correspond to the attitude denounced by Jean-Pierre Dupuy, preaching a "enlightened catastrophism", rather than a suicidal blindness. We must do everything to avoid collapse or the nuclear apocalypse and therefore become aware of the catastrophe that lurks, doing everything we can to avoid it.

Dès les années 1970, un effondrement par épuisement des ressources naturelles a été envisagé dans le rapport Meadows qui portait sur les limites de la croissance. Plus récemment, le biologiste américain Jared Diamond a relié l’effondrement de différentes civilisations passées, représentées notamment par les anciens Mayas au Mexique, les Vikings installés au Groenland ou encore les habitants de l’île de Pâques, à un manque d’adaptation vis-à-vis d’un changement critique de leur environnement. La société globalisée actuelle pourrait connaitre le même sort, si elle ne parvient pas à surmonter les défis environnementaux auxquels elle est confrontée et notamment le défi majeur du réchauffement climatique.  Le thème de l’effondrement a suscité tout un courant de pensée, parfois qualifié de collapsologie. Ce sont en général les causes écologiques d’un effondrement qui sont retenues et analysées. Toutefois, d’autres causes pourraient également provoquer une fin catastrophique de la civilisation occidentale. L’un de ceux qui se sont penchés sur la question, Dmitry Orlov, distingue cinq stades d’effondrement : financier, commercial, politique, social et culturel. Selon cet auteur américain né en Russie, un effondrement semblable à celui qu’a connu l’URSS pourrait intervenir aux États-Unis, en raison d’une politique économique inadéquate dans le contexte du déclin des ressources pétrolières. Un effondrement pourrait également survenir à la suite d’un conflit mondial de grande ampleur, entraîné par une aggravation brutale des tensions géopolitiques internationales.

lundi 5 mars 2018

What potential future for humanity?/ Quel avenir possible pour l'humanité?

The "flat world" of today's globalization is threatened with an ecological collapse or a nuclear apocalypse. In these conditions, what future can be envisaged? In addition to the pursuit of globalization in the form of the "flat world", three possible trends of evolution can be envisaged. They lead respectively to the models of the "post-liberal empire", "citizen renewal" and "solidarity democracy", as shown in the above graph, which represents the main trends in terms of social values. The first possible trajectory is to continue the current globalization, in the form of the "flat world". This model has proven its effectiveness in terms of technical progress and economic growth. On the other hand, based on the maximization of profit, it is not really compatible with measures of general interest. Each one is supposed to act according to his own personal interest, the resulting lack of solidarity and social cohesion leads to a multiplication of conflicts and, eventually, to a dislocation of society. By encouraging more and more goods to be consumed, this model is also incompatible with the sound management of common goods on a global scale. It leads, almost inevitably, to an ecological collapse. Three alternatives can be considered:
- The "post-liberal empire", which results from the passage from (IV) to (III), imposes the social order on the inside and a hegemonic power on the outside. While being a continuation of neoliberalism but opposing the expression of freedoms, this post-liberal regime marks the end of liberalism in its initial conception. Social inequalities are strongly accentuated and only the dominant oligarchy retains relative freedom, while being compelled to accept unreservedly the doctrine imposed by the regime in place. The constraints faced by the population lead to high social tensions and high risks of conflict.
- The "citizen renewal" operates the transition from (IV) to (I), following a change of perspective, which favors immaterial values. The current signs of aspiration to change show that such a transformation is not only conceivable, but even that it is even strongly desired by a large part of the population. It responds to a need for peace and justice. However, despite strong expectations, such a radical change will be difficult to make. It could only intervene after a phase of collapse of society, leading to the destruction of the current flat world.
- "Solidarity democracy" aims to bring together a community of citizens concerned with reducing inequalities and sharing power among all, ensuring the transition from (IV) to (II). In terms of values, solidarity democracy is the opposite of current globalization. It appears as the most sustainable model and probably the most desirable. However, even if it meets expectations, this model remains the most difficult to implement in the near future. For this reason, it will undoubtedly be necessary to achieve this through the previous stage of citizen renewal.
None of the previous models can accurately describe the future reality. The society being diverse, various components will, no doubt, be present tomorrow to varying degrees, as is already happening today. In the near future, the hypothesis of a continuation of globalization in its current form seems the most likely. The flat world that is the end result, however, faces, as we have seen, growing threats of ecological collapse, because of the profound environmental and social imbalances that result from its mode of operation. Prolonged unrest and the risk of social chaos may lead to an authoritarian regime. Such an evolution is undoubtedly the easiest to conceive, because it directly prolongs trends already present. Responding to the need for stability and security of a society that feels threatened, it does not require a disruption of mentalities, but simply requires the acceptance of a more or less gradual erosion of freedoms. A society experiencing economic or political difficulties may be tempted to accept an authoritarian regime that promises to solve all the problems it encounters. Therefore, the path to follow is in this case the simplest and most direct. However, contrary to appearances, the post-liberal regime is fragile, because of the rigidity of its social structures and the serious tensions that result from the constant use of force. He is therefore very vulnerable to any external disturbance. Therefore, only a large-scale cultural change, through a "citizen renewal" leading to a " solidarity democracy" of solidarity, seems able to preserve the world from a collapse or a final catastrophe.

Le "monde plat" de la globalisation actuelle est menacé d'un effondrement écologique ou d'une apocalypse nucléaire. Dans ces conditions, quel avenir peut être envisagé? Outre la poursuite de la globalisation sous la forme du « monde plat », trois tendances d’évolution possible peuvent être envisagées. Elles mènent respectivement aux modèles de "l’empire postlibéral", du "renouveau citoyen" et de la "démocratie solidaire"La première trajectoire possible consiste à poursuivre la globalisation actuelle, sous la forme du "monde plat". Ce modèle a fait la preuve de son efficacité en termes de progrès technique et de croissance économique. Par contre, fondé sur la maximisation du profit, il est peu compatible avec des mesures d’intérêt général. Chacun étant supposé agir en fonction de son seul intérêt personnel, le manque de solidarité et de cohésion sociale qui en résulte mène à une multiplication des conflits et, à terme, à une dislocation de la société. En incitant à consommer toujours plus de biens, ce modèle est, en outre, incompatible avec une saine gestion des biens communs à l’échelle planétaire. Il conduit ainsi, de façon quasiment inéluctable, à un effondrement écologique. Trois alternatives peuvent être envisagées :
"L’empire postlibéral", qui résulte du passage de (IV) en (III), impose l’ordre social à l’intérieur et un pouvoir hégémonique à l’extérieur. Tout en s’inscrivant dans le prolongement du néolibéralisme mais en s’opposant à l’expression des libertés, ce régime postlibéral marque la fin du libéralisme dans sa conception initiale. Les inégalités sociales sont fortement accentuées et seule l’oligarchie dominante garde une liberté relative, tout en étant astreinte à accepter sans réserve la doctrine imposée par le régime en place. Les contraintes subies par les populations entraînent de fortes tensions sociales et des risques élevés de conflit.
– Le "renouveau citoyen" opère le passage de (IV) à (I), suivant un changement de perspective, qui privilégie les valeurs immatérielles. Les signes actuels d’aspiration au changement montrent qu’une telle transformation est non seulement envisageable, mais même qu’elle est même fortement souhaitée par une large partie de la population. Elle répond à un besoin de paix et de justice. Toutefois, en dépit de fortes attentes, un changement aussi radical sera difficile à opérer. Il pourrait n’intervenir qu’à l’issue d’une phase d’effondrement de la société, conduisant à la destruction du monde plat actuel.
– La "démocratie solidaire" vise à réunir une communauté de citoyens soucieux de réduire les inégalités et de partager le pouvoir entre tous, en assurant le passage de (IV) en (II). En termes de valeurs, la démocratie solidaire se situe à l’opposé de la globalisation actuelle. Elle apparaît comme le modèle le plus durable et sans doute aussi le plus souhaitable. Toutefois, même s’il répond à des attentes, ce modèle n’en demeure pas moins le plus difficile à mettre en place dans un proche avenir. Pour cette raison, il sera sans doute nécessaire pour y parvenir de passer par l’étape préalable du renouveau citoyen.
Aucun des modèles précédents ne peut décrire exactement la réalité future. La société étant diverse, différentes composantes seront, sans doute, présentes demain à des degrés divers, comme cela se passe déjà aujourd'hui. Dans un proche avenir, l’hypothèse d’une poursuite de la globalisation sous sa forme actuelle paraît la plus vraisemblable. Le monde plat qui en est l’aboutissement est toutefois confronté, comme on l’a vu, à des menaces croissantes d’effondrement écologique, en raison des profonds déséquilibres environnementaux et sociaux qui résultent de son mode de fonctionnement. Des troubles prolongés et le risque de chaos social risquent de conduire à un régime autoritaire. Une telle évolution est sans doute la plus simple à concevoir, car elle prolonge directement des tendances déjà présentes. Répondant au besoin de stabilité et de sécurité d’une société qui se sent menacée, elle ne nécessite pas un bouleversement des mentalités, mais requiert simplement l’acceptation d’une érosion plus ou moins progressive des libertés. Une société en proie à des difficultés économiques ou politiques peut être tentée d’accepter un régime autoritaire lui promettant d’apporter une solution à tous les problèmes qu’elle rencontre. De ce fait, le chemin à suivre est dans ce cas le plus simple et le plus direct. Toutefois, contrairement aux apparences, le régime postlibéral est fragile, en raison de la rigidité de ses structures sociales et des graves tensions qui résultent du recours permanent à la force. Il est donc très vulnérable vis-à-vis de toute perturbation extérieure.  De ce fait, seule, une mutation culturelle de grande ampleur, passant par un renouveau citoyen et conduisant de là à une démocratie solidaire, parait en mesure de préserver le monde d'un effondrement ou d'une catastrophe finale.

samedi 3 février 2018

Hyperobjets / Hyperobjects


The philosopher Timothy Morton introduced the concept of "hyperobjects". Hyperobjects are entities that are at a scale of space and time so vast that they become difficult to apprehend for the human brain. Obviously cosmic objects such as galaxies or just black holes are part of it. Geological phenomena that occur over millions of years are also included. Timothy Morton describes them with a set of very expressive and pictorial terms. They would be viscous and sticky, thus opposing any attempt at deformation, undulating in space and time, because of their extension prevents from describing them in a Cartesian space, nonlocal and organized as interdependent networks. According to Timothy Morton, the concept of hyperobject is essential to apprehend ecological phenomena. Thus global warming is a hyperobject. Designing hyper-objects transforms our view of the world and according to Timothy Morton, postmodern art that has abandoned the classical subject-object relationship has entered the era of hyperobjects, which encompasses the viewer, rather than being stared at by him. In this sense, these new conceptions of art oriented towards hyper-objects would be the first manifestations of a truly ecological art, insofar as the spectator is only a component of the work of art, just like the human being is only a component of the natural ecosystem. Surprisingly enough, Timothy Morton makes little difference between the natural hyperobjects that have been present since the dawn of time and the hyperobjects that result from human intervention. In fact, we can easily see that globalization has produced a multitude of hyperobjects. All the planetary phenomena related to the impact of human activities that led to speak of the new era of the Anthropocene, including global warming, are part of it. Internet, energy networks and financial networks are also hyperobjects. As these hyperobjects are very difficult to conceive even for the trained brain of an expert, one can wonder if humanity will be able to control them. They impose a heavy and diffuse threat, which generates a thought of the end of the world. As Timothy Morton points out, the difficulty of mastering them breeds weakness and hypocrisy. What is happening in the field of the environment, and the difficulty of reaching a solution in the field of global warming is not reassuring.

Le philosophe Timothy Morton a introduit le concept "d'hyperobjets". Les hyperobjets sont des entités qui se situent à une échelle d'espace et de temps tellement vaste, qu'ils deviennent difficiles à appréhender pour le cerveau humains. Manifestement les objets cosmiques tels que les galaxies ou simplement les trous noirs en font partie. Les phénomènes géologiques qui se déroulent à l'échelle de millions d'années en font également partie. Timothy Morton les décrit par un ensemble de termes très expressifs et imagés. Ils seraient visqueux et gluants, s'opposant ainsi à toute tentative de déformation, seraient ondulants dans l'espace et le temps, du fait que leur extension empêche de les décrire dans un espace cartésien, "non locaux" et organisés en réseaux interdépendants. Selon Timothy Morton, le concept d’hyperobjet est essentiel pour appréhender les phénomènes écologiques. Ainsi le réchauffement climatique constitue un hyperobjet. Concevoir des hyperobjets transforme notre vision du monde et selon Timothy Morton, l'art postmoderne qui a abandonné la relation classique sujet/objet est entré dans l'ère des hyperobjets, qui englobent le spectateur, inversant la relation d'un spectateur qui les dévisage. En ce sens, ces nouvelles conceptions de l'art orientées vers des hyperobjets seraient les premières manifestations d'un art véritablement écologique, dont le spectateur n'est plus qu'une composante, au même titre que l'être humain n'est plus qu'une composante de l'écosystème naturel. 
De manière un peu surprenante, Timothy Morton fait assez peu la différence entre les hyperobjets naturels présents depuis la nuit des temps et les hyperobjets qui résultent de l'intervention humaine. En fait, on peut constater facilement que la globalisation a fabriqué une multitude d’hyperobjets.  Tous les phénomènes planétaires liés à l'impact des activités humaines qui ont conduit à parler d'une ère de l'anthropocène, parmi lesquels le réchauffement climatique, en font partie. Internet, les réseaux énergétiques et les réseaux financiers sont également des hyperobjets. Comme ces hyperobjets sont très difficiles à concevoir même pour le cerveau entraîné d'un expert, on peut se demander si ces hyper-objets et leur impact potentiel vont pouvoir être maîtrisés. Ils font peser sur l'humanité une menace, lourde et diffuse, qui génère une pensée de fin du monde. Comme l'indique Timothy Morton, la difficulté de les maîtriser engendre faiblesse et hypocrisie. Ce qui se passe dans le domaine de l'environnement, et la difficulté de parvenir à une solution dans le domaine du réchauffement climatique  n'est pas rassurant.

jeudi 7 mai 2015

Ecospiritualité / Ecospirituality


Discovering the same source of consciousness within all living beings leads to a deep modification of the relationship with the environment. Feeling a vibrating consciousness helps to relocate the sacred within nature. Henry David Thoreau relates such an experience when living near Walden Pond. Earlier, Jean-Jacques Rousseau had a similar experience, which he relates within his book "The Reveries of a Solitary Walker". The attitude towards nature has deeply changed. It is no more considered as a free store providing resources and a discharge for waste. Man is now considered as responsible for its preservation and maintenance.   The deep ecology movement initiated by Arne Naess questions the anthropocentrism of usual attitudes towards nature. Biosphere and all living beings have a value by themselves and not only related to their utility for man. Nature is also a source of meaning, a call for a more beautiful and harmonious life. Respecting nature is a moral duty, one of the foundation of future ethics. Beyond ecology, a deeper world vision opens on an "ecosophy". Nature is perceived as sacred, leading to an ecospirituality, which is not confined to believers, but is also accessible to all those who are able to contemplate nature with attention.and an open mind   .


Découvrir chez tous les êtres vivants la même source de conscience que celle qui anime chaque être humain amène à modifier profondément la relation avec l’environnement. Sentir une conscience vibrante tout autour de soi permet de retrouver la présence du sacré au sein de la nature et d’entrer en communion avec elle. Au XIXe siècle, l’écrivain américain Henry David Thoreau, a été l’un de ceux qui ont été profondément marqués par un tel sentiment. Il a passé deux années complètes à vivre en autarcie au bord de l’étang de Walden, pour être en communion étroite avec la nature, comme il l’a raconté dans un récit de sa vie[. Son cas est loin d’être isolé. Déjà au siècle précédent, Jean-Jacques Rousseau avait décrit ses promenades solitaires en des termes comparables. L’attitude vis-à-vis de la nature a considérablement évolué. Elle n’est plus considérée comme un simple magasin, dans lequel on peut puiser les ressources nécessaires et rejeter les déchets produits. L’idée d’une responsabilité humaine dans sa préservation et son entretien a fait son chemin.
   Il ne suffit pas de limiter la pollution de l’air et de l’eau. Il s’agit aussi de préserver les espaces verts et de conserver une nature belle et vivifiante. La nature est vivante et mérite le respect. Tous les êtres vivants et pas seulement les êtres humains doivent être protégés. L’image de Gaïa, employée par l’écologiste britannique Lovelock, pour décrire les similitudes de la Terre avec un organisme vivant, présente l’avantage d’être particulièrement évocatrice[. La nature a retrouvé sa place parmi les grands mythes qui alimentent l’imagination humaine.
   Le mouvement de l’écologie profonde (deep ecology), initié par le norvégien Arne Naess, remet en cause l’anthropocentrisme des conceptions habituelles de la nature. Pour l’écologie profonde, la biosphère et les êtres vivants qu’elle abrite ont une valeur en soi, indépendamment de leur utilité pour l’homme. Celui-ci ne peut pas s’arroger le droit de détruire la nature sans commettre une faute morale.

vendredi 17 octobre 2014

De l'écologie à l'écosophie / From ecology to ecosophy


The need to understand better how we can preserve the environment is now well understood. Still, ecology is a comparatively recent concept, which has been developed mainly after the Second world war. The attitude towards nature has changed significantly, and the responsability of man in its protection is now widely recognized. The deep ecology movement initiated by the norwegian philosopher Arne Naess has helped to understand that nature and all living beings possess their own value and need to be respected. Their preservation is not only a matter of utility for man, but represents also an ethical issue. Beyond ecology as a science of ecosystems and living organisms, a world view which is extended to all the biosphere represents an "ecosophy", which might become an essential part of a future system of values, as pointed out by various authors and thinkers.  Such an ecosophy is linked to the idea of a consciousness present within all the biosphere. Nature becomes a source of spiritual values, for all those who are seeking a meaning in life. Thus, Otto Scharmer invites us to move from an "ego-system"  to an "ecosystem".  For Ervin Laszlo, the next step of human evolution, will be holistic, following a long era dominated by pure reason, science and technology. Its priority will be the survival of the biosphere. The "ecosophy" will then become an essential part of a new emerging spirituality.


De tous les biens communs, l’environnement est le plus précieux. Il est devenu indispensable de mieux comprendre les facteurs dont dépend la préservation de l'environnement, qui conditionne toute vie sur Terre. Pendant longtemps, le monde a semblé immense et ses ressources inépuisables. Les êtres humains étaient relativement peu nombreux et se sentaient faibles vis-à-vis de la nature qui les entourait. Au cours de la période récente, au contraire, le monde s’est contracté, ses ressources sont devenues rares et limitées, tandis que la population humaine a explosé. L’impact de l’homme sur la nature est devenu tel, que l’époque actuelle a été qualifiée d’ère de l’anthropocène, car les transformations de l’environnement  intervenues au cours de cette période récente sont comparables à celles qui se sont produites au cours des ères géologiques précédentes. Cet impact n’a toutefois été perçu que tardivement. Le terme d’écologie a été employé pour la première fois par le naturaliste allemand Ernst Haeckel en 1866. L’écologie en tant que mouvement n’a toutefois pris son essor que beaucoup plus récemment, après la Seconde guerre mondiale. Elle s’est développée d’abord aux États-Unis, avec la création de l’Environmental Protection Agency (EPA) en 1970. La pensée écologique s’est étendue entre-temps et a suscité un vaste mouvement international. Des Sommets de la Terre réunissant des représentants de tous les pays ont été organisés. Ils ont permis de développer le concept de développement durable et ses différentes implications.

mardi 24 décembre 2013

Architecture et écologie / Architecture and ecology


Linking architecture with ecology implies a new World vision. This is clearly shown in the new book written by Grégoire Lignier, who is architect and teaches ecology at the school of architecture of Paris-Malaquais. In the past years of a high economic growth in Europe, nature was often denied: concrete slabs and glass towers were the rule. A new path, involving a degrowth in the consumption  of natural resources, is presently considered. The architect has to design the living space in symbiosis with the environment. New concepts stemming from biology are to be taken into account, such a biodynamics, metabolism, cycles, matrices, exchanges. Their application to architecture is presented with a great clarity in the book by Grégoire Bignier. One of his merits is to show that such a "change of paradigm" requires new ethics, the need to combine "science, economics and theology", in order to achieve the connexion both with the biosphere and the noosphere, according to the vision of Teilhard de Chardin.

Associer architecture et écologie revient à changer de regard et adopter une nouvelle vision du monde. C'est ce que montre l'ouvrage de Grégoire Bignier, architecte et enseignant. Au cours des années qualifiées de "trente glorieuses", la nature a été souvent niée; l'architecture affectionnait les dalles en béton et les tours en acier et en verre. La nouvelle démarche s'inscrit dans un contexte de stagnation de la croissance économique, voire de décroissance. La nécessité d'économiser les ressources conduit à la nécessité d'intégrer le milieu urbain dans son environnement. L'habitat humain forme un écosystème, qui doit pouvoir évoluer autant que possible en symbiose avec le milieu naturel environnant. L'architecture est amenée à concevoir l'habitat, à l'image d'un organisme vivant en termes de biodynamisme,  de métabolisme, de cycles, de matrices, d'échanges. Ces différents concepts sont analysés avec beaucoup de clarté dans l'ouvrage de Grégoire Bignier. L'un de ses mérites est de montrer qu'un tel "changement de paradigme" est inséparable de l'adoption d'une nouvelle éthique qui associe "champs scientifique, économique et théologique", en situant l'homme entre biosphère et noosphère, selon la vision de Teilhard de Chardin.

samedi 15 octobre 2011

Surfer sur l'antiécologie/ Surfing on antiecology

The last book by Pascal Bruckner is a good exemple of a series of books which aim at gaining a wide audience by criticizing the warnings that ecology is providing. Although the author is not a scientist, his lack of knowledge of the subject itself is appaling. The main claim, which is far from new,  is that ecology is an antihumanism. His superficicial review of ecological positions misses the real questions that we have to consider today. How ecology can become a central issue shared by everyone, rather than being supported by small groups? How to promote a truly democratic debate rather than activist positions, incompatible with an authentic thinking.

L'antiécologie représente un filon d'édition auquel différents auteurs allant de Claude Allègre à Luc Ferry, en passant par bien d'autres, se sont adonnés avec délectation. Le dernier ouvrage de Pascal Bruckner "Le fanatisme de l'Apocalypse- Sauver la Terre, punir l'homme" est une   illustration de la façon d'exploiter ce filon. Suggérant que l'écologie, du moins celle qui avertit des dangers à venir, est le fait d'une secte s'appuyant sur des positions souvent ridicules, voire cocasses, il reprend la vieille thèse de Luc Ferry consistant à affirmer que l'écologie est un antihumanisme, conduisant à un nouveau fascisme. Au passage, il montre qu'il n'a pas pris le soin d'étudier son sujet, en faisant preuve d'une grande incompréhension de questions essentielles telles que celles qui concernent le réchauffement climatique. Il passe ainsi à côté de la véritable question, qui est de savoir quelle place l'écologie peut occuper dans notre société, comment elle peut devenir la préoccupation de tous, plutôt que l'apanage d'un petit groupe et comment promouvoir autour des enjeux qu'elle représente. un vaste débat démocratique plutôt qu'un activisme incompatible avec une pensée véritable.

mercredi 27 avril 2011

Les malheurs écologiques des pays émergents

Forêt tropicale humide au Mexique
Il est difficile pour un pays émergent de respecter l'écologie. Il suffit pour s'en convaincre de traverser le Mexique, où il est possible de constater là tout moment les conséquences des décisions ou de l'absence de décisions du passé.
Au Mexique, la nature est luxuriante, le biodiversité parait omniprésente. Pourtant ce paysage est en danger permanent. Au Yucatan, de vastes zones de forêts ont été transformées en zones semi-désertiques pour pratiquer l'élevage. La culture sur brûlis est omniprésente et crée une atmosphère trouble en de nombreux endroits. Le charbon de bois est le combustible domestique le plus couramment utilisé. Les capteurs solaires pour produire de l'électricité ou tout simplement de l'eau chaude sont largement ignorés car trop coûteux pour l'ensemble de la population. Au rythme actuel, les forêts tropicales humides auront complètement disparu d'ici vingt-cinq ans. Cette évolution fait craindre que l'Amazonie connaisse le même sort avec quelques années de différence.
Pourtant, il serait trop facile de critiquer les habitants qui aiment leur pays et souhaiteraient préserver leur nature. La responsabilité est collective et une gestion à l'échelle mondiale des vastes espaces naturels qui existent encore sur la planète est plus que jamais à prévoir.