Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

jeudi 26 décembre 2013

Histoire et climat / Climate and history

The role of climate change has been most often ignored in History, with a few exceptions.Yet, the apparent correlation between temperature changes and historical events seems most impressive. By the end of last glaciation, the warming which occurs made possible the Revolution which occured during the Neolithic age. The climate variations occured during history may be linked with fluctuations of solar activity and sometimes with the explosion of a volcano liberating a huge cloud of ashes. The expansion of the greco-latin civilization lasted during a long period of warming which ends by the tear 0, followed by a period of cooling, which may have caused bad harvests and population migrations. During the Middle-ages, the climate becomes warmer and during the period 900-1200, the Groenland was really a "green" country where the Vikings could settle. The little ice age began at the Renaissance period and lasted until the middle of the 19 th century. Some winters were very cold and the poor harvests which resulted from such a cold weather may have been one of the reasons at the origin of the French Revolution. Of course, climate is certainly not the only reason for all these events, but it seems that its consequence has been neglected too often.
In the past warmer periods have been rather beneficial for northern countries. Still it does not mean, that it will be still the case in the future if global warming occurs as likely. Harvests may become better in Siberia and Canada. On the other hand, catastrphic situations in the South will necessarily have negative consequences also for northern countries, causing conflicts and massive migrations. In any case, history shows that climate is a significant factor which cannot be neglected.

Jusqu'à une date récente, le rôle des changements climatiques a été souvent négligé par les historiens, à l'exception notable d'Emmanuel Le Roy Ladurie, qui indique lui-même que longtemps il fut le seul en France. Dans les autres pays, les historiens qui se sont intéressés au climat sont peu nombreux. On peut notamment citer en Angleterre H. Lamb et D.J. Schove. Les problèmes de réchauffement climatique ont conduit récemment à un intérêt accru des historiens pour les questions climatiques, mais les études publiées portent le plus souvent sur une période historique relativement récente, et il manque une vision d'ensemble sur le rôle du climat dans l'évolution de l'humanité. Pourtant, quand on met les événements historiques en correspondance avec les variations climatiques, on peut observer des concordances troublantes.

mardi 24 décembre 2013

Panorama des idées / Overview of ideas

Jean-Marie Durand and Emmanuel Lemieux have written a book, which presents an overview of the main ideas, which have been discussed in 2013, focussing their attention towards the intellectual debate in France. The book is clear and well written, but somewhat depressing. It seems that the main subjects discussed in 2013 are the feeling of being abandoned, money, grubbing-up, bashing, burn-out, buzz, dissuasion, guns, war, distrust, melancholy, obsolescence, loosers, pop thinking, procrastination, prostitution, solitude, suburbia.  Even more positive concepts such as "equal marriage to all", transhumanism, makers, generation Y are disputed.  Lucidity is a quality. Still, the present lack of hope and vision for the future is most disturbing. Therefore, we can only wish that new strong and clear ideas wille emerge in 2014. Still, there is still no sign that this will be really the case.

Le Panorama des idées de Jean-Marie Durand et Emmanuel Lemieux fait preuve d'une ambition louable: couvrir l'ensemble du champ des idées.  En outre, l'ouvrage qu'ils ont écrit présente le mérite de pouvoir se lire facilement. Les idées sont analysées clairement et sans jargon inutile. Pourtant, la lecture de l'ouvrage inspire un certain malaise. En effet, il reflète de manière particulièrement criante la sinistrose et le manque de vision d'avenir qui semblent caractériser la période actuelle. De quoi a-t-on pensé en 2013? On a pensé sentiment d'abandon, argent, arrachage, artisation, bashing, burn-out, buzz, dissuasion, armes à feu, guerre, histotainment (activité des "historiens amateurs"), Mali, méfiance, mélancolie, obsolescence, perdre en politique, polémiques, pop pensée, procrastination, prostitution, quartiers, solitude, suburbia.

Architecture et écologie / Architecture and ecology


Linking architecture with ecology implies a new World vision. This is clearly shown in the new book written by Grégoire Lignier, who is architect and teaches ecology at the school of architecture of Paris-Malaquais. In the past years of a high economic growth in Europe, nature was often denied: concrete slabs and glass towers were the rule. A new path, involving a degrowth in the consumption  of natural resources, is presently considered. The architect has to design the living space in symbiosis with the environment. New concepts stemming from biology are to be taken into account, such a biodynamics, metabolism, cycles, matrices, exchanges. Their application to architecture is presented with a great clarity in the book by Grégoire Bignier. One of his merits is to show that such a "change of paradigm" requires new ethics, the need to combine "science, economics and theology", in order to achieve the connexion both with the biosphere and the noosphere, according to the vision of Teilhard de Chardin.

Associer architecture et écologie revient à changer de regard et adopter une nouvelle vision du monde. C'est ce que montre l'ouvrage de Grégoire Bignier, architecte et enseignant. Au cours des années qualifiées de "trente glorieuses", la nature a été souvent niée; l'architecture affectionnait les dalles en béton et les tours en acier et en verre. La nouvelle démarche s'inscrit dans un contexte de stagnation de la croissance économique, voire de décroissance. La nécessité d'économiser les ressources conduit à la nécessité d'intégrer le milieu urbain dans son environnement. L'habitat humain forme un écosystème, qui doit pouvoir évoluer autant que possible en symbiose avec le milieu naturel environnant. L'architecture est amenée à concevoir l'habitat, à l'image d'un organisme vivant en termes de biodynamisme,  de métabolisme, de cycles, de matrices, d'échanges. Ces différents concepts sont analysés avec beaucoup de clarté dans l'ouvrage de Grégoire Bignier. L'un de ses mérites est de montrer qu'un tel "changement de paradigme" est inséparable de l'adoption d'une nouvelle éthique qui associe "champs scientifique, économique et théologique", en situant l'homme entre biosphère et noosphère, selon la vision de Teilhard de Chardin.

mercredi 18 décembre 2013

L'économie circulaire / Circular economy

Most human activities operate by  taking resources from the environment and rejecting waste, which is a cause of pollution, at the difference of natural ecosystems which recycle permanently all materials which are used. By recovering and recycling released materials, the "circular economy" can help to recover resources and reduce pollution. Circular economy does not involve only waste recovery and recycling. It imples also a better conception of equipments and products, in order to facilitate recycling. The whole life cycle of the product has to be assessed in order to minimize its environmental impact. Circular economy requires also a better integration of different economic activities,  as the waste released by an economic activity can become a resource for another activity. Thus, circular economy is best defined at the scale of a territory. In a world where resources tend to become scarce and pollution is spreading, circular economy seems the best way to follow for the future.

La plupart des activités humaines opèrent en prélevant des matières premières l'environnement et en rejetant des déchets,  qui représentent une importante source de pollution. Plus ces polluants sont dilués, plus leur récupération est coûteuse. Au contraire les écosystèmes naturels opèrent en recyclant constamment l'ensemble des éléments qui sont consommés.  Si les rejets sont récupérés et traités, les matières premières recyclées constituent une ressource. Le principe de l'économie circulaire consiste, à l'instar des écosystèmes naturels, à recycler l'ensemble des matières premières consommées. On peut ainsi se rapprocher d'un système à zéro émission de déchets. Les principes de l'économie circulaire sont ainsi proches de ceux qui fondent la démarche de l'"écologie industrielle".
Toute opération de transformation génère de l'entropie et cette génération d'entropie doit être compensée par un apport d’énergie. L'énergie, elle-même, ne peut pas être entièrement recyclée, du fait qu'elle se dégrade, avec une production d'entropie. L'économie circulaire ne se contente pas de trier les déchets rejetés pour recycler une partie des matières premières. Elle consiste aussi à se pencher sur l'ensemble du cycle de vie d'un produit ou d'un équipement ("du berceau à la tombe") pour limiter son impact environnemental. En particulier, plutôt que de concevoir des produits "jetables", on peut au contraire concevoir des produits "recyclables". L'économie circulaire implique également une meilleure intégration des activités, les rejets provenant d'une certaine activité économique, pouvant constituer une ressource pour une autre activité. Dans ces conditions, l'économie circulaire doit être conçue à l'échelle d'un territoire. 

lundi 16 décembre 2013

Mythes et sens de la vie / Myths and the purpose of life

The book written by Hervé Toulhoat, entitled "Symbolism of the celt mythology", which has been recently published in French, presents the contribution that myths can bring to the search of a meaninful life's purpose. Celtic myths are interpreted according to the method of introspective analysis developed by the French psychologist, of Austrian origin, Paul Diel. The myths which are presented in the book relate the tribulations of heroes who fight for accomplishing their destiny, either victory or final doom. Interpretated through the method provided by introspective psychanalysis, they illustrate the human search for a meaningful life's purpose, by escaping both to banalisation, which is limited to the fulfillment of material enjoyments and to nevrotic anxiety . The myth helps the human being to build a personal motivation.  The same path can be followed nowadays through an introspective approach, which, according to the author, can help humanity to progress along "the long way towards the triumph of the spirit".

L'ouvrage récent intitulé "Le symbolisme dans la mythologie celte" analyse la façon dont les mythes mettent en scène la recherche d'un sens à la vie. L'auteur part d'un ensemble d'expériences différentes, mais convergentes, qui lui permettent d'aborder de façon nouvelle cette question. Baignant depuis son enfance dans une culture celte qui a gardé le souvenir de ses origines, Hervé Toulhoat s'appuie dans sa démarche sur la méthode introspective de Paul Diel, fondateur de la psychologie de la motivation. Secrétaire général de l'Association de psychanalyse introspective, il est devenu un praticien expérimenté de cette méthode. Enfin, il est aussi un chercheur réputé en catalyse, ce qui lui permet d'apporter à cette démarche toute la rigueur scientifique nécessaire.  

dimanche 15 décembre 2013

Le risque nucléaire / Nuclear risk

To appreciate nuclear risk is a difficult task as illustrated by a recent book written by François Lévêque, who teaches economy at the Ecole des Mines de Paris.  The method he presents combines an a priori estimation indicating a probability of 6,5 10-5 with a degree of confidence of 95%, with a probability of 7,8 10-4 resulting from the number of observed failures. Although established by a refined calculation, the figure he quotes for the probability of a major failure (core meltdown),  i.e. 3,2 10-4, raises many questions. Is it acceptable to considerer all the probabilities of  failure as equivalent whatever the location? How to take into account the improvements which occur throughout the time and especially after a major failure? And what is the "acceptable level": 10-410-5 or 10-6 ?  In fact, the level of risk which is felt by the public opinion may have in the future a greater impact  than a more scientific estimation, even if the latter one is much closer to the reality. Still, the issue remains crucial.

Comment apprécier le risque nucléaire? A ce jour, deux catastrophes majeures se sont produites. L'une à Tchernobyl et l'autre à Fukushima. C'est un nombre que l'on peut juger faible, au regard d'environ 450 réacteurs fonctionnant depuis environ 31 ans en moyenne et en même temps beaucoup trop élevé au regard des conséquences majeures que ces deux catastrophes ont eues sur l'URSS d'une part et sur le Japon d'autre part. L'ouvrage de François Lévêque, professeur d'économie à l'Ecole des Mines de Paris: "Nucléaire on/off" apporte un éclairage intéressant sur cette question. Il montre d'une part l'écart entre le risque réel et sa perception et d'autre part les erreurs de raisonnement que l'on peut commettre en ce qui concerne la probabilité d'un accident majeur (en l’occurrence la fusion du cœur, accident de niveau 7).
L'usage du calcul des probabilités s'avère fort délicat. Les études probabilistes sont complexes. Pour chiffrer le risque d'un accident majeur (fusion de cœur sans éjection de matière fissile), l'idée présentée dans l'ouvrage consiste à corriger suivant une démarche bayésienne une probabilité a priori, telle qu'estimée par des experts, en tenant compte d'une probabilité déduite de l'observation des faits. La probabilité a priori est tirée d'une étude américaine de 1997, qui la chiffre à 6,5 10-5 avec un degré de confiance de 95%. Cela suppose que celle-ci, basée sur l'analyse de réacteurs américains et menée il y a plus de quinze ans, s'applique aux autres réacteurs dans le monde. La probabilité "tirée des faits observés" est estimée à 7,8 10-4. En combinant ces deux valeurs, on aboutit à une probabilité de 3,2 10-4 par réacteur et par an.

lundi 25 novembre 2013

Scénarios énergétique à long terme / Long term energy scenarios

Long term energy scenarios will depend upon many factors which remain uncertain. Still, beyond 2050, three main trends may be considered. A collapse at a worldscale level, as described by Jared Diamond, cannot be excluded. Two main other alternative scenarios can be considered. In the first case (scenario I), the energy consumption per inhabitant will continue to grow. Such a scenario seems difficult to implement without a large contribution of nuclear energy. A second scenario (II) implies a substantial reduction of the energy consumption per inhabitant. It is the scenario most compatible with the use of renewable energy sources, which are diffuse and require land area. This kind of evolution, which seems difficult to avoid in this case, might have quite negative consequences, such as an increase of inequalities between those who might still afford to consume large amounts of energy and those who would be deprived from an access to energy.

Les scénarios énergétiques à long terme vont dépendre d'un ensemble de facteurs (économiques, géopolitiques), dont une grande partie demeure incertaine. Dans un premier temps, la consommation d'énergie par habitant va continuer à croître, atteignant une valeur de l'ordre de 3 tep (tonne équivalent pétrole) par habitant et par an d'ici 2050. Cet accroissement va s'accompagner d'un rejet important de gaz à effet de serre. Au delà, on peut envisager trois types de scénarios. Le scénario d’une catastrophe écologique accompagnée d’un effondrement de la civilisation au niveau mondial, selon le modèle de Jared Diamond ne peut pas être exclu. Dans ce cas, la population humaine ainsi que la consommation d’énergie pourraient chuter brutalement. Si l'on écarte ce scénario, on peut envisager deux évolutions à long terme de la consommation d’énergie par habitant. Un premier scénario (i) correspond à une augmentation continue de la consommation d’énergie par habitant, même si la courbe tend à s’infléchir. Il me semble qu’un tel scénario implique nécessairement un large recours au nucléaire, quelle soient les filières retenues: réacteur de quatrième génération, réacteur au thorium ou autre.Un deuxième scénario (II) correspond à une baisse sensible de la consommation moyenne, suivie d’une stabilisation et éventuellement d’une lente remontée. Ce scénario est a priori celui qui est le plus compatible avec un très large recours aux énergies renouvelables, qui sont diffuses et nécessitent la mobilisation d'une surface de sol importante. Il paraît inévitable dans ce cas, d'aller vers une large réduction de la consommation moyenne d'énergie par habitant. Si c'est le cas privilégié, il faut sans doute s'y préparer dès à présent. Les conséquences restent toutefois difficiles à prévoir, mais certaines d'entre elles risquent d'être très négatives, avec une montée des inégalités entre ceux qui pourront consommer de l'énergie et ceux qui ne le pourront plus.

dimanche 24 novembre 2013

L'accord sur le Climat de Varsovie / The agreement at the Varsaw Climate Conference


Climate Conferences seem to follow a similar sequence each time. At Copenhagen, Durban and Varsaw, failure invariably followed promises. Nobody really expected a positive outcome from the Varsaw Conference, due to Poland dependence on coal. Is it the reason why it was held there? It was quickly confirmed, resulting in the departure of many participants. Rather surprizingly though, a final agreement has been reached at the Conference. But, now, we know what means an "agreement": a simple common declaration, which after long discussions, becomes almost useless. Of course, it is still possible to hope a better result at the following meetings and to reach a "real" agreement in Paris, in 2015. But, as the same causes should produce the same effects, there is no reason why a major shift should occur. Therefore, it seems legitimate to wonder if we have to consider the "agreement" which has been reached as good news.

Les Conférences sur le Climat se suivent et se répètent avec des résultats très similaires. Copenhague, Durban, Varsovie, une suite d'échecs. A chaque fois, il est dit et répété que la prochaine réunion sera la bonne. A Varsovie, on ne pouvait guère espérer de progrès décisifs, compte-tenu de l'importance que le maintien du charbon revêt pour la Pologne. Est-ce la raison pour laquelle ce lieu avait été choisi pour la dernière Conférence sur le Climat? De nombreux participants s'en sont rendus compte et ont décidé de quitter la réunion avant la fin. Pourtant, on est parvenu "in extremis", nous dit-on à un accord, ce qui peut paraître surprenant. En fait, on sait maintenant ce que signifie "parvenir à un accord": cela consiste simplement à signer ensemble une "déclaration commune", que de longues tractations visent de tout contenu, en remplaçant notamment le terme d'"engagements" par celui de "contributions". On espère à présent que la Conférence de Paris en 2015 permettra d'aboutir à des résultats concrets. Pourtant, les mêmes causes produisant les mêmes effets, on ne voit pas comment éviter le scénario habituel: l'Union Européenne seule à prendre des engagements, les pays émergents refusant toute obligation et les autres pays industrialisés en tirant argument pour ne pas prendre non plus d'engagements. Dans ce contexte, plutôt qu'un accord de façade, on peut se demander s'il ne vaudrait mieux afficher un franc désaccord.

samedi 16 novembre 2013

Champs morphogénétiques et magie/ Morphogenetic fields and magic thinking















The last book of Rupert Sheldrake "The science delusion" starts with a good introduction about the limits of science. Unfortunately, very soon it presents rather surprising views, which seem difficult to conciliate with science. He supports the idea that human beings might spend years without any food, by using a mysterious "prana". In his view, memory is not a result of the brain activity, but results from a connection with the events of the past, through space and time. For him, life relies upon a "resonance with a morphogenetic field". The nature of this field is never explained, nor the way "resonance" occurs. Therefore, such interpretations are very similar to the old magical thinking: a magic formula might act through such a "resonance with a morphogenetic field". It shows that magic thinking keeps a strong appeal for human imagination.
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Le dernier ouvrage du biologiste anglais Rupert Sheldrake, publié en anglais sous le titre "Réenchanter la science", est un curieux mélange ainsi d'ailleurs que l'ensemble de l'œuvre de l'auteur. Celui-ci se présente comme un scientifique, dont la philosophie de la science semble à bien des égards ouverte et séduisante. Aussi, est-on surpris quand on lit les points de vue qu'il expose. Pour prendre un simple exemple, l'observation qui a été faite d'une mystérieuse énergie noire agissant dans l'univers, est utilisée pour justifier l'idée que certaines personnes puissent se passer de nourriture pendant des années, alors qu'il n'existe aucun élément pour soutenir une position aussi aberrante.  La respiration d'un être humain n'étant pas censée s'arrêter, il doit rejeter du dioxyde de carbone en permanence, ce qui suppose un apport de carbone à l'organisme (ou la consommation d'un stock limité dans les graisses). Pour l'ensemble des phénomènes liés au vivant, l'explication de Rupert Sheldrake se ramène constamment à une "résonance du champ morphogénétique".

jeudi 14 novembre 2013

La e-reputation / Internet reputation

The reputation and status of a company or individual is more and more related to the messages present on Internet and social networks, as Internet opens an access to a huge audience. This reputation can be positive or negative, with a potentially disastrous  impact, as most messages  remain present during many years. Internet modifies also the relationship between the provider and the consumer of a service, who acquires a strong power through the jugment he or she can emit about the company, the service or even the individual, as it can be observed in the area of tourism. The management of the Internet reputation requires therefore specific management tools. This area which is in rapid expansion presently, is presented in different recently published books, among which,  in French: "Le Web social et la e-reputation" by Gil Adamy and in English: "Internet reputation management for businesses" by Guillermo "William" Rivas.

La réputation ainsi que la notoriété d'une entreprise ou d'un individu sont de plus en plus liées aux messages véhiculés sur Internet ainsi que les réseaux sociaux.  Internet ouvre en effet à chacun un accès très large à un très vaste public international, qui peut ainsi se faire une opinion sur un produit ou une personne. Cette réputation peut être positive et contribuer ainsi à assurer le succès de l'entreprise ou de l'individu, mais elle peut être aussi négative, avec des conséquences d'autant plus désastreuses que les messages diffusés par Internet peuvent rester en place pendant des années. On sait à quel point une gestion imprudente de son image sur les réseaux sociaux peut compromettre une carrière. En outre, Internet modifie les relations entre le fournisseur d'un service et celui qui était naguère un consommateur passif, mais dont le pouvoir d'influence s'étend à travers les avis qu'il peut afficher, comme on l'observe notamment dans le secteur du tourisme. De ce fait, la gestion de l'e-réputation sur Internet et les réseaux nécessite de plus en plus des moyens de gestion spécifiques. Ce domaine en plein essor a fait l'objet de différents ouvrages, parmi lesquels on peut notamment signaler l'ouvrage de Gil Adamy: "Le Web social et la e-réputation" ou en anglais: "Internet reputation management for businesses" by Guillermo "William" Rivas.

lundi 11 novembre 2013

La divergence des visions du monde / Diverging worldviews

The present world vision crisis is due not so much to a lack of vision but rather to the incompatibility between the main existing worldviews. Worldviews can be schematically represented in a diagram refering to the growth of complexity and public interest as coordinates. Complexity grows permanently as a result of the scientific and technical progress. Such an evolution is rejected by worldviews, which promote ideology as the way to govern social life. Public interest is always taken for granted, but is totally absent from the rules which govern the global economy. Therefore, the sustainable development worlview which seeks to conciliate complexity with public interest is incompatible with globalization as it is presently organized. As most decisions are dictated by the economy, it becomes impossible to implement the sustainable development agenda. It becomes therefore essential to build a coherent worldview integrating all the economic but also cultural, social and environmental, which might provide an adequate framework for future décisions at the worldwide level

La crise de la vision du monde actuelle est liée, non pas tant à l'absence de toute vision, mais à l'incohérence et même à l'incompatibilité des principales visions actuelles. Ces visions du monde peuvent être schématiquement représentées dans un diagramme faisant apparaître la façon dont elles se positionnent par rapport à la croissance de la complexité d'une part et à l'intérêt général d'autre part. La complexité dans l'organisation de la société croît principalement en raison des progrès de la science et de la technologie. Cette évolution rapide n'est pas acceptée par tous. Elle est rejetée par les partisans de la décroissance et d'un retour à une vie plus lente et plus simple. Elle est également rejetée par les idéologies et les intégrismes qui se réfèrent à des principes schématiques devant prévaloir sur la réalité.  L'intérêt général, par opposition à la recherche du profit individuel, est souvent mis en avant, mais il est en fait totalement absent de la vision actuelle de la globalisation, conçue selon les règles neolibérales ainsi que du capitalisme cognitif, qui vise à exploiter au mieux les nouvelles technologies de l'information pour maximiser le profit réalisé.

samedi 9 novembre 2013

Notoriété et quête de sens / Status and search for meaning

In his book, "the fear of insignificance", the psychoanalist  Carlo Stenger analyses the mutations of self consciousness in our society. Parallel to Stock exchanges, the value of each person in terms of celebrity and fame is now permanently rated through Internet. The permanent recommendation to "just do it" gives the illusion that everybody can get an easy access to such a status. Carlo Stenger considers that this need for celebrity results from an existentiel unease,  facing death and human condition. He advises to invest time in developing a personal worldview and advocates for a "non zero sum principle", showing that it is possible to avoid violent confrontations and instead promote a diversity of opinions, resulting in a further progress for humanity.

Dans son dernier ouvrage, "La peur de l'insignifiance",  le psychanalyste Carlo Stenger analyse  les mutations de la condition du Moi dans la société moderne. La préface de Pascal Bruckner résume assez bien les principales idées de l'ouvrage.  A côté et parallèlement au monde de la finance, s'est installée une "Bourse du Moi", qui affiche constamment la notoriété des individus. Ceux-ci peuvent subitement se retrouver sous les projecteurs ou au contraire plonger dans l'obscurité. De la même façon que la richesse peut être évaluée selon la valeur du capital détenu, la notoriété se mesure à présent en fonction du nombre de citations sur Internet  du nombre d'amis sur Facebook et il existe même des indices de notoriété, qui calculent automatiquement un "niveau d'influence", à partir de l'ensemble des informations recueillies sur Internet. Cette évolution est évidemment pernicieuse, car elle fait passer l'apparence avant la réalité, la forme avant le fond.  Réflexion et spiritualité disparaissent sous l'abondance et la pacotille. Le phénomène est aggravé, comme le montre Carlo Stenger par la culture du "Just do it", qui donne à chacun l'impression "qu'il n'y qu'à". De nombreuses personnalités du monde des medias semblent n'être que des personnes tout à fait ordinaires, ce qui peut donner l'impression qu'il suffit de peu de choses pour accéder à la même notoriété.  Carlo Stenger note très justement que ce besoin de notoriété répond à une angoisse existentielle face au caractère éphémère de l'existence humaine. En définitive, la poursuite de la notoriété apparaît comme une illusion, voire comme une aliénation. Comment en sortir? Carlo Stenger préconise de développer sa propre vision du monde, en la faisant cohabiter avec d'autres. A travers le "principe de la somme non nulle" il affiche la conviction que c'est là le meilleur moyen de faire progresser l'humanité.

jeudi 31 octobre 2013

Vicariance

The neurophysiologist Alain Berthoz has written a new book about "vicariance". Vicariance designates the way any living being can replace a mechanism by an alternative one, for achieving a better adaptation to its environment. For instance,  a region of the brain which is damaged can be replaced by an other (vicariant ) region. Such a process is very general and Jean-Pierre Aubin has already shown that the evolution of most system is governed by vicariant regulation modes. Alain Berthoz shows that vicariance is an essential property of life. It represents one of the main means used by nature for being creative. In the case of human beings, the vicariance concept can be extended to mental processes and to the virtual worlds created by the human mind. It behaves then as a marvelous creativity booster, at least if these virtual worlds can coexist without any violent struggle for domination.

Le nouvel ouvrage du neurophysiologiste Alain Berthoz est consacré au concept de vicariance (terme dont la racine latine vicarius signifie un remplaçant, d'où le terme de "vicaire"). La vicariance désigne la façon dont un organisme peut substituer un mécanisme à un autre pour s'adapter à l'environnement. C'est ainsi qu'en cas de lésion cérébrale, le cerveau, grâce à sa plasticité, peut faire appel à d'autres zones pour remplir ses fonctions.Ce processus est très général. Analysant la viabilité des systèmes, Jean-Pierre Aubin a montré que de manière très générale, ils sont pilotés par des mécanismes de régulation vicariants. Alain Berthoz montre que la vicariance est une propriété essentielle du vivant. Elle représente un des principaux moyens pour la nature de faire preuve d'une créativité incessante. Dans le cas des êtres humains, cette vicariance s'étend aux processus mentaux et aux mondes virtuels que crée le cerveau humain. Elle représente alors un fabuleux moteur de créativité, à condition, bien sûr que ces différents mondes "vicariants" puissent coopérer, sans s'affronter.

mardi 29 octobre 2013

Gravity


The film produced by Alfonso Cuaron is to a large extent outstanding. It brings us into a universe completely different from ours, where gravity does not exists any more and in which all our  usual landmarks are abolished. Still, it gives the impression of being a documentary fiction or a disaster movie and not the master-piece, it might have been. The inspiration which can be found in the films by Kubrick, Tarkovsky or Malick is absent here. The infinite space is only a hostile  nothingness from which to escape. The Earth itself provides a material support but it is void from any soul.

Le film produit par Alfonso Cuaron est incontestablement un film qui sort de l'ordinaire. Il a le mérite de nous entraîner dans un univers spatial, radicalement différent du notre, où la gravité n'existe plus et dans lequel tous nos repères habituels sont abolis, l'usage de la 3D renforçant l'impression de se retrouver plongé dans un univers inconnu.  Pourtant en sortant de ce spectacle, on a l'impression d'avoir assisté à un documentaire-fiction ou à un film catastrophe et le réalisateur semble être passé à côté de ce qui aurait pu être un chef-d’œuvre. On n'y trouve ni le souffle ni l'inspiration des films de Kubrick, Tarkovsky ou de Terrence Malick. L'espace infini n'est qu'un néant hostile, dont on souhaite s'évader au plus vite.  La Terre elle-même n'est plus qu'un support matériel. L'âme en est absente.

dimanche 27 octobre 2013

Le Futur d'Al Gore / The Future by Al Gore

The book about "The Future" by Al Gore has just been published in French. It presents six main drivers for reshaping our world: the globalized economy, the new digital age, world governance, the transformations of consumption habits, biotechnologies and climate change. Al Gore's way of thinking may seem somewhat outdated. Global warming does not seem any more a major concern and the Nobel Prize seems far away. Still, Al Gore is certainly a major leader, one of the few people able to conciliate politics and humanism with an interest for science and technology. He represents the America of great hopes, which associates humanism with the faith in progress.  He shows a coherent vision for the future. His book is a new indication that the future might have been different, if only he had been designated in 2000.

L'ouvrage d'Al Gore, "Le Futur" vient d'être édité en français. C'est un ouvrage ambitieux, qui pose la question de l'avenir de notre civilisation, en  préconisant sur un nouveau modèle économique, pour remettre le Monde sur la bonne voie, en s'appuyant sur six grands facteurs de changement: la mondialisation, les technologies numériques, la gouvernance mondiale, les mutations des modes de vie, les biotechnologies et le changement climatique.
Al Gore peut paraître passé de mode. On ne parle plus beaucoup du réchauffement climatique, le prix Nobel de 2007 paraît déjà loin. Pourtant, c'est l'un des personnages clefs de notre temps, une des rares personnalités qui ont su associer politique, écologie ainsi qu'une ouverture vis à vis de la science et de la technologie. Al Gore représente l'Amérique des grandes espérances, celle qui veut associer humanisme et foi dans le progrès. Il montre une voie, qui représente pour le Monde une séduisante vision d'avenir. A la lecture de son ouvrage, on ne peut que regretter davantage qu'elle n'ait pas prévalu en 2000.

mercredi 23 octobre 2013

La fin de la viande? / The end of meat?


Many reasons support the idea that our present consumption of meat should come to an end:
- Meat consumption increases the risk of cancer and heart disease.
- It represents a very heavy burden for the environment (pollution and high consumption of resources). Extrapolating the present Western mode of nutrition to the whole world would bring this burden to a highly unacceptable level.
- Alternative solutions become available for the production of proteins (micro-algae, transformation of insects.
- The most imperative reason is ethical. Animals are obviously conscious and sentient beings. Therefore their life and well-being have to be protected, especially in the case of the most evolved animals, such as superior mammals.
It is not what happens now and the share of meat increases at the world level. It is perceived as a progress by most populations. Food is narrowly related to the culture and the habits acquired during infancy evolve only slowly. In this area as in many others, a cultural change is the first step. Still, we can think that in the future, human beings will observe with surprise and horror the cruelty of our time.

De nombreuses raisons incitent actuellement à fortement ralentir, voire à arrêter complètement la consommation de viande:
- La consommation de viande entraîne des risques pour la santé: risques cardiaques liés à la consommation de graisse, risques de cancer liés à la consommation de viande grillée (la pratique du barbecue étant particulièrement nocive)
- La consommation de viande se traduit par une très forte pression sur l'environnement. L'élevage consomme une part de plus en plus importantes des ressources agricoles. Pour que l'ensemble de la population mondiale puisse adopter le régime alimentaire nord-américain actuel, il faudrait d'ici là produire  cinq fois plus d'aliments qu'aujourd'hui, ce qui semble peu imaginable. Pour simplement poursuivre la tendance actuelle, il faudrait doubler la production agricole entre 2010 et 2030, ce qui correspond à un rythme de croissance nettement supérieur à celui qui a été observé ces dernières années. En outre la pollution résultant de tous les excréments (fientes, lisier) est de plus en plus difficile à maîtriser.
- Des solutions alternatives de fourniture de protéines deviennent disponibles (micro-algues ou transformation d'insectes: la production d'un kg de vers de farine nécéssite11 fois moins de surface agricole que la production d'un kg de bœuf).

samedi 12 octobre 2013

Le principe innovation / The innovation principle

Anne Lauvergeon, the former CEO of Areva, has chaired a Commission which has recently issued a report about innovation. It recommends six major priorities: energy storage, recycling,  better exploitation of sea resources (metals and sea water desalination) , vegetable proteins and green chemistry, medical sensors, innovation for elderly people and Big data. Beyond these specific topics, the report advocates for an "innovation principle" able to equilibrate the "precautionnary principle", which has been accused to generate inaction. The report recommends to reintroduce the idea of change, risk and possibility of failure, in order to promote entrepreneurship and innovation. Promoting innovation requires also to break many existing barriers and to give to the individual the freedom to grow through creativity and invention as recommended by Carl Bass, the CEO of Autodesk , one of the pionners of 3D printing in the United States.

La Commission présidée par Anne Lauvergeon vient de rendre au Président de la République un rapport sur l'innovation. Le rapport préconise six grandes priorités: le stockage de l'énergie, le recyclage (et notamment celui des métaux rares), la valorisation des richesses marines (métaux et dessalement de l'eau de mer), les protéines végétales et la chimie du végétal, la médecine individualisée, l'innovation au service des seniors et les Big data. 
Au delà de ces voies de progrès, le rapport préconise l'adoption d'un "principe d'innovation" venant équilibrer le "principe de précaution", qui risque à lui seul d'être générateur d'immobilisme. 
Plus que d'un ensemble de mesures et d'un programme de financement, il s'agit là d'introduire une changement culturel pour "réapprendre à oser, à accepter le risque et donc l'échec", "stimuler et encourager la création d'entreprises, l'innovation, les PME innovantes, l'expérimentation, l'audace, l'achat innovant". Promouvoir l'innovation, c'est aussi décloisonner la pensée en silos et donner à l'individu la capacité de s'épanouir à travers une attitude créative, comme le préconise Carl Bass le président d'Autodesk, l'un des pionniers de l'impression 3D aux Etats-Unis..

dimanche 6 octobre 2013

L'économie positive / The positive economy

Is the "positive economy" the solution to all our problems?  The report  of the commission chaired by Jacques Attali seems to claim that. To advocate for a long term thinking is certainly right. Still, can the "positive economy" provide a vision for the future, able to federate all our efforts?
Positive is a very general and vague wording. It includes everything, sustainable development and altruistic behaviour.  It suggests that it is possible to combine all the advantages. Unfortnately, reality is not so "positive". Globalization imposes an intense competition. General interest is in contradiction with many personnal interests. Efforts and choices are required.

"L'économie positive" est-elle la solution à tous nos problèmes? Le rapport de la commission présidée par Jacques Attali, téléchargeable sur le site du LH Forum, semble l'affirmer. Jacques Attali a le grand mérite d'alimenter constamment une réflexion de fond sur les grands enjeux du pays et de la planète. En outre, il présente des constats de fond qui paraissent fort justes, notamment en dénonçant la tyrannie du court-terme. Pour autant, "l'économie positive" apporte-t-elle la vision d'avenir susceptible de galvaniser les efforts? 
Le terme lui-même paraît fort vague. L'économie positive intègre le long terme, mais aussi l'altruisme. Le terme de positif englobe tout, attrape tout. Certes on pouvait se douter que la crise actuelle s'explique largement par "le caractère non positif de l'économie mondiale". Mais est-ce que cela suffit pour rendre compte des manœuvres douteuses qui ont pris à une minorité de spéculateurs de s'enrichir en toute impunité?Ce n'est pas en louant la micro-finance qu'il sera possible de régler le problème, mais en s'attaquant aux mécanismes de la mondialisation. Affirmer que les technologies numériques favorisent l'altruisme, c'est reprendre le discours de Jeremy Rifkin, c'est oublier que ce sont elles qui ont permis un développement incontrôlé de la finance et le trading à haute fréquence.
Ce qui est gênant dans cette façon de vouloir "positiver" l'avenir, c'est qu'elle semble prétendre que la voie est toute tracée, en combinant tous les avantages. Dans le monde réel les tensions entre l'intérêt général et l'intérêt particulier ou entre les nations sont constantes. Des efforts et des sacrifices sont nécessaires, surtout dans les périodes de crise et les choix à effectuer ne sont sans doute pas aussi évidents que semble vouloir le dire le rapport. 

L'innocence du carbone? / Is carbon innocent?

While the first results to be published in the new IPCC report are made public, new books written by climate skeptics have been recently published in France. The book by François Gervais "The innocence of carbon" puts forward an argument which may seem decisive. The carbon dioxide molecule absorbs infra-red radiations only at two frequencies. He states that "a  layer of air ten meters thick absorbs completely these radiations". Therefore this effect is rapidly saturated and adding more CO2 does not change any more the earth thermal balance. In fact, it is the overall effect across all the frequencies range which has to be taken into account,  and this effect is not saturated. Although the radiative forcing  is not proportionnal to the CO2 concentration, it varies as its logarithm. It appears clearly once again that although it is legitimate to raise questions, using a systematic denial approach based upon simplistic arguments can only contribute to create more confusion. 

La parution des premiers éléments du nouveau rapport du GIEC, on observe une nouvelle offensive des climato-sceptiques avec la publication de deux ouvrages: "Climat: 13 vérités qui dérangent" et "L'innocence du carbone". Le livre de François Gervais, "L'Innocence du carbone" attire tout particulièrement l'attention. D'une part, l'auteur est un scientifique reconnu, et d'autre part, il avance un argument qui peut sembler décisif, auquel se résume l'ensemble de l'ouvrage . La molécule de dioxyde de carbone n'absorbe le rayonnement infra-rouge qu'à deux fréquences. Il en déduit qu'elle se comporte comme "une vraie passoire au rayonnement". En outre, et c'est là le point le plus important, l'effet de serre produit à ces deux niveaux de fréquence est complètement saturé. Ainsi, d'après François Gervais, "à ces deux fréquences, au niveau de la mer, il suffit d'une couche d'air d'une dizaine de mètres de hauteur pour occulter le rayonnement terrestre". Cette affirmation est utilisée pour nier tout effet significatif du dioxyde de carbone. Si l'effet d'absorption par les molécules de CO2 est saturé, toute émission supplémentaire de ce gaz est sans effet.  En fait, il s'agit là d'observations élémentaires, qui n'ont rien de nouveau. C'est la transmission du rayonnement sur l'ensemble du spectre qui compte et non sa transmission aux deux fréquences d'absorption, Dans les fréquences voisines des deux fréquences d'absorption, il n'y a pas d'effet de saturation et c'est ce qui explique la variation logarithmique du forçage radiatif avec la concentration de CO2. Sur des questions aussi importantes, il importe de poursuivre les recherches et aussi d'éclairer l'opinion. La complexité des modèles incite à poser des questions. Toutefois, ce n'est pas en faisant preuve d'un parti-pris systématique et avec des raisonnements aussi simplistes, que l'on fera avancer le débat.

samedi 5 octobre 2013

Le boson et le chapeau mexicain / The boson and the mexican hat

The experimental discovery of the Higgs (or BEH) boson in july 2012, with the help of the CERN hadron collider, has been a landmark of last year. Englert and Higgs have just received the Nobel prize for their work concerning the BEH boson. This particle remained to be discovered for proving the validity of the "standard model". The BEH boson plays a central role in this model, as only the particles which interact with the BEH boson, acquire a mass. The book recently published (in French) by Gilles Cohen-Tannoudgi and Michel Spiro presents an overall picture of our knowledge. Both authors are highly competent. Still, their explanations of the BEH mechanism, linked with the fact that the auto-interaction potential of the field has the shape of a  Mexican hat, which can lead to a break of the symmetry remain difficult to follow for the non-specialist. It corresponds of course to the difficulty of translating in plain language the mathematical language of modern physics. Still, the challenge remains to overcome.

La découverte expérimentale du boson de Higgs (ou encore BEH, pour Brout, Englert et Higgs) en juillet 2012, grâce au grand collisioneur de hadrons du CERN, a marqué l'actualité scientifique récente. Englert et Higgs viennent d'être récompensés par le prix Nobel de physique pour leurs travaux sur le boson BEH. Cette particule, qui restait à découvrir pour compléter le "modèle standard", joue un rôle central, car seules les particules qui interagissent avec elle acquièrent une masse. L'ouvrage de Gilles Cohen-Tannoudji et Michel Spiro intitulé "Le boson et le chapeau mexicain" arrive donc au bon moment pour éclairer ceux qui veulent mieux comprendre le monde dans lequel ils habitent, sans être des spécialistes. Les deux auteurs, physiciens de renom,  sont prestigieux. Gilles Cohen-Tannoudgi avait publié en 1986 un remarquable ouvrage intitulé Matière-espace-temps.
Pourtant, après une belle introduction aux théories de la physique moderne, les explications fournies concernant le mécanisme BEH, selon lesquelles une particule circulant dans le champ BEH serait ralentie par ses interactions avec le champ BEH, comme dans une sorte de "mélasse quantique visqueuse" et ceci en vertu d'une brisure de symétrie du "potentiel d'auto-interaction du champ BEH en forme de chapeau mexicain" apparaissent relativement obscures. L'ouvrage illustre ainsi la difficulté de traduire en langage ordinaire le  langage mathématique de la physique actuelle. C'est là un défi qui reste à surmonter.

La Réinvention du monde / The World reinvention

The decisions which determine our future depend, often in an unconscious way,  upon our World vision. The present crisis corresponds to a large extent to a lack of a vision for the future. How to build such a vision, when the stakes and challenges have become planetary, while the mere idea of progress is more and more frequently questioned? These are some of the issues tackled in a book just published in the Futures Studies collection of the Editions de l'Harmattan ( for the time being in French),  entitled "The World Reinvention - Between Utopia and the Reality Principle". The main difficulty to overcome, discussed in the book, is the need  to conciliate the general interest and the preservation of common goods with a realistic approach. Different solutions and scenarios are presented. Most of the situations which have to be considered are complex and adopting a broad, open, multidisciplinary and intercultural approch appears as most important for entering into a new and uncertain age. 

Les décisions qui orientent notre avenir sont guidées, souvent sans même qu'on s'en rende compte, par une certaine vision du monde. La crise actuelle correspond, dans une large mesure, à une crise de la vision du monde et à une absence de vision d'avenir. Comment construire une vision d’avenir, à un moment où les enjeux et les défis sont devenus planétaires, alors que. le progrès scientifique et technique est de plus en plus fréquemment contesté ?  C'est l'objet de l'ouvrage "La réinvention du monde - Entre utopie et principe de réalité" qui vient d'être publié dans la collective Prospective de l'Harmattan.e
   Défendre une vision d’avenir, compatible avec l’intérêt général et la préservation des biens communs, se heurte à la contradiction entre un idéal, qui peut être jugé « utopique », et une démarche prise en fonction d’intérêts particuliers, au nom du « réalisme ». Cette contradiction ne peut être surmontée qu’en associant lucidité et valeurs éthiques, pour  « réinventer le monde ». Il ne sera possible de formuler un projet collectif, que si l’esprit de coopération l’emporte sur les antagonismes et les rivalités. L’auteur aborde différents scénarios alternatifs pour un tel projet: décroissance, développement durable, innovation technologique, société du savoir et de la création, mondialisation responsable, émergence de nouvelles valeurs, en se plaçant dans la perspective de l’histoire longue de l’humanité. Plutôt qu’essayer d’apporter des réponses immédiates aux questions complexes qui restent à résoudre, il met l’accent sur l’évolution des mentalités et les conditions à réunir pour aborder avec lucidité et ouverture d’esprit les situations nouvelles que nous réserve l’avenir.

samedi 28 septembre 2013

Désir d'infini / Longing for infinity

In his book "Désir d'infini" (Longing for infinity, not yet published in English), the astrophysicist Trinh Xuan Thuan brings together mathematical, philosophical and astronomical considerations. He shows how our perception of infinity and universe has evolved during history, until now. He explores the concept of  a "multiverse" gathering an infinite number of parallel universes. The major part of the universe appears filled with dark matter and dark energy, which remain invisible to us. Vacuum itself becomes full of energy and able to produce particles. The frontier between physics and metaphysics becomes blurred. Ideas such as "eternal return" or "another World" radically different from ours become plausible. During the ages, longing for infinity and eternity resulted from the need to transcend the human condition. Science brings now a renewed vision of the "reality" which surrounds us.

Dans son ouvrage "Désir d'infini", l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan mêle considérations mathématiques, philosophiques et astronomiques. Il montre comment notre perception de l'infini et de l'univers a évolué au cours des âges.Ceci le conduit à revisiter le concept d'univers parallèles et de "multivers", somme d'une infinité d'univers en parallèle. Ce concept démultiplie à l'infini le vertige que pouvaient susciter l'immensité de l'univers qui nous est directement accessible. Il ouvre des interrogations philosophiques et métaphysiques en incluant dans le champ scientifique des mondes qui ne sont pas directement observables. Par ailleurs la plus grande partie de l'univers apparaît occupée par une matière noire et une énergie sombre qui demeurent invisibles. Le vide acquiert des propriétés étranges, devient un "vide quantique vivant, effervescent, bouillonnant d'énergie".
La frontière entre physique et métaphysique s'estompe ainsi. Des idées telles que "l'éternel retour" ou la présence d'un autre monde radicalement différent du notre ne sont plus de simples mythes et deviennent plausibles. Le désir d'infini rejoint l'amour de l'éternité qui animait Nietzsche et notre besoin de transcender la condition humaine.

mardi 24 septembre 2013

Antifragile

Nassim Nicholas Taleb is well known for his book about "black swans", these events so rare, that they are completely ignored while they can reshape completely the whole landscape when they occur. In his last book "Antifragile. Things That Gain from Disorder", the author explains his strategy for limiting the risk, by introducing multiple options and favouring a pragmatic approach. His most fierce critics are delivered towards all those who want to rely upon theory rather than mere practice. He favours small structures able to change and adapt rapidly. His book is written in a very lively way and is very pleasant to read. Still, this thick book presents curious limitations: resilience and ecology are completely absent. The "chaos management" which seems favoured by the author has shown its limitations and China with its strong central power seems most successful. While the author presents in quite an interesting way his experience as a trader, he pretends that it can be applied everywhere, which seems doubtful. 

Nassim Nicholas Taleb s'était fait connaître avec son ouvrage sur les "cygnes noirs", ces événements qui restent ignorés jusqu'à ce qu'ils surviennent, en changeant une donne qui semblait acquise. Dans son dernier ouvrage "Antifragile: les bienfaits du désordre", l'auteur poursuit sa réflexion sur les risques imprévus et la manière de s'en prémunir. Considérant qu'il est impossible de prévoir des événements tels que les cygnes noirs, il préconise une stratégie pour se prémunir du risque en multipliant les options, en faisant preuve de pragmatisme, en diversifiant ses choix. Ses critiques les plus vives vont à ceux qui se prévalent de théories (typiquement les universitaires) plutôt que de regarder la réalité en face. Il se fait en même temps le chantre des petites structures fluides, capables d'évoluer et de s'adapter rapidement, et donc de bénéficier du désordre. Il déploie des talents de conteur et son livre se lit avec plaisir.

mardi 10 septembre 2013

BIoéconomie et biopolitique / Bioeconomy and Biopolitics

From the industrial to the postmodern era, the major poles of activity seem to have moved from matter and energy to life and information. Michel Foucault had introduced the concept of "biopolitics', as he considered that Society was exerting an increasing power on  the life of each individual. Despite a rapid development of biometrics, this idea seems questionnable at least in most democratic countries. Michael Hardt and Antonio Negri incorporate all the immaterial economy in the field of biopolitics by considering that it is a way to control the social life of each citizen. Still, such "biopolitics" remain far from life itself. The survival of the biosphere appears as the real challenge of our present century. In fact, our economy still requires matter and energy and that is the problem. Following the work done by N. Georgescu-Roegen, "bioeconomy" aims at reducing entropy generation.  But the challenge remains and will be very difficult to overcome.

En passant de l’ère moderne à l’ère postmoderne, nous aurions changé de paradigme. L’ère industrielle avait été marquée par la prédominance des pôles matière et énergie. Au cours de l’ère actuelle, souvent qualifiée de postmoderne, ce seraient  les pôles du vivant et de l’information qui seraient devenus prédominants. Le pouvoir serait ainsi devenu un « biopouvoir ». Michel Foucault à introduit la notion de «biopolitique» en considérant que le pouvoir de la Société s'exerce de plus en plus sur la vie de chacun. Si cela paraît vrai dans des pays où le pouvoir central est très fort comme en Chine, où il a pu imposer la politique de l'enfant unique, cela semble beaucoup moins le cas au sein des démocraties occidentales, dans lesquelles l'individualisme semble triompher et ceci en dépit d'un rapide progrès des méthodes biométriques.

vendredi 6 septembre 2013

L'énergie et notre avenir / Energy and our future

Energy supply at a moderate price represents an essential factor for the economic and social development during the coming years. The growth of the energy demand represents a major trend which corresponds to the growth of demography and the improvement of living standards. Energy transition will take time. Therefore the impact of energy consumption upon the environment and the climate will be quite heavy. Whatever the scenario which is considered, it seems unlikely now to remain within the 2°C limit for the increase of the mean temperature, xhich is considered as the present goal. The coming years will be critical and a major collapse of biodiversity and human population cannot be excluded. In the longer term, the energy transition might lead to two different types of evolution. If the world energy consumption keeps growing, it seems difficult to avoid a large depolyment of nuclear energy. If  energy supply is ensued by renewable energy sources, it will be probably necessary to accept a strong reduction of the world energy consumption, as biomass, solar and wind energy which are diffuse, require too much land surface area for supply large amounts of energy to more than 9 billion people. The economic and social consequences will be very large and still difficult to predict.

La fourniture d'énergie accessible à un prix modéré représente un facteur essentiel du développement économique et social dans les années à venir. Il est certes difficile de prévoir la transformation de la société dans les années à venir, mais la croissance de la demande d'énergie, qui correspond à une croissance de la démographie et à une amélioration permanente du niveau de vie moyen, représente une tendance lourde, à laquelle il sera difficile d'échapper. Par ailleurs, la transition énergétique à l'échelle mondiale sera inévitablement relativement longue.  Dans ces conditions, la fourniture d'énergie étant assurée actuellement à 80% par des énergies fossiles, l'impact de la consommation d'énergie sur l'environnement et le climat risque d'être très marqué.  En fait, quel que soit le scénario considéré, il apparaît d'ores et déjà quasiment exclu de pouvoir en rester à la limite des 2°C d'élévation de la température, qui correspondent au scénario le plus favorable du GIEC et qui a été adoptée comme objectif par l'Union Européenne. Le monde va donc passer nécessairement par une phase critique, qui va avoir des conséquences très préoccupante pour l'environnement, à une échelle qui reste inconnue. Un effondrement brutal de la biodiversité et du niveau de la population n'est pas exclu.

dimanche 1 septembre 2013

Au delà du développement durable / Beyond sustainable development

The present crisis is, in the first instance, a crisis of our World vision. The present system of representation, which places competition and profit at the center of the economy, has lead to the crisis of the cognitive capitalism which was supposed to represent the "new economy" and to the degradation of the environment. The concept of "sustainable development", proposed already more than 25 years ago in the Brundtland report has brought a real progress , but its impact has remained limited as it contradicts the basic principles of the present globalized economy. Therefore, it has produced some results at the local level, but has not been able to bring any solution to the major challenges of the planet, such as the rarefaction of natural resources, the growing scarcity of water, land, raw materials and the global warming. Only a new World vision will be able to change such a situation and provide appropriate answers. New values, accepted by all the human community, at a worldscale level, have to emerge, requiring an open and deep intercultural dialogue.

La crise actuelle peut être analysée comme étant d'abord une crise de la vision du monde. Le système de représentation actuel consistant à placer la compétition et le profit comme moteurs exclusifs de la mondialisation a abouti d'une part à la crise du capitalisme cognitif et financier qui était censé constituer la "nouvelle économie" et d'autre part à une dégradation de plus en plus préoccupante de l'environnement.
Le concept de  développement durable a été présenté il y a déjà plus de 25 ans dans le rapport Brundtland. Il a représenté un progrès réel, mais se trouve en contradiction avec les principes qui régissent le fonctionnement de la mondialisation. Dans ces conditions, il a permis certains progrès à une échelle locale, mais n'a pas permis d'apporter aux grands défis actuels que représentent les risques de pénurie d'eau, de ressources alimentaires, de matières premières ainsi que le réchauffement climatique, auquel la communauté internationale a été incapable d'apporter une parade. Seule une nouvelle vision du monde et la prise en compte de nouvelles valeurs peut donc à l'avenir permettre de préserver les biens communs que constituent l'eau, l'atmosphère, la terre et la biosphère. Pour que des valeurs authentiques puissent émerger, en étant acceptée par l'ensemble de la communauté humaine, il est nécessaire de pratiquer un dialogue interculturel ouvert et approfondi.

samedi 31 août 2013

L'économie du Bien commun / The Economy for the Common Good


The Forum "Imagine the Commun Good" was recently held in Paris. During the Forum, one of the central issues was related to the possibility of setting the Common good at the center of the economy. It requires a new logic referring to ethics and not only to competition and profit. Some of the potential tools for creating a "sharing economy" were also discussed.
A major question is to know how to proceed for reaching such a goal. Simple personal initiatives, although useful, are probably not sufficient for achieving this result within the present system. An etatic regulation is difficult to put in place within a democratic country and may lead to dictatorship if imposed to the majority.
Therefore, Common good can remain only an orientation which can be implemented at all levels, personnal or collective, without any dogma but by spreading the conviction that the survival of our society depends upon the will to implement such a program.

Un forum international consacré au Bien commun s'est tenu du 25 au 28 août à Paris. Au cours de ce forum, différents intervenants ont évoqué la façon de placer le Bien commun au centre de l'économie. Pour y parvenir il est nécessaire de sortir de la logique actuelle de compétition et de profit, en introduisant des principes éthiques dans la conduite de l'économie. Il est nécessaire d'autre part de mettre en place des moyens pour parvenir à une "économie de partage".
Toute la question est bien sûr de savoir comment y parvenir. Il est peu probable que la simple initiative personnelle puisse suffire dans le cadre du système actuel. Si l'on accepte la nature humaine telle qu'elle est, il est peu vraisemblable qu'elle se transforme du jour au lendemain, en se tournant vers l'intérêt général et en acceptant de le faire prévaloir sur les intérêts individuels. Un dispositif de régulation étatique peut être difficile à mettre en place dans un cadre démocratique et s'il est imposé par le pouvoir, il risque fort de mener à une dictature, avec toutes les dérives possibles qui en découlent.
Dans ces conditions, le Bien Commun doit rester une orientation, même si le but en lui même (une économie fondée sur le Bien Commun) paraît pour le moment inatteignable.  Les moyens pour mettre en oeuvre une économie du Bien commun doivent être pensés à tous les niveaux: individuel, associatif, entrepreneurial et gouvernemental, en se gardant de tout dogmatisme, mais en restant fidèle à une orientation qui conditionne la survie de la société..

jeudi 22 août 2013

From a solid to a gaseous society / De la société solide à la société gazeuse

Zygmunt Bauman has described the present society as "liquid", ever more flexible and  insecure, expressing his nostalgia for the more stable societies of the past. It is possible to develop this metaphor, considering that society can undergo through various states, from "solid" to "gaseous". If the constraints are very strong, the society becomes freezed and solid, as USSR before its fall. At the opposite, in the case of a complete deregulation, it becomes more and more volatile. The "gaseous" society tends to break down, beacause it has lost all the cohesion forces, as it happened in 2008, due to the excess of deregulation introduced by the neoliberal ideology. Therefore some compromise is needed between these two extremes. By refining this metaphor, some composite structure seems required, with solid bones for ensuring enough stability, soft matter, able to move without breaking, and some liquid and even gas circulation for irrigating the social organisation. 

 Zygmunt Bauman avait évoqué une société "liquide", en constatant que la cohésion sociale s'était amoindrie et que la société évoluait vers toujours plus de flexibilité et de précarité. Il exprimait ainsi la nostalgie des sociétés plus stables du passé. Poursuivant cette métaphore, on peut parler de société "solide" et "gazeuse". Si les contraintes imposées sont trop nombreuses et si l’organisation de la société est trop rigide, le système économique et social devient incapable de changer et donc de s’adapter. La société est alors figée et "solide", en devenant incapable de se transformer. Dans le passé, c'est ce qui est arrivé à l'empire chinois. Plus récemment, ce fut le cas de l'URSS. L'organisation sociale court alors le risque de s’effondrer brusquement, comme ce fut le cas de l’URSS en 1991. La tentative de réforme opérée par Gorbatchev, intervenue trop tard, contribua à précipiter la chute. A l'inverse, dans un système totalement dérégulé, les individus tendent à agir dans le sens de leur unique intérêt et le système devient de plus en plus "volatil". La société devient "gazeuse", en l'absence de toute cohésion. Soumise à de fortes turbulences, elle peut tendre rapidement vers un  fonctionnement chaotique. C’est la situation qu'a connu le système néolibéral, caractérisée par une très grande volatilité des cours boursiers ainsi que par une succession de bulles et de crises. Ce comportement s'est traduit par la crise de 2008. 

mercredi 21 août 2013

A qui appartient l'avenir? / Who owns the future

In his book "Who owns the future", Jaron Lanier criticizes the way the digital economy has grown. He considers as unfair the disymetric link which has been established between the companies controling the social networks and the participants. As a pionner of "virtual reality", Jaron Lanier knows well the situation he describes. He helps to deconstruct some of the illusions surrounding the "immaterial ecnomy". He shows that if no adequate measures are decided, it might play quite a negative role, by increasing unemployement and social inequalities.In the present society "information" tends to play the same role as "capital" in the indusrial society. Those who detain the information can derive profit by exploiting the work done by others.
The analysis presented in the book is not quite complete. The ralationship netween finance and the digital economy is only briefly mentioned whreas its economic impact seems much bigger than the impact of social networks. Still the book is quite stimulating and might help to improve our views concerning the way the digital economy should evolve.

Dans son ouvrage "Who owns the future", Jaron Lanier critique la façon dont l'économie numérique s'est développée et en particulier la relation dissymétrique que les compagnies gérant les réseaux sociaux entretiennent avec leurs participants. L'ouvrage de Jaron Lanier est intéressant à de multiples égards. D'abord, parce que l'auteur connait bien le milieu dont il parle, ayant été l'un des pionniers de la "réalité virtuelle". Ensuite, parce qu'il peut aider à se dégager de quelques illusions concernant les vertus de 'l'économie immatérielle". Il montre en effet que si l'on n'y prend pas garde, elle pourrait conduire à un chômage massif , à des inégalités croissantes et à une progressive disparition des classes moyennes.

mardi 20 août 2013

Les réseaux intelligents et la pensée magique / Smart grids and magical thinking


Smart grids are very trendy nowadays as they seem to enable the building up of a new kind of energy Internet. They are supposed to bring a solution to a difficult problem: how to deal with the intermittent production of electricity by renewable sources? What to do when there is no wind, and how to provide electricity at peak load , in the evening or early morning, when the sun shines only during the day? A technical solution requires a back-up, either by fossil-fuel power plants or storage units. But, presently, electricity storage is not economically affordable and back-up by fossil fuels is not very attractive. Therefore, "smart grids' are presented as the solution to the problem  There is no doubt that in the area of electricity transportation, as in any other area, numerical technologies have an important role to play for the automation and on-line optimization of the grid. Still, no intelligent grid can provide energy from nowhere, and smart grids cannot compensate an unbalance between supply and demand, except by cutting the supply to some selected users when the demand exceeds the available power. At least refering to "smart grids" is a good way to avoid providing any other answer. 'Smart" is the magic word which can be put forward in any circumstance. It can help also to justify overcosts and large investments, as "intelligence" is always expensive!

Le thème des "réseaux intelligents" est un exemple intéressant de la façon dont la pensée magique peut se déployer en apportant de fausses solutions à des problèmes réels. Au départ, il s'agit de répondre à un problème difficile. Comment compenser l'intermittence des sources d'énergie renouvelable? Comment faire lorsque les éoliennes ne produisent pas d'électricité, parce qu'il n'y a pas de vent et qu'il faut assurer une pointe de demande? Comment fournir de l'électricité le soir ou de bon matin, lorsque le rayonnement solaire ne peut fournir d'électricité que durant la journée? La solution technique au problème consiste à mettre en route des centrales fonctionnant avec des combustibles fossiles ou éventuellement mettre en oeuvre des systèmes de stockage d'énergie. Les systèmes de stockage d'énergie sont actuellement jugés comme étant beaucoup trop coûteux et assurer le back-up par du combustible fossile est une solution jugée "non présentable". C'est la raison pour laquelle, on préfère dire que le problème sera réglé par des "réseaux intelligents". Comme toutes les technologies, le transport de l'électricité bénéficie des technologies numériques, qui permettent d'assurer son automatisation et même l'optimisation des conditions de fonctionnement en temps réel. Par contre elles ne permettent pas de créer de l'énergie venant de nulle part. Quelle que soit "l'intelligence" d'un réseau, on ne voit pas comment il peut résoudre le problème d'un déséquilibre entre l'offre et la demande, autrement qu'en faisant appel à des sources d'énergie modulables (c'est à dire fossiles) ou à des stockages, qui ne peuvent se développer dans les conditions économiques actuelles. Au mieux, le réseau intelligent peut imposer des délestages à des clients jugés non prioritaires pour "effacer" une pointe de demande.  
Mais de cette façon, il existe une réponse toute prête à la question de savoir comment gérer l'intermittence: on fera appel aux réseaux intelligents.  Expliquer comment y parvenir est sans doute trop compliqué pour être expliqué autrement que par un vague schéma. "Intelligent" est le terme magique, qui permet de ne pas répondre aux questions.

lundi 19 août 2013

Les transports du futur / Future transportation

    
During many years, transportation means seemed to evolve only slowly through an incremental progress.: cars driven by internal combustion engines, planes by turboreactors, ships equiped with diesel groups. Now many new ideas seem to emerge and evolve rapidly. Three main groups of innovations can be considered:
- Fully automated vehicles: cars, ships, but also planes, which will not need any pilot (PPlane concept).
- New propulsion systems: hydrid propulsion for cars, ships but also for planes, making possible during the descent to recover a part of the energy required for the ascent, hydrogen as a fuel for casr, but also and probably more promising for ships and planes, electric vehicles, with inductive transmission during motion, along "an electric road".
- New sustentation systems and ultra-high speed transportation: vactrain transported at 2500 mph in a vacuum tunnel, hypersonic planes, morphic surfaces, tropospheric solar zeppelin, suspended vehicles (cable or rail) in urban areas, adjustable slidewalks.
All ideas will not succeed. Still, this come back of imagination and talent demonstrates that we are entering into a world of intelligence and creation, which will open a whole array of very diverse options, from new ways of walking to hypersonic transportation 

Depuis des dizaines d'années, les principaux moyens de transport semblaient figés: automobiles et moteurs à combustion interne, avions propulsés par turboréacteurs, paquebots équipés de groupes diesel. .
Actuellement, le paysage paraît changer: de nouvelles solutions, qui n'auraient pas été imaginées, il y a seulement quelques années apparaissent et se développent rapidement. Ces innovations concernent l'ensemble des transports air, terre et mer. Elles sont trop nombreuses pour être récapitulées en quelques lignes, mais peuvent être classées en trois grandes catégories:

mercredi 7 août 2013

Energie perpétuelle gratuite (libre) / Perpetual free Energy


The idea of a perpetual free Energy encounters a wide interest, as shown by the numerous articles and videos which can be found on the Web, describing machines able to display an efficiency "higher than 100%". It is specially popular among all the adepts of New Age movements. This is a good exemple of a new kind of magic thinking, and of a regression of reason. The adepts mention numerous experiments "proving" the existence of such a free energy. The beauty of science lies in the fact that it is not necessary to ananalyze the detailed mechanism of such machines, for knowing  that they cannot work. Admitting that they do work would mean that Science as a whole is wrong. Perhaps in the future, some new source of energy will be found, but then it will require a new kind of science. High level scientists would be eager to find it out. But this time has not come yet.

L'idée d'une "énergie perpétuelle gratuite (ou libre)", qu'il suffirait de prélever sur l'espace environnant, rencontre un vif succès, notamment auprès de tous les adeptes du New Age ou d'une pensée alternative.  Tesla en avait rêve, mais sans jamais en établir l'existence. A son époque, l'existence de l'éther était encore admise. Elle représente un bel exemple de régression de la pensée et de l'irruption d'une pensée magique dans le monde contemporain. La conviction dont font preuve ses adeptes est dangereuse, car elle ne laisse pas de place au dialogue. Ceux qui n'admettent pas le concept sont des complices des compagnies pétrolières, qui empêchent l'énergie libre d'être adoptée par tous, en ruinant leurs activités. L'un des principaux instigateurs du concept d'énergie libre a pu bénéficier du soutien d'Adolf Hitler qui avait donné l'ordre de lui fournir toute l'aide possible.