

Dans un ouvrage récent l'universitaire chinois Guogang Wu analyse toutes les raisons qui expliquent cette divergence croissante entre globalisation et démocratie. Guogang Wu enseigne à présent à l'Université de Victoria au Canada. Son analyse présente l'intérêt de tenir compte à la fois la perspective chinoise et la perspective occidentale.
Selon Guogang Wu, l'antagonisme entre la démocratie et la globalisation tient au fait que les institutions démocratiques se sont développées dans le cadre des nations et restent enfermées dans ce cadre, tandis que les compagnies internationales se déploient librement sur un Marché international, qui reste régi par "la loi de la jungle". Cette situation a conduit les Etats à faire alliance avec les sociétés internationales pour projeter leur puissance à l'extérieur et renforcer leur puissance économique. Dès lors, leurs institutions sont de moins en moins conçues en fonction de la justice sociale ou de l'intérêt général, mais de plus en plus en fonctions des multinationales dont les actions sont les plus conformes à leurs intérêts. Dans une démocratie représentative, si les représentants élus sont soumis au pouvoir économique des grandes institutions financières et des compagnies internationales, la démocratie devient purement formelle, car les choix effectués par le pouvoir politique ne reflètent plus les aspirations des citoyens.
Dans cette perspective, l'Etat est de plus en plus conçu comme une entreprise. Son mode de gestion est régi par une "gouvernance" qui n'a rien de démocratique, les citoyens n'étant plus les inspirateurs de la politique suivie, mais de simples exécutants.
Dans un tel contexte, l'économie devient le critère principal de succès et l'Etat qui réussit le mieux est celui qui donne la priorité aux intérêts économiques aux dépens de tous les autres critères, sociaux ou environnementaux. Un Etat autoritaire est mieux placé pour défendre ses intérêts vis à vis des multinationales qu'un Etat démocratique. De même, les compagnies privées disposent de meilleurs atouts pour réussir, lorsqu'elles sont placées sous l'égide d'un Etat capable d'éliminer une grande partie des obstacles qu'elles rencontrent en termes de concurrence internationale, mais aussi dans le domaine social ou environnemental. Un pays régi par un pouvoir central puissant mais non démocratique comme celui de la Chine semble mieux à même de remplir de tels objectifs que les pays les plus démocratiques . Cette situation peut expliquer les succès emportés par la Chine dans le cadre de la globalisation.
La question de l'avenir se pose avec acuité. Faut-il renoncer à la démocratie au nom de l'efficacité? Ce serait extrêmement dangereux car les tensions sociales et les conflits entre nations qui en résulteraient pourraient conduire à la destruction totale de toute forme de civilisation. Il paraît en même temps difficilement concevable de tourner le dos à la globalisation. La meilleure option serait sans doute de l'aménager par étapes. Au contraire, la pire des solutions serait de se lancer dans une fuite en avant vers toujours plus de globalisation dérégulée, car ce serait courir le risque d'une perte irrémédiable de la démocratie.
Selon Guogang Wu, l'antagonisme entre la démocratie et la globalisation tient au fait que les institutions démocratiques se sont développées dans le cadre des nations et restent enfermées dans ce cadre, tandis que les compagnies internationales se déploient librement sur un Marché international, qui reste régi par "la loi de la jungle". Cette situation a conduit les Etats à faire alliance avec les sociétés internationales pour projeter leur puissance à l'extérieur et renforcer leur puissance économique. Dès lors, leurs institutions sont de moins en moins conçues en fonction de la justice sociale ou de l'intérêt général, mais de plus en plus en fonctions des multinationales dont les actions sont les plus conformes à leurs intérêts. Dans une démocratie représentative, si les représentants élus sont soumis au pouvoir économique des grandes institutions financières et des compagnies internationales, la démocratie devient purement formelle, car les choix effectués par le pouvoir politique ne reflètent plus les aspirations des citoyens.
Dans cette perspective, l'Etat est de plus en plus conçu comme une entreprise. Son mode de gestion est régi par une "gouvernance" qui n'a rien de démocratique, les citoyens n'étant plus les inspirateurs de la politique suivie, mais de simples exécutants.
Dans un tel contexte, l'économie devient le critère principal de succès et l'Etat qui réussit le mieux est celui qui donne la priorité aux intérêts économiques aux dépens de tous les autres critères, sociaux ou environnementaux. Un Etat autoritaire est mieux placé pour défendre ses intérêts vis à vis des multinationales qu'un Etat démocratique. De même, les compagnies privées disposent de meilleurs atouts pour réussir, lorsqu'elles sont placées sous l'égide d'un Etat capable d'éliminer une grande partie des obstacles qu'elles rencontrent en termes de concurrence internationale, mais aussi dans le domaine social ou environnemental. Un pays régi par un pouvoir central puissant mais non démocratique comme celui de la Chine semble mieux à même de remplir de tels objectifs que les pays les plus démocratiques . Cette situation peut expliquer les succès emportés par la Chine dans le cadre de la globalisation.
La question de l'avenir se pose avec acuité. Faut-il renoncer à la démocratie au nom de l'efficacité? Ce serait extrêmement dangereux car les tensions sociales et les conflits entre nations qui en résulteraient pourraient conduire à la destruction totale de toute forme de civilisation. Il paraît en même temps difficilement concevable de tourner le dos à la globalisation. La meilleure option serait sans doute de l'aménager par étapes. Au contraire, la pire des solutions serait de se lancer dans une fuite en avant vers toujours plus de globalisation dérégulée, car ce serait courir le risque d'une perte irrémédiable de la démocratie.