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mardi 2 octobre 2018

Effondrement et globalisation / Collapse and globalization


Collapsology attracts many followers, who, far from being sorry for such a perspective, see it as a justification for the establishment of alternative lifestyles. Frugality and voluntary simplicity are in the right case, but it remains to convince a majority of citizens to go in this direction. Political representatives, even when defending ecology, do not always set an example. It is surprising, however, that the obvious link between the risk of collapse and the neoliberal globalization has not been better analyzed. Globalization, which followed the end of the cold war, resulted from the conjunction of globalization and neoliberal ideology. By ensuring near instantaneous flows of information and financial flows from one end of the world to the other, digital technologies have enabled its implementation. Globalization, organized according to the rules of neoliberal governance, has entrusted all arbitrations to the market, considering profit as the exclusive engine of the economy. It has led to the current flat world, open to all commercial and financial movements. Whereas classical liberalism still referred to a humanist principle of reciprocity, neoliberalism is placed in a world of competition, governed solely by the balance of power. As a result, the major issues that concern the environment, global warming, the collapse of biodiversity and the pollution of water and air, even if they are better perceived, are still unresolved. Globalization is constantly seeking to produce massively by implementing economic, social and environmental dumping, seeking lowest wades and minimum environmental constraints. There is therefore a fundamental contradiction between this logic and the principles of sustainable development. In addition, the main argument in favor of globalization, which is to produce at lower cost, leads to the overconsumption of resources that we would like to avoid. Indeed, all the conditions are there to mistreat the Earth and extract the maximum of resources at the lowest cost. Other powerful factors related to globalization are in the direction of a collapse. The financial structure is particularly weak: derivatives, high frequency trading are some of the techniques that reduce the stability of the building. When you can instantly move billions of dollars across the globe, the risk of a crisis becomes significant. Growing inequality also increases the risk of collapse. If the richest 1% can lead a most expensive lifestyle, how can one hope that the good people agree to tighten their belts, adopt the decay and happy sobriety. Some believers will accept, who can only remain a minority. Faced with these realities, the "green growth technologies" pale. Therefore, if nothing changes, this flat world will surely collapse. Cracks are already felt, which suggest that the course of things is perhaps changing, provided of course that a war of great amplitude does not bury all hopes.



La collapsologie attire de nombreux adeptes, qui, loin de se désoler d'une telle perspective, y voient une justification pour la mise en place de modes de vie alternatifs. La sobriété, la réduction de la consommation de ressources, la simplicité volontaire vont dans le bon cas, mais il reste à convaincre une majorité de citoyens d'aller dans ce sens. Les représentants politiques, même lorsqu'ils défendent l'écologie, ne donnent pas toujours l'exemple. Il est surprenant par contre que lien pourtant évident entre le risque d'effondrement et la globalisation néolibérale n'ait pas été mieux analysé.  
   La globalisation, qui a suivi la fin de la guerre froide, a résulté de la conjonction de la mondialisation et de l’idéologie néolibérale. En assurant une quasi-instantanéité des flux d’informations et des flux financiers d’un bout à l’autre de la planète, les technologies numériques ont permis sa mise en œuvre. La globalisation, organisée selon les règles de la gouvernance néolibérale, a confié tous les arbitrages au Marché, en considérant le profit comme le moteur exclusif de l’économie. Elle a conduit au monde plat actuel, ouvert à tous les mouvements commerciaux et financiers. Alors que le libéralisme classique se référait encore à un principe humaniste de réciprocité, le néolibéralisme se place dans un univers de compétition, régi par les seuls rapports de force. De ce fait, les grandes questions qui concernent l’environnement, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’eau et de l’air, même si elles sont mieux perçues, ne sont toujours pas résolues.  
   La globalisation cherche constamment à produire massivement là où sont réunies les conditions du moins-disant économique, social et environnemental. Il y a donc une contradiction fondamentale entre cette logique et les principes d'un développement qui serait durable. En outre, le principal argument en faveur de la globalisation, qui est de produire à moindre coût, conduit préciser à la surconsommation de ressources que l'on voudrait éviter. En effet toutes les conditions sont réunies pour maltraiter la Terre et en arracher un maximum de ressources au moindre coût. D'autres puissants facteurs liés à la globalisation vont dans le sens d'un effondrement. La structure financière est particulièrement peu résiliente: les produits dérivés, le trading à haute fréquence font partie des techniques qui réduisent la stabilité de l'édifice. Lorsqu'il est possible de déplacer instantanément des milliards de dollars d'un bout à l'autre de la planète, les risques de crise deviennent considérables.
   La croissance des inégalités accentue également les risques d'effondrement. Si le 1% le plus riche peut mener un train de vie dispendieux, comment espérer que le bon peuple accepte de se serrer la ceinture, adopte la décroissance et la sobriété heureuse. Certains convaincus, qui ne peuvent rester qu'une minorité. Face à ces réalités, les "technologies de la croissance verte" font pâle figure.
   Si le monde plat perdure, nous allons sûrement vers l'effondrement. Des craquements se font sentir toutefois, qui font penser que le cours des choses va peut-être se modifier dans l'avenir, à condition bien sûr qu'une guerre de grande amplitude n'enterre tous les espoirs.

jeudi 7 juin 2018

Globalisation et écologie / Globalization and ecology



Globalization, which has been put in place, has resulted from the conjunction of globalization and neoliberal ideology. By ensuring near instantaneous flows of information and financial flows from one end of the world to the other, digital technologies have enabled its implementation. Globalization, organized according to the rules of neoliberal governance, has entrusted all arbitrations to the market, considering profit as the exclusive engine of the economy. It has led to the current flat world, open to all commercial and financial movements. Whereas classical liberalism still referred to a humanist principle of reciprocity, neoliberalism is placed in a world of competition, governed solely by the balance of power. This competition favors systematically the least saying on the social level and environment. Giant factories are set up in places where the protection of workers and the preservation of the environment are least assured. It leads to maximizing the exploitation of natural resources, such as fossil energy resources or raw materials, despite the resulting impact on the environment. The resulting lowering of costs is often put forward as an advantage of globalization, but it has led to overexploitation of raw materials and in particular materials whose availability is limited such as platinum, cobalt and rare earths. As a result, the major issues that concern the environment, global warming, the collapse of biodiversity and the pollution of water and air, even if they are better perceived, are still unresolved. The solutions that seemed to prevail ten years ago, especially to fight against global warming, are still not implemented, because they face the logic of globalization today. A return to the local could undermine growth but would better preserve the environment as well as local economies, especially those based on food crops in developing countries. The commons are also better defended at a local level than at a global level. Small countries are better at protecting their environment and social environment than larger ones. Therefore the current cracks of the flat world, whether in the United States or in Europe, despite their chaotic nature and the risks they entail, could be heralding the end of the flat world and a return, at least partial to the local, which would probably be good news for the environment and social balance.

La globalisation, qui a été mise en place, a résulté de la conjonction de la mondialisation et de l’idéologienéolibérale. En assurant une quasi-instantanéité des flux d’informations et des flux financiers d’un bout à l’autre de la planète, les technologies numériques ont permis sa mise en œuvre. La globalisation, organisée selon les règles de la gouvernance néolibérale, a confié tous les arbitrages au Marché, en considérant le profit comme le moteur exclusif de l’économie. Elle a conduit au monde plat actuel, ouvert à tous les mouvements commerciaux et financiers. Alors que le libéralisme classique se référait encore à un principe humaniste de réciprocité, le néolibéralisme se place dans un univers de compétition, régi par les seuls rapports de force. Cette compétition favorise systématiquement le moins disant sur le plan social et environnement. Des usines géantes sont installées dans des lieux où la protection des travailleurs ainsi que la préservation de l'environnement sont le moins bien assurées. Elle conduit à maximiser l'exploitation des ressources naturelles, telles que les ressources d'énergie fossile ou de matières premières en dépit de l'impact qui en résulte sur l'environnement. L'abaissement des coûts qui en résulte est souvent mis en avant comme un avantage de la globalisation, mais il a conduit à une surexploitation des matières premières et notamment de matériaux dont les disponibilités sont limitées telles que platine, cobalt et terres rares.
De ce fait, les grandes questions qui concernent l’environnement, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’eau et de l’air, même si elles sont mieux perçues, ne sont toujours pas résolues. Les solutions qui paraissaient s’imposer, il y a déjà dix ans, notamment pour lutter contre le réchauffement climatique, ne sont toujours pas mises en œuvre, car elles se heurtent à la logique de la globalisation actuelle.
Un retour au local pourrait mettre à mal la croissance mais permettrait de mieux préserver l'environnement ainsi que des économies locales, notamment celles qui sont basées sur des cultures vivrières dans les pays en développement. Les biens communs sont également mieux défendus à un niveau local qu'à un niveau global. Les petits pays préservent mieux leur environnement et leur milieu social que les grands.
Dès lors les craquements actuels du monde plat, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, en dépit de leur caractère chaotique et des risques qu'ils comportent, pourraient être annonciateurs de la fin de ce monde plat et d'un retour, au moins partiel au local, ce qui serait sans doute une bonne nouvelle pour l'environnement et l'équilibre social.

vendredi 18 mai 2018

La fin du monde plat / the end of the flat world


Globalization, organized according to the rules of neoliberal governance, has entrusted all arbitrations to the market, considering profit as the exclusive engine of the economy. It has led to the current flat world, open to all commercial and financial movements. Whereas classical liberalism still referred to a humanist principle of reciprocity, neoliberalism is placed in a world of competition, governed solely by the balance of power. As a result, the major issues that concern the environment, global warming, the collapse of biodiversity and the pollution of water and air, even if they are better perceived, are still unresolved. The horizon of sustainable development, which seemed to provide an early answer to these questions, is clouded by clouds of oppressive international tensions. Military interventions and terrorist acts are relentlessly linked. The idea that the world could flare up again is insistent. Massive migrations are no longer a mere fiction, but a tragic reality. At the end of the nineteenth century, the English author Edwin A. Abbott had imagined a flat, two-dimensional, Flatland world populated by polygons. In such a world, any closed figure imposes insurmountable limits. The arrival of a sphere is experienced as a supernatural event. The flatland world is a metaphor for ours. We are locked in the flat world of globalization, presented as a form of outcome, with no alternative. Subjected to the imperatives of globalization, standardized and deprived of transcendence, this flat world, totally open to international trade and to indefinitely repeated standards, is destructive of the environment and cultures inherited from the past. Due to the capture of the whole social domain by the economy, internal values ​​no longer find their place. Their loss is likely to cause an irreversible decline to which the western world is already exposed. Beyond the economic and financial crisis, the impossibility of transgressing the laws of the market, as well as the abandonment of any foundation other than economic calculation, have led to a crisis of meaning, which affects a large part of the current globalized world. . The reign of consumerism discredits the moral superiority of which the West prides itself. The general feeling of disenchantment is reflected in a lack of a vision for the future, all the more worrying as humanity faces considerable challenges: environmental degradation, growing inequalities, technological risks, weapons of mass destruction. According to the historian Arnold Toynbee, the disintegration of civilizations is associated with a spiritual rupture, a schism of the soul, which induces a general feeling of uneasiness. Society loses confidence in its leaders, who try to retain their power by force. Centrifugal tendencies lead to the dislocation of institutions. If the current crisis is such a diagnosis, it could prove fatal to the model of civilization that is currently ours. From now on, the flat world of globalization presents signs of impending rupture. Since the financial crisis of 2008, it has suffered multiple traumas and the gaps that appear tend to widen. Brexit in Europe, the election of Donald Trump in the United States, the desire for independence of the BRICS, are among the symptoms of the growing rejection of globalization, as it was conceived in the 1990s. In Italy, the government agreement bringing together the Northern League and the five-star movement is the most recent symptom of the ongoing disintegration of the flat world, particularly affecting the European Union which has been built according to this model. The end of the flat world thus seems inevitable, even if fixing the term remains hazardous. Such a diagnosis raises the question of the alternative system capable of replacing it. A world will die, but what world will be born?
Different scenarios can be envisaged. In the face of an irretrievable decline, the current system could evolve into an authoritarian regime, limiting freedoms and reinforcing inequalities. In all likelihood, the rise of violence accompanying such an outcome would then lead the world to a major conflict, even the Nuclear Apocalypse. This would, no doubt, be the end of the civilization we know now. Mankind would take a long time to recover, if it ever succeeds. Other, more optimistic scenarios can be considered. They imply a profound change of habits and mentalities. For the moment, despite all the good wills deployed and the many initiatives underway, we still do not see the light at the end of the tunnel.

La globalisation, organisée selon les règles de la gouvernance néolibérale, a confié tous les arbitrages au Marché, en considérant le profit comme le moteur exclusif de l’économie. Elle a conduit au monde plat actuel, ouvert à tous les mouvements commerciaux et financiers. Alors que le libéralisme classique se référait encore à un principe humaniste de réciprocité, le néolibéralisme se place dans un univers de compétition, régi par les seuls rapports de force. De ce fait, les grandes questions qui concernent l’environnement, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’eau et de l’air, même si elles sont mieux perçues, ne sont toujours pas résolues. L’horizon du développement durable, qui semblait apporter un début de réponse à ces questions, est obscurci par les nuages de tensions internationales oppressantes. Les interventions militaires et les actes terroristes s’enchaînent sans répit. L’idée que le monde pourrait s’embraser à nouveau revient avec insistance. Les migrations massives ne sont plus une simple fiction, mais deviennent une tragique réalité. À la fin du XIXe siècle, l’auteur anglais Edwin A. Abbott avait imaginé un monde plat à deux dimensions, Flatland, peuplé de polygones. Dans un tel monde, n’importe quelle figure fermée impose des limites infranchissables. L’arrivée d’une sphère est vécue comme un événement surnaturel. Le monde de flatland est une métaphore du nôtre. Nous sommes enfermés dans le monde plat de la globalisation, présenté comme une forme d’aboutissement, sans alternative possible. Soumis aux impératifs de la mondialisation, uniformisé et privé de transcendance, ce monde plat, totalement ouvert au commerce international et à des standards indéfiniment répétés, est destructeur de l’environnement et des cultures héritées du passé. Du fait de l’accaparement de l’ensemble du domaine social par l’économie, les valeurs intérieures ne trouvent plus leur place. Leur perte risque de provoquer un déclin irréversible auquel le monde occidental est d’ores et déjà exposé.
Au-delà de la crise économique et financière, l’impossibilité de transgresser les lois du Marché, ainsi que l’abandon de tout fondement autre que le calcul économique, ont entraîné une crise du sens, qui affecte une large partie du monde globalisé actuel. Le règne du consumérisme décrédibilise la supériorité morale dont se targue l’Occident. Le sentiment général de désenchantement se traduit par une absence de vision d’avenir, d’autant plus préoccupante que l’humanité est confrontée à des défis considérables : dégradation de l’environnement, inégalités croissantes, risques technologiques, armes de destruction massive. Selon l’historien Arnold Toynbee, la désagrégation des civilisations est associée à une rupture spirituelle, un schisme de l’âme, qui induit un sentiment général de malaise[3]. La société perd confiance dans ses dirigeants, qui tentent de conserver leur pouvoir par la force. Les tendances centrifuges entraînent la dislocation des institutions. Si la crise actuelle relève d’un tel diagnostic, elle pourrait s’avérer fatale au modèle de civilisation qui est actuellement le nôtre. Dès à présent, le monde plat de la globalisation présente des signes de rupture imminente. Depuis la crise financière de 2008, il a subi de multiples traumatismes et les brèches qui apparaissent tendent à s’élargir. Le Brexit en Europe, l’élection de Donald Trump aux États-Unis, la volonté d’indépendance des BRICS, figurent parmi les symptômes du rejet croissant de la globalisation, telle qu’elle a été conçue au cours des années 1990. En Italie, l'accord de gouvernement réunissant la Ligue du Nord et le mouvement cinq étoiles est le dernier symptôme de la désintégration en cours du monde plat, affectant tout particulièrement l'Union Européenne qui s'est construite selon ce modèle. La fin du monde plat semble ainsi inéluctable, même si en fixer le terme demeure hasardeux. Un tel diagnostic pose la question du système alternatif capable de le remplacer. Un monde va mourir, mais quel monde va naître ?
Différents scénarios peuvent être envisagés. Face à un déclin irrémédiable, le système actuel pourrait évoluer vers un régime autoritaire, limitant les libertés et renforçant les inégalités. Selon toute vraisemblance, la montée de violence accompagnant une telle issue conduirait alors le monde vers un conflit majeur, voire l’Apocalypse nucléaire. Ce serait, sans doute, la fin de la civilisation que nous connaissons à présent. L’humanité mettrait beaucoup de temps à s’en remettre, si elle y parvient jamais. D'autres scénarios, plus optimistes, peuvent être envisagés. Ils impliquent un changement profond des habitudes et des mentalités. Pour le moment, malgré toutes les bonnes volontés déployées et les multiples initiatives en cours, on ne perçoit pas encore la lumière au bout du tunnel. 

dimanche 7 janvier 2018

Effondrement / collapse


Two opposing visions of the future currently coexist. While one presents a future brightened by an unlimited technological progress, the other predicts an inevitable collapse on the horizon as society becomes unable to adapt to its environment. As early as the 1970s, a collapse by depletion of natural resources was considered in the Meadows Report. More recently, American biologist Jared Diamond has linked the collapse of various past civilizations, represented in particular by the ancient Mayas in Mexico, the Vikings living in Greenland or the inhabitants of Easter Island, to a lack of adaptation to a critical change in their environment. The current globalized society could suffer the same fate, if it fails to overcome the environmental challenges it faces, including the major challenge of global warming. The theme of collapse sparked a whole current of thought, sometimes referred to as collapsology, a new science of a predictable collapse. It is usually the ecological causes of a collapse that are retained and analyzed. However, other causes could also cause a catastrophic end. One of those who has addressed the issue, Dmitry Orlov, distinguishes five stages of collapse: financial, commercial, political, social and cultural. According to this American author born in Russia, a collapse similar to that experienced by the USSR could occur in the United States, due to an inadequate economic policy in the context of the decline of oil resources. A collapse could also occur as a result of a major global conflict, resulting in a sharp worsening of international geopolitical tensions. The current model of neoliberal globalization has proved its effectiveness in terms of technical progress and economic growth. On the other hand, as each one is supposed to act according to his own personal interest, the resulting lack of solidarity and social cohesion leads to a multiplication of conflicts and, eventually, to a dislocation of society. By encouraging more and more goods to be consumed, this model is, moreover, incompatible with sound management of issues of general interest, whether it is the preservation of the environment or the reduction of social inequalities. Under these conditions, a continuation of globalization in its current form most probably leads to an ecological and social collapse in the medium or long term. In fact, it is precisely an excessive optimism about the possibilities of technology, which risks leading to collapse. Technology opens up vast opportunities, but it is blind and can lead to the best, as to the worst. Only a large-scale cultural transformation as a result of collective awareness can prevent us from embarking on the path of collapse.

Deux visions opposées de l'avenir coexistent actuellement. Tandis que l'une envisage un avenir radieux éclairé par les promesses d'un progrès illimité de la technologie, l'autre prédit un effondrement inévitable, la société devenant incapable de s’adapter à son environnement. Dès les années 1970, un effondrement par épuisement des ressources naturelles a été envisagé dans le rapport Meadows. Plus récemment, le biologiste américain Jared Diamond a relié l’effondrement de différentes civilisations passées, représentées notamment par les anciens Mayas au Mexique, les Vikings installés au Groenland ou encore les habitants de l’île de Pâques, à un manque d’adaptation vis-à-vis d’un changement critique de leur environnement. La société globalisée actuelle pourrait connaitre le même sort, si elle ne parvient pas à surmonter les défis environnementaux auxquels elle est confrontée et notamment le défi majeur du réchauffement climatique.  
Le thème de l’effondrement a ainsi suscité tout un courant de pensée, parfois qualifié de collapsologie, en tant que science d'un effondrement prévisible. Ce sont en général les causes écologiques d’un effondrement qui sont retenues et analysées. Toutefois, d’autres causes pourraient également provoquer une fin catastrophique de la civilisation actuelle. L’un de ceux qui se sont penchés sur la question, Dmitry Orlov, distingue cinq stades d’effondrement: financier, commercial, politique, social et culturel. Selon cet auteur américain né en Russie, un effondrement semblable à celui qu’a connu l’URSS pourrait intervenir aux États-Unis, en raison d’une politique économique inadéquate dans le contexte du déclin des ressources pétrolières. Un effondrement pourrait également survenir à la suite d’un conflit mondial de grande ampleur, entraîné par une aggravation brutale des tensions géopolitiques internationales.
Le modèle actuel de la globalisation néolibérale a fait la preuve de son efficacité en termes de progrès technique et de croissance économique. Par contre, chacun étant supposé agir en fonction de son seul intérêt personnel, le manque de solidarité et de cohésion sociale qui en résulte mène à une multiplication des conflits et, à terme, à une dislocation de la société. En incitant à consommer toujours plus de biens, ce modèle est, en outre, incompatible avec une saine gestion des questions relevant de l’intérêt général, que ce soit la préservation de l’environnement ou la réduction des inégalités sociales. 
En fait, c'est précisément un optimisme excessif par rapport aux possibilités de la technologie, qui risque de conduire à l'effondrement. La technologie ouvre de vastes opportunités, mais elle est aveugle. Elle peut conduire au meilleur, comme au pire. Seule une transformation culturelle de grande ampleur résultant d'une prise de conscience collective peut nous éviter de nous engager dans la voie de l'effondrement.[

vendredi 1 août 2014

Le besoin de scénarios d'avenir cohérents / The need for consistent scenarios



The need to keep the consistency of a set of solutions is often overlooked. This lack of consistency is favoured by the fact that most organizations and individuals have become highly specialized and that no global view prevails.Thus, for instance, the concept of sustainable development seems widely accepted, but  is unconsistent with a deregulated global market. For electoral reasons,  political leaders try to comply with contradictory imperatives  and tend to adopt unconsistent policies, thus, for instance, claiming the need to curb GHG emissions while refusing to introduce restrictions concerning cars circulation. Dani Rodrick, economist and Professor of Social Sciences in the Institute for Social Sciences in Princeton, arrives at the conclusion that assuming the coexistence of Global Markets, States and Democracy is  unconsistent and that a consistent scenario requires the removal of at least one of these three options. Thus, accepting Globalization under present terms leads to the disappearance either of the State or of the Democracy (and possibly both).  It means that consistent scenarios are highly needed for the future. Such scenarios require a clear choice of the values and priorities which govern the décisions.

La nécessité de respecter la cohérence des solutions à apporter, notamment en période de crise, est souvent méconnue. Ce manque de cohérence est favorisé par la spécialisation des individus et des organismes concernés ainsi que par le manque de vision d'ensemble qui en découle.C’est ainsi que dans un contexte de mondialisation dérégulée, il devient difficile sinon impossible à une entreprise d’adopter de nouvelles mesures sociales ou environnementales. En effet, elle court alors le risque de ne plus pouvoir demeurer compétitive vis-à-vis d’autres entreprises qui n’auraient pas adopté les mêmes mesures. Pour prendre un autre exemple, dans une agglomération comme Los Angeles où les autoroutes constituent un moyen d’accès quasiment exclusif, il serait vain, au moins dans le contexte technico-économique actuel, de vouloir se passer de pétrole.C’est l’absence de cohérence qui rend impraticable de nombreuses utopie sociales. De même, des considérations électorales et des impératifs contradictoires conduisent fréquemment à rendre incohérentes des décisions politiques. C’est ainsi qu’on ne peut simultanément vouloir réduire les émissions de gaz à effet de serre, en décrétant une taxe carbone et en même refuser de limiter les déplacements en voiture de la majorité de la population. Un autre exemple d’incohérence consiste à mettre en œuvre, comme cela se pratique actuellement pour l’énergie au sein de l’Union européenne, un marché dérégulé et des tarifs de rachat imposés pour les énergies renouvelables. Il en résulte notamment des prix de vente par moment négatifs sur le marché dérégulé pour une électricité qui a du être achetée par l’opérateur au tarif imposé, mais qui ne trouve pas preneur à un moment donnée, du fait qu’elle est produite en heure creuse.

dimanche 6 octobre 2013

L'économie positive / The positive economy

Is the "positive economy" the solution to all our problems?  The report  of the commission chaired by Jacques Attali seems to claim that. To advocate for a long term thinking is certainly right. Still, can the "positive economy" provide a vision for the future, able to federate all our efforts?
Positive is a very general and vague wording. It includes everything, sustainable development and altruistic behaviour.  It suggests that it is possible to combine all the advantages. Unfortnately, reality is not so "positive". Globalization imposes an intense competition. General interest is in contradiction with many personnal interests. Efforts and choices are required.

"L'économie positive" est-elle la solution à tous nos problèmes? Le rapport de la commission présidée par Jacques Attali, téléchargeable sur le site du LH Forum, semble l'affirmer. Jacques Attali a le grand mérite d'alimenter constamment une réflexion de fond sur les grands enjeux du pays et de la planète. En outre, il présente des constats de fond qui paraissent fort justes, notamment en dénonçant la tyrannie du court-terme. Pour autant, "l'économie positive" apporte-t-elle la vision d'avenir susceptible de galvaniser les efforts? 
Le terme lui-même paraît fort vague. L'économie positive intègre le long terme, mais aussi l'altruisme. Le terme de positif englobe tout, attrape tout. Certes on pouvait se douter que la crise actuelle s'explique largement par "le caractère non positif de l'économie mondiale". Mais est-ce que cela suffit pour rendre compte des manœuvres douteuses qui ont pris à une minorité de spéculateurs de s'enrichir en toute impunité?Ce n'est pas en louant la micro-finance qu'il sera possible de régler le problème, mais en s'attaquant aux mécanismes de la mondialisation. Affirmer que les technologies numériques favorisent l'altruisme, c'est reprendre le discours de Jeremy Rifkin, c'est oublier que ce sont elles qui ont permis un développement incontrôlé de la finance et le trading à haute fréquence.
Ce qui est gênant dans cette façon de vouloir "positiver" l'avenir, c'est qu'elle semble prétendre que la voie est toute tracée, en combinant tous les avantages. Dans le monde réel les tensions entre l'intérêt général et l'intérêt particulier ou entre les nations sont constantes. Des efforts et des sacrifices sont nécessaires, surtout dans les périodes de crise et les choix à effectuer ne sont sans doute pas aussi évidents que semble vouloir le dire le rapport.