Since the publication of "The future at stake in 2011, the threats to the world have only become heavier: global warming, depletion of resources, rising inequalities, risks of nuclear conflict. We must therefore begin by trying to better understand the reasons for this aggravation, which is largely related to the conditions in which neoliberal globalization has developed in the world. It is not a question of pouring into catastrophism. If the end of our current world, subject to a deregulated market, seems inevitable, concrete alternatives are available, provided we react now and find values that can rebuild a "living together". Such an approach involves the establishment of fairer economic exchanges that do not favor the race for profits, the re-founding of a true democracy and the reconquest of spaces of solidarity favoring exchange. It involves a radical renewal of mentalities and modes of arbitration, to give meaning to collective action. The future is not yet written and many different futures are possible. The continuation of the current model could lead to an ecological collapse or an oppressive post-democracy. We must bet that humanity will change course, to overcome the many challenges it faces. While highlighting the current stalemate, this new book presents concrete proposals to find a way out. A world is dying, but which world will be born? The answer to this question depends on each one of us.
Depuis la publication de « L’avenir en question » en 2011, les menaces qui pèsent sur le monde n’ont fait que s’alourdir : réchauffement climatique, épuisement des ressources, montée des inégalités, risques de conflit nucléaire. Les raisons de cette aggravation sont largement liées aux conditions dans lesquelles la globalisation néolibérale s’est développée dans le monde.
Il ne s'agit pas pour autant de verser dans le catastrophisme. Si la fin de notre monde actuel, soumis à un marché dérégulé, paraît inéluctable, des alternatives concrètes sont disponibles, à condition de réagir dès à présent et de retrouver des valeurs qui puissent reconstruire un « vivre ensemble ».
Une telle démarche passe par la mise en place d’échanges économiques plus justes ne privilégiant pas la course aux profits, la refondation d’une vraie démocratie et la reconquête d’espaces de solidarité favorisant l’échange. Elle implique un renouveau en profondeur des mentalités et des modes d’arbitrage, pour redonner un sens à l’action collective.
À l’heure actuelle, l’avenir n’est pas écrit et plusieurs futurs demeurent possibles. La poursuite du modèle actuel pourrait déboucher sur un effondrement écologique ou une post-démocratie oppressive. Il faut faire le pari que l’humanité saura changer de cap, pour surmonter les multiples défis auxquels elle est confrontée.
Tout en mettant en évidence l’impasse actuelle, l’ouvrage présente ainsi des propositions concrètes pour retrouver une issue. Un monde meurt, mais quel monde va naître ? La réponse à cette question dépend de chacun d’entre nous.
The sharing economy, open innovation and network organization, which are spreading today, prefigure a society that relies on cooperation rather than competition. The vigor of the associative movements and the number of communities present in the world testify to the need to establish a closer social link. Increasingly contested, consumerist individualism continues to dominate society. Increased inequality, combined with the rise of neoliberalism, is driving a class of super-rich to luxury with excess. However, the need for human warmth and collective solidarity is leading an increasing proportion of the population to reject such selfish individualism. Anonymous metropolises tend to substitute smaller urban structures, better adapted to neighborhood relations. The large ensembles but also the dispersed individual habitat are not conducive to human contacts. Groupings of dwellings on a human scale are gradually replacing these two types of habitat, dominant in the past. They allow to find the atmosphere of a village, whose inhabitants know each other and are ready to help each other. The desire to re-establish social bonds is also manifested through the enthusiasm that drives many associations or organizations. Communities of practice gather around a common passion, be it music, computers (hackers) or 3D printing (makers). Communities of life, with sharing of goods in common, are formed around a shared ideal. They organize themselves in alternative villages, to implement the principles of responsible consumption, happy sobriety and autonomy. Many ecovillages, grouped into various associations, have been created on all continents. One of the oldest, Findhorn, founded in the 1960s, is located in a particularly inspiring setting, north of Scotland. The community it shelters is inspired by the ideas of ecology and the New Age. She cultivates flowers and vegetables, practices a lifestyle that respects the environment and welcomes many visitors to deliver their teaching. Contemporary "tribes" gather around rallying signs, which serve as rallying totems. The members of each tribe share the same lifestyles as well as the same dress codes or musical tastes. They like to meet, on the occasion of fairs or festive events, to live common passions. Each year, thousands of participants meet in the Arizona Black Rock desert, at the time of the summer solstice, for the great meeting of Burning man, during which is burned a giant wooden effigy. This meeting allows everyone to express their creativity, competing with imagination and fantasy in the presentation of their projects or inventions.Other groups focus on political causes. This is particularly the case of anarchist and "autonomous" groups, who made themselves known in France by the actions against the airport project at Notre-Dame-des-Landes or the Sievens dam. The communities of life that they created in order to continue a prolonged resistance, led them to experiment with new ways of life and organization, among which different types of ecological habitat, the pooling of various equipments such as tools or bicycles as well as the collective production of fruits and vegetables. The various communities that are being built everywhere, in Europe and in the world, remain marginal. They are organized around ideas, which may be sometimes questionable. They nonetheless constitute laboratories of practices and ideas, which in the long term could transform society in depth.
L’économie du partage, l’innovation ouverte et l’organisation en réseau, qui se répandent actuellement, préfigurent une société misant sur la coopération plutôt que la compétition. La vigueur des mouvements associatifs et le nombre de communautés présentes dans le monde témoignent du besoin d’établir un lien social plus étroit. De plus en plus contesté, l’individualisme consumériste continue néanmoins à dominer la société. L’accroissement des inégalités, associé à l'essor du néolibéralisme, incite une classe de super-riches à pratiquer le luxe avec démesure. Toutefois, le besoin de chaleur humaine et de solidarité collective conduit une part croissante de la population à rejeter un tel individualisme purement égoïste. Aux métropoles anonymes tendent à se substituer des structures urbaines plus petites, mieux adaptées aux relations de voisinage. Les grands ensembles mais aussi l’habitat individuel dispersé sont peu propices aux contacts humains. Des regroupements d’habitations à échelle humaine remplacent progressivement ces deux types d’habitat, dominants dans le passé. Ils permettent de retrouver l’ambiance d’un village, dont les habitants se connaissent et sont prêts à s’entraider.
La volonté de retisser des liens sociaux se manifeste également à travers l’enthousiasme qui anime de multiples associations ou organisations. Des communautés de pratique se rassemblent autour d’une passion commune, que ce soit la musique, l’informatique (hackers) ou l’impression 3D (makers). Des communautés de vie, avec partage de biens en commun, se constituent autour d’un idéal partagé. Elles s’organisent en villages alternatifs, pour mettre en œuvre les principes de la consommation responsable, de la sobriété heureuse et de l’autonomie. De nombreux écovillages, regroupés en diverses associations, ont été créés sur tous les continents. L’un des plus anciens, celui de Findhorn, fondé dans les années 1960, est situé dans un cadre particulièrement inspirant, au nord de l’Écosse. La communauté qu’il abrite s’inspire des idées de l’écologie et du New Age. Elle cultive fleurs et légumes, pratique un mode de vie conforme au respect de l’environnement et accueille de nombreux visiteurs, pour leur délivrer son enseignement.
Les « tribus » contemporaines se réunissent autour de signes de ralliement, qui leur servent de totems de rassemblement. Les membres de chaque tribu partagent les mêmes modes de vie ainsi que les mêmes codes vestimentaires ou goûts musicaux. Ils aiment se retrouver, à l’occasion de foires ou d’événements festifs, pour vivre des passions communes. Chaque année, des milliers de participants se donnent rendez-vous dans le désert Black Rock de l’Arizona, au moment du solstice d’été, pour la grande rencontre de Burning man, au cours de laquelle est brûlée une effigie géante en bois. Ce rendez-vous permet à chacun d’exprimer sa créativité, en rivalisant d’imagination et de fantaisie dans la présentation de ses projets ou de ses inventions.
D’autres groupes s’attachent à des causes politiques. C’est le cas en particulier des anarchistes et « autonomes », qui se sont fait connaître en France par les actions menées contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou le barrage de Sievens. Les communautés de vie qu’ils ont créées afin de poursuivre une résistance prolongée, les ont conduits à expérimenter de nouveaux modes de vie et d’organisation, parmi lesquels différents types d’habitat écologique, la mise en commun d’équipements tels qu’outils ou vélos ainsi que la production collective de fruits et légumes.
Les diverses communautés qui se construisent un peu partout, en Europe et dans le monde, demeurent marginales. Elles sont organisées autour d'idées parfois contestables. Elles constituent néanmoins des laboratoires de pratiques et d'idées, qui à terme pourraient contribuer à transformer la société en profondeur.
Two opposing visions of the future currently coexist. While one presents a future brightened by an unlimited technological progress, the other predicts an inevitable collapse on the horizon as society becomes unable to adapt to its environment. As early as the 1970s, a collapse by depletion of natural resources was considered in the Meadows Report. More recently, American biologist Jared Diamond has linked the collapse of various past civilizations, represented in particular by the ancient Mayas in Mexico, the Vikings living in Greenland or the inhabitants of Easter Island, to a lack of adaptation to a critical change in their environment. The current globalized society could suffer the same fate, if it fails to overcome the environmental challenges it faces, including the major challenge of global warming. The theme of collapse sparked a whole current of thought, sometimes referred to as collapsology, a new science of a predictable collapse. It is usually the ecological causes of a collapse that are retained and analyzed. However, other causes could also cause a catastrophic end. One of those who has addressed the issue, Dmitry Orlov, distinguishes five stages of collapse: financial, commercial, political, social and cultural. According to this American author born in Russia, a collapse similar to that experienced by the USSR could occur in the United States, due to an inadequate economic policy in the context of the decline of oil resources. A collapse could also occur as a result of a major global conflict, resulting in a sharp worsening of international geopolitical tensions. The current model of neoliberal globalization has proved its effectiveness in terms of technical progress and economic growth. On the other hand, as each one is supposed to act according to his own personal interest, the resulting lack of solidarity and social cohesion leads to a multiplication of conflicts and, eventually, to a dislocation of society. By encouraging more and more goods to be consumed, this model is, moreover, incompatible with sound management of issues of general interest, whether it is the preservation of the environment or the reduction of social inequalities. Under these conditions, a continuation of globalization in its current form most probably leads to an ecological and social collapse in the medium or long term. In fact, it is precisely an excessive optimism about the possibilities of technology, which risks leading to collapse. Technology opens up vast opportunities, but it is blind and can lead to the best, as to the worst. Only a large-scale cultural transformation as a result of collective awareness can prevent us from embarking on the path of collapse.
Deux visions opposées de l'avenir coexistent actuellement. Tandis que l'une envisage un avenir radieux éclairé par les promesses d'un progrès illimité de la technologie, l'autre prédit un effondrement inévitable, la société devenant incapable de s’adapter à son environnement. Dès les années 1970, un effondrement par épuisement des ressources naturelles a été envisagé dans le rapport Meadows. Plus récemment, le biologiste américain Jared Diamond a relié l’effondrement de différentes civilisations passées, représentées notamment par les anciens Mayas au Mexique, les Vikings installés au Groenland ou encore les habitants de l’île de Pâques, à un manque d’adaptation vis-à-vis d’un changement critique de leur environnement. La société globalisée actuelle pourrait connaitre le même sort, si elle ne parvient pas à surmonter les défis environnementaux auxquels elle est confrontée et notamment le défi majeur du réchauffement climatique.
Le thème de l’effondrement a ainsi suscité tout un courant de pensée, parfois qualifié de collapsologie, en tant que science d'un effondrement prévisible. Ce sont en général les causes écologiques d’un effondrement qui sont retenues et analysées. Toutefois, d’autres causes pourraient également provoquer une fin catastrophique de la civilisation actuelle. L’un de ceux qui se sont penchés sur la question, Dmitry Orlov, distingue cinq stades d’effondrement: financier, commercial, politique, social et culturel. Selon cet auteur américain né en Russie, un effondrement semblable à celui qu’a connu l’URSS pourrait intervenir aux États-Unis, en raison d’une politique économique inadéquate dans le contexte du déclin des ressources pétrolières. Un effondrement pourrait également survenir à la suite d’un conflit mondial de grande ampleur, entraîné par une aggravation brutale des tensions géopolitiques internationales.
Le modèle actuel de la globalisation néolibérale a fait la preuve de son efficacité en termes de progrès technique et de croissance économique. Par contre, chacun étant supposé agir en fonction de son seul intérêt personnel, le manque de solidarité et de cohésion sociale qui en résulte mène à une multiplication des conflits et, à terme, à une dislocation de la société. En incitant à consommer toujours plus de biens, ce modèle est, en outre, incompatible avec une saine gestion des questions relevant de l’intérêt général, que ce soit la préservation de l’environnement ou la réduction des inégalités sociales.
En fait, c'est précisément un optimisme excessif par rapport aux possibilités de la technologie, qui risque de conduire à l'effondrement. La technologie ouvre de vastes opportunités, mais elle est aveugle. Elle peut conduire au meilleur, comme au pire. Seule une transformation culturelle de grande ampleur résultant d'une prise de conscience collective peut nous éviter de nous engager dans la voie de l'effondrement.[
Technology always promises more: abundance of goods, humanity augmented by human-machine coupling, artificial intelligence, discovery of new worlds, prolonged life. The counterpart of these promises is the need to resort to ever more resources. Some of these resources can be renewable (water, biomass), but a very large part of them requires a renewal period that goes far beyond human life. In addition, the abundance of elements present in the earth's crust is very variable, from less than 1 ppb to several tens of %. High tech technologies require the use of more and more rare metals, involving the consumption of ever more energy. This energy production in turn requires ever more raw materials. The use of rare metals (platinum, neodymium, tantalum, ruthenium, indium, cobalt ...) in new high tech technologies (flat screens, hard disks, LEDs, batteries, solar PV, wind power, high-performance engines ...) is driving growth. fast of the request. Many uses of rare metals are dispersive (inks, pigments, cosmetics, nanotechnologies), making recycling problematic. This runaway resource consumption makes the economic system unsustainable, even when it claims to provide "green growth".To remedy this situation, it might be preferable to replace high-tech technologies with "low tech" technologies, which involve questioning superfluous needs, designing truly sustainable products and reviewing production methods. These technologies do not require scarce resources and are designed for an extensive recycling of materials. They do not display technical feats, but aim at robustness and longevity. They are not the monopoly of a few, but are accessible to the greatest number. They are meaningful because they care about nature and the human being. The aim of frugal innovation is to design such simple and durable objects. In order to use only a minimum of resources, it uses recycling and exploits the by-products of agriculture or industry, so as to limit the discharge of waste. The equipment is designed to be more easily repairable and recyclable. Instead of forming a compact block, difficult to repair and recycle, they include modules that can be repaired or exchanged, without the need to change the whole. Such forms of innovation are already practiced to meet the needs of developing countries. Judaad innovation, whose name derives from a Hindi term meaning both ingenuity and resourcefulness, is designed to make the best use of all locally available resources, including recycled waste, by designing products and services. equipment adapted for such materials. It is now practiced throughout the world. More generally, it is about changing the current system towards more resilience, by agreeing to revise the design of technological products, ensuring that they are repairable do not require scarce resources and use components which can be easily recycled. Potential options need to be analyzed in depth to avoid unrealistic propositions such as those that Jeremy Rifkin expounds in his book on the "Third Industrial Revolution", to eliminate expensive gadgets and to focus on all solutions that represent real progress, rather than wanting to impose innovation at all costs.
La technologie promet toujours plus: abondance de biens, humanité augmentée par couplage homme-machine, intelligence artificielle, découverte de mondes nouveaux, vie prolongée. La contrepartie de ces promesses est la nécessité de recourir à toujours plus de ressources. Une partie de ces ressources peut être renouvelable (eau, biomasse), mais une très grande part d’entre elles nécessite une durée de renouvellement dépassant très largement la vie humaine. En outre, l’abondance des éléments présents dans la croûte terrestre est très variable, de moins de 1 ppb à plusieurs dizaines de %. Les technologies high tech nécessitent le recours à des métaux de plus en plus rares, ce qui implique la consommation de toujours plus d’énergie. Cette production d’énergie requiert à son tour toujours plus de matières premières. L’utilisation des métaux rares (platine, néodyme, tantale, ruthénium, indium, cobalt-…) dans les nouvelles technologies high tech (écrans plats, disques durs, LED, batteries, solaire PV, éolien, moteurs performants…) entraîne une croissance rapide de la demande. De nombreux usages des métaux rares sont dispersifs (encres, pigments, cosmétiques, nanotechnologies), rendant le recyclage problématique. Cet emballement de la consommation de ressources rend le système économique non durable, y compris lorsqu’il prétend assurer une « croissance verte ». Pour remédier à cette situation, il est préférable de substituer aux technologies high-tech, des technologies « low tech », consistant à remettre en cause les besoins superflus, à concevoir des produits réellement durables et à revoir les modes de production. Ces technologies ne nécessitent pas de ressources rares et pratiquent un recyclage poussé des matériaux en fin de vie.
The book written by the ecologist Isabelle Delannoy about "The symbiotic economy", aims to propose an economy allowing human beings to live no more as parasites using the resources of the planet until their extinction, but in symbiosis with the environment. Natural ecosystems function in a sustainable way, as they organize a permanent recycling of all the elements that serve the living organisms. They can do this by capturing solar energy through photosynthesis. In a symbiotic economy human activities are integrated into the functioning of natural ecosystems. Products and objects are designed to facilitate their recycling and minimize their impact on the environment throughout their life, from cradle to cradle, that is from the design of equipment to the recycling of its components. Nature finds its place, including in the city. Vegetable gardens and green spaces restore the contact between towns people and nature. The urban environment is designed to respect the beauty of natural landscapes and to eliminate pollution, thus preserving the health of the inhabitants and their psychological balance. The ecological transition is also a way for cities or regions hit by the end of an industrial activity to find a future. The symbiotic economy is based on the symbiosis between human intelligence, the power of natural ecosystems and technological tools. By finding the right balance between the three, it is possible to produce without depleting resources, but regenerating them. It uses many techniques and research highlighted in recent years: permaculture, circular economy, economy of functionality, peer-to-peer sharing, solidarity economy, complementary currencies. It aims to promote lifestyles compatible with the preservation of the environment, autonomous cities in resources, energy and water, town agriculture, bicycle motorways, agriculture and local manufactures . The routes thus described are interesting to explore and deserve to be continued. It would be dangerous, however, to imagine that solutions are at hand and that we now have the means to secure the future of the planet. "Green" technologies themselves pose many resource problems. The implementation of new economic paths contradicts the logic of the current globalization which favors social and environmental dumping. Only a profound transformation of mentalities and the organization of world globalization can solve the many problems facing humanity.
Le récent ouvrage de l'écologiste Isabelle Delannoy, "L'Economie symbiotique", a pour ambition de proposer une économie permettant aux êtres humains de vivre non plus en parasites exploitant les ressources de la planète jusqu'à leur extinction, mais en symbiose avec l'environnement. Les écosystèmes naturels fonctionnent de manière durable, car ils organisent un recyclage permanent de tous les éléments qui servent aux organismes vivants. Ils peuvent y parvenir en captant l'énergie solaire par le biais de la photosynthèse.Dans une économie symbiotique les activités humaines sont intégrées dans le fonctionnement des écosystèmes naturels. Les produits et les objets sont conçus de façon à faciliter leur recyclage et à minimiser leur impact sur l’environnement pendant toute leur durée de vie, du berceau à la tombe, c’est-à-dire depuis la conception d’un équipement jusqu'au recyclage de ses composants. La nature retrouve sa place, y compris en ville. Jardins potagers et espaces verts restaurent le contact entre les citadins et la nature. Le milieu urbain est conçu de façon à respecter la beauté des paysages naturels et à éliminer la pollution, préservant ainsi la santé des habitants et leur équilibre psychique. La transition écologique est aussi un moyen pour des villes ou des régions frappées par l’arrêt d’une activité industrielle de retrouver un avenir. L’économie symbiotique s’appuie sur la symbiose entre l’intelligence humaine, la puissance des écosystèmes naturels et la technosphère. En trouvant le juste équilibre entre les trois, il est possible de produire sans épuiser les ressources, mais en les régénérant. L'économie symbiotique fait appel à de nombreuses techniques et recherches mises en lumière ces dernières années : permaculture, économie circulaire, économie de la fonctionnalité, du partage – pair à pair –, économie sociale et solidaire, monnaies complémentaire. Elle vise à promouvoir des modes de vie compatibles avec la préservation de l'environnement, des cités autonomes en eau, en énergie, en ressources alimentaires, mêlant immeubles-forêts et jardins filtrants, cités numériques et jardins d’hiver, autoroutes à vélo, agriculture urbaine et manufactures locales.
Les voies ainsi décrites sont intéressantes à explorer et méritent d'être poursuivies. Il serait toutefois dangereux d'imaginer que les solutions sont à portée de main et que nous disposons dès à présent des moyens pour assurer l'avenir de la planète. Les technologies "vertes" posent elles-mêmes de nombreux problèmes de ressources. La mise en oeuvre de nouvelles voies économiques entre en contradiction avec la logique de la globalisation actuelle qui favorise le moins-disant, dans le domaine économique, mais aussi social. Seule une transformation profonde des mentalités et de l'organisation de la globalisation mondial peut permettre de résoudre les multiples problèmes auxquels est confrontée l'humanité.
"Life 3.0" ("Life 3.0"), the latest work by physicist Max Tegmark is a book on the future of artificial intelligence. The title may surprise. It is explained by the fact that the author, in a transhumanist perspective, considers that intelligent machines constitute the next stage of biological evolution, in accordance with a point of view that was particularly expressed by Ray Kurzweil. Life 1.0 is simply biological life. Life 2.0 refers to humanity, which represents the next stage of evolution through its ability to transform the world by its intelligence. Lastly, Life 3.0 would correspond to the arrival, presumed to be imminent, of machines that are sufficiently "intelligent" to become capable of transforming themselves and thus progressing towards ever greater intelligence, thus leading to an artificial super-intelligence, much more powerful than human intelligence. His book is therefore directly in line with the work of the transhumanist futurist Nick Bostrom, who was already considering the hypothesis of such a "super-intelligence". By helping to conceive an artificial intelligence of a still higher level, this super-intelligence would lead to a form of Singularity, resulting in an explosive increase in performance, as imagined by Ray Kurzweil. Nick Bostrom has lent to super-intelligence that would result in very extensive skills in functions as crucial as that of oracle, to bring answers to the most difficult questions, genius, to solve the most thorny problems and sovereign, to adopt the most appropriate decisions. From the network of human intelligence and artificial super-intelligence might emerge a global brain, able to ensure the "sovereign" function, anticipated by Nick Bostrom. A global brain, capable of centralizing massive amounts of information, then drawing the most relevant conclusions, would be able to manage a complex system, or even society as a whole, thus becoming the preferred tool for a global governance. Despite all the assets of artificial intelligence, it is not possible to ignore its potentially dangerous effects. Combined with the acquisition and processing of massive databases (Big Data), it allows not only to monitor the daily actions of everyone, but also to predict the behavior of an entire population. It could thus facilitate the emergence of a police state, with powerful means to detect and repress any resistance movement. From now on, artificial intelligence is used to design ever more powerful weapons. Tomorrow, intelligent robots behaving as suicide fighters will be able to carry chemical, bacteriological or nuclear weapons and activate them at their destination. By controlling all human activities on a global scale, the global brain would facilitate the transition to a form of totalitarian regime. It could also lead humanity to a major catastrophe, through mechanisms that human beings could not decipher. Becoming autonomous, an artificial super-intelligence would have no reason to look after the well-being of humanity. It may even be necessary to program the disappearance of the human species as an answer to the problems of the planet. Max Tegmark imagines many scenarios, often similar to sci-fi narratives, in order to anticipate the possible consequences of the development of a "super-intelligence". He deduces the need to think now about how to use it for the happiness of humanity, by removing the potential threats it represents. This wish is shared by leading scientists, including astrophysicist Stephen Hawking, or major industry players such as Bill Gates or Elon Musk, who cautioned against the danger posed by the most advanced forms of artificial intelligence, emphasizing the need for urgent measures to prevent such risks. Unfortunately, like many techno-prophets, Max Tegmark goes astray in considering machines that would be endowed with consciousness and subjectivity and that would claim an ethical respect of the same order as that required for human beings and more broadly living beings. Paradoxically, while the author insists on his wish to contribute to the happiness of humanity, it is such a confusion between machines and conscious beings that represents the greatest danger for humanity, showing the drifts that await our technical civilization if we do not take care.
"Vie 3.0" ("Life 3.0"), le dernier ouvrage du physicien Max Tegmark est un livre sur l'avenir de l'intelligence artificielle. Le titre peut surprendre. Il s'explique par le fait que l'auteur, dans une perspective transhumaniste, considère que les machines intelligentes constituent la prochaine étape de l'évolution biologique, conformément à un point de vue qui a été notamment exprimé par Ray Kurzweil. La Vie 1.0 correspond simplement à la vie biologique. La Vie 2.0 désigne l'humanité, qui représente l'étape suivante de l'évolution par sa capacité de transformer le monde par son intelligence. Enfin, la Vie 3.0 correspondrait à l'arrivée, pressentie comme imminente, de machines suffisamment "intelligentes" pour devenir capables de se transformer elles-mêmes et de de progresser ainsi vers toujours plus d'intelligence, conduisant à l'apparition d'une super-intelligence artificielle, capable de dépasser largement l'intelligence humaine. L'ouvrage de Max Tegmark s'inscrit donc directement dans le prolongement de l'ouvrage du prospectiviste Nick Bostrom, adepte du transhumanisme, qui envisageait déjà l'hypothèse d'une telle "super-intelligence". En aidant à concevoir une intelligence artificielle d’un niveau encore supérieur, cette super-intelligence mènerait vers une forme de singularité, se traduisant par un accroissement explosif des performances, comme l'a imaginé Ray Kurzweil. Nick Bostrom a prêté à cette super-intelligence des compétences très étendues dans des fonctions aussi déterminantes que celle d’oracle, pour apporter des réponses aux questions les plus difficiles, degénie, pour résoudre les problèmes les plus épineux et d’organe souverain, pour adopter les décisions les plus adéquates. De l’association en réseau de l’intelligence humaine et des multiples formes de super-intelligence artificielle déployées à la surface de la Terre, pourrait émerger uncerveau global, qui serait capable d’assurer la fonction « d’organe souverain », anticipée par Nick Bostrom. Un cerveau global, capable de centraliser des quantités massives d’informations, puis d’en tirer les conclusions les plus pertinentes, serait en mesure de gérer un système complexe, voire la société dans son ensemble, en devenant ainsi l’outil privilégié d’unegouvernance planétaire. On ne peut pas, de ce fait, ignorer les effets potentiellement dangereux d’une exploitation de l’intelligence artificielle à des fins de puissance et de domination. Associée à l’acquisition et au traitement de bases de données massives (Big Data), elle permet non seulement de surveiller les gestes quotidiens de chacun, mais aussi de prévoir le comportement de toute une population. Elle pourrait ainsi faciliter l’émergence d’un état policier, disposant de puissants moyens pour détecter et réprimer tout mouvement de résistance. Dès à présent, l’intelligence artificielle sert à concevoir des armes toujours plus puissantes. Demain, des robots intelligents se comportant en combattants-suicides seront capables de transporter des armes chimiques, bactériologiques ou nucléaires et de les activer à leur destination. En contrôlant l’ensemble des activités humaines à l’échelle planétaire, le cerveau global faciliterait le passage à une forme de régime totalitaire. Il pourrait également entraîner l’humanité vers une catastrophe majeure, par des mécanismes impossibles à décrypter. Devenant autonome, une super-intelligence artificielle n’aurait aucune raison de veiller au bien-être de l’humanité. Elle pourrait même être amenée à programmer la disparition de l’espèce humaine comme réponse aux problèmes de la planète. Max Tegmark imagine de nombreux scénarios, dont beaucoup font penser à des récits de science-fiction, afin d'imaginer les conséquences possibles du développement de la "super-intelligence". Il en déduit la nécessité de réfléchir dès à présent à la façon de l'utiliser pour le bonheur de l'humanité, en écartant les menaces potentielles qu'elle représente. Ce souhait st partagé par des scientifiques de renom, parmi lesquels l’astrophysicien Stephen Hawking, ou de grands acteurs du monde de l’industrie tels que Bill Gates ou Elon Musk, qui ont mis en garde l’opinion contre le danger que représentent les formes les plus avancées d’intelligence artificielle, en insistant sur la nécessité de mesures urgentes pour y parer.
Malheureusement, comme de nombreux techno-prophètes, l'auteur s'égare en envisageant des machines qui seraient dotées de conscience et de subjectivité et qui réclameraient un respect éthique du même ordre que celui qui est requis pour les êtres humains et plus largement les êtres vivants. Paradoxalement, alors que l'auteur insiste sur son souhait de contribuer au bonheur de l'humanité, c'est une telle confusion entre les machines et les êtres conscients qui représente le plus grave danger pour l'humanité. Cette confusion montre bien les dérives qui guettent notre civilisation technicienne si nous n'y prenons pas gare.
Many objects of everyday life are now equipped with microprocessors. This trend is expected to strengthen in the coming years. Objects become "intelligent", that is, able to react appropriately to different situations, adapting to their environment. Various regulation functions are already common in homes. The home automation sector is growing rapidly. The operation of heating, lighting or appliances is automatically managed by getting signals from different sensors and can be remotely controlled by means of a mobile phone, for example, to minimize energy consumption. All kinds of objects and equipment are becoming "smart" on a wide range of scales: cities, electric grids, cars, clothes, etc. A simple pot of flowers equipped with sensors and a microprocessor becomes able to control all the parameters on which depends the good health of the plant and to manage optimally its watering as well as its nourishment in nutriments. Smart objects can also provide information of all kinds, in the form of augmented reality, to inform a visitor, recreate a site as it existed in the past or organize a virtual trip. Smart objects are part of a vast, interconnected system connected by an Internet of Things. Their synergy contributes to the development of a global artificial intelligence, through a cloud of interconnected servers. The behavior of intelligent objects is gradually approaching that of living beings. There are already many robots capable of mimicking insects, birds, fish or humans. One can imagine eventually objects capable of repairing themselves and reproducing themselves. The threat associated with nano-components capable of self-replication, had been evoked in 1986 by K. Eric Drexler. Even if it is still science fiction, the fact remains that the increasing autonomy of connected objects carries the risk of a loss of control. Tomorrow, cars will become autonomous, that is to say able to go from one point to another without the intervention of a driver. It will be, therefore, much easier to share a vehicle, which will be able to present and leave after use, without the intervention of a human operator. The relation to objects is radically transformed. Objects are better used, but the user gradually loses all initiative. This evolution is supposed to liberate human beings but actually increases their dependence on all the machines they are using. Objects (watches, smartphones, computers) already exert strong constraints on human life. While opening up new opportunities, smart objects, networked and geolocated, will exert a firm grip on society, imposing their pace and their choices. Because of the complexity of this interconnected world, its control could gradually escape not only the ordinary citizen, but even the most advanced experts, artificial intelligence becoming the only available tool to ensure it. Human destiny will then be delivered to robots, exercising a dictatorship all the more dangerous as it is devoid of any feeling.
De nombreux objets de la vie quotidienne sont, dès à présent, équipés de microprocesseurs. Cette tendance devrait se renforcer dans les années à venir. Les objets deviennent ainsi « intelligents », c’est-à-dire capables de réagir de façon appropriée à différentes situations, en s’adaptant à leur environnement. Des fonctions diverses de régulation équipent déjà couramment les habitations. Le secteur de la domotique se développe rapidement. Le fonctionnement du chauffage, de l’éclairage ou des équipements électroménagers est géré automatiquement à partir des signaux provenant de différents capteurs. De tels systèmes, commandés à distance au moyen d’un téléphone portable, sont aussi capables d’anticiper un changement et d’optimiser une fonction, de façon, par exemple, à minimiser une consommation d’énergie.Toutes sortes d’objets et d’équipements deviennent « intelligents » (smart), à des échelles très diverses : villes (smart cities), réseaux électriques (smart grids), voitures (smart cars), vêtements (smart clothes), etc. Un simple pot de fleurs équipé de capteurs et d’un microprocesseur devient capable de contrôler l’ensemble des paramètres dont dépend la bonne santé de la plante et de gérer de façon optimale son arrosage ainsi que son alimentation en nutriments. Les objets intelligents peuvent également fournir des informations de toutes sortes, sous la forme d’une réalité augmentée, en vue de renseigner un visiteur, recréer un site tel qu’il existait dans le passé ou organiser un voyage virtuel.