Globalization, organized according to the rules of neoliberal governance, has entrusted all arbitrations to the market, considering profit as the exclusive engine of the economy. It has led to the current flat world, open to all commercial and financial movements. Whereas classical liberalism still referred to a humanist principle of reciprocity, neoliberalism is placed in a world of competition, governed solely by the balance of power. As a result, the major issues that concern the environment, global warming, the collapse of biodiversity and the pollution of water and air, even if they are better perceived, are still unresolved. The horizon of sustainable development, which seemed to provide an early answer to these questions, is clouded by clouds of oppressive international tensions. Military interventions and terrorist acts are relentlessly linked. The idea that the world could flare up again is insistent. Massive migrations are no longer a mere fiction, but a tragic reality. At the end of the nineteenth century, the English author Edwin A. Abbott had imagined a flat, two-dimensional, Flatland world populated by polygons. In such a world, any closed figure imposes insurmountable limits. The arrival of a sphere is experienced as a supernatural event. The flatland world is a metaphor for ours. We are locked in the flat world of globalization, presented as a form of outcome, with no alternative. Subjected to the imperatives of globalization, standardized and deprived of transcendence, this flat world, totally open to international trade and to indefinitely repeated standards, is destructive of the environment and cultures inherited from the past. Due to the capture of the whole social domain by the economy, internal values no longer find their place. Their loss is likely to cause an irreversible decline to which the western world is already exposed. Beyond the economic and financial crisis, the impossibility of transgressing the laws of the market, as well as the abandonment of any foundation other than economic calculation, have led to a crisis of meaning, which affects a large part of the current globalized world. . The reign of consumerism discredits the moral superiority of which the West prides itself. The general feeling of disenchantment is reflected in a lack of a vision for the future, all the more worrying as humanity faces considerable challenges: environmental degradation, growing inequalities, technological risks, weapons of mass destruction. According to the historian Arnold Toynbee, the disintegration of civilizations is associated with a spiritual rupture, a schism of the soul, which induces a general feeling of uneasiness. Society loses confidence in its leaders, who try to retain their power by force. Centrifugal tendencies lead to the dislocation of institutions. If the current crisis is such a diagnosis, it could prove fatal to the model of civilization that is currently ours. From now on, the flat world of globalization presents signs of impending rupture. Since the financial crisis of 2008, it has suffered multiple traumas and the gaps that appear tend to widen. Brexit in Europe, the election of Donald Trump in the United States, the desire for independence of the BRICS, are among the symptoms of the growing rejection of globalization, as it was conceived in the 1990s. In Italy, the government agreement bringing together the Northern League and the five-star movement is the most recent symptom of the ongoing disintegration of the flat world, particularly affecting the European Union which has been built according to this model. The end of the flat world thus seems inevitable, even if fixing the term remains hazardous. Such a diagnosis raises the question of the alternative system capable of replacing it. A world will die, but what world will be born?
Different scenarios can be envisaged. In the face of an irretrievable decline, the current system could evolve into an authoritarian regime, limiting freedoms and reinforcing inequalities. In all likelihood, the rise of violence accompanying such an outcome would then lead the world to a major conflict, even the Nuclear Apocalypse. This would, no doubt, be the end of the civilization we know now. Mankind would take a long time to recover, if it ever succeeds. Other, more optimistic scenarios can be considered. They imply a profound change of habits and mentalities. For the moment, despite all the good wills deployed and the many initiatives underway, we still do not see the light at the end of the tunnel.
La globalisation, organisée selon les règles de la gouvernance néolibérale, a confié tous les arbitrages au Marché, en considérant le profit comme le moteur exclusif de l’économie. Elle a conduit au monde plat actuel, ouvert à tous les mouvements commerciaux et financiers. Alors que le libéralisme classique se référait encore à un principe humaniste de réciprocité, le néolibéralisme se place dans un univers de compétition, régi par les seuls rapports de force. De ce fait, les grandes questions qui concernent l’environnement, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’eau et de l’air, même si elles sont mieux perçues, ne sont toujours pas résolues. L’horizon du développement durable, qui semblait apporter un début de réponse à ces questions, est obscurci par les nuages de tensions internationales oppressantes. Les interventions militaires et les actes terroristes s’enchaînent sans répit. L’idée que le monde pourrait s’embraser à nouveau revient avec insistance. Les migrations massives ne sont plus une simple fiction, mais deviennent une tragique réalité. À la fin du XIXe siècle, l’auteur anglais Edwin A. Abbott avait imaginé un monde plat à deux dimensions, Flatland, peuplé de polygones. Dans un tel monde, n’importe quelle figure fermée impose des limites infranchissables. L’arrivée d’une sphère est vécue comme un événement surnaturel. Le monde de flatland est une métaphore du nôtre. Nous sommes enfermés dans le monde plat de la globalisation, présenté comme une forme d’aboutissement, sans alternative possible. Soumis aux impératifs de la mondialisation, uniformisé et privé de transcendance, ce monde plat, totalement ouvert au commerce international et à des standards indéfiniment répétés, est destructeur de l’environnement et des cultures héritées du passé. Du fait de l’accaparement de l’ensemble du domaine social par l’économie, les valeurs intérieures ne trouvent plus leur place. Leur perte risque de provoquer un déclin irréversible auquel le monde occidental est d’ores et déjà exposé.
Au-delà de la crise économique et financière, l’impossibilité de transgresser les lois du Marché, ainsi que l’abandon de tout fondement autre que le calcul économique, ont entraîné une crise du sens, qui affecte une large partie du monde globalisé actuel. Le règne du consumérisme décrédibilise la supériorité morale dont se targue l’Occident. Le sentiment général de désenchantement se traduit par une absence de vision d’avenir, d’autant plus préoccupante que l’humanité est confrontée à des défis considérables : dégradation de l’environnement, inégalités croissantes, risques technologiques, armes de destruction massive. Selon l’historien Arnold Toynbee, la désagrégation des civilisations est associée à une rupture spirituelle, un schisme de l’âme, qui induit un sentiment général de malaise[3]. La société perd confiance dans ses dirigeants, qui tentent de conserver leur pouvoir par la force. Les tendances centrifuges entraînent la dislocation des institutions. Si la crise actuelle relève d’un tel diagnostic, elle pourrait s’avérer fatale au modèle de civilisation qui est actuellement le nôtre. Dès à présent, le monde plat de la globalisation présente des signes de rupture imminente. Depuis la crise financière de 2008, il a subi de multiples traumatismes et les brèches qui apparaissent tendent à s’élargir. Le Brexit en Europe, l’élection de Donald Trump aux États-Unis, la volonté d’indépendance des BRICS, figurent parmi les symptômes du rejet croissant de la globalisation, telle qu’elle a été conçue au cours des années 1990. En Italie, l'accord de gouvernement réunissant la Ligue du Nord et le mouvement cinq étoiles est le dernier symptôme de la désintégration en cours du monde plat, affectant tout particulièrement l'Union Européenne qui s'est construite selon ce modèle. La fin du monde plat semble ainsi inéluctable, même si en fixer le terme demeure hasardeux. Un tel diagnostic pose la question du système alternatif capable de le remplacer. Un monde va mourir, mais quel monde va naître ?
Différents scénarios peuvent être envisagés. Face à un déclin irrémédiable, le système actuel pourrait évoluer vers un régime autoritaire, limitant les libertés et renforçant les inégalités. Selon toute vraisemblance, la montée de violence accompagnant une telle issue conduirait alors le monde vers un conflit majeur, voire l’Apocalypse nucléaire. Ce serait, sans doute, la fin de la civilisation que nous connaissons à présent. L’humanité mettrait beaucoup de temps à s’en remettre, si elle y parvient jamais. D'autres scénarios, plus optimistes, peuvent être envisagés. Ils impliquent un changement profond des habitudes et des mentalités. Pour le moment, malgré toutes les bonnes volontés déployées et les multiples initiatives en cours, on ne perçoit pas encore la lumière au bout du tunnel.