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mercredi 26 décembre 2012

L'avenir de l'économie / The future of the economy

TThe idea that the economy progresses through a self-organisation process is now quite widespread. Friedrich von Hayek has sintroduced the concept of a "spontaneous" order,  which he considers as the only appropriate in the case of complex systems. In his viw, any political decision at the level of the state is doomed to be unappropriate. His ideas has been followed and often oversimplified by Milton Friedman and the representatives of the "school of Chicago". They form the basis for the neoliberal system, which governx presently the world Market.  How can such a system preserve the general interest, the environment or human solidarity. In his book "L'avenir de l'économie", Jean-Pierre Dupuy introduces the idea that within a self-organised system, self-transcendant landmarks might emerge. Although, it is possible to build complexity upon multiple interactions, it seems much more difficult to imagine how moral values could be introduced in such a way. Although self-organisation is indeed the best way to deal with everyday issues , when big issues, such as climate chane, are at stake, it is most dangerous to rely upon self-organisation or self-transcendance. It is clearly the reponsability of political leaders, and also all citizens, to set at the center of the economy values which are needed for preserving the general interest, the environment or human solidarity.


L’idée que la société progresse par « auto-organisation» est maintenant largement répandue. Elle constitue le point de départ de la théorie des systèmes sociaux du sociologue allemand Niklas Luhmann[1]. Pour Niklas Luhmann, une telle capacité d’auto-organisation de la société est liée avant tout à ses facultés de communication à travers un langage. L’ordre global d’un système auto-organisé s’établit spontanément à partir des interactions entre les différents éléments, individus ou organisations, qui le constituent. Ainsi, les structures complexes du monde vivant relèvent d’un processus d’évolution auto-organisé, à travers le mécanisme de sélection naturelle décrit par Darwin.

   Partant de la distinction traditionnelle que les Grecs avaient établie entre l'ordre naturel (cosmos) et l'ordre artificiel (taxis), l’économiste Friedrich von Hayek a introduit l’idée d’un « ordre spontané », résultant de l'action humaine, mais qui ne serait pas, pour autant, l’aboutissement d’un dessein conscient. La plupart des grandes institutions sociales : le langage, la morale, le droit, la monnaie, la science, la technologie, le marché, se seraient organisées suivant un tel ordre spontané[2]. Pour Hayek, le Marché est seul capable d’assurer le fonctionnement harmonieux d’une économie-monde de plus en plus complexe. La notion de dérégulation, visant à libérer le Marché, s’impose dès lors comme principe d’organisation de l’économie, car toute règle, dont le but est de contrôler les actions menées par les acteurs économiques, va à l’encontre de l’ordre spontané qui est recherché. S’opposant à toute idée d’organisation rationnelle de l’économie selon une démarche cartésienne, Hayek considère que l’on appréhende beaucoup mieux la complexité, en répartissant les décisions entre tous les acteurs concernés, plutôt qu’en ayant recours à un système de planification. L’ordre marchand permet aux hommes de vivre en communauté, sans partager nécessairement les mêmes buts. Hayek éprouve une défiance profonde à l’égard de toute action menée par l’État, perçue comme l’exercice d’une tyrannie. Alors qu’il juge arbitraires et inadaptées la plupart des décisions étatiques, la régulation par les prix lui semble, au contraire, le moyen le plus approprié pour opérer les ajustements nécessaires. Ainsi, un effet de rareté se traduit immédiatement par une montée des prix, ce qui donne aux acteurs économiques le signal nécessaire pour modifier leur conduite[3]. Les idées de Hayek ont été reprises par l’École de Chicago et notamment par Milton Friedman, qui a beaucoup contribué à diffuser cette vision, en la simplifiant encore et en accentuant son caractère réducteur.   
   Les arguments en faveur de l’initiative privée et d’une économie libérale ne manquent pas de fondement. L’exemple de l’URSS a montré les défauts d’une économie dirigiste. Les activités de la vie courante peuvent être bien mieux gérées par des interactions entre particuliers, qu’à travers l’action de l’État. Milton Friedman prenait l’exemple d’un crayon, pour montrer à quel point il serait difficile d’en planifier la fabrication, alors que les initiatives spontanées des acteurs privés y parviennent parfaitement. C’est la raison pour laquelle il n’existe guère d’alternative aujourd’hui au capitalisme comme mode de fonctionnement du système technico-économique.
   Le problème que pose l’auto-organisation de l’économie n’est pas un problème d’efficacité, mais de finalité. Une économie auto-organisée, évoluant hors de tout objectif défini, peut certes progresser spontanément vers une complexité croissante. Par contre, si elle n’est pas guidée par un système de valeurs, elle demeure aveugle vis à vis des conséquences de ce progrès. L’accroissement de la complexité peut mener la société vers un meilleur destin, mais peut également provoquer son effondrement, si elle s’avère incapable de préserver l’environnement ou de maintenir la paix.
   Un système économique auto-organisé évolue en établissant ses propres repères à partir du comportement collectif des acteurs. Le processus d’émergence de tels repères a été qualifié par Jean-Pierre Dupuy d’ « auto-transcendance » [4].
   Toutefois, même si l’ordre collectif, résultant des interactions entre des acteurs multiples, transcende le comportement d’un individu, il n’aboutit pas nécessairement à une configuration souhaitable. Le comportement collectif peut mener au contraire à des situations catastrophiques. Ainsi, un mouvement de panique, au sein d’une foule, entraîne fréquemment des réactions totalement irrationnelles. C’est ce qui se produit par exemple dans le cas d’un incendie, lorsqu’une foule cherche à sortir par une issue de secours fermée à clef, provoquant l’étouffement de ceux qui se trouvent devant la porte.
   Cet exemple montre que l’auto-transcendance résultant des comportements collectifs ne débouche pas nécessairement sur un bien pour la collectivité humaine. Il en est fréquemment de même en ce qui concerne les mouvements collectifs observés en Bourse. L’évolution d’une économie auto-organisée n’a aucune raison de répondre spontanément aux besoins de l’intérêt général, ni même à ceux de l’individu, qui se trouve enfermé dans un système dont la logique lui échappe.
    L'autoorganisation joue un rôle essentiel dans la gestion de la plupart des activités relevant de la vie quotidienne. Elle est par contre totalement incapable de faire émerger des valeurs éthiques de solidarité humaine ou de respect de la nature. Pour assurer un avenir de l'économie conforme à l'intérêt général, on ne peut se fier à la seule auto-organisation, en espérant qu'elle fera "émerger" des valeurs "transcendantes". C'est le rôle du politique que de replacer de telles valeurs au centre de l'économie.




[1] Luhmann Niklas, Soziale Systeme: Grundriss einer allgemeinen Theorie, Suhrkamp Verlag, Frankfurt am Main, 1984, traduit en français : Systèmes sociaux : esquisse d’une théorie générale, Inter-Sophia, 2011
[2] Friedrich von Hayek, Law, Legislation and Liberty, Vol. 1, Rules and Order, The University of Chicago Press, 1983, traduit en français : Droit, législation et liberté, PUF, Collection Quadrige, 2007
[3] Friedrich A. Hayek, The Use of Knowledge in Society, American Economic Review, XXXV, N°4, pp.519-530, 1945
[4] Jean-Pierre Dupuy, L’avenir de l’économie, Flammarion, 2012



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