Numerical technologies connect presently practically all the inhabitants of the planet. At each moment, it has become feasible to keep informed about what happens in any place of the world. Jeremy Rifkin considers that it is the sign that we are entering in a new era, "the civilization of empathy". According to Jeremy Rifkin, by connecting most people of the planet, Internet facilitates the development of an empathic relationship between all of them. One of the consequences he foresees, is the development of what he calls a distributed capitalism, and the growing use of "peer to peer" transactions.
Although such an evolution is highly desirable, it is not obvious that we are really moving that way. The main consequence of Internet has been the development of financial activities at a global scale, which are operated in a way which has nothing to do with empathy. We are creating a society of screens, through which most transactions are operated now. Such a situation extends even to areas such as war, blurring the distinction between videogames and reality, in a most disturbin way. Furthermore screen pictures can be manipulated, giving a wrong perception of reality. As shown by the italian linguist Raffaele Simone, Internet culture is based upon direct and most often emotional emotions, rather upon rational thinking. Since, the concept of empathy is somewhat dangerous as hatred is its counterpart. Still, the overall picture is more complex as the Internet helps also to gather a diversity of viewpoints and appears as the main area of freedom.
Les technologies numériques relient
à présent pratiquement l’ensemble des habitants de la planète. à chaque instant, il est possible de s’informer sur tout ce
qui se passe dans le monde. Il est également devenu beaucoup plus facile de
voyager et de rejoindre n’importe quelle autre région. Les différences dans les
modes de vie tendent à s’estomper. Les mêmes produits et les mêmes marques sont
utilisés partout. Jeremy Rifkin n’hésite pas à voir
dans cette évolution l’avènement d’une « civilisation de l’empathie ».
D’après Jeremy Rifkin, en connectant chaque personne à une très large
collectivité, l’Internet favorise le développement des relations empathiques
entre l’ensemble des habitants de la Terre. Cette évolution conduirait également,
selon lui, à une nouvelle forme de
capitalisme, qu’il qualifie de « capitalisme distribué ». Celui-ci
verrait le triomphe des transactions « peer
to peer » entre individus, favorisant un développement du lien social.
Une telle évolution est sans doute souhaitable et même envisageable dans
l’avenir. Toutefois, elle ne correspond pas à la situation que l’on observe actuellement.
Ce sont les institutions financières les plus importantes, qui disposent des moyens
informatiques les plus performants. Elles sont ainsi en mesure d’imposer leur
pouvoir au reste de la population. En outre, la culture et même la spiritualité
ont été largement mercantilisées. Les médias se sont mis au service d’une
culture « mainstream »
mondialisée, capable de drainer les plus larges audiences, aux dépens d’une
recherche de nouvelles sources d’inspiration.
L’impact présent et futur de l’Internet sur le développement d’une
relation empathique ainsi que sur le rapprochement entre individus et nations
demeure, bien entendu, une question centrale. Un certain nombre de ses effets
peuvent être jugés positifs. L’Internet facilite l’établissement de nouveaux liens
sociaux et aide à faire connaître les idées et les opinions de chacun.Toutefois, les moyens que l’Internet met en principe au service du lien
social soulèvent de nombreuses questions. Ainsi, les espoirs qu’a suscités la
contribution des réseaux sociaux à l’expression de la démocratie, ont été
largement déçus. En outre, l’exploitation des données privées par les
compagnies gérant les réseaux sociaux leur confère un pouvoir que l’on peut
juger exorbitant[2].
Les technologies numériques
ont créé une société des écrans, dans laquelle les écrans servent d'intermédiaires dans la plupart des échanges, en se substituant au contact direct.
Malgré les succès des réseaux sociaux, les conséquences observées ont été
plutôt à l’opposé de la vision optimiste d’une « civilisation de
l’empathie ». La multiplication des échanges à distance, par écrans
interposés, a abouti, bien souvent à un accroissement du sentiment de solitude.
La société des écrans ne vit pas les événements réels, mais uniquement leurs traces
sur des écrans multiples. Dans la plupart des cas, la relation qui s’établit
par écran interposé exclut toute possibilité de réaction empathique.
Le monde de la finance en est la plus claire illustration. Quand un
trader voit défiler sur sa console des milliers de titres, les décisions qu’il
prend ne tiennent compte, en aucune façon, des situations et des personnes qui font
partie des sociétés concernées. Sa seule préoccupation est de réaliser le
meilleur score possible, sur la base du profit enregistré. Il n’a pas d’autre
choix. D’ailleurs, de plus en plus souvent, il est remplacé par des ordinateurs
qui effectuent ces choix à sa place et sont capables de réaliser des opérations
de vente ou d’achat en une microseconde.
De la même façon, .la guerre numérique est menée sur des écrans. Elle établit
entre celui qui déclenche le tir et celui qui en est la cible, une distance incompatible
avec une réaction empathique. Pour celui qui commande un drone, la personne à
supprimer n’est qu’un objectif. En outre, la différence entre le monde réel et
le monde virtuel s’estompe et le pilotage du système d’extermination s’apparente
à celui d’un jeu vidéo.
L’usage excessif de l’Internet entraîne fréquemment une addiction
semblable à celle que provoque une drogue ainsi que des troubles de la
personnalité. Ceux qui passent des heures entières sur un ordinateur ou une
console de jeu tendent à s’isoler et finissent par redouter les contacts réels.
Une fréquentation excessive de personnages virtuels ou même de personnes
réelles par écran interposé crée une forme d’inhibition sociale. Les cas de
cyberdépendance sont bien documentés.
Ils sont particulièrement répandus parmi les jeunes Japonais, où on a même créé
des centres de désintoxication au Web. L’ordinateur favorise ainsi une attitude
de fuite qui traduit parfois une véritable phobie sociale.
L’Internet a induit un changement de culture qui n’est sans doute pas
étranger à la vogue actuelle du concept d’empathie. L’universitaire italien
Raffaele Simone évoque à ce sujet la nouvelle forme d’intelligence qu’implique
le passage de la lecture à la vision et à l’écoute .
Alors que l’écriture incitait la pensée à se structurer de manière
séquentielle, l’usage de l’Internet implique la perception simultanée d’un
ensemble d’informations visuelles et auditives. L’attention de l’internaute est captée par un phénomène de résonance vis
à vis de l’information diffusée en temps réel, qui le fait réagir dans un sens
immédiat d’empathie ou de rejet. Cette perception immédiate tend à se
substituer à la construction intellectuelle que suscitait l’écriture. Pour être
efficaces, les médias tendent à simplifier les messages qu’ils font passer et à
les renforcer par des images qui suscitent la sympathie, la pitié ou l’horreur.
La forme de perception directe que représente l’empathie est ainsi
proche de la réaction immédiate d’adoption
ou de rejet, que favorise l’usage de l’Internet, aux dépens d’une mise en
perspective et d’une réflexion en profondeur.
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