Technical progress and the evolution of societies towards more democracy and the recognition of human rights have led to the belief that there is a sense of history. For a long time it was thought that the progress of civilization went hand in hand with moral progress. Whereas the oldest civilizations conceived the course of time in a cyclical form, the arrow of time appears in the monotheistic religions which locate the day of the completion of salvation. At the time of the Renaissance appeared the hope of being able to transform the world by the use of reason. For the philosophers of the Enlightenment, reason guides humanity towards "the destruction of inequality among nations, the progress of equality in the same people, and finally the real improvement of man", as announced Condorcet. This new era had not yet come, but Kant affirmed his conviction of living "in a century on the way to the Enlightenment". Hegel saw in history the march of the Spirit towards absolute knowledge. Wars and tyranny were only wiles of reason to allow him to achieve its ends. This idea of a dialectical progression of history has been taken up by Marxism. According to the theses of dialectical materialism, Matter replaced the Spirit, but history was guided, through the class struggle, towards its inevitable fulfillment, the classless society. Dialectical materialism, conceived as a scientific truth, was even part of the dogmas of Marxist ideology. The vagaries of history, however, have shaken such a concept, even if hope for a better world remains present. While the progress made by the Soviet Union might have led one to believe, in the aftermath of the Second World War, that inspired by dialectical materialism, it would overtake or even overtake the United States, the fall of the Soviet bloc and the passage to China's market economy sounded the death knell of this illusion. After the fall of the USSR, the American political scientist Francis Fukuyama thought he could announce the end of history, because only the liberal system remained in place. History, itself, disappeared in favor of the economy. Events in the world since the end of communism in the Soviet Union have not confirmed such a forecast. The story continues unabated, through multiple conflicts and upheavals, while the future remains more uncertain than ever. The notion of continuous progress is thus called into question. As a result, the concept of progressivism long claimed by the left is now worn out. Yet progressivism retains a power of seduction, as shown in France by Emmanuel Macron's desire to qualify his project as "progressive", to suggest the idea of transforming a country "on the move", despite of a program that seems far removed from historical progressivism. Such a conception is shared by many politicians, who want to show that, while adhering closely to the neoliberal globalization guidelines, they are followers of a social progress that would continue in parallel with the technical progress. This requires finding new causes that can play this role without hindering the power of the Market. In the face of rising inequalities, positions in favor of ecology, multiculturalism and ethnic or sexual minorities aim to attract the most educated sections of the population. Thus the Democratic Party in the United States or the Socialist Party in France were perfectly adapted to a neoliberal policy, while showing their interest in the ecology or defense of minorities, despite the inevitable contradictions between such choices, For the neoliberal power, ecology opens new economic opportunities, while ethnic or sexual minorities represent a clientele to conquer. Profit remains the dominant criterion. If a deregulated Market remains the sole arbitrator of decisions, social or environmental positions may remain at the communication stage, It would be futile to think that technical progress inevitably leads to social progress.
Le progrès technique et l’évolution des sociétés vers plus de démocratie et de reconnaissance des droits de la personne humaine ont pu faire croire qu’il existe un sens de l’histoire. Pendant longtemps on a pensé que les progrès de la civilisation allaient de pair avec un progrès moral. Les civilisations les plus anciennes concevaient le déroulement du temps sous une forme cyclique. La flèche du temps apparaît dans les religions monothéistes qui situent au jour dernier l’accomplissement du salut. Au moment de la Renaissance, l’espoir de pouvoir transformer le monde par l’usage de la raison semble ouvrir la voie d'un progrès sans limite. Pour les philosophes des Lumières, la raison guide l’humanité vers « la destruction de l’inégalité entre nations, les progrès de l’égalité dans un même peuple, enfin le perfectionnement réel de l’homme », comme l’annonçait Condorcet. Cette ère nouvelle n’était pas encore advenue, mais Kant affirmait sa conviction de vivre « dans un siècle en marche vers les Lumières». Hegel voyait dans l’histoire la marche de l’Esprit vers le Savoir absolu. Les guerres et la tyrannie n’étaient que des ruses de la raison pour lui permettre d’arriver à ses fins. Le mouvement de l’histoire allait conduire, à travers un processus dialectique, à l’avènement de l’Esprit, s’incarnant dans une nouvelle forme d’État. L’histoire avait un sens, dirigé vers. Cette idée d’une progression dialectique de l’histoire a été reprise par le marxisme. Suivant les thèses du matérialisme dialectique, la Matière remplaçait l’Esprit, mais l’histoire restait guidée, à travers la lutte des classes, vers son accomplissement inéluctable, la société sans classes. Le matérialisme dialectique, conçu comme une vérité scientifique, faisait même partie des dogmes de l’idéologie marxiste. Les aléas de l’histoire ont toutefois ébranlé un tel concept, même si l’espoir en un monde meilleur demeure présent. Alors que les progrès réalisés par l’Union soviétique avaient pu laisser croire, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, qu’inspirée par le matérialisme dialectique, elle allait rattraper ou même dépasser les États-Unis, la chute du bloc soviétique et le passage à l’économie de marché en Chine ont sonné le glas de cette illusion. Après la chute de l’URSS, le politologue américain Francis Fukuyama a cru pouvoir annoncer la fin de l’histoire, car seul le système libéral restait en place. L’histoire, elle-même, disparaissait au profit de l’économie. Le monde, libéré du pouvoir politique, allait pouvoir progresser vers toujours plus de complexité et de perfection par auto-organisation, en assurant le bonheur de l’humanité. Les événements intervenus dans le monde depuis la fin du communisme en Union soviétique n’ont pas confirmé une telle prévision. L’histoire se poursuit sans fin, à travers des conflits et des bouleversements multiples, tandis que l’avenir demeure plus incertain que jamais.
La notion d’un progrès continu est ainsi remise en cause. Les terribles égarements dont le XXe siècle a été le témoin ont discrédité l’idée d’un sens de l’histoire tel que l’envisageait Marx. De ce fait, le concept de progressisme longtemps revendiqué par la gauche est à présent usé. Pourtant, le progressisme conserve un pouvoir de séduction, comme le montre, en France, la volonté d'Emmanuel Macron de qualifier son projet de "progressiste", pour suggérer l'idée de transformation d'un pays "en marche", en dépit d'un programme qui semble fort éloigné du progressisme historique..Une telle conception est partagée par de nombreux politiques, qui veulent montrer que, tout en adhérant étroitement aux consignes de la globalisation néolibérale, ils sont les adeptes d'un progrès social qui se poursuivrait parallèlement au progrès technique. Il faut pour cela trouver de nouvelles causes, qui puissent jouer ce rôle, sans entraver le pouvoir du Marché. Face à la montée des inégalités, des prises de position en faveur de l'écologie, du multiculturalisme ainsi que des minorités ethniques ou sexuelles visent à séduire les couches les plus instruites de la population. C’est ainsi que le Parti démocrate aux États-Unis ou le Parti socialiste en France se sont parfaitement accommodés d’une politique néolibérale, tout en affichant leur intérêt pour l’écologie ou la défense des minorités, malgré les contradictions inévitables entre de tels choix, Pour le pouvoir néolibéral, l’écologie ouvre de nouvelles opportunités économiques, tandis que les minorités ethniques ou sexuelles représentent une clientèle à conquérir. Le profit demeure ainsi le critère dominant. Si le Marché dérégulé reste le seul arbitre des décisions, les prises de position sociales ou environnementales risquent d'en rester au stade de la communication. Il serait vain de penser que le progrès technique engendre inévitablement un progrès social.
La notion d’un progrès continu est ainsi remise en cause. Les terribles égarements dont le XXe siècle a été le témoin ont discrédité l’idée d’un sens de l’histoire tel que l’envisageait Marx. De ce fait, le concept de progressisme longtemps revendiqué par la gauche est à présent usé. Pourtant, le progressisme conserve un pouvoir de séduction, comme le montre, en France, la volonté d'Emmanuel Macron de qualifier son projet de "progressiste", pour suggérer l'idée de transformation d'un pays "en marche", en dépit d'un programme qui semble fort éloigné du progressisme historique..Une telle conception est partagée par de nombreux politiques, qui veulent montrer que, tout en adhérant étroitement aux consignes de la globalisation néolibérale, ils sont les adeptes d'un progrès social qui se poursuivrait parallèlement au progrès technique. Il faut pour cela trouver de nouvelles causes, qui puissent jouer ce rôle, sans entraver le pouvoir du Marché. Face à la montée des inégalités, des prises de position en faveur de l'écologie, du multiculturalisme ainsi que des minorités ethniques ou sexuelles visent à séduire les couches les plus instruites de la population. C’est ainsi que le Parti démocrate aux États-Unis ou le Parti socialiste en France se sont parfaitement accommodés d’une politique néolibérale, tout en affichant leur intérêt pour l’écologie ou la défense des minorités, malgré les contradictions inévitables entre de tels choix, Pour le pouvoir néolibéral, l’écologie ouvre de nouvelles opportunités économiques, tandis que les minorités ethniques ou sexuelles représentent une clientèle à conquérir. Le profit demeure ainsi le critère dominant. Si le Marché dérégulé reste le seul arbitre des décisions, les prises de position sociales ou environnementales risquent d'en rester au stade de la communication. Il serait vain de penser que le progrès technique engendre inévitablement un progrès social.
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