The philosopher Timothy Morton introduced the notion of hyperobjects, that is, objects or phenomena that are too complex and too large scale for us to understand correctly their behaviour. The notion of hyperobjects becomes particularly relevant in the case of hyperthreats, because if humanity becomes unable to cope, its survival is called into question. Two hyperthreats are particularly critical at the moment. The first concerns the environment and global warming. It is a particularly complex phenomenon, which involves the entire planet and which requires a close collaboration between all nations. The solutions required call for significant investments and major changes in lifestyles. Defining an agenda for action on a global scale and achieving an equitable distribution of the efforts to be undertaken are tasks that might exceed the capacity of humanity to act in a concerted manner. If we observe the steady increase in greenhouse gas emissions since the beginning of the climate negotiations, that is to say almost 25 years ago, we can legitimately doubt a favorable outcome, in a context of increasing international tensions. Nuclear weapons represent a second major issue, as their presence poses a permanent threat to the survival of humanity. While the power of the Hiroshima atomic bomb was about 20 kilotons (kt) of TNT equivalent, that of a thermonuclear fusion bomb is between 10 and 50 million tons (Mt), or 500 to 500 Hiroshima bombs. It is clear that the use of such a weapon on inhabited centers would have a truly apocalyptic effect. By the 1950s, Günther Anders had noted that Hiroshima was the beginning of a new world, in which humanity would live under the constant threat of a nuclear apocalypse. To conceive the disappearance of humanity is difficult for a person or even an institution. Since Hiroshima, the worst has not happened and as a result the threat has seemed to diverge. In fact, this situation has contributed to increase the risk of disaster, by blunting the most acute fears. The risks are not limited to nuclear proliferation, nor to countries such as South Korea or Iran. They also concern countries that have long held nuclear weapons. The development of increasingly sophisticated missiles, the shortening of the time required to strike, and the proliferation of so-called "tactical" nuclear weapons are contributing to an increase the unstability of nuclear deterrence. An unexpected sequence of circumstances could lead to apocalypse, even in the absence of a deliberate willingness to take such a risk. Günther Anders spoke of the obsolescence of man, who has become incapable of mastering his technical achievements. The hyperthreats he faces may exceed his ability to overcome them.
Le philosophe Timothy Morton a introduit la notion d'hyperobjets, c'est à dire d'objets ou de phénomènes trop complexes et se situant à une échelle trop vaste pour que nous puissions les appréhender correctement. La notion d'hyperobjets devient particulièrement pertinente dans le cas d'hypermenaces, car si l'humanité devient incapable d'y faire face, sa survie est alors mise en question. Deux hypermenaces sont particulièrement critiques à l'heure actuelle. La première concerne l'environnement et le réchauffement climatique. Il s'agit d'un phénomène particulièrement complexe, qui concerne l'ensemble de la planète et qui nécessite une collaboration étroite entre toutes les nations. Les solutions à apporter réclament des investissements considérables et des changements importants dans les modes de vie. Définir un programme d'action à l'échelle de la planète et parvenir à une répartition équitable des efforts à engager sont des tâches qui risquent de dépasser les capacités de l'humanité à agir de façon concertée. Si l'on observe la progression continue des émissions de gaz à effet de serre depuis le début des négociations climatiques c'est à dire il y a près de 25 ans, on peut légitimement douter d'une issue favorable, dans un contexte international marqué par les rivalités et les tensions.
Le second problème concerne la question des armes nucléaires dont la présence constitue un péril permanent pour la survie de l'humanité. Alors que la puissance de la bombe atomique d’Hiroshima
était d’environ 20 kilotonnes (kt) d’équivalent TNT, celle d’une bombe
thermonucléaire à fusion se situe entre 10 et 50 millions de tonnes (Mt),
soit 500 à 2 500 bombes d’Hiroshima. Il est clair que l’usage d’une
telle arme sur des centres habités aurait un effet véritablement apocalyptique. Dès les années 1950, Günther Anders avait noté qu'Hiroshima marquait un tournant et que dès lors l'humanité allait vivre sous la menace permanente d'une apocalypse nucléaire. Concevoir la disparition de l'humanité est difficile pour une personne ou même une institution. Depuis Hiroshima, le pire ne s'est pas produit et de ce fait la menace a paru s'écarter. En fait, cette situation a contribué à augmenter le risque de catastrophe, en émoussant les craintes les plus vives. Les risques ne se limitent pas à la prolifération nucléaire, ni aux pays tels que la Corée du Sud ou l'Iran. Ils concernent aussi les pays qui possèdent depuis longtemps des armes nucléaires. Le développement de missiles de plus en plus perfectionnés, le raccourcissement du délai nécessaire pour effectuer une frappe, la multiplication des armes nucléaires dites "tactiques" contribuent à rendre de plus en plus instable la dissuasion nucléaire. Un enchaînement inattendu de circonstances pourrait conduire à l'apocalypse, même en l'absence de volonté délibérée de prendre un tel risque. Günther Anders évoquait l'obsolescence de l'homme, devenu incapable de maîtriser ses réalisations techniques. Les hypermenaces auxquelles il doit faire face pourraient dépasser sa capacité à les surmonter.
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