In his last book, the philosopher Pascal Chabot evokes the difficulty we have in acting in a world that has become a powerful system, guided by ultra-strong forces that we feel unable to dominate. We find ourselves locked within a sphere, which isolates and protects us from the outside, but at the same time imprisons us. Pascal Chabot evokes the glass walls, which form a transparent fence, which we can forget but which separates us from the outside. He describes the world in terms of bay windows, seats and screens. Thus, he seems to forget underground mining, giant slaughterhouses, sweat shops and shantytowns that form the foundations of the "system", like a contemporary "metropolis". Lucidity is most certainly a first requirement imposed in the face of rising dangers. When he talks about the ultraforces that transform the system, mixing finance, digital computing, energy demography, communication, robotization, mobilization and populism, he presents all these factors as natural phenomena, self-imposed and to which it would be vain. to oppose. However, following this reasoning, it should be considered that all the current problems, global warming, environmental degradation, rising inequalities and increasing geopolitical tensions are a fatality completely independent from our will, a rather hopeless point of view, to which it seems difficult to adhere. In fact, behind the "ultraforces" are human decisions that each of us can help to change. In the end, what Pascal Chabot proposes is to cultivate the "care of oneself", to seek a form of balance, to taste the flavor of existing, which is "what depends on us". Such a wisdom, with its reference to Epictetus and Stoicism, is certainly useful. This form of quietism, however, may lead to passivity. Pascal Chabot evokes the resistance to ultraforces. It cannot remain only intimate and requires a collective movement. It is not really satisfactory to be carried away by the current, tasting the tranquility of the moment. It seems preferable to know the destination of the current. If it leads us to an ecological catastrophe or a new world war, we must do everything to avoid it. Of course, cultural factors are essential. By prioritizing culture, the environment and the social rather than GDP and power, it might become possible to avoid the final disaster. However, such a change of priorities will only be effective if it is widely shared. It is not enough to cultivate one's own convictions. It is also a question of being able to share them. That too "depends on us" and therefore comes out of our responsibility.
Nous nous trouvons enfermés dans une sphere, qui nous isole et nous protège de l'extérieur, mais en même temps nous emprisonne. Pascal Chabot évoque les parois en verre, qui forment une cloture transparente, que nous pouvons oublier mais qui nous sépare de l'extérieur. Il décrit de monde en termes de baies vitrées, de sièges et d'écrans. Il semble toutefois oublier totalement les mines d'extraction, les abattoirs géants, les "sweat shops" et les bidonvilles qui forment les soubassements du "système", à l'image d'une "metropolis" contemporaine. Faire preuve de lucidité est donc une première exigence qui s'impose face à la montée des périls.
Lorsqu'il évoque les ultraforces qui transforment le système, en mêlant finance, numérique, énergie démographie, communication, robotisation, mobilisation et populisme, il les présente comme des phénomènes naturels, qui s'imposent d'eux-mêmes et auxquels il serait vain de s'opposer. Toutefois, en suivant ce raisonnement, il faudrait considérer que tous les problème actuels, réchauffement climatique, dégradation de l'environnement, montée des inégalités, tensions géopolitiques croissantes sont une fatalité à laquelle on ne peut rien, ce qui serait un point de vue quelque peu désespérant, auquel il est difficile d'adhérer. En fait, derrière les "ultraforces" on trouve des décisions humaines que chacun d'entre nous peut contribuer à infléchir.
En définitive, ce que propose Pascal Chabot, c'est de cultiver le "souci de soi", de rechercher une forme d'équilibre, de goûter la saveur d'exister, car c'est "ce qui dépend de nous". Cette forme de sagesse, cette référence à Épictète et au stoïcisme sont certainement utiles. Cette forme de quiétisme risque toutefois de mener à la passivité. Pascal Chabot évoque la résistance aux ultraforces. Celle-ci ne peut se vivre seulement de manière intime. Elle nécessite un mouvement collectif.
Il ne suffit pas de se laisser entraîner par le courant, en goûtant la tranquillité du moment. Il est préférable de savoir où le courant nous mène. S'il nous conduit à une catastrophe écologique ou à une nouvelle guerre mondiale, il faut tout faire pour l'éviter. Certes, les facteurs culturels sont essentiels. C'est en donnant la priorité à la culture, à l'environnement et au social plutôt qu'au PIB et au pouvoir, qu'il sera possible d'éviter la catastrophe finale. Toutefois, un tel changement de priorités ne sera effectif que s'il est largement partagé. Il ne suffit donc pas de cultiver ses propres convictions. Il s'agit aussi de parvenir à les partager. Cela aussi dépend de nous et ressort donc de notre responsabilité.