Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

mardi 6 octobre 2015

Bioéconomie / The plenitude economy


For a long time, economy has tried to evolve as a pure science, independantly of   environmental or human factors, describing in an abstract way the relationship between suppy and demand. It has tried also to explain all human behaviour in economic terms. Thus, for the economist  Gary Stanley Becker,  parents invest in the education of their children, in order to get a protection when they become old, according to an economic assessment. At the opposite of such a conception, economy can be integrated within the much wider realm of  life sciences. Humanity cannot survive without its environment and the biosphere to which it belongs. Therefore, economy has to take into account the needs of the web of life and become a plenitude economy, a bioeconomy (bioéconomie in French, according to the economist  René Passet). An economy system can remain viable, only if it operates in symbiosis with the environment. It requires regulation modes able to limit the consumption of resources and the production of waste. Products and objects have to be designed in a way which helps to recycle them and to minimize their impact upon the environment during their whole life cycle from cradle to grave. Preserving nature, even in urban areas. besides preserving the environment, helps to improve  the quality of life, reducing the stress, bringing calm and serenity to the inhabitants.  Thus, regulatory and economic models taking into account bioeconomic factors help to organize a more harmonious way of life not only environmentally friendly, but also more peaceful and just  

L’économie a cherché pendant longtemps à se libérer des sciences humaines, en décrivant de manière de plus en plus abstraite les relations entre offre et demande. Elle a voulu aussi expliquer les comportements humains par des raisons purement économiques, de manière parfois caricaturale. Ainsi selon l’économiste Gary Stanley Becker, c’est pour se prémunir dans leur vieillesse que les parents investissent dans l’éducation de leurs enfants, en suivant un calcul économique. A l’opposé d’une telle vision, l’économie peut être intégrée dans le champ beaucoup plus vaste des sciences du vivant, dont elle ne serait qu’un sous-ensemble. L’humanité ne peut survivre en dehors de son environnement et de la biosphère dont elle fait partie. Pour ne pas s’engager dans des voies impraticables, l’économie doit tenir compte du milieu vivant et se transformer en une bio-économie, qui a été notamment préconisée par l’économiste René Passet. Le vivant, plutôt l’argent, devrait être considéré comme la valeur centrale en économie. Dans ses travaux concernant les interactions entre l’économie et le vivant, René Passet a cherché à dégager les conditions à respecter pour créer une économie durable.  Une telle bioéconomie ne se limite pas à exploiter au mieux les ressources naturelles et en particulier  la biomasse pour produire de l'énergie et des matières premières ( ce qui est le sens habituel de bioeconomy, d'où le choix de plenitude economy pour traduire bioéconomie en anglais). Elle vise à réunir toutes les conditions requises pour la préservation de la vie, qui remplace la richesse comme priorité de l'économie.

dimanche 13 septembre 2015

La génération des tribus / The new generation of tribes


The consumerist individualism is more and more challenged. The will to forge further human links drives the expansion of social networks and the creation of multiple associations and collective organizations. Communities of practice share a common passion, music, software or recent disruptive technologies such as 3D printing. Some communities share their belongings and live together. New generations are less interested by owning an equipment than by just using it. Numerical platforms help to develop borrowing or bartering practices. Small compact living districts are preferred to dispersed individual housing or large anonymous cities. The sociologist Michel Maffesoli describes contemporary tribes which meet around gathering totems. The members of a tribe are linked by emotional attachments. They share a similar musical taste and the same dress codes. They like to meet within large festivals or big fairs for sharing experiences. Thousands of participants meet each year in the Black Rock Desert of Arizona, for a big festival during which a large wooden effigy  is burned. Maker Fares are organized throughout the world, where makers come to show their créations and share their learnings. Other groups try to promote alternative policies. In France communities were created for protesting against the Notre-Dame-des-Landes airport project or the dam which was planned at Sievens. It was an opportunity for young people to share a common life and to test different ways of sharing common goods, such as tools or bikes. These large gatherings are an ideal laboratory for the future, where new ideas and lifestyles can be tested. They demonstrate a will to find common passions and closer social links.

L’individualisme consumériste est de plus en plus contesté. La volonté de retisser des liens humains se manifeste notamment à travers l’intérêt porté aux réseaux sociaux ainsi qu’à de multiples associations ou organisations collectives. Des communautés de pratique se réunissent autour d’une passion commune, que ce soit la musique, l’informatique (hackers) ou la mise en œuvre des technologies les plus récentes de l’impression 3D (makers). D’autres expériences vont jusqu’à la création de communautés de vie, avec partage de biens en commun.
   Les nouvelles générations sont moins intéressées par la possession d’un objet que par son usage. Des pratiques de prêt et de troc se développent, favorisées par la mise en place de plateformes numériques de partage ou d’échange. On peut ainsi échanger des logements pour une période de vacances, partager l’usage d’une voiture ou d’un outil de bricolage. Plutôt que d’être jetés après une période d’utilisation relativement courte, les objets trouvent constamment de nouveaux usages.
   Aux relations anonymes des grandes villes se substituent progressivement des liens plus directs entre voisins, au sein de structures urbaines ou rurales plus petites. Pour des raisons différentes, les grands ensembles ainsi que l’habitat individuel dispersé maintiennent l’éloignement social entre des voisins qui se croisent sans se connaître. Ces deux formes de structures urbaines, dominantes dans le passé, tendent à faire place à des ensembles d’habitations relativement compacts, qui restent à échelle humaine et favorisent l’interaction sociale, en recréant l’ambiance d’un village, dans lequel tous les habitants se connaissent et sont prêts à s’entraider.
   Le sociologue Michel Maffesoli a décrit les « tribus » contemporaines, formées par des groupes de personnes, qui se réunissent autour de totems de rassemblement. Les membres d’une tribu partagent des émotions et sont liés par des liens affectifs, qui s’expriment à travers diverses manifestations et actions collectives. Ils ont les mêmes goûts musicaux, partagent les mêmes codes vestimentaires et apprécient les mêmes modes de vie. Ils se retrouvent dans le cadre de grands rassemblements, à l’occasion de foires ou de grands événements festifs pour échanger des expériences communes.

samedi 15 août 2015

Corrida et dauphins / Corrida and dolphins


Some time ago, a distinguished French philosopher has highlighted the corrida as a most sublime  and ethical event. The bull only wants to fight and does not suffer (there are people who "know" it) . The corrida is moral, because "moral universality does not extend beyond the human species". Such an argument has been othen used establishing a radical barrier between "we", who are supremely intelligent and "others". The main argument is the beauty of "tradition", whatever its purpose. In Faroe Island, although a part of the most civilized kingdom of Denmark, a tradition which goes back to the XVIth century, consists in the slaughter (or grind) of the greatest possible numbers of dolphins and whales, with the help, nowadays, of powerboats. Only a small fraction of the meat, which is contaminated with heavy metals, is eaten.  This practice, although contrary to the European regulations, is supported by the Danish government in the name of "tradition". Five animal rights activists from the "Sea Shepherd" association were arrested recently, because they tried to prevent the slaughter. The fascination for slaughter seems to be part of human psychology, and it appears quite clearly that neither "philosophy" nor "civilization" can provide a proper protection against such a death drive . It is a matter of sensitivity, empathy, consciousness, whch can be transmitted but not demonstrated through reasoning. Thus only public opinion can prevent such practices. There are encouraging signs, and the fact that in Spain many political leaders have taken a clear position against corrida performances is encouraging.

Il y a déjà quelque temps, un distingué philosophe, qui plus est, directeur du département philosophie de l'Ecole normale supérieure, avait vanté le caractère sublime de la corrida. Quant au taureau, lorsqu'il combat, il ne soufre pas. Ce n'est évidemment pas le taureau qui nous le confie, mais un directeur de recherches sur la physiologie animale de Madrid qui le "sait".  La corrida est éthique en vertu du principe que "l'universalisme moral s'étend à l'espèce humaine et s'arrête à elle". Cet argument a beaucoup servi sous d'autres formes, dressant une barrière entre "nous", qui avons la chance d'être supérieurement intelligents et les autres. Le caractère "sublime" du spectacle, le jeu de la vie et de la mort, si impressionnant pour le spectateur assis dans son fauteuil, avait déjà servi à prolonger les combats de gladiateurs. Un jour, d'ailleurs, quelqu'un aura l'idée de réintroduire des êtres humains dans l'arène. Tout est une question de temps et d'argent. A ceux qui protestent, on évoque le respect de la "tradition".
Aux îles Féroé, qui font pourtant partie du très civilisé royaume du Danemark, la tradition consiste à tuer le plus grand nombre possible de dauphins  et de baleines. Cette pratique remonte au XVIe siècle comme "rite d'initiation".  Le massacre ou "grind" de centaines de dauphins se pratique en famille.  Il est aggravé par les moyens modernes (vedettes motorisées, hélicoptères) dont dispose la population pour chasser leurs victimes. Il semble que seule une faible partie de la viande est consommée.  Cette viande contaminée par des métaux lourds est en outre impropre à une consommation régulière.
Cette pratique, bien que contraire aux conventions reconnues au niveau européen, est soutenue par le gouvernement danois, au nom de la "tradition" (l'exception culturelle en quelque sorte) et cinq militants de l'association "Sea Shepherd" qui tentaient de s'y opposer ont été arrêtés.  L'attrait pour le massacre paraît ancré dans la psychologie humaine et malheureusement ni la philosophie ni la civilisation ne semblent en mesure de détourner les acteurs. D'autres facteurs doivent intervenir: la sensibilité, l'empathie, qui ne font pas l'objet d'un raisonnement mais doivent être ressentis. Il est donc nécessaire que l'opinion se mobilise, pour parvenir à supprimer de telles pratiques. Des progrès notables ont été enregistrés et le fait que la corrida soit de moins en moins bien perçue en Espagne, où des responsables de Podemos ont pris fermement position pour sa prohibition, est un signe encourageant.