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samedi 6 décembre 2014

L'ère des tribus? / The era of tribes?


Individualism and consumerism are more and more frequently questionned. The will to develop stronger social links is widely shared. Numerous associations, NGO's and communities testify such a will. Those who want to share commun practices or ways of life gather within various fairs (makers) or festivities. The French sociologist Michel Maffesoli considers that the multiplication of such "tribes", which gather around certain identification "totems", is an important feature of the present "post-modern" societies. People are moved by feelings rather than by ideas. Members of such communities like to share the same habits, clothes and language. Each year, thousands of participants meet in the "Black Rock" desert, at the "Burning man" festival, for experimenting various happenings and celebrations. New sharing practices, which the numerical technologies make easier to implement, become widespread. It is possible to share cars, houses and most appliances. Thus, many objects can be used for a much longer period of time, helping to preserve natural resources. The architecture of urban districts evolves and more compact cities can be prefered to suburban individual dwellings which can be reached only by driving a car. Such compact districts, which can look like a "village", facilitate social links and provide an easier access to multiple services.
It remains difficult to assess how deep is such a trend. It can coexist with individualism and does not represent necessarily a real alternative to the present economic and social system. Still, it means that such a search for a stronger social link, corresponds to a real need of many citizens. 

L’individualisme consumériste est à présent contesté. Il reste présent dans les pays émergents, dans lesquels les couches de la population les plus favorisées se comportent fréquemment en nouveaux riches, recherchant le luxe et l’ostentation. Dans les pays anciennement développés, on observe un vaste mouvement de remise en cause de ce modèle individualiste et la volonté de tisser de nouveaux liens sociaux.
   Cette volonté se manifeste à travers la participation à des associations ou des communautés, qui peuvent être des communautés de vie, avec partage de biens en commun, ou des communautés de pratique réunies autour d’un même intérêt commun qui peut être de nature très variée : bénévolat, musique, informatique (hackers), mise en œuvre des technologies les plus récentes de l’impression 3D (makers).
   Le sociologue Michel Maffesoli évoque l'idée de « tribus », groupes de personnes, qui se réunissent autour de « totems de rassemblement ». Ces communautés souhaitent éprouver des émotions en commun, plutôt que partager des idées. Les membres d’une « tribu » sont liés par des liens affectifs qui se développent à travers des actions collectives. Ils aiment la même musique, partagent les mêmes codes vestimentaires, le même type de langage et souvent les mêmes modes de vie. Ils se retrouvent dans le cadre de grands rassemblements, qui peuvent être des « foires » présentant certains types de produits (par exemple, dans le cas des groupes de « makers ») ou de grands événements festifs.
   Chaque année, des milliers de participants se retrouvent dans le désert « Black Rock » de l’Arizona, au moment du solstice d’été, dans le cadre d’une grande rencontre appelée « Burning man », au cours de laquelle on brûle une grande effigie en bois. Cette rencontre permet aux participants de se retrouver pour exercer leur créativité en commun à travers toutes sortes de manifestations et de créations artistiques. Le nombre de participants à cette manifestation ne cesse d’augmenter et s’est élevé en 2013 à près de 70 000 personnes.
On observe également le développement d’une culture du partage. Les nouvelles générations sont moins intéressées par le besoin de posséder un objet et sont prêts à le partager. Des pratiques de prêt, de troc, de partage se développent et sont très largement favorisées par la possibilité d’utiliser des plateformes numériques de partage ou d’échange. On peut ainsi s’échanger des logements pour des périodes de vacances, partager l’usage d’une voiture. De ce fait, les objets trouvent plus facilement une seconde vie, et ne sont pas jetés après une période d’utilisation relativement courte.
   Aux relations anonymes des grandes villes tendent à se substituer des liens plus directs entre voisins, au sein de structures urbaines ou rurales plus petites. Pour des raisons différentes, les grands ensembles ainsi que l’habitat individuel favorisent un éloignement social entre des voisins qui ne se connaissent pas. Ces deux tendances, qui ont été dominantes dans le passé, tendent à faire place à des ensembles d’habitations relativement compacts qui restent à l'échelle humaine et favorisent l’interaction sociale, en permettant de recréer l’ambiance d’un « village » dans lequel tous les habitants se connaissent et sont prêts à s’entraider
   Il ne faudrait pas surestimer le rôle social des « tribus » actuelles. Les motivations qui les animent peuvent se situer à un niveau relativement superficiel. Vouloir participer à une grande festivité peut procéder d’un désir de défoulement plus que d’un souhait de communion spirituelle. Au sein de la société éclatée actuelle, une telle volonté de rassemblement témoigne néanmoins d’un besoin réel de chaleur humaine.


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