
Dans un ouvrage récent, le sociologue Gérald Bronner propose de "réenchanter" le risque. Cette proposition conduit immédiatement à la question de savoir quel est le niveau de risque acceptable. Certes, le risque zéro n'existe pas. Toute activité humaine comporte un risque, car le résultat de toutes les actions humaines est incertain. Dès lors, on peut rejoindre l'auteur pour juger calamiteux le principe de précaution, car il favorise la déresponsabilisation, l'inaction devenant le meilleur moyen de ne pas se retrouver devant un tribunal. Pour autant, la question du risque ne peut pas être évacuée si facilement, car les risques encourus par l'humanité sont devenus considérables. Curieusement, l'auteur cite des situations plutôt anecdotiques, telles que la suppression de l'eau de Javel dans les hôpitaux, mais n'évoque pas les risques technologiques majeurs: une destruction de la planète par les armes thermonucléaires, le risque biochimique, un réchauffement climatique incontrôlé. Ces risques globaux sont d'autant plus préoccupants que les dirigeants politiques actuels semblent en mesure de les comprendre et encore moins de les maîtriser. Tant que la menace ne s'est pas concrétisée, on peut toujours considérer qu'ils sont imaginaires. Malheureusement la destruction de la Terre est une expérience que personne ne pourra reproduire à loisir.Ces risques n'ont rien d'enchanteur.
Nous arrivons peut-être près d'un point où les risques globaux qu'amènent de nouveaux progrès technologiques l'emportent sur les risques. En effet les avantages que l'humanité tire de la technologie tendent à plafonner, alors que les risques globaux ne connaissent pas de limites. C'est une situation à analyser avec lucidité et discernement pour prendre les mesures nécessaires pour les limiter. Deux attitudes seraient gravement dommageables. Celle qui consiste à ne plus rien faire, en étant paralysé par la peur du risque et celle qui consiste à danser sur le volcan, sans se préoccuper des risques majeurs. Gérald Bronner ne semble pas ignorer qu'une catastrophe peut arriver. Mais, après tout, explique-t-il, de toutes façons la Terre finira par disparaître. A quoi bon s'en faire? La bonne nouvelle, par contre, est que l'on découvre de plus en plus d'exoplanètes. Il sera donc facile de trouver une Terre de substitution.
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