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samedi 27 janvier 2018

Où nous mène l'ubérisation de la société? / Where does the uberisation of society take us?


Robotization is not a new phenomenon. Already in the twentieth century, most production lines were largely automated, to improve productivity and reduce costs. The automotive industry has long used sophisticated robots to assemble vehicles. What is really new is the possibility of having intelligent robots, thanks to digital technologies. This development has positive aspects, such as being able to entrust the most difficult tasks to machines, leaving human beings to simply enjoy their leisure. It also has more worrying implications. A first of these consequences is the consumption of resources: metals or rare earths needed to build robots and energy to set them in motion. A second consequence is the loss of jobs, which no longer concerns only manual jobs, but also jobs that until now were considered intellectual. In the future, "smart" robots will be able to replace human workers in most activities. This new revolution inevitably raises the question of employment in the years to come. Some people already imagine the "end of work". The loss of paid employment would then be offset by the introduction of a basic universal income, guaranteed to all. This idea, which meets with great success, will be tested in Finland, in a difficult economic situation. Despite its appealing aspects, such a device may however further increase the inequalities between those who have responsibilities and those who are in a position of assisted. In addition to the resulting job losses, replacing human workers with robots risks dehumanizing the social milieu and impoverishing the collective imagination. Since the industrial revolution, the machine has imposed its rhythm, in pursuit of a continual increase in productivity. Bernard Stiegler mentioned in his book the "Automatic society", which is also the society of hypercontrol. The widespread smart features that we are promised with smart cities, smart grids or smart phones might result in a culmination of the control society announced by Michel Foucault. Faced with this evolution, Bernard Stiegler advocates resistance, in order to de-automate society by a massive redistribution of time to dream. By his intelligence, the human being kept the hope of disengaging himself from the mechanical power. Confronted with a system able to spy on him and anticipate his reactions, he is weakened and unable to react. In a world populated with intelligent objects, supposed to help him, but whose operation escapes him, he becomes dependent on machines that surpass him, not only on the physical plane, but also, more and more often, in areas that appeal to intelligence. The very rapid progress of artificial intelligence comes before humanity has had time to adapt accordingly. Relationships between humans and machines may change profoundly. The human being thought to dominate the machine, but the situation seems to be reversed today. Faced with a robot, the human being is obliged to follow the procedure imposed on him, without possible derogation. From now on, in a number of situations the human being is forced to follow the instructions of the machine, which becomes his boss. The driver of an Uber car receives his instructions from the digital platform on which he is connected and which transmits its orders. It is the precarious human being who becomes the basic tool of the system, cut and fit to thank, while the machine manages its activities. This model is very successful and perhaps foreshadows what will become widespread in the coming World. One could thus imagine a world dominated by machines, serving a small oligarchy, assisted by a class of experts responsible for ensuring the proper functioning of machines, while the vast majority of the population would be reduced to the level of precarious workers, renamed "entrepreneurs".In a world populated with computers, connected objects and robots, everyone's freedom may be compromised. The room for maneuver and negotiation opportunities that applied to human relations will be difficult to preserve. The human being, formatted by his interactions with machines, will have to adopt an algorithmic way of thinking, which will inevitably favor the development of the brain functions best adapted to the dialogue with the machines. Such conditioning of the human brain can only impoverish the capacities of intuition, imagination and creation. By becoming binary, thought will exclude dreams and poetry, as well as feelings of empathy, solidarity or compassion. It will be integrated into a vast cybernetic system, which deprives it of freedom. Dictatorship by the machine is particularly formidable, because the machine is not open to any feeling.

La robotisation n’est pas un phénomène nouveau. Déjà au XXe siècle, la plupart des chaînes de fabrication étaient largement automatisées, pour améliorer la productivité et réduire les coûts. L’industrie automobile utilise depuis longtemps des robots élaborés pour assembler les véhicules. Ce qui est vraiment nouveau, c’est la possibilité de disposer de robots intelligents, grâce aux technologiques numériques. Cette évolution comporte des aspects positifs, comme celui de pouvoir confier les tâches les plus pénibles à des machines, laissant les êtres humains profiter simplement de leurs loisirs. Elle a également des implications plus préoccupantes. Une première de ces conséquences est la consommation de ressources : métaux ou terres rares nécessaires pour construire les robots et énergie pour les mettre en mouvement. Une seconde conséquence est la perte d’emplois, qui ne concerne plus seulement des emplois manuels, mais aussi des emplois qui jusqu’à présent étaient considérés comme intellectuels. Dans l’avenir, des robots « intelligents » seront capables de remplacer les travailleurs humains dans la plupart des activités. Cette nouvelle révolution pose inévitablement la question de l’emploi dans les années à venir. Certains imaginent déjà la « fin du travail ». La perte de l’emploi salarié serait alors compensée par l’instauration d’un revenu universel de base, garanti à tous. Cette idée, qui rencontre un large succès, va être expérimentée en Finlande, dans une conjoncture économique difficile. Malgré ses aspects séduisants, un tel dispositif risque toutefois d’accroître encore les inégalités entre ceux qui disposent de responsabilités et ceux qui se trouvent en position d’assistés.  
Outre la perte d’emplois qui en résulte, le remplacement des travailleurs humains par des robots risque de déshumaniser le milieu social et d’appauvrir l’imaginaire collectif. Depuis la  révolution industrielle, la machine impose son rythme, à la poursuite d’un accroissement continuel de la productivité. Bernard Stiegler a évoqué dans son ouvrage "La société automatique", qui est aussi la société de l’hypercontrôle. La smartification généralisée que l’on nous promet avec les smart cities, les smart grids ou les smart phones est en fait l’aboutissement de la société du contrôle qu’annonçait Michel Foucault. Face à cette évolution, Bernard Stiegler préconise la résistance, afin de désautomatiser la société par une redistribution massive du temps de rêverPar son intelligence, l’être humain gardait l’espoir de se dégager de la puissance mécanique. Confronté à un système capable de l’épier et d’anticiper ses réactions, il se trouve fragilisé et incapable de réagir. Au sein d’un monde peuplé d’objets intelligents, censés l’aider, mais dont le fonctionnement lui échappe, il devient dépendant de machines qui le surpassent, non seulement sur le plan physique, mais aussi, de plus en plus souvent, dans des domaines qui font appel à l’intelligence. La progression très rapide de l’intelligence artificielle intervient avant que l’humanité n’ait eu le temps de s’adapter en conséquence. Les relations entre les êtres humains et les machines risquent d’évoluer profondément. L’être humain pensait dominer la machine, mais la situation semble s’inverser aujourd’hui. Confronté à un robot, l’être humain est obligé de suivre la procédure qui lui est imposée, sans dérogation possible.  
Dès présent, dans un certain nombre  de situations l’être humain est contraint de suivre les instructions de la machine, qui devient son patron. Ainsi par exemple, le chauffeur Uber reçoit ses instructions de la plateforme numérique sur laquelle il est branché et qui lui transmet ses ordres. C’est l’être humain précarisé qui devient l’outil de base du système, taillable et corvéable à merci, tandis que la machine gère ses activités. Ce modèle rencontre beaucoup de succès et préfigure peut-être ce qui va se généraliser dans le Monde qui vientOn pourrait ainsi imaginer un monde dominé par les machines, au service d’une petite oligarchie, assistée par une classe d’experts chargés d’assurer le bon fonctionnement des machines, tandis que l’immense majorité de la population serait ramenée au niveau de travailleurs précaires, rebaptisés « entrepreneurs ».Dans un monde peuplé d’ordinateurs, d’objets connectés et de robots, la liberté de chacun risque d’être compromise. Les marges de manœuvre et les possibilités de négociation, qui s’appliquaient aux relations humaines, seront difficiles à préserver. L’être humain, formaté par ses interactions avec des machines, devra adopter un mode de pensée algorithmique, ce qui va inévitablement favoriser le développement des fonctions cérébrales les mieux adaptées au dialogue avec les machines. Un tel conditionnement du cerveau humain ne peut qu’appauvrir les capacités d’intuition, d’imagination et de création. En devenant binaire, la pensée va exclure le rêve et la poésie, ainsi que les sentiments d’empathie, de solidarité ou de compassion. Elle sera intégrée dans un vaste système cybernétique, qui la prive de liberté. La dictature par la machine est particulièrement redoutable, car la machine n'est ouverte à aucun sentiment.

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