Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

lundi 5 mars 2018

What potential future for humanity?/ Quel avenir possible pour l'humanité?

The "flat world" of today's globalization is threatened with an ecological collapse or a nuclear apocalypse. In these conditions, what future can be envisaged? In addition to the pursuit of globalization in the form of the "flat world", three possible trends of evolution can be envisaged. They lead respectively to the models of the "post-liberal empire", "citizen renewal" and "solidarity democracy", as shown in the above graph, which represents the main trends in terms of social values. The first possible trajectory is to continue the current globalization, in the form of the "flat world". This model has proven its effectiveness in terms of technical progress and economic growth. On the other hand, based on the maximization of profit, it is not really compatible with measures of general interest. Each one is supposed to act according to his own personal interest, the resulting lack of solidarity and social cohesion leads to a multiplication of conflicts and, eventually, to a dislocation of society. By encouraging more and more goods to be consumed, this model is also incompatible with the sound management of common goods on a global scale. It leads, almost inevitably, to an ecological collapse. Three alternatives can be considered:
- The "post-liberal empire", which results from the passage from (IV) to (III), imposes the social order on the inside and a hegemonic power on the outside. While being a continuation of neoliberalism but opposing the expression of freedoms, this post-liberal regime marks the end of liberalism in its initial conception. Social inequalities are strongly accentuated and only the dominant oligarchy retains relative freedom, while being compelled to accept unreservedly the doctrine imposed by the regime in place. The constraints faced by the population lead to high social tensions and high risks of conflict.
- The "citizen renewal" operates the transition from (IV) to (I), following a change of perspective, which favors immaterial values. The current signs of aspiration to change show that such a transformation is not only conceivable, but even that it is even strongly desired by a large part of the population. It responds to a need for peace and justice. However, despite strong expectations, such a radical change will be difficult to make. It could only intervene after a phase of collapse of society, leading to the destruction of the current flat world.
- "Solidarity democracy" aims to bring together a community of citizens concerned with reducing inequalities and sharing power among all, ensuring the transition from (IV) to (II). In terms of values, solidarity democracy is the opposite of current globalization. It appears as the most sustainable model and probably the most desirable. However, even if it meets expectations, this model remains the most difficult to implement in the near future. For this reason, it will undoubtedly be necessary to achieve this through the previous stage of citizen renewal.
None of the previous models can accurately describe the future reality. The society being diverse, various components will, no doubt, be present tomorrow to varying degrees, as is already happening today. In the near future, the hypothesis of a continuation of globalization in its current form seems the most likely. The flat world that is the end result, however, faces, as we have seen, growing threats of ecological collapse, because of the profound environmental and social imbalances that result from its mode of operation. Prolonged unrest and the risk of social chaos may lead to an authoritarian regime. Such an evolution is undoubtedly the easiest to conceive, because it directly prolongs trends already present. Responding to the need for stability and security of a society that feels threatened, it does not require a disruption of mentalities, but simply requires the acceptance of a more or less gradual erosion of freedoms. A society experiencing economic or political difficulties may be tempted to accept an authoritarian regime that promises to solve all the problems it encounters. Therefore, the path to follow is in this case the simplest and most direct. However, contrary to appearances, the post-liberal regime is fragile, because of the rigidity of its social structures and the serious tensions that result from the constant use of force. He is therefore very vulnerable to any external disturbance. Therefore, only a large-scale cultural change, through a "citizen renewal" leading to a " solidarity democracy" of solidarity, seems able to preserve the world from a collapse or a final catastrophe.

Le "monde plat" de la globalisation actuelle est menacé d'un effondrement écologique ou d'une apocalypse nucléaire. Dans ces conditions, quel avenir peut être envisagé? Outre la poursuite de la globalisation sous la forme du « monde plat », trois tendances d’évolution possible peuvent être envisagées. Elles mènent respectivement aux modèles de "l’empire postlibéral", du "renouveau citoyen" et de la "démocratie solidaire"La première trajectoire possible consiste à poursuivre la globalisation actuelle, sous la forme du "monde plat". Ce modèle a fait la preuve de son efficacité en termes de progrès technique et de croissance économique. Par contre, fondé sur la maximisation du profit, il est peu compatible avec des mesures d’intérêt général. Chacun étant supposé agir en fonction de son seul intérêt personnel, le manque de solidarité et de cohésion sociale qui en résulte mène à une multiplication des conflits et, à terme, à une dislocation de la société. En incitant à consommer toujours plus de biens, ce modèle est, en outre, incompatible avec une saine gestion des biens communs à l’échelle planétaire. Il conduit ainsi, de façon quasiment inéluctable, à un effondrement écologique. Trois alternatives peuvent être envisagées :
"L’empire postlibéral", qui résulte du passage de (IV) en (III), impose l’ordre social à l’intérieur et un pouvoir hégémonique à l’extérieur. Tout en s’inscrivant dans le prolongement du néolibéralisme mais en s’opposant à l’expression des libertés, ce régime postlibéral marque la fin du libéralisme dans sa conception initiale. Les inégalités sociales sont fortement accentuées et seule l’oligarchie dominante garde une liberté relative, tout en étant astreinte à accepter sans réserve la doctrine imposée par le régime en place. Les contraintes subies par les populations entraînent de fortes tensions sociales et des risques élevés de conflit.
– Le "renouveau citoyen" opère le passage de (IV) à (I), suivant un changement de perspective, qui privilégie les valeurs immatérielles. Les signes actuels d’aspiration au changement montrent qu’une telle transformation est non seulement envisageable, mais même qu’elle est même fortement souhaitée par une large partie de la population. Elle répond à un besoin de paix et de justice. Toutefois, en dépit de fortes attentes, un changement aussi radical sera difficile à opérer. Il pourrait n’intervenir qu’à l’issue d’une phase d’effondrement de la société, conduisant à la destruction du monde plat actuel.
– La "démocratie solidaire" vise à réunir une communauté de citoyens soucieux de réduire les inégalités et de partager le pouvoir entre tous, en assurant le passage de (IV) en (II). En termes de valeurs, la démocratie solidaire se situe à l’opposé de la globalisation actuelle. Elle apparaît comme le modèle le plus durable et sans doute aussi le plus souhaitable. Toutefois, même s’il répond à des attentes, ce modèle n’en demeure pas moins le plus difficile à mettre en place dans un proche avenir. Pour cette raison, il sera sans doute nécessaire pour y parvenir de passer par l’étape préalable du renouveau citoyen.
Aucun des modèles précédents ne peut décrire exactement la réalité future. La société étant diverse, différentes composantes seront, sans doute, présentes demain à des degrés divers, comme cela se passe déjà aujourd'hui. Dans un proche avenir, l’hypothèse d’une poursuite de la globalisation sous sa forme actuelle paraît la plus vraisemblable. Le monde plat qui en est l’aboutissement est toutefois confronté, comme on l’a vu, à des menaces croissantes d’effondrement écologique, en raison des profonds déséquilibres environnementaux et sociaux qui résultent de son mode de fonctionnement. Des troubles prolongés et le risque de chaos social risquent de conduire à un régime autoritaire. Une telle évolution est sans doute la plus simple à concevoir, car elle prolonge directement des tendances déjà présentes. Répondant au besoin de stabilité et de sécurité d’une société qui se sent menacée, elle ne nécessite pas un bouleversement des mentalités, mais requiert simplement l’acceptation d’une érosion plus ou moins progressive des libertés. Une société en proie à des difficultés économiques ou politiques peut être tentée d’accepter un régime autoritaire lui promettant d’apporter une solution à tous les problèmes qu’elle rencontre. De ce fait, le chemin à suivre est dans ce cas le plus simple et le plus direct. Toutefois, contrairement aux apparences, le régime postlibéral est fragile, en raison de la rigidité de ses structures sociales et des graves tensions qui résultent du recours permanent à la force. Il est donc très vulnérable vis-à-vis de toute perturbation extérieure.  De ce fait, seule, une mutation culturelle de grande ampleur, passant par un renouveau citoyen et conduisant de là à une démocratie solidaire, parait en mesure de préserver le monde d'un effondrement ou d'une catastrophe finale.

samedi 17 février 2018

La technologie sauvera-t-elle le monde?/Will technology save the world?


Technology has so far been able to thwart the gloomy predictions of Malthus. A much larger population than during  his life was able to survive, but also to improve its standard of living in impressive although unequal proportions. The achievements of technology have given rise to hyper-technological utopias which are presented as the future of humanity. The idea that science and technology will eventually be able to meet all needs in the world to come remains a powerful myth. It would be dangerous, however, to rely on technological progress, hoping that it will solve all the problems of humanity. The limits of growth, which has continued to this day, may be close, as was announced by the Meadows ReportTranshumanism promises to increase human capacities, to eliminate diseases, to conquer the Universe and even to one day achieve immortality. Carrying the hope of a future happiness, mixing promises and mirages, science and technology replace religion in its role of guide and recourse in all the vicissitudes of life. However, despite all the achievements, scientific and technical progress plays an ambiguous role. While offering humanity the hope of overcoming the challenges it faces, it also carries heavy threats. After liberating the human being from physical labor, technology is now taking away much of the intellectual work left to him. The rapid progress of digital technologies foreshadows the advent of an artificial super-intelligence, more efficient, at least on certain levels, than human intelligence. While the complexity of the technical devices becomes difficult to control, the resilience of the technical-economic system is constantly weakening. The very high level of connection established between all human activities increases the risk of propagation of a collapse process, capable of rapidly affecting the entire building. The impact of human activities on the environment reaches a level that is less and less compatible with the preservation of ecosystems. Finally, perhaps the most serious threat is the potential use of weapons of mass destruction, chemical, biological or nuclear, which have proliferated around the world. The threat associated with these terrifying weapons is rarely mentioned. The monster remains for the moment lurking in the shadows, but could be unleashed in a short time. To ward off these new perils, humanity should progress in wisdom at a pace comparable to that of technical progress. However, it does not seem at all certain that human nature has changed much since the dawn of humanity. Intelligence, which is supposed to guide humanity towards progress and well-being, remains, as at the beginning of history, at the service of the will to power. According to the objectives assigned to it, technology is capable of the best and the worst. It can help cure diseases or better feed the human population. It can also help to squander the Earth's resources to accomplish such ostentatious and futile tasks as sending a Tesla roadster into space.

La technologie a réussi jusqu’à présent à déjouer les sombres prévisions de Malthus. Une population beaucoup plus nombreuse qu’à son époque a pu non seulement subsister, mais encore améliorer son niveau de vie de manière certes inégale, mais dans des proportions néanmoins impressionnantes. Les accomplissements  spectaculaires de la technologie ont suscité des utopies technicistes qui sont présentées comme l’avenir de l’humanité. L’idée que la science et la technologie seront capables à terme de répondre à tous les besoins dans le monde qui vient demeure un mythe puissant. Il serait toutefois dangereux de se reposer sur les progrès de technologie, en espérant qu'elle permettra de régler l'ensemble des problèmes dont souffre l'humanité. Les limites de la croissance, qui s’est poursuivie jusqu’à présent, sont peut-être proches, comme l’avait annoncé le rapport MeadowsLe transhumanisme promet de démultiplier les capacités humaines, de vaincre les maladies, de partir à la conquête de l’Univers et même de parvenir un jour à l’immortalité. Portant l’espoir d’un bonheur futur, mêlant promesses et mirages, la science et la technologie remplacent la religion dans son rôle de guide et de recours dans tous les aléas de la vie. Toutefois, malgré toutes les prouesses accomplies, le progrès scientifique et technique joue un rôle ambigu. Tout en offrant à l’humanité l’espoir de surmonter les défis auxquels elle est confrontée, il est également porteur de lourdes menaces.
Après avoir libéré l’être humain du travail physique, la technologie lui enlève, à présent, une grande partie du travail intellectuel qui lui restait confié. Les progrès rapides des calculateurs numériques laissent anticiper l’avènement d’une super-intelligence artificielle, beaucoup plus performante, au moins sur certains plans, que l’intelligence humaine. Tandis que la complexité des dispositifs techniques devient difficile à maîtriser, la résilience du système technico-économique s’affaiblit constamment. Le très haut niveau de connexion établi entre toutes les activités humaines accroît les risques de propagation d’un processus d’effondrement, capable d’affecter rapidement l’ensemble de l’édifice. L’impact des activités humaines sur l’environnement atteint un niveau qui est de moins en moins compatible avec la préservation des écosystèmes.  Enfin, la menace peut-être la plus grave tient à l’usage éventuel des armes de destruction massive, chimiques, biologiques ou nucléaires, qui se sont multipliées dans le monde. La menace associée à ces armes terrifiantes est rarement évoquée. Le monstre reste pour le moment tapi dans l’ombre, mais pourrait se déchaîner en peu de temps.
Pour conjurer ces nouveaux périls, l’humanité devrait progresser en sagesse à un rythme comparable à celui du progrès technique. Or, il ne semble pas du tout certain que la nature humaine ait beaucoup évolué depuis la préhistoire. L’intelligence, censée guider l’humanité vers le progrès et le bien-être, reste, comme au tout début de l’histoire, au service de la volonté de puissance. La technologie est capable du meilleur comme du pire. Tout dépend des objectifs qui lui sont assignés. Elle peut aider à guérir les maladies ou à mieux nourrir la population humaine.  Elle peut aussi aider à dilapider les ressources de la Terre pour accomplir des actes aussi ostentatoires et vains qu'envoyer une Tesla dans l'espace.

dimanche 11 février 2018

L'avenir du biogaz / The future of biogas


Biogas is often referred to as the gas source of the future. To check such an idea, it is necessary first to wonder about the nature and origin of this biogas. Biogas production worldwide has increased significantly, but with a production of around 30 Mtoe / year (in 2013), it still accounts for less than 1% of global natural gas production. Biogas can be produced first by anaerobic fermentation from organic matter. This production method is the simplest and most economical. The production conditions, however, depend on the source of organic matter. This can be obtained from agricultural or municipal waste. Such an option seems particularly attractive. However, the more diverse the nature of the waste, the more difficult is the production and purification of biogas. In addition, from the amount of recoverable waste it is only possible to produce a limited amount of biogas, much lower than the current energy needs. In France, where biogas is produced from waste, production is only 0.6 Mtoe (2015) whereas the total primary energy consumption is 240 Mtoe. The potential production is greater, but remains limited. It is also possible to produce biogas from farming crops, as is the case in Germany, where biogas is produced mainly from silage corn, which allows production to be around 8 Mtoe (2015). Such an option has the obvious disadvantage of consuming agricultural land and being in competition with the production of biomass for food use. The energy of food-use biomass is about 5% of the total amount of energy consumed. This shows that producing energy from biomass is impacting very quickly the supply of food resources. The energy available from waste is also limited. A human being produces around 1 kg per day of all kinds of waste which is equivalent to less than 0.1 toe per year. It is also possible to produce synthetic biogas by gasifying solid biomass and converting the synthesis gas thus produced into synthetic methane. Technologies exist, but the process is expensive and yields are limited. In addition, the massive use of lignocellulosic biomass poses problems of availability and could even induce deforestation if the demand rises too much. In addition the direct use of biomass in a fireplace is much simpler than such a conversion to synthetic methane. Synthetic methane can also be produced from hydrogen and CO2. This option is expensive and requires available CO2. If captured from flue gas, CO2 is further released into the atmosphere  and the benefits in terms of carbon footprint are debatable. Producing biogas by fermentation is certainly a good idea when organic waste is available. However, there is no quick fix to multiply by 10 or 100 a biogas production that is limited by the availability of biomass.

Il est souvent question du biogaz comme de la source de gaz du futur. Pour savoir ce qu'il en est, il faut d'abord s'interroger sur la nature et l'origine de ce biogaz. La production de biogaz dans le monde a sensiblement progressé mais avec une production d'environ 30 M tep/an (en 2013), elle représente moins de 1% de la production mondiale de gaz naturel.
Le biogaz peut être produit tout d'abord par fermentation anaérobie à partir de matière organique.  Cette méthode de production est la plus simple et la plus économique. Les conditions de production dépendent toutefois de la source de matière organique. Celle-ci peut être obtenue à partir de déchets agricoles ou encore de déchets municipaux. Cette perspective est particulièrement séduisante. Toutefois, plus la nature des déchets est diverse, plus la production de biogaz se heurte à des difficultés de production et d'épuration. En outre, la quantité de déchets récupérables ne permet de produire qu'une quantité limitée de biogaz, beaucoup plus faible que les besoins en énergie actuels.  En France, où le biogaz est produit à partir de déchets, la production n'est que de 0,6 M tep (2015), pour une consommation totale d'énergie primaire de 240 M tep. La production potentielle est plus importante, mais reste limitée. Il est également possible de partir de cultures agricoles, comme cela est pratiqué en Allemagne où le biogaz est produit principalement à partir de maïs ensilé, ce qui permet d'atteindre une production de l'ordre de 8 M tep (2015). Une telle option présente l'inconvénient manifeste d'entrer potentiellement en compétition avec la production de biomasse à usage alimentaire et de consommer de la surface agricole. L'énergie que représente la biomasse d'usage alimentaire correspond à environ 5% de la quantité totale d'énergie consommée. Cela montre que vouloir produire l'énergie à partir de biomasse peut conduire très rapidement à de graves difficultés concernant les approvisionnements en ressources alimentaires. L'énergie disponible à partir de déchets est aussi limitée. Un être humain dans le monde produit environ 1 kg par jour de déchets de toutes sortes qui représentent une énergie inférieure à 0,1 tep par an.
Il est également possible de produire du biogaz de synthèse, en gazéifiant une biomasse solide et en transformant le gaz de synthèse ainsi produit en méthane de synthèse. Les technologies existent, mais le procédé est coûteux et les rendements limités. En outre, l'utilisation massive de biomasse lignocellulosique pose des problèmes de disponibilité et pourrait même favoriser la déforestation si la demande devient trop importante. En outre l'utilisation directe de la biomasse dans un foyer est beaucoup plus simple qu'une telle conversion en méthane de synthèse.
Du méthane de synthèse peut être également produit à partir d'hydrogène et de CO2. Cette option est coûteuse, conduit à une perte de rendement et nécessite de disposer de CO2. Si celui-ci est capté sur des gaz de combustion, le CO2 ainsi capté est relâché dans l'atmosphère au moment de la combustion du méthane et les avantages en termes de bilan carbone sont discutables.
Produire du biogaz par fermentation est donc une bonne idée si l'on dispose de déchets organiques. Il n'existe pas toutefois de solution miracle pour multiplier par 10 ou 100 une production de biogaz qui reste limitée par la disponibilité de biomasse.

samedi 3 février 2018

Hyperobjets / Hyperobjects


The philosopher Timothy Morton introduced the concept of "hyperobjects". Hyperobjects are entities that are at a scale of space and time so vast that they become difficult to apprehend for the human brain. Obviously cosmic objects such as galaxies or just black holes are part of it. Geological phenomena that occur over millions of years are also included. Timothy Morton describes them with a set of very expressive and pictorial terms. They would be viscous and sticky, thus opposing any attempt at deformation, undulating in space and time, because of their extension prevents from describing them in a Cartesian space, nonlocal and organized as interdependent networks. According to Timothy Morton, the concept of hyperobject is essential to apprehend ecological phenomena. Thus global warming is a hyperobject. Designing hyper-objects transforms our view of the world and according to Timothy Morton, postmodern art that has abandoned the classical subject-object relationship has entered the era of hyperobjects, which encompasses the viewer, rather than being stared at by him. In this sense, these new conceptions of art oriented towards hyper-objects would be the first manifestations of a truly ecological art, insofar as the spectator is only a component of the work of art, just like the human being is only a component of the natural ecosystem. Surprisingly enough, Timothy Morton makes little difference between the natural hyperobjects that have been present since the dawn of time and the hyperobjects that result from human intervention. In fact, we can easily see that globalization has produced a multitude of hyperobjects. All the planetary phenomena related to the impact of human activities that led to speak of the new era of the Anthropocene, including global warming, are part of it. Internet, energy networks and financial networks are also hyperobjects. As these hyperobjects are very difficult to conceive even for the trained brain of an expert, one can wonder if humanity will be able to control them. They impose a heavy and diffuse threat, which generates a thought of the end of the world. As Timothy Morton points out, the difficulty of mastering them breeds weakness and hypocrisy. What is happening in the field of the environment, and the difficulty of reaching a solution in the field of global warming is not reassuring.

Le philosophe Timothy Morton a introduit le concept "d'hyperobjets". Les hyperobjets sont des entités qui se situent à une échelle d'espace et de temps tellement vaste, qu'ils deviennent difficiles à appréhender pour le cerveau humains. Manifestement les objets cosmiques tels que les galaxies ou simplement les trous noirs en font partie. Les phénomènes géologiques qui se déroulent à l'échelle de millions d'années en font également partie. Timothy Morton les décrit par un ensemble de termes très expressifs et imagés. Ils seraient visqueux et gluants, s'opposant ainsi à toute tentative de déformation, seraient ondulants dans l'espace et le temps, du fait que leur extension empêche de les décrire dans un espace cartésien, "non locaux" et organisés en réseaux interdépendants. Selon Timothy Morton, le concept d’hyperobjet est essentiel pour appréhender les phénomènes écologiques. Ainsi le réchauffement climatique constitue un hyperobjet. Concevoir des hyperobjets transforme notre vision du monde et selon Timothy Morton, l'art postmoderne qui a abandonné la relation classique sujet/objet est entré dans l'ère des hyperobjets, qui englobent le spectateur, inversant la relation d'un spectateur qui les dévisage. En ce sens, ces nouvelles conceptions de l'art orientées vers des hyperobjets seraient les premières manifestations d'un art véritablement écologique, dont le spectateur n'est plus qu'une composante, au même titre que l'être humain n'est plus qu'une composante de l'écosystème naturel. 
De manière un peu surprenante, Timothy Morton fait assez peu la différence entre les hyperobjets naturels présents depuis la nuit des temps et les hyperobjets qui résultent de l'intervention humaine. En fait, on peut constater facilement que la globalisation a fabriqué une multitude d’hyperobjets.  Tous les phénomènes planétaires liés à l'impact des activités humaines qui ont conduit à parler d'une ère de l'anthropocène, parmi lesquels le réchauffement climatique, en font partie. Internet, les réseaux énergétiques et les réseaux financiers sont également des hyperobjets. Comme ces hyperobjets sont très difficiles à concevoir même pour le cerveau entraîné d'un expert, on peut se demander si ces hyper-objets et leur impact potentiel vont pouvoir être maîtrisés. Ils font peser sur l'humanité une menace, lourde et diffuse, qui génère une pensée de fin du monde. Comme l'indique Timothy Morton, la difficulté de les maîtriser engendre faiblesse et hypocrisie. Ce qui se passe dans le domaine de l'environnement, et la difficulté de parvenir à une solution dans le domaine du réchauffement climatique  n'est pas rassurant.

samedi 27 janvier 2018

Où nous mène l'ubérisation de la société? / Where does the uberisation of society take us?


Robotization is not a new phenomenon. Already in the twentieth century, most production lines were largely automated, to improve productivity and reduce costs. The automotive industry has long used sophisticated robots to assemble vehicles. What is really new is the possibility of having intelligent robots, thanks to digital technologies. This development has positive aspects, such as being able to entrust the most difficult tasks to machines, leaving human beings to simply enjoy their leisure. It also has more worrying implications. A first of these consequences is the consumption of resources: metals or rare earths needed to build robots and energy to set them in motion. A second consequence is the loss of jobs, which no longer concerns only manual jobs, but also jobs that until now were considered intellectual. In the future, "smart" robots will be able to replace human workers in most activities. This new revolution inevitably raises the question of employment in the years to come. Some people already imagine the "end of work". The loss of paid employment would then be offset by the introduction of a basic universal income, guaranteed to all. This idea, which meets with great success, will be tested in Finland, in a difficult economic situation. Despite its appealing aspects, such a device may however further increase the inequalities between those who have responsibilities and those who are in a position of assisted. In addition to the resulting job losses, replacing human workers with robots risks dehumanizing the social milieu and impoverishing the collective imagination. Since the industrial revolution, the machine has imposed its rhythm, in pursuit of a continual increase in productivity. Bernard Stiegler mentioned in his book the "Automatic society", which is also the society of hypercontrol. The widespread smart features that we are promised with smart cities, smart grids or smart phones might result in a culmination of the control society announced by Michel Foucault. Faced with this evolution, Bernard Stiegler advocates resistance, in order to de-automate society by a massive redistribution of time to dream. By his intelligence, the human being kept the hope of disengaging himself from the mechanical power. Confronted with a system able to spy on him and anticipate his reactions, he is weakened and unable to react. In a world populated with intelligent objects, supposed to help him, but whose operation escapes him, he becomes dependent on machines that surpass him, not only on the physical plane, but also, more and more often, in areas that appeal to intelligence. The very rapid progress of artificial intelligence comes before humanity has had time to adapt accordingly. Relationships between humans and machines may change profoundly. The human being thought to dominate the machine, but the situation seems to be reversed today. Faced with a robot, the human being is obliged to follow the procedure imposed on him, without possible derogation. From now on, in a number of situations the human being is forced to follow the instructions of the machine, which becomes his boss. The driver of an Uber car receives his instructions from the digital platform on which he is connected and which transmits its orders. It is the precarious human being who becomes the basic tool of the system, cut and fit to thank, while the machine manages its activities. This model is very successful and perhaps foreshadows what will become widespread in the coming World. One could thus imagine a world dominated by machines, serving a small oligarchy, assisted by a class of experts responsible for ensuring the proper functioning of machines, while the vast majority of the population would be reduced to the level of precarious workers, renamed "entrepreneurs".In a world populated with computers, connected objects and robots, everyone's freedom may be compromised. The room for maneuver and negotiation opportunities that applied to human relations will be difficult to preserve. The human being, formatted by his interactions with machines, will have to adopt an algorithmic way of thinking, which will inevitably favor the development of the brain functions best adapted to the dialogue with the machines. Such conditioning of the human brain can only impoverish the capacities of intuition, imagination and creation. By becoming binary, thought will exclude dreams and poetry, as well as feelings of empathy, solidarity or compassion. It will be integrated into a vast cybernetic system, which deprives it of freedom. Dictatorship by the machine is particularly formidable, because the machine is not open to any feeling.

La robotisation n’est pas un phénomène nouveau. Déjà au XXe siècle, la plupart des chaînes de fabrication étaient largement automatisées, pour améliorer la productivité et réduire les coûts. L’industrie automobile utilise depuis longtemps des robots élaborés pour assembler les véhicules. Ce qui est vraiment nouveau, c’est la possibilité de disposer de robots intelligents, grâce aux technologiques numériques. Cette évolution comporte des aspects positifs, comme celui de pouvoir confier les tâches les plus pénibles à des machines, laissant les êtres humains profiter simplement de leurs loisirs. Elle a également des implications plus préoccupantes. Une première de ces conséquences est la consommation de ressources : métaux ou terres rares nécessaires pour construire les robots et énergie pour les mettre en mouvement. Une seconde conséquence est la perte d’emplois, qui ne concerne plus seulement des emplois manuels, mais aussi des emplois qui jusqu’à présent étaient considérés comme intellectuels. Dans l’avenir, des robots « intelligents » seront capables de remplacer les travailleurs humains dans la plupart des activités. Cette nouvelle révolution pose inévitablement la question de l’emploi dans les années à venir. Certains imaginent déjà la « fin du travail ». La perte de l’emploi salarié serait alors compensée par l’instauration d’un revenu universel de base, garanti à tous. Cette idée, qui rencontre un large succès, va être expérimentée en Finlande, dans une conjoncture économique difficile. Malgré ses aspects séduisants, un tel dispositif risque toutefois d’accroître encore les inégalités entre ceux qui disposent de responsabilités et ceux qui se trouvent en position d’assistés.  
Outre la perte d’emplois qui en résulte, le remplacement des travailleurs humains par des robots risque de déshumaniser le milieu social et d’appauvrir l’imaginaire collectif. Depuis la  révolution industrielle, la machine impose son rythme, à la poursuite d’un accroissement continuel de la productivité. Bernard Stiegler a évoqué dans son ouvrage "La société automatique", qui est aussi la société de l’hypercontrôle. La smartification généralisée que l’on nous promet avec les smart cities, les smart grids ou les smart phones est en fait l’aboutissement de la société du contrôle qu’annonçait Michel Foucault. Face à cette évolution, Bernard Stiegler préconise la résistance, afin de désautomatiser la société par une redistribution massive du temps de rêverPar son intelligence, l’être humain gardait l’espoir de se dégager de la puissance mécanique. Confronté à un système capable de l’épier et d’anticiper ses réactions, il se trouve fragilisé et incapable de réagir. Au sein d’un monde peuplé d’objets intelligents, censés l’aider, mais dont le fonctionnement lui échappe, il devient dépendant de machines qui le surpassent, non seulement sur le plan physique, mais aussi, de plus en plus souvent, dans des domaines qui font appel à l’intelligence. La progression très rapide de l’intelligence artificielle intervient avant que l’humanité n’ait eu le temps de s’adapter en conséquence. Les relations entre les êtres humains et les machines risquent d’évoluer profondément. L’être humain pensait dominer la machine, mais la situation semble s’inverser aujourd’hui. Confronté à un robot, l’être humain est obligé de suivre la procédure qui lui est imposée, sans dérogation possible.  
Dès présent, dans un certain nombre  de situations l’être humain est contraint de suivre les instructions de la machine, qui devient son patron. Ainsi par exemple, le chauffeur Uber reçoit ses instructions de la plateforme numérique sur laquelle il est branché et qui lui transmet ses ordres. C’est l’être humain précarisé qui devient l’outil de base du système, taillable et corvéable à merci, tandis que la machine gère ses activités. Ce modèle rencontre beaucoup de succès et préfigure peut-être ce qui va se généraliser dans le Monde qui vientOn pourrait ainsi imaginer un monde dominé par les machines, au service d’une petite oligarchie, assistée par une classe d’experts chargés d’assurer le bon fonctionnement des machines, tandis que l’immense majorité de la population serait ramenée au niveau de travailleurs précaires, rebaptisés « entrepreneurs ».Dans un monde peuplé d’ordinateurs, d’objets connectés et de robots, la liberté de chacun risque d’être compromise. Les marges de manœuvre et les possibilités de négociation, qui s’appliquaient aux relations humaines, seront difficiles à préserver. L’être humain, formaté par ses interactions avec des machines, devra adopter un mode de pensée algorithmique, ce qui va inévitablement favoriser le développement des fonctions cérébrales les mieux adaptées au dialogue avec les machines. Un tel conditionnement du cerveau humain ne peut qu’appauvrir les capacités d’intuition, d’imagination et de création. En devenant binaire, la pensée va exclure le rêve et la poésie, ainsi que les sentiments d’empathie, de solidarité ou de compassion. Elle sera intégrée dans un vaste système cybernétique, qui la prive de liberté. La dictature par la machine est particulièrement redoutable, car la machine n'est ouverte à aucun sentiment.

jeudi 18 janvier 2018

Le monde qui vient / The coming world

Since the publication of "The future at stake in 2011, the threats to the world have only become heavier: global warming, depletion of resources, rising inequalities, risks of nuclear conflict. We must therefore begin by trying to better understand the reasons for this aggravation, which is largely related to the conditions in which neoliberal globalization has developed in the world. It is not a question of pouring into catastrophism. If the end of our current world, subject to a deregulated market, seems inevitable, concrete alternatives are available, provided we react now and find values ​​that can rebuild a "living together". Such an approach involves the establishment of fairer economic exchanges that do not favor the race for profits, the re-founding of a true democracy and the reconquest of spaces of solidarity favoring exchange. It involves a radical renewal of mentalities and modes of arbitration, to give meaning to collective action. The future is not yet written and many different futures are possible. The continuation of the current model could lead to an ecological collapse or an oppressive post-democracy. We must bet that humanity will change course, to overcome the many challenges it faces. While highlighting the current stalemate, this new book presents concrete proposals to find a way out. A world is dying, but which world will be born? The answer to this question depends on each one of us.

Depuis la publication de « L’avenir en question » en 2011, les menaces qui pèsent sur le monde n’ont fait que s’alourdir : réchauffement climatique, épuisement des ressources, montée des inégalités, risques de conflit nucléaire. Les raisons de cette aggravation sont largement liées aux conditions dans lesquelles la globalisation néolibérale s’est développée dans le monde.
Il ne s'agit pas pour autant de verser dans le catastrophisme. Si la fin de notre monde actuel, soumis à un marché dérégulé, paraît inéluctable, des alternatives concrètes sont disponibles, à condition  de réagir dès à présent et de retrouver des valeurs qui puissent reconstruire un « vivre ensemble ».
Une telle démarche passe par la mise en place d’échanges économiques plus justes ne privilégiant pas la course aux profits, la refondation d’une vraie démocratie et la reconquête d’espaces de solidarité favorisant l’échange. Elle implique un renouveau en profondeur des mentalités et des modes d’arbitrage, pour redonner un sens à l’action collective.
À l’heure actuelle, l’avenir n’est pas écrit et plusieurs futurs demeurent possibles. La poursuite du modèle actuel pourrait déboucher sur un effondrement écologique ou une post-démocratie oppressive. Il faut faire le pari que l’humanité saura changer de cap, pour surmonter les multiples défis auxquels elle est confrontée.
Tout en mettant en évidence l’impasse actuelle, l’ouvrage présente ainsi des propositions concrètes pour retrouver une issue. Un monde meurt, mais quel monde va naître ? La réponse à cette question dépend de chacun d’entre nous.

samedi 13 janvier 2018

Les nouvelles communautés / New communities


The sharing economy, open innovation and network organization, which are spreading today, prefigure a society that relies on cooperation rather than competition. The vigor of the associative movements and the number of communities present in the world testify to the need to establish a closer social link. Increasingly contested, consumerist individualism continues to dominate society. Increased inequality, combined with the rise of neoliberalism, is driving a class of super-rich to luxury with excess. However, the need for human warmth and collective solidarity is leading an increasing proportion of the population to reject such selfish individualism. Anonymous metropolises tend to substitute smaller urban structures, better adapted to neighborhood relations. The large ensembles but also the dispersed individual habitat are not conducive to human contacts. Groupings of dwellings on a human scale are gradually replacing these two types of habitat, dominant in the past. They allow to find the atmosphere of a village, whose inhabitants know each other and are ready to help each other. The desire to re-establish social bonds is also manifested through the enthusiasm that drives many associations or organizations. Communities of practice gather around a common passion, be it music, computers (hackers) or 3D printing (makers). Communities of life, with sharing of goods in common, are formed around a shared ideal. They organize themselves in alternative villages, to implement the principles of responsible consumption, happy sobriety and autonomy. Many ecovillages, grouped into various associations, have been created on all continents. One of the oldest, Findhorn, founded in the 1960s, is located in a particularly inspiring setting, north of Scotland. The community it shelters is inspired by the ideas of ecology and the New Age. She cultivates flowers and vegetables, practices a lifestyle that respects the environment and welcomes many visitors to deliver their teaching. Contemporary "tribes" gather around rallying signs, which serve as rallying totems. The members of each tribe share the same lifestyles as well as the same dress codes or musical tastes. They like to meet, on the occasion of fairs or festive events, to live common passions. Each year, thousands of participants meet in the Arizona Black Rock desert, at the time of the summer solstice, for the great meeting of Burning man, during which is burned a giant wooden effigy. This meeting allows everyone to express their creativity, competing with imagination and fantasy in the presentation of their projects or inventions.Other groups focus on political causes. This is particularly the case of anarchist and "autonomous" groups, who made themselves known in France by the actions against the airport project at Notre-Dame-des-Landes or the Sievens dam. The communities of life that they created in order to continue a prolonged resistance, led them to experiment with new ways of life and organization, among which different types of ecological habitat, the pooling of various equipments such as tools or bicycles as well as the collective production of fruits and vegetables. The various communities that are being built everywhere, in Europe and in the world, remain marginal. They are organized around  ideas, which may be sometimes questionable. They nonetheless constitute laboratories of practices and ideas, which in the long term could transform society in depth.

L’économie du partage, l’innovation ouverte et l’organisation en réseau, qui se répandent actuellement, préfigurent une société misant sur la coopération plutôt que la compétition. La vigueur des mouvements associatifs et le nombre de communautés présentes dans le monde témoignent du besoin d’établir un lien social plus étroit. De plus en plus contesté, l’individualisme consumériste continue néanmoins à dominer la société. L’accroissement des inégalités, associé à l'essor du néolibéralisme, incite une classe de super-riches à pratiquer le luxe avec démesure. Toutefois, le besoin de chaleur humaine et de solidarité collective conduit une part croissante de la population à rejeter un tel individualisme purement égoïste. Aux métropoles anonymes tendent à se substituer des structures urbaines plus petites, mieux adaptées aux relations de voisinage. Les grands ensembles mais aussi l’habitat individuel dispersé sont peu propices aux contacts humains. Des regroupements d’habitations à échelle humaine remplacent progressivement ces deux types d’habitat, dominants dans le passé. Ils permettent de retrouver l’ambiance d’un village, dont les habitants se connaissent et sont prêts à s’entraider.
La volonté de retisser des liens sociaux se manifeste également à travers l’enthousiasme qui anime de multiples associations ou organisations. Des communautés de pratique se rassemblent autour d’une passion commune, que ce soit la musique, l’informatique (hackers) ou l’impression 3D (makers). Des communautés de vie, avec partage de biens en commun, se constituent autour d’un idéal partagé. Elles s’organisent en villages alternatifs, pour mettre en œuvre les principes de la consommation responsable, de la sobriété heureuse et de l’autonomie. De nombreux écovillages, regroupés en diverses associations, ont été créés  sur tous les continents. L’un des plus anciens, celui de Findhorn, fondé dans les années 1960, est situé dans un cadre particulièrement inspirant, au nord de l’Écosse. La communauté qu’il abrite s’inspire des idées de l’écologie et du New Age. Elle cultive fleurs et légumes, pratique un mode de vie conforme au respect de l’environnement et accueille de nombreux visiteurs, pour leur délivrer son enseignement.
Les « tribus » contemporaines se réunissent autour de signes de ralliement, qui leur servent de totems de rassemblement. Les membres de chaque tribu partagent les mêmes modes de vie ainsi que  les mêmes codes vestimentaires ou goûts musicaux. Ils aiment se retrouver, à l’occasion de foires ou d’événements festifs, pour vivre des passions communes. Chaque année, des milliers de participants se donnent rendez-vous dans le désert Black Rock de l’Arizona, au moment du solstice d’été, pour la grande rencontre de Burning man, au cours de laquelle est brûlée une effigie géante en bois. Ce rendez-vous permet à chacun d’exprimer sa créativité, en rivalisant d’imagination et de fantaisie dans la présentation de ses projets ou de ses inventions.
D’autres groupes s’attachent à des causes politiques. C’est le cas en particulier des anarchistes et « autonomes », qui se sont fait connaître en France par les actions menées contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou le barrage de Sievens. Les communautés de vie qu’ils ont créées afin de poursuivre une résistance prolongée, les ont conduits à expérimenter de nouveaux modes de vie et d’organisation, parmi lesquels différents types d’habitat écologique, la mise en commun d’équipements tels qu’outils ou vélos ainsi que la production collective de fruits et légumes.
Les diverses communautés qui se construisent un peu partout, en Europe et dans le monde, demeurent marginales. Elles sont  organisées autour d'idées parfois contestables. Elles constituent néanmoins des laboratoires de pratiques et d'idées, qui à terme pourraient contribuer à transformer la société en profondeur.