Personal development has already a long history. During the years of growth of the western economy, it has mainly concerned professional success. This success was measured in terms of material and financial gains. The successive crises encountered since the beginning of the 2,000 s have contributed to placing such a step in the background. It turned out that wanting professional success at any cost put the health and family life in danger, with the risk of losing everything as a result of a change of circumstances. This is the reason why personal development now more often aims at personal fulfillment, through an individuation process, by aiming at being rather than having. Joining paths of spiritual search and wisdom, the methods of personal development may involve mindfulness meditation, sophrology or psychoanalysis. The short White Book about the personal development of the publisher Yves Michel illustrates such a trend by presenting a set of texts on various topics which are all in relation with experiences lived by the contributors. Each of them tell us about the history of personal development, what it is or is not and how it can pave the way towards a more human and more ecological world, as a counterpoint to the materialist and consumerist tendency of our society. Among the various papers, the contribution of the futurist Bruno Marion raises the issue of how to build a desirable future in the middle of a chaotic world. For reaching such a goal he proposes to focus not only on the outside world, but rather on the inner world, replacing the Technological Singularity by the Consciousness Singularity. He advocates to make the best use of the chaos and to exploit the "butterfly effect" for achieving our dreams. To master one's destiny, to find meaning in life and to reach happiness in the midst of the vicissitudes of existence, constitute the new goals of a people-centered development pattern.
Le développement personnel a déjà derrière lui une longue histoire. Au cours des années de croissance de l'économie occidentale, il a surtout concerné la réussite professionnelle. Cette réussite était mesurée en termes de gains matériels et financiers.
Les crises successives rencontrées depuis le début de années 2000 ont contribué à placer une telle démarche au second plan. Il est apparu que vouloir la réussite professionnelle à tout prix mettait la santé et la vie familiale en danger, avec le risque de tout perdre par suite d'un changement de conjoncture. C'est la raison pour laquelle le développement personnel vise à présent plus fréquemment l'épanouissement personnel, à travers un processus d'individuation de la personne. Il rejoint ainsi des voies de recherche spirituelle et de sagesse, en visant l'être plutôt que l'avoir. Les méthodes de développement personnel côtoient ainsi la méditation de pleine conscience, la sophrologie ou la psychanalyse.
Le petit livre blanc du développement personnel de l'éditeur Yves Michel en témoigne en présentant un ensemble de textes sur des thèmes divers qui sont tous en relation avec des expériences vécues par les auteurs. Chacun.e leur tour, les contributrices et contributeurs nous parlent de l'histoire du développement personnel, ce qu'il est ou n'est pas et surtout, comment nous pouvons le construire ensemble, pour paver le chemin vers un monde plus humain et plus écologique ; un contrepoint à la tendance matérialiste et consumériste de notre société.
Parmi les différentes contributions, celle du prospectiviste Bruno Marion pose la question de savoir comment bâtir un avenir souhaitable au milieu d'un monde chaotique. Pour cela il propose de ne pas s'intéresser uniquement au monde extérieur et de privilégier le monde intérieur. A la Singularité technologique, il oppose la Singularité de Conscience et préconise d'exploiter "l'effet papillon" pour réaliser ses rêves.
Maîtriser son destin, trouver un sens dans la vie, parvenir au bonheur au milieu des vicissitudes de l'existence constituent ainsi les nouveaux objectifs d'un développement humain centré sur la personne.
Globalization, which has been put in place, has resulted from the conjunction of globalization and neoliberal ideology. By ensuring near instantaneous flows of information and financial flows from one end of the world to the other, digital technologies have enabled its implementation. Globalization, organized according to the rules of neoliberal governance, has entrusted all arbitrations to the market, considering profit as the exclusive engine of the economy. It has led to the current flat world, open to all commercial and financial movements. Whereas classical liberalism still referred to a humanist principle of reciprocity, neoliberalism is placed in a world of competition, governed solely by the balance of power. This competition favors systematically the least saying on the social level and environment. Giant factories are set up in places where the protection of workers and the preservation of the environment are least assured. It leads to maximizing the exploitation of natural resources, such as fossil energy resources or raw materials, despite the resulting impact on the environment. The resulting lowering of costs is often put forward as an advantage of globalization, but it has led to overexploitation of raw materials and in particular materials whose availability is limited such as platinum, cobalt and rare earths. As a result, the major issues that concern the environment, global warming, the collapse of biodiversity and the pollution of water and air, even if they are better perceived, are still unresolved. The solutions that seemed to prevail ten years ago, especially to fight against global warming, are still not implemented, because they face the logic of globalization today. A return to the local could undermine growth but would better preserve the environment as well as local economies, especially those based on food crops in developing countries. The commons are also better defended at a local level than at a global level. Small countries are better at protecting their environment and social environment than larger ones. Therefore the current cracks of the flat world, whether in the United States or in Europe, despite their chaotic nature and the risks they entail, could be heralding the end of the flat world and a return, at least partial to the local, which would probably be good news for the environment and social balance.
La globalisation,
qui a été mise en place, a résulté de la conjonction de la mondialisation et de l’idéologienéolibérale. En assurant une quasi-instantanéité des flux d’informations et des
flux financiers d’un bout à l’autre de la planète, les technologies numériques
ont permis sa mise en œuvre. La globalisation, organisée selon les règles de la
gouvernance néolibérale, a confié tous les
arbitrages au Marché, en considérant le profit comme le moteur exclusif de
l’économie. Elle a conduit au monde platactuel, ouvert à tous les mouvements
commerciaux et financiers. Alors que le libéralisme classique se référait
encore à un principe humaniste de réciprocité, le néolibéralisme
se place dans un univers de compétition, régi par les seuls rapports de force. Cette compétition favorise systématiquement le moins disant sur le plan social et environnement. Des usines géantes sont installées dans des lieux où la protection des travailleurs ainsi que la préservation de l'environnement sont le moins bien assurées. Elle conduit à maximiser l'exploitation des ressources naturelles, telles que les ressources d'énergie fossile ou de matières premières en dépit de l'impact qui en résulte sur l'environnement. L'abaissement des coûts qui en résulte est souvent mis en avant comme un avantage de la globalisation, mais il a conduit à une surexploitation des matières premières et notamment de matériaux dont les disponibilités sont limitées telles que platine, cobalt et terres rares. De ce fait, les grandes questions qui concernent
l’environnement, le réchauffement climatique, l’effondrement de la
biodiversité, la pollution de l’eau et de l’air, même si elles sont mieux
perçues, ne sont toujours pas résolues. Les solutions qui paraissaient s’imposer, il y a déjà dix
ans, notamment pour lutter contre le réchauffement climatique, ne sont toujours
pas mises en œuvre, car elles se heurtent à la logique de la globalisation
actuelle. Un retour au local pourrait mettre à mal la croissance mais permettrait de mieux préserver l'environnement ainsi que des économies locales, notamment celles qui sont basées sur des cultures vivrières dans les pays en développement. Les biens communs sont également mieux défendus à un niveau local qu'à un niveau global. Les petits pays préservent mieux leur environnement et leur milieu social que les grands. Dès lors les craquements actuels du monde plat, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, en dépit de leur caractère chaotique et des risques qu'ils comportent, pourraient être annonciateurs de la fin de ce monde plat et d'un retour, au moins partiel au local, ce qui serait sans doute une bonne nouvelle pour l'environnement et l'équilibre social.
In his last book, the philosopher Pascal Chabot evokes the difficulty we have in acting in a world that has become a powerful system, guided by ultra-strong forces that we feel unable to dominate. We find ourselves locked within a sphere, which isolates and protects us from the outside, but at the same time imprisons us. Pascal Chabot evokes the glass walls, which form a transparent fence, which we can forget but which separates us from the outside. He describes the world in terms of bay windows, seats and screens. Thus, he seems to forget underground mining, giant slaughterhouses, sweat shops and shantytowns that form the foundations of the "system", like a contemporary "metropolis". Lucidity is most certainly a first requirement imposed in the face of rising dangers. When he talks about the ultraforces that transform the system, mixing finance, digital computing, energy demography, communication, robotization, mobilization and populism, he presents all these factors as natural phenomena, self-imposed and to which it would be vain. to oppose. However, following this reasoning, it should be considered that all the current problems, global warming, environmental degradation, rising inequalities and increasing geopolitical tensions are a fatality completely independent from our will, a rather hopeless point of view, to which it seems difficult to adhere. In fact, behind the "ultraforces" are human decisions that each of us can help to change. In the end, what Pascal Chabot proposes is to cultivate the "care of oneself", to seek a form of balance, to taste the flavor of existing, which is "what depends on us". Such a wisdom, with its reference to Epictetus and Stoicism, is certainly useful. This form of quietism, however, may lead to passivity. Pascal Chabot evokes the resistance to ultraforces. It cannot remain only intimate and requires a collective movement. It is not really satisfactory to be carried away by the current, tasting the tranquility of the moment. It seems preferable to know the destination of the current. If it leads us to an ecological catastrophe or a new world war, we must do everything to avoid it. Of course, cultural factors are essential. By prioritizing culture, the environment and the social rather than GDP and power, it might become possible to avoid the final disaster. However, such a change of priorities will only be effective if it is widely shared. It is not enough to cultivate one's own convictions. It is also a question of being able to share them. That too "depends on us" and therefore comes out of our responsibility.
Dans son dernier ouvrage, le philosophe Pascal Chabot évoque la difficulté que nous éprouvons à agir dans un monde qui est devenu un puissant système, guidé par des ultraforces que nous nous sentons incapables de dominer.
Nous nous trouvons enfermés dans une sphere, qui nous isole et nous protège de l'extérieur, mais en même temps nous emprisonne. Pascal Chabot évoque les parois en verre, qui forment une cloture transparente, que nous pouvons oublier mais qui nous sépare de l'extérieur. Il décrit de monde en termes de baies vitrées, de sièges et d'écrans. Il semble toutefois oublier totalementles mines d'extraction, les abattoirs géants, les "sweat shops" et les bidonvilles qui forment les soubassements du "système", à l'image d'une "metropolis" contemporaine. Faire preuve de lucidité est donc une première exigence qui s'impose face à la montée des périls.
Lorsqu'il évoque les ultraforces qui transforment le système, en mêlant finance, numérique, énergie démographie, communication, robotisation, mobilisation et populisme, il les présente comme des phénomènes naturels, qui s'imposent d'eux-mêmes et auxquels il serait vain de s'opposer. Toutefois, en suivant ce raisonnement, il faudrait considérer que tous les problème actuels, réchauffement climatique, dégradation de l'environnement, montée des inégalités, tensions géopolitiques croissantes sont une fatalité à laquelle on ne peut rien, ce qui serait un point de vue quelque peu désespérant, auquel il est difficile d'adhérer. En fait, derrière les "ultraforces" on trouve des décisions humaines que chacun d'entre nous peut contribuer à infléchir.
En définitive, ce que propose Pascal Chabot, c'est de cultiver le "souci de soi", de rechercher une forme d'équilibre, de goûter la saveur d'exister, car c'est "ce qui dépend de nous". Cette forme de sagesse, cette référence à Épictète et au stoïcisme sont certainement utiles. Cette forme de quiétisme risque toutefois de mener à la passivité. Pascal Chabot évoque la résistance aux ultraforces. Celle-ci ne peut se vivre seulement de manière intime. Elle nécessite un mouvement collectif.
Il ne suffit pas de se laisser entraîner par le courant, en goûtant la tranquillité du moment. Il est préférable de savoir où le courant nous mène. S'il nous conduit à une catastrophe écologique ou à une nouvelle guerre mondiale, il faut tout faire pour l'éviter. Certes, les facteurs culturels sont essentiels. C'est en donnant la priorité à la culture, à l'environnement et au social plutôt qu'au PIB et au pouvoir, qu'il sera possible d'éviter la catastrophe finale. Toutefois, un tel changement de priorités ne sera effectif que s'il est largement partagé. Il ne suffit donc pas de cultiver ses propres convictions. Il s'agit aussi de parvenir à les partager. Cela aussi dépend de nous et ressort donc de notre responsabilité.
The philosopher Timothy Morton introduced the notion of hyperobjects, that is, objects or phenomena that are too complex and too large scale for us to understand correctly their behaviour. The notion of hyperobjects becomes particularly relevant in the case of hyperthreats, because if humanity becomes unable to cope, its survival is called into question. Two hyperthreats are particularly critical at the moment. The first concerns the environment and global warming. It is a particularly complex phenomenon, which involves the entire planet and which requires a close collaboration between all nations. The solutions required call for significant investments and major changes in lifestyles. Defining an agenda for action on a global scale and achieving an equitable distribution of the efforts to be undertaken are tasks that might exceed the capacity of humanity to act in a concerted manner. If we observe the steady increase in greenhouse gas emissions since the beginning of the climate negotiations, that is to say almost 25 years ago, we can legitimately doubt a favorable outcome, in a context of increasing international tensions. Nuclear weapons represent a second major issue, as their presence poses a permanent threat to the survival of humanity. While the power of the Hiroshima atomic bomb was about 20 kilotons (kt) of TNT equivalent, that of a thermonuclear fusion bomb is between 10 and 50 million tons (Mt), or 500 to 500 Hiroshima bombs. It is clear that the use of such a weapon on inhabited centers would have a truly apocalyptic effect. By the 1950s, Günther Anders had noted that Hiroshima was the beginning of a new world, in which humanity would live under the constant threat of a nuclear apocalypse. To conceive the disappearance of humanity is difficult for a person or even an institution. Since Hiroshima, the worst has not happened and as a result the threat has seemed to diverge. In fact, this situation has contributed to increase the risk of disaster, by blunting the most acute fears. The risks are not limited to nuclear proliferation, nor to countries such as South Korea or Iran. They also concern countries that have long held nuclear weapons. The development of increasingly sophisticated missiles, the shortening of the time required to strike, and the proliferation of so-called "tactical" nuclear weapons are contributing to an increase the unstability of nuclear deterrence. An unexpected sequence of circumstances could lead to apocalypse, even in the absence of a deliberate willingness to take such a risk. Günther Anders spoke of the obsolescence of man, who has become incapable of mastering his technical achievements. The hyperthreats he faces may exceed his ability to overcome them.
Le philosophe Timothy Morton a introduit la notion d'hyperobjets, c'est à dire d'objets ou de phénomènes trop complexes et se situant à une échelle trop vaste pour que nous puissions les appréhender correctement. La notion d'hyperobjets devient particulièrement pertinente dans le cas d'hypermenaces, car si l'humanité devient incapable d'y faire face, sa survie est alors mise en question. Deux hypermenaces sont particulièrement critiques à l'heure actuelle. La première concerne l'environnement et le réchauffement climatique. Il s'agit d'un phénomène particulièrement complexe, qui concerne l'ensemble de la planète et qui nécessite une collaboration étroite entre toutes les nations. Les solutions à apporter réclament des investissements considérables et des changements importants dans les modes de vie. Définir un programme d'action à l'échelle de la planète et parvenir à une répartition équitable des efforts à engager sont des tâches qui risquent de dépasser les capacités de l'humanité à agir de façon concertée. Si l'on observe la progression continue des émissions de gaz à effet de serre depuis le début des négociations climatiques c'est à dire il y a près de 25 ans, on peut légitimement douter d'une issue favorable, dans un contexte international marqué par les rivalités et les tensions.
Le second problème concerne la question des armes nucléaires dont la présence constitue un péril permanent pour la survie de l'humanité. Alors que la puissance de la bombe atomique d’Hiroshima
était d’environ 20 kilotonnes (kt) d’équivalent TNT, celle d’une bombe
thermonucléaire à fusion se situe entre 10 et 50 millions de tonnes (Mt),
soit 500 à 2 500 bombes d’Hiroshima. Il est clair que l’usage d’une
telle arme sur des centres habités aurait un effet véritablement apocalyptique. Dès les années 1950, Günther Anders avait noté qu'Hiroshima marquait un tournant et que dès lors l'humanité allait vivre sous la menace permanente d'une apocalypse nucléaire. Concevoir la disparition de l'humanité est difficile pour une personne ou même une institution. Depuis Hiroshima, le pire ne s'est pas produit et de ce fait la menace a paru s'écarter. En fait, cette situation a contribué à augmenter le risque de catastrophe, en émoussant les craintes les plus vives. Les risques ne se limitent pas à la prolifération nucléaire, ni aux pays tels que la Corée du Sud ou l'Iran. Ils concernent aussi les pays qui possèdent depuis longtemps des armes nucléaires. Le développement de missiles de plus en plus perfectionnés, le raccourcissement du délai nécessaire pour effectuer une frappe, la multiplication des armes nucléaires dites "tactiques" contribuent à rendre de plus en plus instable la dissuasion nucléaire. Un enchaînement inattendu de circonstances pourrait conduire à l'apocalypse, même en l'absence de volonté délibérée de prendre un tel risque. Günther Anders évoquait l'obsolescence de l'homme, devenu incapable de maîtriser ses réalisations techniques. Les hypermenaces auxquelles il doit faire face pourraient dépasser sa capacité à les surmonter.
Globalization, organized according to the rules of neoliberal governance, has entrusted all arbitrations to the market, considering profit as the exclusive engine of the economy. It has led to the current flat world, open to all commercial and financial movements. Whereas classical liberalism still referred to a humanist principle of reciprocity, neoliberalism is placed in a world of competition, governed solely by the balance of power. As a result, the major issues that concern the environment, global warming, the collapse of biodiversity and the pollution of water and air, even if they are better perceived, are still unresolved. The horizon of sustainable development, which seemed to provide an early answer to these questions, is clouded by clouds of oppressive international tensions. Military interventions and terrorist acts are relentlessly linked. The idea that the world could flare up again is insistent. Massive migrations are no longer a mere fiction, but a tragic reality. At the end of the nineteenth century, the English author Edwin A. Abbott had imagined a flat, two-dimensional, Flatland world populated by polygons. In such a world, any closed figure imposes insurmountable limits. The arrival of a sphere is experienced as a supernatural event. The flatland world is a metaphor for ours. We are locked in the flat world of globalization, presented as a form of outcome, with no alternative. Subjected to the imperatives of globalization, standardized and deprived of transcendence, this flat world, totally open to international trade and to indefinitely repeated standards, is destructive of the environment and cultures inherited from the past. Due to the capture of the whole social domain by the economy, internal values no longer find their place. Their loss is likely to cause an irreversible decline to which the western world is already exposed. Beyond the economic and financial crisis, the impossibility of transgressing the laws of the market, as well as the abandonment of any foundation other than economic calculation, have led to a crisis of meaning, which affects a large part of the current globalized world. . The reign of consumerism discredits the moral superiority of which the West prides itself. The general feeling of disenchantment is reflected in a lack of a vision for the future, all the more worrying as humanity faces considerable challenges: environmental degradation, growing inequalities, technological risks, weapons of mass destruction. According to the historian Arnold Toynbee, the disintegration of civilizations is associated with a spiritual rupture, a schism of the soul, which induces a general feeling of uneasiness. Society loses confidence in its leaders, who try to retain their power by force. Centrifugal tendencies lead to the dislocation of institutions. If the current crisis is such a diagnosis, it could prove fatal to the model of civilization that is currently ours. From now on, the flat world of globalization presents signs of impending rupture. Since the financial crisis of 2008, it has suffered multiple traumas and the gaps that appear tend to widen. Brexit in Europe, the election of Donald Trump in the United States, the desire for independence of the BRICS, are among the symptoms of the growing rejection of globalization, as it was conceived in the 1990s. In Italy, the government agreement bringing together the Northern League and the five-star movement is the most recent symptom of the ongoing disintegration of the flat world, particularly affecting the European Union which has been built according to this model. The end of the flat world thus seems inevitable, even if fixing the term remains hazardous. Such a diagnosis raises the question of the alternative system capable of replacing it. A world will die, but what world will be born?
Different scenarios can be envisaged. In the face of an irretrievable decline, the current system could evolve into an authoritarian regime, limiting freedoms and reinforcing inequalities. In all likelihood, the rise of violence accompanying such an outcome would then lead the world to a major conflict, even the Nuclear Apocalypse. This would, no doubt, be the end of the civilization we know now. Mankind would take a long time to recover, if it ever succeeds. Other, more optimistic scenarios can be considered. They imply a profound change of habits and mentalities. For the moment, despite all the good wills deployed and the many initiatives underway, we still do not see the light at the end of the tunnel.
La globalisation, organisée selon les règles de la gouvernance néolibérale, a confié tous les arbitrages au Marché, en considérant le profit comme le moteur exclusif de l’économie. Elle a conduit au monde platactuel, ouvert à tous les mouvements commerciaux et financiers. Alors que le libéralisme classique se référait encore à un principe humaniste de réciprocité, le néolibéralisme se place dans un univers de compétition, régi par les seuls rapports de force. De ce fait, les grandes questions qui concernent l’environnement, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’eau et de l’air, même si elles sont mieux perçues, ne sont toujours pas résolues. L’horizon du développement durable, qui semblait apporter un début de réponse à ces questions, est obscurci par les nuages de tensions internationales oppressantes. Les interventions militaires et les actes terroristes s’enchaînent sans répit. L’idée que le monde pourrait s’embraser à nouveau revient avec insistance. Les migrations massives ne sont plus une simple fiction, mais deviennent une tragique réalité. À la fin du XIXesiècle, l’auteur anglais Edwin A. Abbott avait imaginé un monde plat à deux dimensions, Flatland, peuplé de polygones. Dans un tel monde, n’importe quelle figure fermée impose des limites infranchissables. L’arrivée d’une sphère est vécue comme un événement surnaturel. Le monde de flatland est une métaphore du nôtre. Nous sommes enfermés dans le monde plat de la globalisation, présenté comme une forme d’aboutissement, sans alternative possible. Soumis aux impératifs de la mondialisation, uniformisé et privé de transcendance, ce monde plat, totalement ouvert au commerce international et à des standards indéfiniment répétés, est destructeur de l’environnement et des cultures héritées du passé. Du fait de l’accaparement de l’ensemble du domaine social par l’économie, les valeurs intérieures ne trouvent plus leur place. Leur perte risque de provoquer un déclin irréversible auquel le monde occidental est d’ores et déjà exposé.
Au-delà de la crise économique et financière, l’impossibilité de transgresser les lois du Marché, ainsi que l’abandon de tout fondement autre que le calcul économique, ont entraîné une crise du sens, qui affecte une large partie du monde globalisé actuel. Le règne du consumérisme décrédibilise la supériorité morale dont se targue l’Occident. Le sentiment général de désenchantement se traduit par une absence de vision d’avenir, d’autant plus préoccupante que l’humanité est confrontée à des défis considérables : dégradation de l’environnement, inégalités croissantes, risques technologiques, armes de destruction massive. Selon l’historien Arnold Toynbee, la désagrégation des civilisations est associée à une rupture spirituelle, un schisme de l’âme, qui induit un sentiment général de malaise[3]. La société perd confiance dans ses dirigeants, qui tentent de conserver leur pouvoir par la force. Les tendances centrifuges entraînent la dislocation des institutions. Si la crise actuelle relève d’un tel diagnostic, elle pourrait s’avérer fatale au modèle de civilisation qui est actuellement le nôtre. Dès à présent, le monde plat de la globalisation présente des signes de rupture imminente. Depuis la crise financière de 2008, il a subi de multiples traumatismes et les brèches qui apparaissent tendent à s’élargir. Le Brexit en Europe, l’élection de Donald Trump aux États-Unis, la volonté d’indépendance des BRICS, figurent parmi les symptômes du rejet croissant de la globalisation, telle qu’elle a été conçue au cours des années1990. En Italie, l'accord de gouvernement réunissant la Ligue du Nord et le mouvement cinq étoiles est le dernier symptôme de la désintégration en cours du monde plat, affectant tout particulièrement l'Union Européenne qui s'est construite selon ce modèle. La fin du monde plat semble ainsi inéluctable, même si en fixer le terme demeure hasardeux. Un tel diagnostic pose la question du système alternatif capable de le remplacer. Un monde va mourir, mais quel monde va naître ?
Différents scénarios peuvent être envisagés. Face à un déclin irrémédiable, le système actuel pourrait évoluer vers un régime autoritaire, limitant les libertés et renforçant les inégalités. Selon toute vraisemblance, la montée de violence accompagnant une telle issue conduirait alors le monde vers un conflit majeur, voire l’Apocalypse nucléaire. Ce serait, sans doute, la fin de la civilisation que nous connaissons à présent. L’humanité mettrait beaucoup de temps à s’en remettre, si elle y parvient jamais. D'autres scénarios, plus optimistes, peuvent être envisagés. Ils impliquent un changement profond des habitudes et des mentalités. Pour le moment, malgré toutes les bonnes volontés déployées et les multiples initiatives en cours, on ne perçoit pas encore la lumière au bout du tunnel.
At the time of transhumanism and artificial intelligence, the question of human consciousness finds a singular relevance. The ability of computers to perform an increasing number of tasks that were exclusively the responsibility of human intelligence led to the assimilation of these two forms of intelligence. Advances in neuroscience have helped to reinforce this assimilation, since brain neuron circuits have been identified to electronic circuits. Many journalists and even scientists like Michio Kaku have imagined machines that are not only capable of thinking, but also conscious, that is, endowed with subjectivity or even feelings. In this context, it becomes more important than ever to wonder about the specificity of human consciousness and more broadly about the fundamental difference that exists between living beings and machines. If the human brain is assimilated to a computer, what remains of human dignity? What consideration can we expect from all living beings, reduced to a condition of machines? To show the fundamental difference between a human being and a machine, it is necessary first of all to reject firmly the idea that computers equipped with logical functions and thus able to perform certain functions that previously required the intervention of human intelligence, might be provided with some subjectivity and be able to experience sensations, even feelings. To admit that conscious states represent a form of software that can be placed on any medium seems completely ungrounded. Assimilating conscious states and information processing, a theory that leads Chalmers to give a thermostat an early awareness, is no more convincing. At the same time, it is necessary to better understand the unique nature of the consciousness and sensibility that is spread within all living beings. To compare the performance of a machine and a human being, it is necessary to clarify how intelligence is measured. A machine is certainly capable of going beyond human intelligence in many ways, being faster, more extensive and more reliable. On the other hand, human intelligence will no doubt remain for a long time deeper, that is to say, capable of imagining, understanding and exploiting complex and abstract concepts. Despite the performance that computers and robots are capable of, assimilating the intelligence of machines to that of human beings undoubtedly proceeds from too hasty extrapolation. The replacement of human workers by robots risks dehumanizing the social milieu and impoverishing the collective imagination. By his intelligence, the human being kept the hope of disengaging himself from the mechanical power. Confronted with a system able to spy on him and anticipate his reactions, he is weakened and unable to react. In a world populated with intelligent objects, supposed to help him, but whose operation escapes him, he becomes dependent on machines that surpass him, not only from the physical standpoint, but also, more and more often, in areas that appeal to intelligence. The very rapid progress of artificial intelligence comes before humanity has had time to adapt accordingly. Relationships between humans and machines may change profoundly. The human being thought to dominate the machine, but the situation seems to be reversed. Faced with a robot, the human being is obliged to follow the procedure imposed on him, without possible derogation. In a world populated with computers, connected objects and robots, everyone's freedom may be compromised. The room for maneuver and negotiation opportunities that applied to human relations will be difficult to preserve. The human being, formatted by his interactions with machines, will have to adopt an algorithmic way of thinking, which will inevitably favor the development of the brain functions best adapted to the dialogue with the machines. Such conditioning of the human brain can only impoverish the capacities of intuition, imagination and creation. By becoming binary, thought will exclude dreams and poetry, as well as feelings of empathy, solidarity or compassion. It will be integrated into a vast cybernetic system, which deprives it of freedom. Dictatorship by the machine is particularly formidable, because the machine is not open to any feeling.
À l’heure du transhumanisme et de l’intelligence artificielle, la question de la conscience humaine retrouve une singulière actualité. La capacité des ordinateurs à effectuer un nombre croissant de tâches qui relevaient exclusivement de l'intelligence humaine a conduit à assimiler ces deux formes d'intelligence. Les progrès des neurosciences ont contribué à renforcer cette assimilation, car les circuits de neurones cérébraux ont été identifiés aux circuits électroniques. De nombreux chroniqueurs et même des scientifiques comme Michio Kaku ont imaginé des machines non seulement capables de penser, mais également conscientes, c’est-à-dire dotées de subjectivité, voire de sentiments. Dans ce contexte, il devient plus important que jamais de s’interroger sur la spécificité de la conscience humaine et plus largement sur la différence fondamentale qui existe entre les êtres vivants et les machines. Si le cerveau humain est assimilé à un ordinateur, que reste-t-il de la dignité humaine? Quelle considération est-il possible d’espérer vis-à-vis de tous les êtres vivants, ramenés à une condition de machines?
Pour montrer la différence fondamentale entre un être humain et une machine, il est nécessaire tout d'abord de rejeter fermement l'idée que des ordinateurs pourvus de fonctions logiques et donc capables d'accomplir certains fonctions qui nécessitaient auparavant l'intervention d'une intelligence humaine, soient pourvus d'une quelconque subjectivité et soient capables d'éprouver des sensations, voire des sentiments. L'idée que les états conscients représentent une forme de software qui peut être placée sur n'importe quel support paraît tout à fait inacceptable, de même que celle qui consiste à assimiler états conscients et traitement de l'information, théorie qui conduit Chalmers à doter un thermostat d'un début de conscience. En même temps, il est nécessaire de mieux comprendre la nature unique de la conscience et de la sensibilité que manifestent non seulement les êtres vivants, mais aussi tous les êtres vivants. Il faut parvenir à distinguer les états conscients de processus de traitement de l'information ou d'opérations logiques. Pour comparer les performances d’une machine et d’un être humain, il est nécessaire de clarifier la façon dont on mesure l’intelligence. Une machine est certainement capable de dépasser l’intelligence humaine sur plusieurs plans, en étant plus rapide, plus étendue et plus fiable. Par contre, l’intelligence humaine va sans doute rester pendant longtemps plus profonde, c’est-à-dire capable d’imaginer, de comprendre et d’exploiter des concepts complexes et abstraits. Malgré les performances dont sont capables les ordinateurs et les robots, assimiler l’intelligence des machines à celle des êtres humains procède sans doute d’une extrapolation trop hâtive. Le remplacement des travailleurs humains par des robots risque de déshumaniser le milieu social et d’appauvrir l’imaginaire collectif. Par son intelligence, l’être humain gardait l’espoir de se dégager de la puissance mécanique. Confronté à un système capable de l’épier et d’anticiper ses réactions, il se trouve fragilisé et incapable de réagir. Au sein d’un monde peuplé d’objets intelligents, censés l’aider, mais dont le fonctionnement lui échappe, il devient dépendant de machines qui le surpassent, non seulement sur le plan physique, mais aussi, de plus en plus souvent, dans des domaines qui font appel à l’intelligence. La progression très rapide de l’intelligence artificielle intervient avant que l’humanité n’ait eu le temps de s’adapter en conséquence. Les relations entre les êtres humains et les machines risquent d’évoluer profondément. L’être humain pensait dominer la machine, mais la situation semble s’inverser. Confronté à un robot, l’être humain est obligé de suivre la procédure qui lui est imposée, sans dérogation possible. Dans un monde peuplé d’ordinateurs, d’objets connectés et de robots, la liberté de chacun risque d’être compromise. Les marges de manœuvre et les possibilités de négociation, qui s’appliquaient aux relations humaines, seront difficiles à préserver. L’être humain, formaté par ses interactions avec des machines, devra adopter un mode de pensée algorithmique, qui va inévitablement favoriser le développement des fonctions cérébrales les mieux adaptées au dialogue avec les machines. Un tel conditionnement du cerveau humain ne peut qu’appauvrir les capacités d’intuition, d’imagination et de création. En devenant binaire, la pensée va exclure le rêve et la poésie, ainsi que les sentiments d’empathie, de solidarité ou de compassion. Elle sera enfermée dans un vaste système cybernétique, qui la prive de liberté. La dictature par la machine est particulièrement redoutable, car la machine n'est ouverte à aucun sentiment.
The geopolitics of renewable energies differs considerably from the geopolitics of hydrocarbons. Oil is easily transportable and the whole problem of energy production is to exploit oil where it is widely available, i.e. mainly in the Middle East. Technology, however, can change the geopolitical situation, making it possible to produce oil in places where it is difficult to access. Thus, thanks to technology, it has been possible to produce oil in the North Sea or source rock hydrocarbons in the United States through hydraulic fracturing, thus considerably altering the previous equilibrium. In any case, however, because oil is inexpensive to transport, the important thing is to be able to dispose of the deposits, irrespective of where the oil is later used. This is the reason why military actions have frequently been taken to control a place of production and sometimes also to ensure freedom of transit. In the case of renewable energy sources, the situation is very different since in general the energy produced must be used in a region close to the production site, because of the high cost of electrical energy transportation, especially if the power transported varies. considerably throughout the year. This situation is generally considered an advantage since it is not necessary to import energy from regions that may pose security of supply problems. However, by reasoning this way, it is overlooked that in most cases the available resources vary considerably from one region to another. Thus, geothermal energy is only really advantageous in regions benefiting, like Iceland, from a high geothermal gradient (in Iceland 100% of electricity is produced from renewable energy, of which 30% by geothermal energy and 70% by hydraulics in 2016). Water resources vary considerably from one country to another. In Europe, for example, Norway (where 96% of the electricity was hydro-electric in 2016) or Switzerland are abundantly supplied with hydraulic power, while the situation is quite different for the countries of the South. The same is true for biomass. Significant wood resources are available in Sweden or Finland (where biomass accounted for 26% of the energy consumed in 2016), but not in Greece and given the fact that wood is solid and its energy density is relatively low, it is also expensive to carry. In the case of solar energy, the situation also varies considerably depending on the latitude (the mean irradiation energy varies between 700 and 2700 kWh / m2). At low latitude, the solar irradiation is much more important and the radiation much more regular during the year, whereas in the northern latitudes the duration of sunshine can vary between 0% in winter and 100% in summer. As a result, the exploitation of solar energy in a country like Norway, where it is almost constantly dark in winter, is obviously problematic, while the countries close to the equator have a strong advantage over the production of solar energy. There remains the case of wind energy. In this case too, the differences are significant between coastal regions and those located further inland (the average available power varies between 50 and 400 W / m2 depending on the point of the globe. Wind energy, because of its extreme intermittency, the quantity of materials it requires and the small margin of progress that can be envisaged, poses other problems that require a more detailed analysis. From this brief reminder, two consequences can be drawn. The first is that there must be significant differences in the availability of renewable energy and it would be illusory to consider all regions as equivalent. Northern countries, such as Norway, Sweden, Canada, have a clear advantage in terms of energy ex-biomass and hydro, the countries of the South, in terms of solar energy. The second is that technology plays a vital role. Mastering a technological sector (or the materials it requires, such as rare earths) provides a considerable geopolitical advantage. This is what China is aiming at in the case of photovoltaics or Germany in the case of wind power.
La géopolitique des énergies renouvelables diffère considérablement de la géopolitique des hydrocarbures. Le pétrole est facilement transportable et toute la problématique de la production d'énergie revient à exploiter le pétrole là où il est largement disponible, c'est à dire majoritairement au Moyen-Orient. La technologie permet toutefois de modifier la situation géopolitique, en rendant possible la production de pétrole dans des lieux où il est difficilement accessible. C'est ainsi que grâce à la technologie, il a été possible de produire du pétrole en mer du Nord ou des hydrocarbures de roche-mère aux Etats-Unis grâce à la fracturation hydraulique, modifiant ainsi considérablement l'équilibre antérieur. Dans tous les cas néanmoins, du fait que le pétrole est peu coûteux à transporter, ce qui compte est de pouvoir disposer des gisements, quel que soit le lieu d'utilisation ultérieure du pétrole. C'est la raison pour laquelle, des actions militaires ont été fréquemment engagées pour contrôler un lieu de production et parfois aussi pour assurer une liberté de transit.
Dans le cas des énergies renouvelables, la situation est très différente puisqu'en général l'énergie produite doit être utilisée dans une région rapprochée du lieu de production, en raison du coût élevé du transport d'énergie électrique, surtout si la puissance transportée varie considérablement tout au long de l'année. Cette situation est généralement considérée comme un avantage, étant donné qu'il n'est pas nécessaire d'importer l'énergie de régions qui peuvent poser des problèmes de sécurité d'approvisionnement. Toutefois, en raisonnant ainsi, on omet de prendre en compte le fait que dans la plupart des cas, les ressources disponibles varient considérablement d'une région à une autre. Ainsi, la géothermie n'est vraiment avantageuse que dans des régions bénéficiant, comme l'Islande d'un gradient géothermique élevé (en Islande 100% de l'électricité est produite à partir d'énergie renouvelable dont 30% par géothermie et 70% par hydraulique en 2016). Les ressources hydrauliques varient considérablement d'un pays à un autre. Ainsi en Europe, la Norvège (où 96% de l'électricité a été d'origine hydraulique en 2016) ou la Suisse en sont abondamment pourvues, alors que ce n'est pas du tout le cas des pays du Sud. Il en est de même pour la biomasse. Des ressources en bois importantes sont disponibles en Suède ou en Finlande (où la biomasse a représenté 26% de l'énergie consommée en 2016), mais pas en Grèce et compte-tenu du fait que le bois est solide et que sa densité énergétique est relativement faible, il est également coûteux à transporter. Dans le cas du solaire, la situation varie également considérablement en fonction de la latitude (entre 700 et 2700 kWh/m2). A faible latitude, l'irradiation solaire est beaucoup plus importante et le rayonnement beaucoup plus régulier durant l'année, alors qu'aux latitudes septentrionales la durée d'ensoleillement peut varier entre 0% en hiver et 100% en été. De ce fait, l'exploitation de l'énergie solaire dans un pays comme la Norvège où il fait nuit presque constamment en hiver, est évidemment problématique, tandis que les pays proches de l'équateur sont fortement avantagés vis à vis de la production d'énergie solaire. Reste le cas de l'énergie éolienne. Dans ce cas également, les différences sont importantes entre les régions côtières et celles qui sont situées plus à l'intérieur des terres (la puissance moyenne disponible étant comprise entre 50 et 400 W/m2 suivant le point du globe considéré. En outre, l'énergie éolienne, en raison de son intermittence extrême, de la quantité de matériaux qu'elle requiert et de la faible marge de progrès envisageable, pose d'autres problèmes, qui nécessitent une analyse plus détaillée.
De ce bref rappel, on peut tirer deux conséquences. La première est qu'il faut admettre des différences importantes dans les disponibilités en énergie renouvelable et qu'il serait illusoire de considérer toutes les régions comme équivalentes. Les pays du Nord, tels que Norvège, Suède, Canada, disposent d'un clair avantage en termes d'énergie ex-biomasse et hydraulique, les pays du Sud, en termes d'énergie solaire. La deuxième, c'est que la technologie joue un rôle essentiel. Maîtriser une filière technologique (ou les matériaux qu'elle nécessite, tels que les terres rares) permet d'acquérir un avantage géopolitique considérable. C'est ce que la Chine vise dans le cas du photovoltaïque ou l'Allemagne dans le cas de l'éolien.