Face aux
questions d’environnement, trois attitudes sont possibles, comme l’a montré
Dominique Bourg [1] Ces attitudes peuvent inspirer trois types de politiques
publiques.
La première est celle de l’écologie
radicale, ou « écologie profonde », qui préconise un système de
juridique non plus anthropocentré, mais biocentré. Le concept d’écologie
profonde a été introduit par le Norvégien Arne Naess [2]. L’idée que l’espèce humaine ne devrait pas jouir de droits
supérieurs à ceux des autres espèces, a inspiré les mouvements antispécistes,
qui défendent les droits des animaux et se manifestent par des actions
militantes, parfois violentes. Les principes de l’écologie radicale ne sont
actuellement admis par aucun système politique, mais contribuent néanmoins à
faire évoluer l’opinion en attirant l’attention sur le fait que la vie a une
valeur intrinsèque, qui ne se limite pas à l’usage qu’en fait l’homme. Cette
question reste néanmoins l’une des plus difficiles, car les principes éthiques
devant guider les textes de loi ne semblent pas clairement définis et restent
débattus.
La seconde qui a été préconisée par Hans Jonas, dans le cadre de son ouvrage « Le Principe responsabilité », consiste à considérer comme prioritaires toutes les mesures consistant à éviter un impact négatif à long terme des actions qui sont décidées et à privilégier le principe de précaution [3]. Une telle position conduit à privilégier un gouvernement des experts, qui seraient seuls capables de prévoir les impacts à long terme. Dans le cas d’un régime de type dictatorial, une telle politique est relativement simple à appliquer, ce qui peut avoir des avantages en termes d’efficacité et de rapidité d’action. Malheureusement, les dirigeants peuvent alors s’ériger en experts, avec des conséquences souvent catastrophiques. Le cas de l’URSS, durant la période stalinienne est caractéristique à cet égard. Un gouvernement démocratique peut s’appuyer sur des avis d’experts, mais l’opinion admet de moins en moins que les décisions soient confiées à des personnalités, dont l’indépendance et parfois même la compétence sont souvent contestés.
La voie à suivre devrait donc être associée à plus de démocratie, mais définir un cadre
politique et des modes de gouvernance efficaces dans un tel cadre n’est pas simple, en raison des risques de blocage provenant des différents groupes de pression. En outre, les représentants élus qui dirigent la politique du pays sont surtout préoccupés par les questions qui conditionnent leur réélection et qui sont donc de relativement court terme. Ni un
régime dictatorial, ni un mode de fonctionnement qui serait trop soumis aux
fluctuations de l’opinion n’apparaissent comme des solutions satisfaisantes. Il
faut donc envisager des formules de compromis, permettant à des instances politiques démocratiques de
fonctionner pleinement, tout en introduisant des dispositifs pour traiter des
questions de long terme et du collectif. L’idée de développer une plus grande
« démocratie participative », s’appuyant notamment sur l’usage du
référendum, qui peut conduire à la manipulation d’une opinion versatile, ne
représente pas nécessairement un progrès. L'introduction d'un mécanisme de prévision du long terme reste difficile à concevoir et plus encore à mettre en oeuvre.
[1]
Dominique Bourg, L’avenir de
l’environnement, dans « L’université de tous les savoirs »,
volume 6 ‘ « Qu’est ce que la culture », Editions Odile Jacob,
2001
[2]
Arne Naess, David Rothenberg, Vers
l’écologie profonde, Wildprojects, 2009
[3]
Hans Jonas, Le Principe Responsabilité.
Une éthique pour la civilisation technologique, Paris, Cerf, 1990
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