Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

dimanche 15 décembre 2013

Le risque nucléaire / Nuclear risk

To appreciate nuclear risk is a difficult task as illustrated by a recent book written by François Lévêque, who teaches economy at the Ecole des Mines de Paris.  The method he presents combines an a priori estimation indicating a probability of 6,5 10-5 with a degree of confidence of 95%, with a probability of 7,8 10-4 resulting from the number of observed failures. Although established by a refined calculation, the figure he quotes for the probability of a major failure (core meltdown),  i.e. 3,2 10-4, raises many questions. Is it acceptable to considerer all the probabilities of  failure as equivalent whatever the location? How to take into account the improvements which occur throughout the time and especially after a major failure? And what is the "acceptable level": 10-410-5 or 10-6 ?  In fact, the level of risk which is felt by the public opinion may have in the future a greater impact  than a more scientific estimation, even if the latter one is much closer to the reality. Still, the issue remains crucial.

Comment apprécier le risque nucléaire? A ce jour, deux catastrophes majeures se sont produites. L'une à Tchernobyl et l'autre à Fukushima. C'est un nombre que l'on peut juger faible, au regard d'environ 450 réacteurs fonctionnant depuis environ 31 ans en moyenne et en même temps beaucoup trop élevé au regard des conséquences majeures que ces deux catastrophes ont eues sur l'URSS d'une part et sur le Japon d'autre part. L'ouvrage de François Lévêque, professeur d'économie à l'Ecole des Mines de Paris: "Nucléaire on/off" apporte un éclairage intéressant sur cette question. Il montre d'une part l'écart entre le risque réel et sa perception et d'autre part les erreurs de raisonnement que l'on peut commettre en ce qui concerne la probabilité d'un accident majeur (en l’occurrence la fusion du cœur, accident de niveau 7).
L'usage du calcul des probabilités s'avère fort délicat. Les études probabilistes sont complexes. Pour chiffrer le risque d'un accident majeur (fusion de cœur sans éjection de matière fissile), l'idée présentée dans l'ouvrage consiste à corriger suivant une démarche bayésienne une probabilité a priori, telle qu'estimée par des experts, en tenant compte d'une probabilité déduite de l'observation des faits. La probabilité a priori est tirée d'une étude américaine de 1997, qui la chiffre à 6,5 10-5 avec un degré de confiance de 95%. Cela suppose que celle-ci, basée sur l'analyse de réacteurs américains et menée il y a plus de quinze ans, s'applique aux autres réacteurs dans le monde. La probabilité "tirée des faits observés" est estimée à 7,8 10-4. En combinant ces deux valeurs, on aboutit à une probabilité de 3,2 10-4 par réacteur et par an.

lundi 25 novembre 2013

Scénarios énergétique à long terme / Long term energy scenarios

Long term energy scenarios will depend upon many factors which remain uncertain. Still, beyond 2050, three main trends may be considered. A collapse at a worldscale level, as described by Jared Diamond, cannot be excluded. Two main other alternative scenarios can be considered. In the first case (scenario I), the energy consumption per inhabitant will continue to grow. Such a scenario seems difficult to implement without a large contribution of nuclear energy. A second scenario (II) implies a substantial reduction of the energy consumption per inhabitant. It is the scenario most compatible with the use of renewable energy sources, which are diffuse and require land area. This kind of evolution, which seems difficult to avoid in this case, might have quite negative consequences, such as an increase of inequalities between those who might still afford to consume large amounts of energy and those who would be deprived from an access to energy.

Les scénarios énergétiques à long terme vont dépendre d'un ensemble de facteurs (économiques, géopolitiques), dont une grande partie demeure incertaine. Dans un premier temps, la consommation d'énergie par habitant va continuer à croître, atteignant une valeur de l'ordre de 3 tep (tonne équivalent pétrole) par habitant et par an d'ici 2050. Cet accroissement va s'accompagner d'un rejet important de gaz à effet de serre. Au delà, on peut envisager trois types de scénarios. Le scénario d’une catastrophe écologique accompagnée d’un effondrement de la civilisation au niveau mondial, selon le modèle de Jared Diamond ne peut pas être exclu. Dans ce cas, la population humaine ainsi que la consommation d’énergie pourraient chuter brutalement. Si l'on écarte ce scénario, on peut envisager deux évolutions à long terme de la consommation d’énergie par habitant. Un premier scénario (i) correspond à une augmentation continue de la consommation d’énergie par habitant, même si la courbe tend à s’infléchir. Il me semble qu’un tel scénario implique nécessairement un large recours au nucléaire, quelle soient les filières retenues: réacteur de quatrième génération, réacteur au thorium ou autre.Un deuxième scénario (II) correspond à une baisse sensible de la consommation moyenne, suivie d’une stabilisation et éventuellement d’une lente remontée. Ce scénario est a priori celui qui est le plus compatible avec un très large recours aux énergies renouvelables, qui sont diffuses et nécessitent la mobilisation d'une surface de sol importante. Il paraît inévitable dans ce cas, d'aller vers une large réduction de la consommation moyenne d'énergie par habitant. Si c'est le cas privilégié, il faut sans doute s'y préparer dès à présent. Les conséquences restent toutefois difficiles à prévoir, mais certaines d'entre elles risquent d'être très négatives, avec une montée des inégalités entre ceux qui pourront consommer de l'énergie et ceux qui ne le pourront plus.

dimanche 24 novembre 2013

L'accord sur le Climat de Varsovie / The agreement at the Varsaw Climate Conference


Climate Conferences seem to follow a similar sequence each time. At Copenhagen, Durban and Varsaw, failure invariably followed promises. Nobody really expected a positive outcome from the Varsaw Conference, due to Poland dependence on coal. Is it the reason why it was held there? It was quickly confirmed, resulting in the departure of many participants. Rather surprizingly though, a final agreement has been reached at the Conference. But, now, we know what means an "agreement": a simple common declaration, which after long discussions, becomes almost useless. Of course, it is still possible to hope a better result at the following meetings and to reach a "real" agreement in Paris, in 2015. But, as the same causes should produce the same effects, there is no reason why a major shift should occur. Therefore, it seems legitimate to wonder if we have to consider the "agreement" which has been reached as good news.

Les Conférences sur le Climat se suivent et se répètent avec des résultats très similaires. Copenhague, Durban, Varsovie, une suite d'échecs. A chaque fois, il est dit et répété que la prochaine réunion sera la bonne. A Varsovie, on ne pouvait guère espérer de progrès décisifs, compte-tenu de l'importance que le maintien du charbon revêt pour la Pologne. Est-ce la raison pour laquelle ce lieu avait été choisi pour la dernière Conférence sur le Climat? De nombreux participants s'en sont rendus compte et ont décidé de quitter la réunion avant la fin. Pourtant, on est parvenu "in extremis", nous dit-on à un accord, ce qui peut paraître surprenant. En fait, on sait maintenant ce que signifie "parvenir à un accord": cela consiste simplement à signer ensemble une "déclaration commune", que de longues tractations visent de tout contenu, en remplaçant notamment le terme d'"engagements" par celui de "contributions". On espère à présent que la Conférence de Paris en 2015 permettra d'aboutir à des résultats concrets. Pourtant, les mêmes causes produisant les mêmes effets, on ne voit pas comment éviter le scénario habituel: l'Union Européenne seule à prendre des engagements, les pays émergents refusant toute obligation et les autres pays industrialisés en tirant argument pour ne pas prendre non plus d'engagements. Dans ce contexte, plutôt qu'un accord de façade, on peut se demander s'il ne vaudrait mieux afficher un franc désaccord.

samedi 16 novembre 2013

Champs morphogénétiques et magie/ Morphogenetic fields and magic thinking















The last book of Rupert Sheldrake "The science delusion" starts with a good introduction about the limits of science. Unfortunately, very soon it presents rather surprising views, which seem difficult to conciliate with science. He supports the idea that human beings might spend years without any food, by using a mysterious "prana". In his view, memory is not a result of the brain activity, but results from a connection with the events of the past, through space and time. For him, life relies upon a "resonance with a morphogenetic field". The nature of this field is never explained, nor the way "resonance" occurs. Therefore, such interpretations are very similar to the old magical thinking: a magic formula might act through such a "resonance with a morphogenetic field". It shows that magic thinking keeps a strong appeal for human imagination.
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Le dernier ouvrage du biologiste anglais Rupert Sheldrake, publié en anglais sous le titre "Réenchanter la science", est un curieux mélange ainsi d'ailleurs que l'ensemble de l'œuvre de l'auteur. Celui-ci se présente comme un scientifique, dont la philosophie de la science semble à bien des égards ouverte et séduisante. Aussi, est-on surpris quand on lit les points de vue qu'il expose. Pour prendre un simple exemple, l'observation qui a été faite d'une mystérieuse énergie noire agissant dans l'univers, est utilisée pour justifier l'idée que certaines personnes puissent se passer de nourriture pendant des années, alors qu'il n'existe aucun élément pour soutenir une position aussi aberrante.  La respiration d'un être humain n'étant pas censée s'arrêter, il doit rejeter du dioxyde de carbone en permanence, ce qui suppose un apport de carbone à l'organisme (ou la consommation d'un stock limité dans les graisses). Pour l'ensemble des phénomènes liés au vivant, l'explication de Rupert Sheldrake se ramène constamment à une "résonance du champ morphogénétique".

jeudi 14 novembre 2013

La e-reputation / Internet reputation

The reputation and status of a company or individual is more and more related to the messages present on Internet and social networks, as Internet opens an access to a huge audience. This reputation can be positive or negative, with a potentially disastrous  impact, as most messages  remain present during many years. Internet modifies also the relationship between the provider and the consumer of a service, who acquires a strong power through the jugment he or she can emit about the company, the service or even the individual, as it can be observed in the area of tourism. The management of the Internet reputation requires therefore specific management tools. This area which is in rapid expansion presently, is presented in different recently published books, among which,  in French: "Le Web social et la e-reputation" by Gil Adamy and in English: "Internet reputation management for businesses" by Guillermo "William" Rivas.

La réputation ainsi que la notoriété d'une entreprise ou d'un individu sont de plus en plus liées aux messages véhiculés sur Internet ainsi que les réseaux sociaux.  Internet ouvre en effet à chacun un accès très large à un très vaste public international, qui peut ainsi se faire une opinion sur un produit ou une personne. Cette réputation peut être positive et contribuer ainsi à assurer le succès de l'entreprise ou de l'individu, mais elle peut être aussi négative, avec des conséquences d'autant plus désastreuses que les messages diffusés par Internet peuvent rester en place pendant des années. On sait à quel point une gestion imprudente de son image sur les réseaux sociaux peut compromettre une carrière. En outre, Internet modifie les relations entre le fournisseur d'un service et celui qui était naguère un consommateur passif, mais dont le pouvoir d'influence s'étend à travers les avis qu'il peut afficher, comme on l'observe notamment dans le secteur du tourisme. De ce fait, la gestion de l'e-réputation sur Internet et les réseaux nécessite de plus en plus des moyens de gestion spécifiques. Ce domaine en plein essor a fait l'objet de différents ouvrages, parmi lesquels on peut notamment signaler l'ouvrage de Gil Adamy: "Le Web social et la e-réputation" ou en anglais: "Internet reputation management for businesses" by Guillermo "William" Rivas.

lundi 11 novembre 2013

La divergence des visions du monde / Diverging worldviews

The present world vision crisis is due not so much to a lack of vision but rather to the incompatibility between the main existing worldviews. Worldviews can be schematically represented in a diagram refering to the growth of complexity and public interest as coordinates. Complexity grows permanently as a result of the scientific and technical progress. Such an evolution is rejected by worldviews, which promote ideology as the way to govern social life. Public interest is always taken for granted, but is totally absent from the rules which govern the global economy. Therefore, the sustainable development worlview which seeks to conciliate complexity with public interest is incompatible with globalization as it is presently organized. As most decisions are dictated by the economy, it becomes impossible to implement the sustainable development agenda. It becomes therefore essential to build a coherent worldview integrating all the economic but also cultural, social and environmental, which might provide an adequate framework for future décisions at the worldwide level

La crise de la vision du monde actuelle est liée, non pas tant à l'absence de toute vision, mais à l'incohérence et même à l'incompatibilité des principales visions actuelles. Ces visions du monde peuvent être schématiquement représentées dans un diagramme faisant apparaître la façon dont elles se positionnent par rapport à la croissance de la complexité d'une part et à l'intérêt général d'autre part. La complexité dans l'organisation de la société croît principalement en raison des progrès de la science et de la technologie. Cette évolution rapide n'est pas acceptée par tous. Elle est rejetée par les partisans de la décroissance et d'un retour à une vie plus lente et plus simple. Elle est également rejetée par les idéologies et les intégrismes qui se réfèrent à des principes schématiques devant prévaloir sur la réalité.  L'intérêt général, par opposition à la recherche du profit individuel, est souvent mis en avant, mais il est en fait totalement absent de la vision actuelle de la globalisation, conçue selon les règles neolibérales ainsi que du capitalisme cognitif, qui vise à exploiter au mieux les nouvelles technologies de l'information pour maximiser le profit réalisé.

samedi 9 novembre 2013

Notoriété et quête de sens / Status and search for meaning

In his book, "the fear of insignificance", the psychoanalist  Carlo Stenger analyses the mutations of self consciousness in our society. Parallel to Stock exchanges, the value of each person in terms of celebrity and fame is now permanently rated through Internet. The permanent recommendation to "just do it" gives the illusion that everybody can get an easy access to such a status. Carlo Stenger considers that this need for celebrity results from an existentiel unease,  facing death and human condition. He advises to invest time in developing a personal worldview and advocates for a "non zero sum principle", showing that it is possible to avoid violent confrontations and instead promote a diversity of opinions, resulting in a further progress for humanity.

Dans son dernier ouvrage, "La peur de l'insignifiance",  le psychanalyste Carlo Stenger analyse  les mutations de la condition du Moi dans la société moderne. La préface de Pascal Bruckner résume assez bien les principales idées de l'ouvrage.  A côté et parallèlement au monde de la finance, s'est installée une "Bourse du Moi", qui affiche constamment la notoriété des individus. Ceux-ci peuvent subitement se retrouver sous les projecteurs ou au contraire plonger dans l'obscurité. De la même façon que la richesse peut être évaluée selon la valeur du capital détenu, la notoriété se mesure à présent en fonction du nombre de citations sur Internet  du nombre d'amis sur Facebook et il existe même des indices de notoriété, qui calculent automatiquement un "niveau d'influence", à partir de l'ensemble des informations recueillies sur Internet. Cette évolution est évidemment pernicieuse, car elle fait passer l'apparence avant la réalité, la forme avant le fond.  Réflexion et spiritualité disparaissent sous l'abondance et la pacotille. Le phénomène est aggravé, comme le montre Carlo Stenger par la culture du "Just do it", qui donne à chacun l'impression "qu'il n'y qu'à". De nombreuses personnalités du monde des medias semblent n'être que des personnes tout à fait ordinaires, ce qui peut donner l'impression qu'il suffit de peu de choses pour accéder à la même notoriété.  Carlo Stenger note très justement que ce besoin de notoriété répond à une angoisse existentielle face au caractère éphémère de l'existence humaine. En définitive, la poursuite de la notoriété apparaît comme une illusion, voire comme une aliénation. Comment en sortir? Carlo Stenger préconise de développer sa propre vision du monde, en la faisant cohabiter avec d'autres. A travers le "principe de la somme non nulle" il affiche la conviction que c'est là le meilleur moyen de faire progresser l'humanité.