Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

samedi 28 septembre 2013

Désir d'infini / Longing for infinity

In his book "Désir d'infini" (Longing for infinity, not yet published in English), the astrophysicist Trinh Xuan Thuan brings together mathematical, philosophical and astronomical considerations. He shows how our perception of infinity and universe has evolved during history, until now. He explores the concept of  a "multiverse" gathering an infinite number of parallel universes. The major part of the universe appears filled with dark matter and dark energy, which remain invisible to us. Vacuum itself becomes full of energy and able to produce particles. The frontier between physics and metaphysics becomes blurred. Ideas such as "eternal return" or "another World" radically different from ours become plausible. During the ages, longing for infinity and eternity resulted from the need to transcend the human condition. Science brings now a renewed vision of the "reality" which surrounds us.

Dans son ouvrage "Désir d'infini", l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan mêle considérations mathématiques, philosophiques et astronomiques. Il montre comment notre perception de l'infini et de l'univers a évolué au cours des âges.Ceci le conduit à revisiter le concept d'univers parallèles et de "multivers", somme d'une infinité d'univers en parallèle. Ce concept démultiplie à l'infini le vertige que pouvaient susciter l'immensité de l'univers qui nous est directement accessible. Il ouvre des interrogations philosophiques et métaphysiques en incluant dans le champ scientifique des mondes qui ne sont pas directement observables. Par ailleurs la plus grande partie de l'univers apparaît occupée par une matière noire et une énergie sombre qui demeurent invisibles. Le vide acquiert des propriétés étranges, devient un "vide quantique vivant, effervescent, bouillonnant d'énergie".
La frontière entre physique et métaphysique s'estompe ainsi. Des idées telles que "l'éternel retour" ou la présence d'un autre monde radicalement différent du notre ne sont plus de simples mythes et deviennent plausibles. Le désir d'infini rejoint l'amour de l'éternité qui animait Nietzsche et notre besoin de transcender la condition humaine.

mardi 24 septembre 2013

Antifragile

Nassim Nicholas Taleb is well known for his book about "black swans", these events so rare, that they are completely ignored while they can reshape completely the whole landscape when they occur. In his last book "Antifragile. Things That Gain from Disorder", the author explains his strategy for limiting the risk, by introducing multiple options and favouring a pragmatic approach. His most fierce critics are delivered towards all those who want to rely upon theory rather than mere practice. He favours small structures able to change and adapt rapidly. His book is written in a very lively way and is very pleasant to read. Still, this thick book presents curious limitations: resilience and ecology are completely absent. The "chaos management" which seems favoured by the author has shown its limitations and China with its strong central power seems most successful. While the author presents in quite an interesting way his experience as a trader, he pretends that it can be applied everywhere, which seems doubtful. 

Nassim Nicholas Taleb s'était fait connaître avec son ouvrage sur les "cygnes noirs", ces événements qui restent ignorés jusqu'à ce qu'ils surviennent, en changeant une donne qui semblait acquise. Dans son dernier ouvrage "Antifragile: les bienfaits du désordre", l'auteur poursuit sa réflexion sur les risques imprévus et la manière de s'en prémunir. Considérant qu'il est impossible de prévoir des événements tels que les cygnes noirs, il préconise une stratégie pour se prémunir du risque en multipliant les options, en faisant preuve de pragmatisme, en diversifiant ses choix. Ses critiques les plus vives vont à ceux qui se prévalent de théories (typiquement les universitaires) plutôt que de regarder la réalité en face. Il se fait en même temps le chantre des petites structures fluides, capables d'évoluer et de s'adapter rapidement, et donc de bénéficier du désordre. Il déploie des talents de conteur et son livre se lit avec plaisir.

mardi 10 septembre 2013

BIoéconomie et biopolitique / Bioeconomy and Biopolitics

From the industrial to the postmodern era, the major poles of activity seem to have moved from matter and energy to life and information. Michel Foucault had introduced the concept of "biopolitics', as he considered that Society was exerting an increasing power on  the life of each individual. Despite a rapid development of biometrics, this idea seems questionnable at least in most democratic countries. Michael Hardt and Antonio Negri incorporate all the immaterial economy in the field of biopolitics by considering that it is a way to control the social life of each citizen. Still, such "biopolitics" remain far from life itself. The survival of the biosphere appears as the real challenge of our present century. In fact, our economy still requires matter and energy and that is the problem. Following the work done by N. Georgescu-Roegen, "bioeconomy" aims at reducing entropy generation.  But the challenge remains and will be very difficult to overcome.

En passant de l’ère moderne à l’ère postmoderne, nous aurions changé de paradigme. L’ère industrielle avait été marquée par la prédominance des pôles matière et énergie. Au cours de l’ère actuelle, souvent qualifiée de postmoderne, ce seraient  les pôles du vivant et de l’information qui seraient devenus prédominants. Le pouvoir serait ainsi devenu un « biopouvoir ». Michel Foucault à introduit la notion de «biopolitique» en considérant que le pouvoir de la Société s'exerce de plus en plus sur la vie de chacun. Si cela paraît vrai dans des pays où le pouvoir central est très fort comme en Chine, où il a pu imposer la politique de l'enfant unique, cela semble beaucoup moins le cas au sein des démocraties occidentales, dans lesquelles l'individualisme semble triompher et ceci en dépit d'un rapide progrès des méthodes biométriques.

vendredi 6 septembre 2013

L'énergie et notre avenir / Energy and our future

Energy supply at a moderate price represents an essential factor for the economic and social development during the coming years. The growth of the energy demand represents a major trend which corresponds to the growth of demography and the improvement of living standards. Energy transition will take time. Therefore the impact of energy consumption upon the environment and the climate will be quite heavy. Whatever the scenario which is considered, it seems unlikely now to remain within the 2°C limit for the increase of the mean temperature, xhich is considered as the present goal. The coming years will be critical and a major collapse of biodiversity and human population cannot be excluded. In the longer term, the energy transition might lead to two different types of evolution. If the world energy consumption keeps growing, it seems difficult to avoid a large depolyment of nuclear energy. If  energy supply is ensued by renewable energy sources, it will be probably necessary to accept a strong reduction of the world energy consumption, as biomass, solar and wind energy which are diffuse, require too much land surface area for supply large amounts of energy to more than 9 billion people. The economic and social consequences will be very large and still difficult to predict.

La fourniture d'énergie accessible à un prix modéré représente un facteur essentiel du développement économique et social dans les années à venir. Il est certes difficile de prévoir la transformation de la société dans les années à venir, mais la croissance de la demande d'énergie, qui correspond à une croissance de la démographie et à une amélioration permanente du niveau de vie moyen, représente une tendance lourde, à laquelle il sera difficile d'échapper. Par ailleurs, la transition énergétique à l'échelle mondiale sera inévitablement relativement longue.  Dans ces conditions, la fourniture d'énergie étant assurée actuellement à 80% par des énergies fossiles, l'impact de la consommation d'énergie sur l'environnement et le climat risque d'être très marqué.  En fait, quel que soit le scénario considéré, il apparaît d'ores et déjà quasiment exclu de pouvoir en rester à la limite des 2°C d'élévation de la température, qui correspondent au scénario le plus favorable du GIEC et qui a été adoptée comme objectif par l'Union Européenne. Le monde va donc passer nécessairement par une phase critique, qui va avoir des conséquences très préoccupante pour l'environnement, à une échelle qui reste inconnue. Un effondrement brutal de la biodiversité et du niveau de la population n'est pas exclu.

dimanche 1 septembre 2013

Au delà du développement durable / Beyond sustainable development

The present crisis is, in the first instance, a crisis of our World vision. The present system of representation, which places competition and profit at the center of the economy, has lead to the crisis of the cognitive capitalism which was supposed to represent the "new economy" and to the degradation of the environment. The concept of "sustainable development", proposed already more than 25 years ago in the Brundtland report has brought a real progress , but its impact has remained limited as it contradicts the basic principles of the present globalized economy. Therefore, it has produced some results at the local level, but has not been able to bring any solution to the major challenges of the planet, such as the rarefaction of natural resources, the growing scarcity of water, land, raw materials and the global warming. Only a new World vision will be able to change such a situation and provide appropriate answers. New values, accepted by all the human community, at a worldscale level, have to emerge, requiring an open and deep intercultural dialogue.

La crise actuelle peut être analysée comme étant d'abord une crise de la vision du monde. Le système de représentation actuel consistant à placer la compétition et le profit comme moteurs exclusifs de la mondialisation a abouti d'une part à la crise du capitalisme cognitif et financier qui était censé constituer la "nouvelle économie" et d'autre part à une dégradation de plus en plus préoccupante de l'environnement.
Le concept de  développement durable a été présenté il y a déjà plus de 25 ans dans le rapport Brundtland. Il a représenté un progrès réel, mais se trouve en contradiction avec les principes qui régissent le fonctionnement de la mondialisation. Dans ces conditions, il a permis certains progrès à une échelle locale, mais n'a pas permis d'apporter aux grands défis actuels que représentent les risques de pénurie d'eau, de ressources alimentaires, de matières premières ainsi que le réchauffement climatique, auquel la communauté internationale a été incapable d'apporter une parade. Seule une nouvelle vision du monde et la prise en compte de nouvelles valeurs peut donc à l'avenir permettre de préserver les biens communs que constituent l'eau, l'atmosphère, la terre et la biosphère. Pour que des valeurs authentiques puissent émerger, en étant acceptée par l'ensemble de la communauté humaine, il est nécessaire de pratiquer un dialogue interculturel ouvert et approfondi.

samedi 31 août 2013

L'économie du Bien commun / The Economy for the Common Good


The Forum "Imagine the Commun Good" was recently held in Paris. During the Forum, one of the central issues was related to the possibility of setting the Common good at the center of the economy. It requires a new logic referring to ethics and not only to competition and profit. Some of the potential tools for creating a "sharing economy" were also discussed.
A major question is to know how to proceed for reaching such a goal. Simple personal initiatives, although useful, are probably not sufficient for achieving this result within the present system. An etatic regulation is difficult to put in place within a democratic country and may lead to dictatorship if imposed to the majority.
Therefore, Common good can remain only an orientation which can be implemented at all levels, personnal or collective, without any dogma but by spreading the conviction that the survival of our society depends upon the will to implement such a program.

Un forum international consacré au Bien commun s'est tenu du 25 au 28 août à Paris. Au cours de ce forum, différents intervenants ont évoqué la façon de placer le Bien commun au centre de l'économie. Pour y parvenir il est nécessaire de sortir de la logique actuelle de compétition et de profit, en introduisant des principes éthiques dans la conduite de l'économie. Il est nécessaire d'autre part de mettre en place des moyens pour parvenir à une "économie de partage".
Toute la question est bien sûr de savoir comment y parvenir. Il est peu probable que la simple initiative personnelle puisse suffire dans le cadre du système actuel. Si l'on accepte la nature humaine telle qu'elle est, il est peu vraisemblable qu'elle se transforme du jour au lendemain, en se tournant vers l'intérêt général et en acceptant de le faire prévaloir sur les intérêts individuels. Un dispositif de régulation étatique peut être difficile à mettre en place dans un cadre démocratique et s'il est imposé par le pouvoir, il risque fort de mener à une dictature, avec toutes les dérives possibles qui en découlent.
Dans ces conditions, le Bien Commun doit rester une orientation, même si le but en lui même (une économie fondée sur le Bien Commun) paraît pour le moment inatteignable.  Les moyens pour mettre en oeuvre une économie du Bien commun doivent être pensés à tous les niveaux: individuel, associatif, entrepreneurial et gouvernemental, en se gardant de tout dogmatisme, mais en restant fidèle à une orientation qui conditionne la survie de la société..

jeudi 22 août 2013

From a solid to a gaseous society / De la société solide à la société gazeuse

Zygmunt Bauman has described the present society as "liquid", ever more flexible and  insecure, expressing his nostalgia for the more stable societies of the past. It is possible to develop this metaphor, considering that society can undergo through various states, from "solid" to "gaseous". If the constraints are very strong, the society becomes freezed and solid, as USSR before its fall. At the opposite, in the case of a complete deregulation, it becomes more and more volatile. The "gaseous" society tends to break down, beacause it has lost all the cohesion forces, as it happened in 2008, due to the excess of deregulation introduced by the neoliberal ideology. Therefore some compromise is needed between these two extremes. By refining this metaphor, some composite structure seems required, with solid bones for ensuring enough stability, soft matter, able to move without breaking, and some liquid and even gas circulation for irrigating the social organisation. 

 Zygmunt Bauman avait évoqué une société "liquide", en constatant que la cohésion sociale s'était amoindrie et que la société évoluait vers toujours plus de flexibilité et de précarité. Il exprimait ainsi la nostalgie des sociétés plus stables du passé. Poursuivant cette métaphore, on peut parler de société "solide" et "gazeuse". Si les contraintes imposées sont trop nombreuses et si l’organisation de la société est trop rigide, le système économique et social devient incapable de changer et donc de s’adapter. La société est alors figée et "solide", en devenant incapable de se transformer. Dans le passé, c'est ce qui est arrivé à l'empire chinois. Plus récemment, ce fut le cas de l'URSS. L'organisation sociale court alors le risque de s’effondrer brusquement, comme ce fut le cas de l’URSS en 1991. La tentative de réforme opérée par Gorbatchev, intervenue trop tard, contribua à précipiter la chute. A l'inverse, dans un système totalement dérégulé, les individus tendent à agir dans le sens de leur unique intérêt et le système devient de plus en plus "volatil". La société devient "gazeuse", en l'absence de toute cohésion. Soumise à de fortes turbulences, elle peut tendre rapidement vers un  fonctionnement chaotique. C’est la situation qu'a connu le système néolibéral, caractérisée par une très grande volatilité des cours boursiers ainsi que par une succession de bulles et de crises. Ce comportement s'est traduit par la crise de 2008.