L’assemblage en réseau de sous-systèmes dotés d’une forme d’intelligence ou de logique, même élémentaire permet de réaliser un système doté dune « intelligence collective ». L’intelligence humaine, elle-même, résulte de la mise en réseau de milliards de neurones. L'assemblage des neurones permet d’obtenir par un effet de synergie des formes de pensée qui ne sont clairement pas à la portée des neurones individuels. Le passage à un niveau supérieur de l’individu à la collectivité, permet ainsi l’émergence de nouvelles fonctions.
L’intelligence collective est répandue dans le monde animal. Dans le cas des insectes, il s'agit d'une « intelligence en essaim ». Les essaims d’insectes se comportent comme un super-organisme, capable de réaliser des exploits à l’échelle de l’individu [1]. Ainsi les termites ont capables de réaliser des termitières de plusieurs mètres de haut, dont la taille est sans commune mesure avec la taille d’un individu, qui n’est que de quelques millimètres. Pour interagir à distance, termites et fourmis communiquent par des signaux chimiques, les phéromones, Différents signaux chimiques conditionnent les événements appropriés, tels que dispersion, regroupement, accouplement sexuel. Guidées par les signaux chimiques, les fourmis parviennent à accomplir des fonctions relativement complexes, comme trouver la source nourriture la plus favorable et le chemin le plus court pour atteindre l’entrée de la fourmilière. Les insectes utilisent également des signaux sonores. C’est notamment le cas de ceux qui sont émis par les orthoptères (grillons, sauterelles, criquets…). Des signaux visuels sont également utilisés et notamment les éclairs lumineux transmis par les lucioles. La danse des abeilles pour désigner la direction, la distance et l’importance de la source de nectar, représente un signal particulièrement élaboré. L’intelligence collective est également mise en œuvre par les oiseaux migrateurs pour réaliser une configuration en vol optimale. D’autres oiseaux parviennent à former des nées dont la configuration évolue de manière complexe, grâce aux signaux échangés.
A l’échelle humaine, le développement des moyens de communication conduit à la mise en place de différentes formes d’intelligence collective. La communication entre objets devrait conduire à une nouvelle forme d’intelligence collective, qualifiée d’intelligence ambiante. L'intelligence collective concerne également les communautés de personnes réunies autour d’un but commun, à travers un réseau d’échanges. Il existe déjà de nombreux exemples de telles actions collaboratives, comme celui de l’encyclopédie Wikipedia, mise gratuitement à la disposition de tous, grâce à des milliers de contributions provenant du monde entier. Le fonctionnement des moteurs de recherche dépend aussi de la participation de tous ceux qui effectuent des recherches et modifient en les consultant, le poids relatif des différentes pages. En mettant en réseau un grand nombre d’intelligences individuelles, il est possible d'obtenir une intelligence en réseau d’un niveau de complexité supérieur à celui qui caractérise l’intelligence d’un individu. En fait, toute organisation en société y parvient dans une certaine mesure et une société organisée se comporte comme un super-organisme capable d’effectuer un ensemble de tâches qui seraient inaccessibles à un individu unique. La mise en réseau à l’échelle planétaire d’un ensemble d’intelligences individuelles, assistées par des ordinateurs, débouche sur le scénario d’un « cerveau planétaire ». Un tel scénario, qui a été imaginé par différents auteurs[2], est le plus souvent envisagé sous un angle technologique[3]. L'idée a été également émise que l’émergence de formes d’intelligence supérieures à l’échelle planétaire représente une nouvelle étape dans l’évolution de l’espèce humaine engagée depuis ses origines, rejoignant les idées de noosphère émises pae Vernadsky et Teilhard de Chardin.
Que penser de l'idée d'un cerveau planétaire? On peut espérer ou redouter une telle éventualité, mais la question importante est de savoir si l'évolution actuelle va dans ce sens. Indiscutablement, la mondialisation. implique la mise en place de tels réseaux. En fait, plutôt qu'un grand cerveau planétaire, on devrait voir émerger de multiples réseaux intelligents connectés entre eux.
[1] James Kennedy, Russel C. Eberhart, Swarm Intelligence, Morgan Kaufmann Publishers, 2001
[2] Howard Bloom, The Evolution of the Mass Mind from the Big Bang to the 20 st Century, Wiley, 2001
[3] Joel de Rosnay, The Symbiotic Man, A New Understanding of the Organization of Life and a Vision of the Future, Mc Graw-Hill, 2000
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