Science is often perceived as giving access to the only existing reality. Although materialism boasts about admitting this only tangible reality, contemporary science does not support such a reductive view. It becomes increasingly difficult to consider that it is possible to get access to a single reality. Physical reality is represented by more and more abstract mathematical models. It becomes increasingly difficult to know if the representation they deliver should be considered as real. It is quite conspicuous in the case of parallel worlds, described by present models. Should they be considered as "real" or as mere assumptions. The process through which reality is perceived can also modify the representation of the observed reality . This situation has lead the physicist Werner Heisenberg, one of the founders of quantum mechanics, to consider different levels of reality. At the level of the macroscopic world, reality is defined as independent from the knowledge process. At the quantic level, it dépends from the knowledge process. At the conscious level, at which philosophical, artistic and religious experiences take place, it is directly linked with the knowledge process itself.
To consider that consciousness might occur at a level of reality which differs from the usual material reality can help to explain why the usual scientific methodology is unable to explain it. It becomes possible to include within a global vision of reality the realms of art, litterature and interior life, without setting them at the same level as the physical world.
La science est souvent conçue comme donnant accès à une réalité, qui serait à la fois vraie et unique. Le matérialisme se targue de n’admettre que cette seule réalité tangible. La science contemporaine a pourtant mis à mal une conception aussi réductrice de la réalité. Certes, celle-ci garde un caractère objectif, en raison de la résistance qu’elle présente lorsque l’on tente de la conceptualiser. Par contre, il devient de plus en plus difficile d’affirmer que la connaissance issue de l’expérience permet d’accéder au réel lui-même. A une réalité immédiate et concrète, se substitue une représentation de plus en plus abstraite. La valeur du modèle mathématique capable d’en rendre compte correctement ne tient pas à une vérité qu’il détiendrait, mais à la précision avec laquelle il est capable de prédire un phénomène physique, ce qui impose d’adopter toute modification du modèle, capable d’améliorer sa capacité de prédiction. On peut le constater clairement dans le cas des univers parallèles. En admettant que les modèles mathématiques issus de l’observation de notre Univers amènent à décrire des univers parallèles, peut-on les considérer comme réels? Ils le sont, si le modèle mathématique qui les prédit est suffisamment bien établi. En même temps, leur existence ne peut être admise comme certaine, car ils échappent à jamais aux observations humaines. Selon le physicien Mark Tegmark, la réalité du monde physique serait de nature mathématique. De ce fait, il faudrait penser que tous les mondes prévus par les modèles mathématiques existent réellement, même s’ils ne peuvent pas être observés. Ce point de vue reste isolé. Toutefois, il amène à se poser un certain nombre de questions difficiles. Les mathématiques représentant le monde physique sont-elles dotées d’une réalité intrinsèque ou simplement issues de l’esprit humain ? Le point de vue platonicien consistant à affirmer leur réalité intrinsèque a été défendu par d’éminents mathématiciens tels que René Thom, Alain Connes et Kurt Gödel, qui avaient la conviction, au cours de leurs recherches mathématiques, de découvrir un monde préexistant. En admettant que les mathématiques aient une réalité en soi, quel lien existe-t-il entre le monde de la physique et celui des mathématiques ? Le philosophe des sciences Roland Omnès opte pour le réalisme de ces deux domaines, tout en admettant qu’il demeure entre ces réalités une béance, qu’il n’est pas possible pour le moment de combler entièrement.
En outre, le processus par lequel la réalité est perçue peut intervenir dans la restitution des informations, comme on le constate en mécanique quantique. Cette situation a conduit le physicien Werner Heisenberg, l’un des fondateurs de la mécanique quantique, à considérer différents niveaux de réalité. A un premier niveau, qui est celui de la physique classique et du monde macroscopique, la réalité est définie indépendamment du processus de connaissance. Au deuxième niveau, auquel se situent la mécanique quantique, la biologie et les sciences de l’esprit, l’état de la réalité observée est lié au processus de la connaissance. Le troisième niveau relève du processus de la connaissance lui-même. Il correspond aux expériences philosophiques, artistiques et religieuses. Le physicien et philosophe Basarab Nicolescu a repris cette idée, en affirmant que « deux niveaux de réalité sont différents si, en passant de l’un à l’autre, il y a rupture des concepts fondamentaux et rupture des lois ». Il a également complété la notion de niveaux de réalité par la logique du tiers-inclus, introduite par le philosophe Stéphane Lupasco, selon laquelle, il est possible d’adjoindre au couple binaire (A, non-A), un troisième terme T, de tiers-inclus, qui est à la fois A et non-A. Une contradiction qui apparaît à un niveau peut être levée en faisant appel à un terme T situé à un autre niveau, sans qu’il soit possible d’accéder à une réalité définitive, du fait qu’apparaissent constamment de nouveaux niveaux de compréhension. Ce constat rejoint le principe d’incomplétude de Gödel, selon lequel aucune théorie cohérente ne peut rendre compte de toutes les propositions possibles.
Admettre qu’un phénomène inexpliqué par la science, comme celui de la conscience, puisse se placer à un niveau de réalité qui n'est pas celui de la réalité matérielle, permet d’expliquer pourquoi la méthodologie scientifique habituelle ne permet pas de l’aborder. Il devient possible d’inclure dans une vision globale de la réalité les domaines de l’art, de la littérature ou de la vie intérieure, sans pour autant les placer au même niveau que le monde physique. L’idée que la réalité puisse se situer à différents niveaux apparaît ainsi comme particulièrement féconde pour l’avenir, car elle conduit à une vision très large de la réalité, sans pour autant amener à confondre les différents domaines concernés. Admettre qu’un phénomène inexpliqué par la science, comme celui de la conscience, puisse se placer à un autre niveau de réalité, permet d’expliquer pourquoi la méthodologie scientifique habituelle ne permet pas de l’aborder. Il devient possible d’inclure dans une vision globale de la réalité les domaines de l’art, de la littérature ou de la vie intérieure, sans pour autant les placer au même niveau que le monde physique.
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