Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

samedi 15 octobre 2011

Echapper au goufre entropique / Escaping the Entropy Abyss


L’économiste N. Georgescu-Roegen a été le premier à concevoir la portée très générale de la génération d’entropie et à introduire ce concept dans le champ de l’économie. Il a montré que toute activité humaine produit des changements irréversibles dans la nature, en générant de l’entropie, c'est-à-dire plus de désordre dans l’univers. La génération d’entropie est liée d’une part à la consommation d’énergie et d’autre part au rejet de déchets dans l’environnement [1]. La génération d’entropie résultant des activités humaines peut paraître irrémédiable et même incompatible avec tout développement durable à long terme. Partant de ce constat, N. Georgescu Roegen en a conclu que le seul remède possible consiste à réduire les niveaux de production et de consommation, en priorité bien sûr dans les pays les plus développés et les plus riches [2]. Il a été ainsi le précurseur des théories de la décroissance. Le concept de décroissance a ensuite inspiré tout un mouvement d’opinion qui défend une vision alternative de l’économie [3], [4]. La question se pose toutefois de savoir si l'engloutissement dans le« gouffre entropique », selon l’expression utilisée par Jeremy Rifkin [5] est inéluctable.Pour y échapper, il existe en fait trois moyens.

Surfer sur l'antiécologie/ Surfing on antiecology

The last book by Pascal Bruckner is a good exemple of a series of books which aim at gaining a wide audience by criticizing the warnings that ecology is providing. Although the author is not a scientist, his lack of knowledge of the subject itself is appaling. The main claim, which is far from new,  is that ecology is an antihumanism. His superficicial review of ecological positions misses the real questions that we have to consider today. How ecology can become a central issue shared by everyone, rather than being supported by small groups? How to promote a truly democratic debate rather than activist positions, incompatible with an authentic thinking.

L'antiécologie représente un filon d'édition auquel différents auteurs allant de Claude Allègre à Luc Ferry, en passant par bien d'autres, se sont adonnés avec délectation. Le dernier ouvrage de Pascal Bruckner "Le fanatisme de l'Apocalypse- Sauver la Terre, punir l'homme" est une   illustration de la façon d'exploiter ce filon. Suggérant que l'écologie, du moins celle qui avertit des dangers à venir, est le fait d'une secte s'appuyant sur des positions souvent ridicules, voire cocasses, il reprend la vieille thèse de Luc Ferry consistant à affirmer que l'écologie est un antihumanisme, conduisant à un nouveau fascisme. Au passage, il montre qu'il n'a pas pris le soin d'étudier son sujet, en faisant preuve d'une grande incompréhension de questions essentielles telles que celles qui concernent le réchauffement climatique. Il passe ainsi à côté de la véritable question, qui est de savoir quelle place l'écologie peut occuper dans notre société, comment elle peut devenir la préoccupation de tous, plutôt que l'apanage d'un petit groupe et comment promouvoir autour des enjeux qu'elle représente. un vaste débat démocratique plutôt qu'un activisme incompatible avec une pensée véritable.

jeudi 13 octobre 2011

L'avion à hydrogène / Hydrogen plane

Hydrogen, which was considered with much hope, as a clean fuel for cars is encountering major dificulties, and it seems unlikely that it might be widely used for such applications in the near future. Later on, other solutions like the electric car might be preferred. Still, hydrogen might be the most attractive option in the future for commercial planes, as hydrogen is the fuel with the highest specific energy content, as alternative options for replacing kerosene are lacking. A new project, NACRE (New Aircraft Concepts Research), has been launched, for investigating the features of a future plane propelled by hydrogen, with teams from 12 pays of the European Union and Russia. Still, such an option could be used commercialy only in the long term  (by 2050). The main difficulty remains the storage of hydrogen, which for such an application should be stored liquid at -253°C. Storage in high presure tanks seems unappropriate and the use of hydrures would lead also to a significant increase of the mass to be transported.


L'hydrogène, qui avait suscité de nombreux espoirs dans le secteur automobile peine à s'imposer. Les difficultés de transport et de stockage, jointes aux coûts associés à la pîle à combustible, ont renvoyé son éventuelle utilisation sur des véhicules commerciaux à beaucoup plus tard. Par contre, l’hydrogène va peut-être trouver une place de choix dans le secteur aérien. En effet de tous les carburants, l’hydrogène est celui qui stocke le plus d’énergie par unité de masse, ce qui est un avantage majeur pour l’aviation. En outre, dans ce secteur, il n'existe pratiquement pas d'alternative au kérosène, en dehors des biocarburants, dont un très large usage risque de poser de graves problèmes, en termes d'allocation des sols. De nouveaux concepts d’avions mettant en œuvre l’hydrogène comme carburant, sont étudiés actuellement dans le cadre d’un projet de recherche européen qui a été lancé récemment, le projet NACRE (New Aircraft Concepts Research), qui réunit des équipes de recherche et plusieurs grands constructeurs d’avions de 12 pays de l’Union Européenne et de Russie. Néanmoins, une telle option ne pourra être appliquée qu’à long terme (à l’horizon 2050). La principale difficulté reste le stockage de l'hydrogène, qui pour cette application devrait être utilisé liquide (à -252,87°C), ce qui pose évidemment de nombreux problèmes économiques et pratiques. Le stockage dans des réservoirs sous pression parait inapproprié et l'utilisation d'hydrures conduit également à alourdir considérablement la masse à transporter.


dimanche 9 octobre 2011

Des négociations climatiques dans l'impasse / Climate negociations at a deadlock

Whereas the risks of a catastrophic global warming increase, international negociations  appear more and more clearly at a deadlock.  A few years ago, the international public opinion seemed ready to accept the changes required by the situation.  Now, the economic and financial crisis is the only big priority for most industrial countries. 
The Copenhagen Conference has been deceiving, even if some important measures have been decided concerning deforestation and the help to developing countries. It seems that no major results can be expected from the next Conference of Durban at the end of 2011. The objectives aiming at a 2°C increase of the mean surface temperature of the Earth seem more and ùore unlikely to be reached. Now, it becomes more and more likely that the worst scenario will happen and we need to think how to pritect ourselves, as best as we can from floodings and droughts. It seems that only big catastrophies can lead to a significant change.

Alors que les risques d'un réchauffement climatique catastrophique s'aggravent, les négociations internationales apparaissent de plus en plus clairement comme étant dans une impasse. Le protocole de Kyoto avait semblé marquer une première étape. Malgré des objectifs modestes, réduire d'ici 2012 de 5,2% les émissions de CO2 par rapport au niveau de 1990, il n'a pas été adopté par des pays industrialisés faisant pourtant partie des mieux nantis, en l'occurrence les Etats-Unis et l'Australie. En outre, la division entre pays industrialisés et pays en voie de développement apparait de plus en plus problématique, la Chine, devenue entre temps le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre ainsi que la Corée du Sud figurant parmi les pays en voie de développement. Les travaux du GIEC, le Groupement  International pour l'Étude du Changement Climatique ont permis d’établir des scénarios de référence pour le changement climatique. Le GIEC dont le président est Rajendra Pachauri et Al Gore, ont  reçu collectivement le prix Nobel en 2007 pour leurs efforts de sensibilisation de l'opinion. L'opinion internationale pouvait sembler prête à accepter les changements nécessaires, mais depuis, la crise économique et financière est passée par là. Aux États-Unis et en Europe, elle domine les priorités politiques, au point que les autres considérations deviennent inaudibles.

jeudi 6 octobre 2011

La Grande Peur / The Great Fear

Great hopes have been replaced by great fears. Our time is dominated by a Great Fear, a dragon with multiple heads, the major risks: nuclear plants and weapons, epidemies, chemical plants and chemicals, GMO's, climate change, global pollution, resources scarcity.  Some would like to eliminate this risks by applying radical measures, resulting from the strict application of the now famous Precautionary Principle.  But suppressing a risk can create another one. Eliminationg nuclear plants reveals the drawbacks of windmills.In fact all major risks are tied together and the "zero risk" does not exist. The only resonable option is to compare the different alternatives and to choose not the one which presents no risk, but the one which is most compatible with the general interest, defined in a democratic way. Rather than remaining paralyzed by the Great Fears, it is necessary now to imagine a positive future.  

Aux grandes espérances ont succédé les grandes craintes. Notre époque est dominée par une Grande Peur des risques majeurs, qui se présente comme un dragon à têtes multiples: risque nucléaire, risque épidémiologique, risque génétique, risque climatique, risque de pollution, risque de pénurie.  Face à ces craintes certains voudraient réagir en appliquant des mesures radicales pour supprimer le risque par une stricte application du fameux principe de précaution. Mais supprimer un risque peut en faire apparaitre un autre. L'élimination du nucléaire fait ressortir les inconvénients des éoliennes. En fait tous les risques sont liés et le risque zéro n'existe pas. La seule voie raisonnable consiste donc à bien peser les différents termes des alternatives et choisir non pas celle qui ne présente aucun risque, mais plutôt celle qui est la plus conforme à l’intérêt général défini dans des conditions démocratiques. Face aux grandes peurs, il est nécessaire à présent d'imaginer un avenir positif, qui pourrait constituer un objectif raisonnable, même si l'atteindre n'est en rien garanti.


mercredi 5 octobre 2011

Hélas, nous sommes restés modernes / Unfortunately, we have remained modern

Already 20 years ago, Bruno Latour was writing that "We Have Never Been Modern". In his definition, modernity was based upon a radical distinction between the human and the non human realms, between nature and culture, subject and object. He was pointing out that this position is not compatible with the proliferation of hybrid objects, when technical objects become the central issue of a human situation, such as congelated embryos, GMO's, clones, GHG's. Considering that such a distinction is no more credible, he was drawing the conclusion that we have never been modern. Still, this observation does not mean that our representation system is ready to comply with reality. With his definition, we can observe that our society remains deliberately "modern". This modernity is linked not to an analysis of the reality, but to the specialization of the actors. Each area of science, sociology, anthropoly or philosophy is surrounded by fences. A scientist is not accepted in the area of philosophy and vice-versa. We certainly need a transverse, multidisciplinary and systemic approach, but, clearly, we have not reached this stage and, unfortunately, our society is still "modern".

Bruno Latour écrivait il y a déjà 20 ans que "nous n'avons jamais été modernes". Il définissait l'attitude moderne comme établissant une distinction radicale entre humain et non-humain, nature et culture, sujet et objet. Pour lui, cette position était incompatible avec ce qu'il appelait "la prolifération des hybrides". Les "hybrides" correspondent au nombre rapidement croissant des situations où les objets de la technique se retrouvent au centre de situations humaines: embryons congelés, OGM, clones, gaz à effet de serre.

lundi 3 octobre 2011

La résilience de Gaïa / Gaia resilience

James Lovelock and Lynn Margulis have formulated the Gaia hypothesis already in 1979, refering to the Greek Godess of the Earth. According to this hypothesis (or theory), the Earth is controling the conditions required for life throuh regulating mechanisms. The Earth is thus compared to a living organism, able to maintain homeostatic conditions. What can we think about such an hypothesis, about thirty years later? Even, if a number of conditions required for maintaining life, such as the salinity of the ocean, the atmosphere composition, the global surface temperature, appear as controlled by negative retroaction mechanisms (which tend to drive back the system towards equilibrium, when it is perturbated), it would be certainly wrong to apply such a comparison in a too litteral way. This hypothesis presents nevertheless the advantage of helping us to transform our mental representation system. During the industrial era all systems were viewed as machines, and we might be tempted to consider Earth as such a machine. The metaphor of the living organism is much more appropriate in the case of a complex ecosystem, as it helps us to understand better what happens when the system is perturbated. It leads us to think in terms of resilience. The system can withstand a perturbation within a certain domain. Outside this domain negative retroaction mechanisms do not operate anymore and can even be replaced  by positive retroaction mechanisms which make the system unstable. The system cannot maintain its operating conditions (canot survive). This a situation we encounter with global warming. Therefore it is our duty to preserve and even to reinforce the resilience of Gaia.

Le chimiste britannique James Lovelock et  la microbiologiste américaine Lynn Margulis ont formulé l'hypothèse Gaïa dès 1979. Cette hypothèse fait référence à la déesse mère de la mythologie grecque. Elle consiste à affirmer qu'à travers un certain nombre de mécanismes autorégulateurs, la Terre contrôle les conditions nécessaires à la survie de la biosphère. La Terre est ainsi comparée (ou assimilée) à un organisme vivant capable de maintenir des conditions homéostatiques.