Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

dimanche 25 janvier 2015

Au delà du relativisme / Beyond relativism



According to the contemporary relativism, there is no reality as such, but only points of view, to which no hierarchy can be applied. As a consequence, no opinion can be considered as true. All cultural or social behaviours are equivalent and result only from an individual or collective preference. This relativism is partly the consequence of the disparition of any form of transcendance, but also the logical consequence of a merchant order, for which the value of everything is determined only by its price. As this price fluctuates due to the Market, the value fluctuates as well. Such a situation can be perceived as positive. Thus the sociologist Michel Maffesoli is quite happy about this "polytheism" of values, which he perceives as a sign of liberty.  But this relativism leads also to a dangerous crisis of meaning which affects the contempory world. It can also result into a denial of reality which can have quite detrimental conséquences. The philosophers Maurizio Ferraris and Gabriel Markus have proposed to consider a "New Realism". This New Realism does not propose a new defintion of reality, but it aims at introducing a new approach after thirty years of postmodernism. According to this approach, the existence of a reality independant from all the points of view which can be expressed is fully accepted. Therefore, some points of view may be in better accordance with this reality than others.

Selon le relativisme contemporain, il n’existe pas de réalité en soi, mais uniquement des points de vue, auxquels il est impossible d’appliquer une quelconque hiérarchie. De ce fait, aucune opinion ne peut être considérée comme vraie. Toutes les pratiques culturelles ainsi que tous les modes de vie, qui résultent de simples préférences individuelles ou collectives, se valent. Ce relativisme peut être interprété comme la conséquence d’un ordre marchand déclinant. Il résulte, pour une part, du rejet de toute forme de transcendance. Il découle également de la domination par l’argent de la vie sociale. La valeur de toute chose et de tout acte est fixée par son prix, qui fluctue au gré des demandes, comme toutes les valeurs en Bourse. Rien ne peut être considéré comme faux, laid ou immoral à partir du moment où un acheteur est prêt à le payer.
   Certains, comme le sociologue Michel Maffesoli se réjouissent de cette pensée pluriforme, de ce « polythéisme des valeurs », selon l’expression de Max Weber, de ce rejet de toute certitude, y voyant le signe d’une liberté retrouvée. Pourtant, ce relativisme conduit inévitablement à une destruction de l’ethos qui anime la Société, et risque ainsi de la précipiter dans le déclin. Dans le domaine de la pensée, le relativisme ne peut persister sans sombrer dans la stérilité. A l’image de la « destruction créatrice », dont Schumpeter parlait en économie, il pourrait toutefois être annonciateur d’une nouvelle vague de sens et de valeurs.
   Le danger d’une coupure avec la réalité et l’objectivité a conduit les philosophes Maurizio Ferraris et Gabriel Markus à proposer la fondation d’un « nouveau réalisme ». L’idée centrale de ce mouvement de pensée consiste à affirmer l’existence d’une réalité ontologique, échappant à tous les concepts, qui serait donc capable de résister à toute forme de relativisme. La crise du sens que traduit la prédominance du relativisme n’est sans doute pas définitive et pourrait simplement augurer de changements radicaux affectant l’ordre marchand actuel. 

samedi 17 janvier 2015

Chocs et contre-chocs pétroliers / Oil crisis or oil glut?

The spectacular fall of the oïl price from more than 100 $ per barril down to less than 50 and the increase of US shale oïl production might suggest that the issue of peak oïl is far behind us. Is it really the case? Since many years, the evolution of the oïl price is characterized  by large fluctuations. The two first oïl crisis, in 1973 and 1979, were due to the political situation in the Middle-East. The consequence of the large increase in the oïl price at that time was a boost of other oïl sources, mainly offshore production and a significant decrease of the OPEC share of the oïl production. Saudi Arabia and other OPEC members fully understood the risk behind such a trend. As a result, oïl prices remained very low for a long period, discouraging the efforts of consuming countries  to reduce their oïl dependance. By 2008, a new large increase happened as a result of the reduction of the investments during the previous years combined with intense speculation. The present drop is due to a sluggish demand as a result of the economic crisis and an increase of the US production, but even more to the will of Saudi Arabia to avoid a further increase of the oil production outside OPEC. By refusing to reduce its level of production, Saudi Arabia wants to eliminate competing energy sources, shale oïl and also renewable energy sources. It does not mean that oïl resources have suddenly increased and that the threat of an oïl peak does not exists any more. In fact, if the oïl price remains at the present level for a comparatively long period, it might induce a future oil crisis more intense than ever.

La chute spectaculaire des cours du pétrole, de plus de 100$ par baril à moins de 50 ainsi que  l'accroissement de la production de pétrole de roche-mère aux Etats-Unis pourraient nous faire croire que la problématique du peak-oïl dont il était tant question il y a quelques années est derrière nous et que l'abondance du pétrole est assurée. Qu'en est-il vraiment?  Depuis longtemps, l'évolution des cours du pétrole est marquée par des fluctuations de grande ampleur. Chocs et contre-chocs se succèdent. Les deux premiers chocs de 1973 et 1979 ont été dus à la situation au Moyen-Orient: embargo arabe suite à la guerre du Kippour, puis révolution iranienne et guerre Iran-Irak. La conséquence de la hausse très importante du prix du pétrole a été le développement de nouveaux types de ressources, notamment en mer, et une réduction de la part des pays de l'OPEP, qui en ont pris la pleine mesure. Il en a résulté une longue période de contre-choc pétrolier, qui a fortement ralenti les efforts engagés pour réduire la dépendance de l'économie vis à vis du pétrole. Vers 2008, une nouvelle augmentation spectaculaire du prix du pétrole a été due d'une part au ralentissement des investissements au cours des années antérieures et d'autre part à une flambée spéculative. La chute actuelle est due au ralentissement de la demande, lié à la crise, mais surtout à la volonté de l'Arabie Saoudite d'éviter une augmentation trop importante de la production en dehors de l'OPEP.  En refusant de baisser sa production et en acceptant une chute spectaculaire des cours, l'Arabie Saoudite entend porter un coup fatal à toutes les tentatives d'augmenter substantiellement la production de pétrole "technologique", notamment le pétrole de roche-mère,  ainsi que d'autres formes d'énergie et notamment les énergies renouvelables. Cela ne signifie pas pour autant que les ressources pétrolières ont augmenté par miracle et qu'il n'y a plus à craindre de peak oïl dans les années à venir. En fait, si ce contre-choc se poursuit, il risque d'alimenter une crise future d'une ampleur sans précédent.

vendredi 9 janvier 2015

La montée de la conscience / The rise of consciousness


Since some form of intelligence can be displayed by computers, consciousness represents the key feature which can distinguish human beings from machines. A key question is therefore to know how widespread is the presence of consciousness . It seems likely that conscious beings are present within the huge universe around us. On earth, all living beings seem to share some kind of consciousness, but its extention varies considerably from an insect to a a human being. Separating human beings in two categories: human beings and animals is therefore an unacceptable oversimplification. The distance between a chimpanzee and a mosquito is most certainly much greater than the distance between a chimpanzee and a human being. The professor of cognitive sciences Douglas Hofstadter represents the increasing extent of consciousness from primitive living beings to human beings as a cone. It may be more appropriate to consider a kind of corolla, but the consequences are not really different. If consciousness, rather than reason,  is the prime factor which distinguishes a human being from a machine, killing or making animals which are close to human beings is to be considered as a crime. Different philosophers such as Peter Singer have pointed out this simple evidence. 

Attribuer un rôle primordial à la conscience amène immédiatement à se poser de multiples questions. La première d’entre elles concerne l’extension du domaine de la conscience. Dans l’immense Univers qui nous entoure, il semblerait étonnant que l’être humain soit le seul sujet capable de donner un sens à la réalité qui l’entoure. Parmi les innombrables exo-planètes qui existent dans l’ensemble des systèmes stellaires un grand nombre d’entre elles sont susceptibles d’accueillir une vie consciente. La conscience pourrait également être présente dans l’Univers, sous des formes et à une échelle qui nous échappent.
   Sur la Terre, tout porte à penser que les autres êtres vivants sont animés par une forme de conscience. Certes, le niveau de conscience d’un moustique est certainement très éloigné de celui d’un homme, mais, sur une échelle de conscience, un moustique est certainement beaucoup plus éloigné d’un chimpanzé que le chimpanzé d’un être humain. Même s’il paraît relativement facile d’admettre que le niveau de conscience d’un moustique est réduit, cela n’implique pas du tout qu’il en soit de même dans le cas d’un chimpanzé.
   Il en résulte d’évidentes conséquences sur le comportement éthique vis-à-vis de différentes espèces animales. L'attitude consistant à ranger les êtres vivants en deux catégories, les êtres humains et les animaux, sans prendre en compte l’infinie variété de ces derniers paraît éminemment discutable..

mardi 23 décembre 2014

Les déclencheurs de mutations / Society changing factors


Disruptions in the organisation of the society can follow wars or revolutions, but most changes are the result of a transformation in the way of thinking or in the perception of events going on. In his book "The tipping Point", Malcolm Gladwell has shown that small groups of people can generate large changes in society, when a certain "tipping point" is reached. Today, a whole range of factors might contribute to significant disruptions in our worldview and way of life. Science and technology are, of course, among these factors. Science changes our worldview and reveals an "extended Universe", including innumerable parallel worlds. Technology provides permanently new options.  Among all the disruptions it brings, Artificial intelligence might become the next frontier. Factors which could transform the psychology and values of most human beings are the most important. The development of empathy, the discovery of the real nature of human consciousness are probably the main factors for transforming the society, as Reason, alone, has not been able to save the world from all the atrocities, which seem still to predominate.

Certains changements conduisent à de véritables mutations dans les modèles de régulation et les modes de pensée, suite à un événement historique ou politique, tel que, par exemple, une guerre ou une révolution. D’autres sont en simplement reliés à une nouvelle façon de penser ou de concevoir l’organisation de la société, qui apparaît à un moment crucial. Le journaliste américain Malcolm Gladwell a qualifié de « déclencheurs » ceux qui parviennent à propager une idée au cours d’une première phase d’incubationDans certains cas favorables, le processus de diffusion passe par un « point de bascule ». Dans un tel cas, le nombre de personnes connectées entre elles, qui sont « infectées » par l’idée, augmente si vite qu'elle devient accessible à une majorité de l’opinion. Celle-ci est alors susceptible de basculer, en adoptant la nouvelle idée aux dépens des anciennes. Différents facteurs sont susceptibles de transformer en profondeur la société dans les années à venir.

samedi 13 décembre 2014

Les quatre cavaliers de l'Apocalypse / The Four Horsemen of the Apocalypse


 
Of all the books of the Bible, the Book of Revelation seems the most distant from us. Still, it describes the end of an old world and the birth of a new one, in terms which can find a deep echo nowadays. It is generally considered that it was written by the end of the first century A.D. The Roman Empire was most powerful and imposed its views and the cult of the Roman emperor. The author of the Book of Revelation hates this world and makes the prophecy that it is coming to an end. He is claiming the revelation of a new world to come. Athough still very powerful the Roman empire was becoming less resilient. It was loosing its moral unity, encountered increasing economic difficulties and was threatened by invasions. In the Book of Revelation, destruction is brought by the four horsemen. The horseman with a white horse is intended to get the victory.  The horseman with the red horse brings the war. The horseman with a black horse brings famine and the horseman with a pale horse brings epidemies. These were indeed the misfortunes which hit the Roman empire. Between 160 and 170 AD plague was brought to Rome and invasions followed soon.
Still now, war, famine and epidemies remain the main threats humanity is facing. The degradation of the environment, global warming, rising conflicts within the world could to a collapse of our modrrn civilisation.. The four horsemen may be back.

L’Apocalypse de Jean est un texte du Nouveau testament, dont la signification paraît actuellement, à la fois obscure et éloignée de nous. Pourtant, à bien des égards, ce texte, qui évoque de manière visionnaire la fin d’un monde ancien et l’apparition d’un monde nouveau, entre en résonance profonde avec les questionnements actuels.
   Selon l’exégèse moderne, le texte de l’Apocalypse a été rédigé vers la fin du premier siècle après J.C. par un membre d’une communauté judéo-chrétienne, qui se serait réfugié dans l’île de Patmos, suite à la destruction du second Temple de Jérusalem.
   A cette époque, l’Empire romain est tout puissant et a pratiquement achevé l’entreprise de mondialisation qui avait commencé avec l’empire d’Alexandre. Il impose à l’ensemble du monde son administration, son droit et le culte de l’Empereur romain. C’est ce monde, que vomit l’auteur de l’Apocalypse. Il en prophétise la fin brutale, en appelant de ses vœux des temps nouveaux.
   Dans la perception actuelle, l’Apocalypse est synonyme de fin du monde. Pourtant, comme, l’a souligné le théologien et philosophe Jean Yves Leloup, le terme d’Apocalypse signifie Révélation et son message le plus important est la révélation d’un monde nouveau, qui arrive, pour remplacer le monde ancien..
   La situation du monde contemporain peut être mise en parallèle, de façon frappante, avec ce qui s’est passé dans l’Empire romain à l’époque où le texte de l’Apocalypse a été rédigé.
  Vers la fin du premier siècle après Jésus-Christ, l’Empire romain est encore tout puissant. Le système de pensée de l’auteur de l’Apocalypse apparaît totalement marginal, et absolument incapable de remettre en cause les conceptions dominantes de l’époque. Pourtant cet empire est fragile. La tentative de mondialisation menée à cette époque le rend peu résilient. Elle implique un contrôle centralisé, qui devient de plus en plus difficile à assurer. Les voies romaines, qui facilitent les déplacements et le commerce, le rendent vulnérable aux invasions, qui peuvent progresser rapidement. Surtout, rassemblant des peuples très différents et concentré sur sa domination matérielle, il n’a plus d’idéal à proposer, sinon de vivre à l’abri des lois romaines. Dès lors, cet empire est menacé et il sera effectivement détruit, dans des conditions finalement assez proches de celles que décrit le texte de l’Apocalypse. La destruction est menée par les quatre Cavaliers de l’Apocalypse, qui sont, chacun, porteurs d’une arme de destruction.
   Le cavalier monté sur le cheval blanc est destiné à devenir le vainqueur. Le cavalier au cheval rouge amène la guerre. Celui qui est monté sur le cheval noir amène la famine. Enfin, celui dont le cheval est pâle amène les épidémies et la mort par maladie.
   Effectivement les guerres menées par l’Empire amènent la peste à Rome entre l’an 160 et l’an 170. Elles amènent au pouvoir des militaires avides, qui rejettent l’héritage hellénistique. Les confrontations avec les peuples nomades aux franges de l’empire, finissent par conduire aux grandes invasions, qui provoquent la fin de la Rome ancienne.
   Malgré les changements considérables intervenus depuis cette époque, les menaces actuelles qui pèsent sur le monde rappellent étrangement celles qui sont évoquées dans l’Apocalypse.

samedi 6 décembre 2014

L'ère des tribus? / The era of tribes?


Individualism and consumerism are more and more frequently questionned. The will to develop stronger social links is widely shared. Numerous associations, NGO's and communities testify such a will. Those who want to share commun practices or ways of life gather within various fairs (makers) or festivities. The French sociologist Michel Maffesoli considers that the multiplication of such "tribes", which gather around certain identification "totems", is an important feature of the present "post-modern" societies. People are moved by feelings rather than by ideas. Members of such communities like to share the same habits, clothes and language. Each year, thousands of participants meet in the "Black Rock" desert, at the "Burning man" festival, for experimenting various happenings and celebrations. New sharing practices, which the numerical technologies make easier to implement, become widespread. It is possible to share cars, houses and most appliances. Thus, many objects can be used for a much longer period of time, helping to preserve natural resources. The architecture of urban districts evolves and more compact cities can be prefered to suburban individual dwellings which can be reached only by driving a car. Such compact districts, which can look like a "village", facilitate social links and provide an easier access to multiple services.
It remains difficult to assess how deep is such a trend. It can coexist with individualism and does not represent necessarily a real alternative to the present economic and social system. Still, it means that such a search for a stronger social link, corresponds to a real need of many citizens. 

L’individualisme consumériste est à présent contesté. Il reste présent dans les pays émergents, dans lesquels les couches de la population les plus favorisées se comportent fréquemment en nouveaux riches, recherchant le luxe et l’ostentation. Dans les pays anciennement développés, on observe un vaste mouvement de remise en cause de ce modèle individualiste et la volonté de tisser de nouveaux liens sociaux.
   Cette volonté se manifeste à travers la participation à des associations ou des communautés, qui peuvent être des communautés de vie, avec partage de biens en commun, ou des communautés de pratique réunies autour d’un même intérêt commun qui peut être de nature très variée : bénévolat, musique, informatique (hackers), mise en œuvre des technologies les plus récentes de l’impression 3D (makers).
   Le sociologue Michel Maffesoli évoque l'idée de « tribus », groupes de personnes, qui se réunissent autour de « totems de rassemblement ». Ces communautés souhaitent éprouver des émotions en commun, plutôt que partager des idées. Les membres d’une « tribu » sont liés par des liens affectifs qui se développent à travers des actions collectives. Ils aiment la même musique, partagent les mêmes codes vestimentaires, le même type de langage et souvent les mêmes modes de vie. Ils se retrouvent dans le cadre de grands rassemblements, qui peuvent être des « foires » présentant certains types de produits (par exemple, dans le cas des groupes de « makers ») ou de grands événements festifs.

dimanche 23 novembre 2014

Réchauffement climatique: vers un accord international? / Global warming: towards an international agreement?

Recent announcements might be considered as a sign that our World is progressing towards a reduction of GHG emissions and the prevention of global warming. The European Union has announced its will to reduce by 40% its GHG emissions by 2030 compared to the 1990 reference level. In november, China and USA have announced a "Climate agreement". According to this agreement, the USA would reduce by 26 to 28% their level of GHG emissions  compared to the 2005 reference level, whereas China announced its will to reach a peak of GHG emissions by 2030. Do these different announcements mean that we can become optimistic concerning the future? It seems less than certain.  A reduction of 26% for the US compared to the 2005 level means a reduction of around 10% compared to the 1990 level and follows a trend, which is linked to the growing use of shale gas and the relocation in developing countries of the most polluting activities. In China, reaching a peak in 2030 will not prevent the tremendous growth of emissions which is occuring right now. In 2030, China will become the richest country in the world and will have the opportunity to relocate in other countries the most polluting activities. Only the EU is introducing strong constraints, but its share in global CO2 emissions is only 11% and will become much lower in 2030. Therefore, even a very strong reduction of its emissions will have a negligeable impact on a global scale.

Des annonces récentes peuvent faire penser que le Monde est en train de progresser dans le domaine de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la lutte contre le réchauffement climatique. L'Union Européenne a annoncé sa volonté de réduire le niveau des émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40% par rapport au niveau de 1990. En novembre, la Chine et les Etats-Unis ont annoncé un accord sur le climat, selon lequel les Etats-Unis réduiraient de 26 à 28% leurs émissions par rapport au niveau de 2005, tandis que la Chine atteindrait son plafond d'émissions en 2030. Peut-on dans ces conditions considérer qu'un accord international est en vue, pour limiter volontairement les émissions de gaz à effet de serre à un niveau qui permettrait d'éviter une catastrophe climatique?
Rien n'est moins sûr. En ce qui concerne les Etats-Unis, il faut noter que le niveau maximum des émissions de GES avait été atteint précisément en 2005,  à 7, 2 Gt eq. CO2, à comparer avec 6,2 Gt en 1990. Une réduction de 26% par rapport au niveau de 2005 ne représente donc plus qu'une réduction de l'ordre de 10% par rapport au niveau de 1990.  En outre, la réduction des émissions de GES est le simple résultat d'une évolution, qui n'est pas directement liée à la volonté de lutter contre le réchauffement climatique. Elle tient avant tout à un recours accru au gaz de schiste dans le mix énergétique et à la délocalisation des activités les plus émettrices. En ce qui concerne la Chine, son annonce pour 2030 ne constitue en rien un engagement pour limiter des émissions, qui ont augmenter à un rythme vertigineux. En 2030, la Chine sera devenue le pays le plus riche au Monde et pourra à son tour délocaliser les activités les plus émettrices vers les pays en voie de développement. On peut donc observer qu'au moins à ce stade, l'accord affiché par la Chine et les Etats-Unis tient beaucoup plus d'un effet d'annonce que d'un engagement effectif.  Seule l'Union Européenne prend des engagements vraiment contraignants, mais sa part dans les émissions de CO2 n'est que de 11%. En 2030, cette part sera encore beaucoup plus faible et une réduction même significative de ses émissions n'aura qu'un impact quasiment négligeable au niveau mondial.