Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

samedi 28 mars 2015

Prospective des idées / Ideas Futuring



Futures studies are considering evolutions which remain uncertain, but still need to be anticipated as best as possible, due to their large potential consequences. They present a strong interest in the area of ideas evolution, which are difficult or even impossible to predict in a quantitative way. Futures studies cannot be substituted to existing methods, but can help to understand the stakes ahead, by combining different approaches from human sciences, such as sociology, anthropology, history and philosophy. Some attempts have been made for understanding the evolution of ideas, but  futures studies have been seldom applied to this area. In France, Thierry Gaudin applied such methods for trying to imagine the future of religions, but this attempt has remained isolated. A few studies exist about the mutations of culture. Futures studies are most often focused upon the technological progress (robots, A.I., aerospace), but there is a growing need to understand wether or not human beings will be able to master the huge power provided by technology. Thus, futures studies need to be undertaken in the area of culture and ideas. A cultural shift, such as a renewal of spirituality might become a prerequisite for the survival of humanity.

Les méthodes de la prospective visent à mener une réflexion sur les évolutions possibles en avenir incertain. Elles présentent de ce fait un intérêt particulier dans le domaine des idées, car celui-ci ne se prête que très difficilement à des modélisations quantitatives et prédictives. La démarche prospective aide à mieux appréhender les enjeux globaux auxquels la société est confrontée, en associant toutes les disciplines qui peuvent aider à comprendre la marche des idées : sociologie, anthropologie, histoire, philosophie. Elle s’inscrit dans la perspective de l’histoire « longue », car il s’agit de discerner les grandes tendances concernant l’évolution des idées. Elle nécessite une analyse des réseaux d’échange des idées, pour comprendre comment elles changent en se transmettant. Une telle analyse a été tentée pour suivre le cheminement des idées en philosophie. La méthode suivie consiste à essayer de comprendre comment se forment et se propagent les différentes Écoles de pensée à partir d’une connaissance des réseaux d’échange entre différents penseurs, tout au long des âges 

mercredi 11 mars 2015

La société des écrans / The society of screens


Numerical technologies connect presently practically all the inhabitants of the planet. At each moment, it has become feasible to keep informed about what happens in any place of the world. Jeremy Rifkin considers that it is the sign that we are entering in a new era, "the civilization of empathy". According to Jeremy Rifkin, by connecting most people of the planet, Internet facilitates the development of an empathic relationship between all of them. One of the consequences he foresees, is the development of what he calls a distributed capitalism, and the growing use of "peer to peer" transactions.
   Although such an evolution is highly desirable, it is not obvious that we are really moving that way. The main consequence of Internet has been the development of financial activities at a global scale, which are operated in a way which has nothing to do with empathy. We are creating a society of screens, through which most transactions are operated now. Such a situation extends even to areas such as war, blurring the distinction between  videogames and reality, in a most disturbin way. Furthermore screen pictures can be manipulated, giving a wrong perception of reality. As shown by the italian linguist Raffaele Simone, Internet culture is based upon direct and most often emotional emotions, rather upon rational thinking. Since, the concept of empathy is somewhat dangerous as hatred is its counterpart. Still, the overall picture is more complex as the Internet helps also to gather a diversity of viewpoints and appears as the main area of freedom.

Les technologies numériques relient à présent pratiquement l’ensemble des habitants de la planète. à chaque instant, il est possible de s’informer sur tout ce qui se passe dans le monde. Il est également devenu beaucoup plus facile de voyager et de rejoindre n’importe quelle autre région. Les différences dans les modes de vie tendent à s’estomper. Les mêmes produits et les mêmes marques sont utilisés partout. Jeremy Rifkin n’hésite pas à voir dans cette évolution l’avènement d’une « civilisation de l’empathie ».   
   D’après Jeremy Rifkin, en connectant chaque personne à une très large collectivité, l’Internet favorise le développement des relations empathiques entre l’ensemble des habitants de la Terre. Cette évolution conduirait également, selon lui,  à une nouvelle forme de capitalisme, qu’il qualifie de « capitalisme distribué ». Celui-ci verrait le triomphe des transactions « peer to peer » entre individus, favorisant un développement du lien social.

mercredi 18 février 2015

Holarchie, modèle de la société de demain? / Holarchy, a model for the society of to-morrow?


The complexity of human organizations is growing constantly, due to technical progress and the cumulative amount of all the information which is processed. Therefore, the issue of mastering this growing complexity is becoming critical. The easiest way for mastering complexity is to operate at different levels of complexity, each level of complexity being able to perform certain tasks. Derived from this idea, Arthur Koestler has introduced the concept of "holon". Each holon forms a sub-system, coherent and able to act in an autonomous way, but also connected to other holons. By assembling holons, it becomes possible to obtain a new holon, at a higher level,  able to perform tasks which cannot be achieved by a single holon.  Holarchy is an organizing model applicable to any system, consisting in defining sub-systems operating as holons. Any living organism is operating in this way, cells and organs forming separate entities, which ensure the proper operation of the whole body.  Such a model has inspired new ways for organizing companies or administrations. Holocracy is a trademark for a certain type of organization, which has already been adopted by certain companies mainly in the US. It aims at  promoting autononomy and initiatives in each self-organizing  group (or "circle") belonging to an organization. Such an organization might therefore anticipate future ways for social organization, in many areas, including national and international governance.

La complexité des organisations humaines croît constamment, de façon cumulative, en suivant le progrès technique. La question se pose de savoir comment maîtriser cette complexité. L'enjeu est important, car il concerne la survie même de la société. Ainsi, l'historien John Tainter a attribué la chute de l'Empire romain à l'incapacité de l'administration romaine à maîtriser la complexité croissante de son organisation.
Le principal moyen de maîtriser la complexité consiste à introduire des "niveaux de complexité", chaque niveau étant autonome pour un certain nombre de tâches, tout en étant relié aux autres niveaux. Sur ce principe, Arthur Koestler a introduit la notion de "holon", formant un sous-ensemble cohérent et autonome, mais relié aux autres holons. Pour montrer l'intérêt des holons, Arthur Koestler a inventé la parabole des deux horlogers, en train d'assembler une montre. Tous deux sont interrompus périodiquement dans leur travail, mais l'un des deux achève son travail beaucoup plus vite que l'autre, car sa montre est constituée de modules, qu'il ne doit pas monter à nouveau lorsqu'il est interrompu. En assemblant des holons, il est possible de réaliser des fonctions qui ne sont pas accessibles à un holon isolé et ainsi obtenir des holons de niveau supérieur. L'holarchie est un principe d'organisation, sur le modèle d'un organisme vivant, opérant selon un tel système de structures emboitées, chacune étant capable d'effectuer de manière autonome les taches à effectuer à son niveau, en étant reliée aux autres structures (holons). Ce modèle d'organisation a été codifié dans le cadre d'un mode d'organisation qui a été appelé "holocratie" et a fait l'objet d'un dépôt de nom de marque. Ce mode d'organisation, qui a été adopté par des compagnies, principalement aux Etats-Unis, vise à concilier la nécessité de laisser un maximum d'autonomie et de susciter l'initiative à chaque niveau, tout en faisant participer l'ensemble de la compagnie à des objectifs communs, la raison-d 'être de la compagnie. A ce titre, il s'agit d'un modèle d'organisation intéressant, qui préfigure peut-être des modes d'organisation futurs de la société.

samedi 14 février 2015

Peut-on réenchanter le risque? / Accepting the Risk?

In a In In  a recent book, the sociologist Gérald Bronner proposes a "reenchantment" of the risks. But what are the acceptable risks? Any human activity presents a risk and the author is probably right, when he criticizes the precautionary principle, which can easily lead to inaction. Still the risk issue cannot be dismissed so easily. Global technological risks are growing. Among them, major risks include nuclear weapons, the biological threat, global warming. Political leaders seem unable to understand them and even less to master them. We may close to a point when global risks might rise at a higher rate than the advantages brought by the technological progress. This situation has to be appraised carefully, with lucidity and discernment. Still, the author has two more arguments for convincing us to accept them . The first one is that anyway Earth will disappear in the future. Therefore, we should not worry too much. The second, is that the number of exoplanets that we discover outside our solar system is growing rapidly. Therefore, if the Earth is destroyed, humanity should be able to reach an exoplanet where it might migrate.

Dans un ouvrage récent, le sociologue Gérald Bronner propose de "réenchanter" le risque. Cette proposition conduit immédiatement à la question de savoir quel est le niveau de risque acceptable. Certes, le risque zéro n'existe pas. Toute activité humaine comporte un risque, car le résultat de toutes les actions humaines est incertain. Dès lors, on peut rejoindre l'auteur pour juger calamiteux le principe de précaution, car il favorise la déresponsabilisation, l'inaction devenant le meilleur moyen de ne pas se retrouver devant un tribunal. Pour autant, la question du risque ne peut pas être évacuée si facilement, car les risques encourus par l'humanité sont devenus considérables. Curieusement, l'auteur cite des situations plutôt anecdotiques, telles que la suppression de l'eau de Javel dans les hôpitaux, mais n'évoque pas les risques technologiques majeurs: une destruction de la planète par les armes thermonucléaires, le risque biochimique, un réchauffement climatique incontrôlé. Ces risques globaux sont d'autant plus préoccupants que les dirigeants politiques actuels semblent en mesure de les comprendre et encore moins de les maîtriser.  Tant que la menace ne s'est pas concrétisée, on peut toujours considérer qu'ils sont imaginaires. Malheureusement la destruction de la Terre est une expérience que personne ne pourra reproduire à loisir.Ces risques n'ont rien d'enchanteur.

vendredi 6 février 2015

Devenir soi / Achieving personal fulfillment


In his last book, Jacques Attali is advocating a quest for personal fulfillment.  After having met many high rank political and economical leaders, he draws  disillusioned  conclusions about the World situation. He thinks that evil is omnipresent and that political leaders are unable to bring the right solutions. Therefore, it becomes impossible to rely upon anybody. No help can be expected from companies or from the State. The only positive option which remains is to change oneself, in order to change the world. Jacques Attali quotes numerous examples, from Gandhi to Steve Jobs, from Bouddha to Picasso of those who were able to change their destiny, by changing oneself. Such a message seems a correct appraisal of the present crisis and trying to change oneself, the most appropriate answer. Still, it is probably an illusion to think that becoming Gandhi or Steve Jobs is just a matter of "mind shift". The destiny of an individual person depends upon her gifts but also upon the society where she lives.. Therefore, it is probably necessary to proceed a step further and before trying to change the world, to undertake an internal change, a "soul therapy", as expressed by Cheikh Khaled Bentounès.

Dans son dernier ouvrage, Jacques Attali conseille de "devenir soi". L'évolution qu'il a suivie est intéressante. Après avoir assumé de nombreuses responsabilités, il parvient à des conclusions désabusées. Il constate que le Monde va mal et pense même qu'il va vers une "somalisation" généralisée. Les responsables politiques s'avèrent incapables de changer le Monde. Les citoyens deviennent des assistés, qui attendent tout des autorités, des "résignés-réclamants". Dans ce sombre contexte, il faut avoir "le courage de ne compter sur personne, d'oser ne rien attendre des autres: ni amour, ni argent, ni soutien, pas plus de sa famille, de ses amis, de ses relations, des autorités qui représentent les autres, que de quelque sauveur que ce soit. En particulier, il ne faut attendre aucun secours des patrons, ni de l'Etat". Dès lors, la seule option qui reste ouverte consiste à prendre son destin en main, pour se transformer soi-même et par là, contribuer à changer le monde. Dans son ouvrage, Jacques Attali, cite de nombreux exemples, de Gandhi à Steve Jobs, de Bouddha à Picasso, de ceux qui ont su prendre leur destin en main.
Le message reflète bien l'époque de crise que nous vivons et dans ce contexte il est effectivement judicieux de chercher d'abord à se changer soi-même. Toutefois, il serait illusoire de penser qu'il suffit de ses prendre en main pour devenir Steve Jobs ou Gandhi. Toute personne qui réussit une œuvre extraordinaire est le reflet de la société dans laquelle il vit. Une société en crise est incapable de susciter le génie. Il faut sans doute aller encore un peu plus loin, pour oser affirmer que le changement doit être d'abord intérieur et passer par une "thérapie de l'âme", selon l'expression du cheikh Khaled Bentounès.

dimanche 25 janvier 2015

Au delà du relativisme / Beyond relativism



According to the contemporary relativism, there is no reality as such, but only points of view, to which no hierarchy can be applied. As a consequence, no opinion can be considered as true. All cultural or social behaviours are equivalent and result only from an individual or collective preference. This relativism is partly the consequence of the disparition of any form of transcendance, but also the logical consequence of a merchant order, for which the value of everything is determined only by its price. As this price fluctuates due to the Market, the value fluctuates as well. Such a situation can be perceived as positive. Thus the sociologist Michel Maffesoli is quite happy about this "polytheism" of values, which he perceives as a sign of liberty.  But this relativism leads also to a dangerous crisis of meaning which affects the contempory world. It can also result into a denial of reality which can have quite detrimental conséquences. The philosophers Maurizio Ferraris and Gabriel Markus have proposed to consider a "New Realism". This New Realism does not propose a new defintion of reality, but it aims at introducing a new approach after thirty years of postmodernism. According to this approach, the existence of a reality independant from all the points of view which can be expressed is fully accepted. Therefore, some points of view may be in better accordance with this reality than others.

Selon le relativisme contemporain, il n’existe pas de réalité en soi, mais uniquement des points de vue, auxquels il est impossible d’appliquer une quelconque hiérarchie. De ce fait, aucune opinion ne peut être considérée comme vraie. Toutes les pratiques culturelles ainsi que tous les modes de vie, qui résultent de simples préférences individuelles ou collectives, se valent. Ce relativisme peut être interprété comme la conséquence d’un ordre marchand déclinant. Il résulte, pour une part, du rejet de toute forme de transcendance. Il découle également de la domination par l’argent de la vie sociale. La valeur de toute chose et de tout acte est fixée par son prix, qui fluctue au gré des demandes, comme toutes les valeurs en Bourse. Rien ne peut être considéré comme faux, laid ou immoral à partir du moment où un acheteur est prêt à le payer.
   Certains, comme le sociologue Michel Maffesoli se réjouissent de cette pensée pluriforme, de ce « polythéisme des valeurs », selon l’expression de Max Weber, de ce rejet de toute certitude, y voyant le signe d’une liberté retrouvée. Pourtant, ce relativisme conduit inévitablement à une destruction de l’ethos qui anime la Société, et risque ainsi de la précipiter dans le déclin. Dans le domaine de la pensée, le relativisme ne peut persister sans sombrer dans la stérilité. A l’image de la « destruction créatrice », dont Schumpeter parlait en économie, il pourrait toutefois être annonciateur d’une nouvelle vague de sens et de valeurs.
   Le danger d’une coupure avec la réalité et l’objectivité a conduit les philosophes Maurizio Ferraris et Gabriel Markus à proposer la fondation d’un « nouveau réalisme ». L’idée centrale de ce mouvement de pensée consiste à affirmer l’existence d’une réalité ontologique, échappant à tous les concepts, qui serait donc capable de résister à toute forme de relativisme. La crise du sens que traduit la prédominance du relativisme n’est sans doute pas définitive et pourrait simplement augurer de changements radicaux affectant l’ordre marchand actuel. 

samedi 17 janvier 2015

Chocs et contre-chocs pétroliers / Oil crisis or oil glut?

The spectacular fall of the oïl price from more than 100 $ per barril down to less than 50 and the increase of US shale oïl production might suggest that the issue of peak oïl is far behind us. Is it really the case? Since many years, the evolution of the oïl price is characterized  by large fluctuations. The two first oïl crisis, in 1973 and 1979, were due to the political situation in the Middle-East. The consequence of the large increase in the oïl price at that time was a boost of other oïl sources, mainly offshore production and a significant decrease of the OPEC share of the oïl production. Saudi Arabia and other OPEC members fully understood the risk behind such a trend. As a result, oïl prices remained very low for a long period, discouraging the efforts of consuming countries  to reduce their oïl dependance. By 2008, a new large increase happened as a result of the reduction of the investments during the previous years combined with intense speculation. The present drop is due to a sluggish demand as a result of the economic crisis and an increase of the US production, but even more to the will of Saudi Arabia to avoid a further increase of the oil production outside OPEC. By refusing to reduce its level of production, Saudi Arabia wants to eliminate competing energy sources, shale oïl and also renewable energy sources. It does not mean that oïl resources have suddenly increased and that the threat of an oïl peak does not exists any more. In fact, if the oïl price remains at the present level for a comparatively long period, it might induce a future oil crisis more intense than ever.

La chute spectaculaire des cours du pétrole, de plus de 100$ par baril à moins de 50 ainsi que  l'accroissement de la production de pétrole de roche-mère aux Etats-Unis pourraient nous faire croire que la problématique du peak-oïl dont il était tant question il y a quelques années est derrière nous et que l'abondance du pétrole est assurée. Qu'en est-il vraiment?  Depuis longtemps, l'évolution des cours du pétrole est marquée par des fluctuations de grande ampleur. Chocs et contre-chocs se succèdent. Les deux premiers chocs de 1973 et 1979 ont été dus à la situation au Moyen-Orient: embargo arabe suite à la guerre du Kippour, puis révolution iranienne et guerre Iran-Irak. La conséquence de la hausse très importante du prix du pétrole a été le développement de nouveaux types de ressources, notamment en mer, et une réduction de la part des pays de l'OPEP, qui en ont pris la pleine mesure. Il en a résulté une longue période de contre-choc pétrolier, qui a fortement ralenti les efforts engagés pour réduire la dépendance de l'économie vis à vis du pétrole. Vers 2008, une nouvelle augmentation spectaculaire du prix du pétrole a été due d'une part au ralentissement des investissements au cours des années antérieures et d'autre part à une flambée spéculative. La chute actuelle est due au ralentissement de la demande, lié à la crise, mais surtout à la volonté de l'Arabie Saoudite d'éviter une augmentation trop importante de la production en dehors de l'OPEP.  En refusant de baisser sa production et en acceptant une chute spectaculaire des cours, l'Arabie Saoudite entend porter un coup fatal à toutes les tentatives d'augmenter substantiellement la production de pétrole "technologique", notamment le pétrole de roche-mère,  ainsi que d'autres formes d'énergie et notamment les énergies renouvelables. Cela ne signifie pas pour autant que les ressources pétrolières ont augmenté par miracle et qu'il n'y a plus à craindre de peak oïl dans les années à venir. En fait, si ce contre-choc se poursuit, il risque d'alimenter une crise future d'une ampleur sans précédent.