L'abondant dossier réunissant des articles de Harald Welzer, Ulrich Beck et Isabelle Stengers publié dans le numéro du Monde du 26 mars 2011 représente un intéressant échantillon des réactions suscitées auprès d'observateurs particulièrement éminents. La dénonciation est dans l'ensemble radicale. L'ère de la consommation et du confort va s'achever pour Harald Welzer, le mythe du progrès et de la sécurité est en train de s'effondrer pour Ulrich Beck. L'analyse qui parait la plus intéressante vient toutefois d'Isabelle Stengers, qui propose de "sortir de la rage de l'impuissance grâce à l'anticipation d'accidents écologiques à venir". Elle met particulièrement en avant le danger de placer une logique du profit avant la logique de la sécurité, surtout dans le cas d'enjeux planétaires. Il serait en effet anormal, dans cette opération comme dans toutes celles à venir que les risques soient partagés par l’ensemble de la planète, alors que les profits ne sont partagés que par quelques uns.
Le "risque zéro" n'existe pas et il est peu rationnel de l'exiger. Il faut toutefois pouvoir évaluer les risques au terme d'"enquêtes sans concession" menées par des audits de sécurité vraiment indépendants, ce qui représente la difficulté majeure. C'est au terme de telles enquêtes qu'il sera possible d'évaluer correctement les risques, les comparer à d'autres risques et notamment aux risques naturels et parvenir enfin à un bilan objectif du bilan risques / bénéfices.
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