L’économiste N. Georgescu-Roegen a été le premier à concevoir la portée très générale de la génération d’entropie et à introduire ce concept dans le champ de l’économie. Il a montré que toute activité humaine produit des changements irréversibles dans la nature, en générant de l’entropie, c'est-à-dire plus de désordre dans l’univers. La génération d’entropie est liée d’une part à la consommation d’énergie et d’autre part au rejet de déchets dans l’environnement. Elle résulte du second principe de la thermodynamique qui indique que l'entropie d'un système isolé ne peut que croître.
La génération d’entropie résultant des activités humaines peut paraître irrémédiable et même incompatible avec tout développement durable à long terme. Partant de ce constat, N.Georgescu-Roegen en a conclu que le seul remède possible consiste à réduire les niveaux de production et de consommation, en priorité bien sûr dans les pays les plus développés et les plus riches. Il a été ainsi le précurseur des théories de la décroissance. Le concept de décroissance a ensuite inspiré tout un mouvement d’opinion qui défend une vision alternative de l’économie.
Pour échapper au « gouffre entropique », il existe en fait trois moyens :
- Réduire la consommation d’énergie et de matières premières, qui représente la voie préconisée par N.Georgescu-Roegen. Une telle réduction peut être obtenue en limitant la démographie, en suivant une voie de sobriété ou même de frugalité et en optimisant l’ensemble des processus impliqués dans la vie économique.
- Minimiser les irréversibilités, en optimisant les technologies utilisées. Ceci revient à réduire la génération d’entropie, grâce à une meilleure compréhension des processus mis en jeu, en faisant appel à plus d’informations et d’intelligence.
- Développer des sources d’énergie durables, en préservant l’ensemble des ressources (dont eau et matières premières), par recyclage et intégration. L’utilisation de telles sources d’énergie permet de compenser la génération d'entropie par un apport d’énergie (exergie)
En combinant l'ensemble de ces moyens, il demeure ainsi possible, au moins en principe, d’assurer un avenir durable et d’échapper au « gouffre entropique ». Ceci ne signifie pas que nous serons effectivement en mesure d'y parvenir. La généralisation du recyclage et le développement de sources d'énergie durables demandent des efforts très importants. Nous pouvons tout au moins évoluer dans cette direction.
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