Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

samedi 30 août 2014

Commun / Common


The notion of common is presently highly topical. Common goods management, as exemplified by the work of Elinor Ostrom, Nobel prize of Economy, has become a major issue. The preservation of common goods such as the environment or the biodiversity requires urgent steps. The appropriation of the whole planet by a small minority  leads to the destruction of the environment and also to unacceptable unequalities. The old idea of common good is needed at a time when all political décisions seem dictated by the Market. The last book written by Pierre Dardot and Christian Laval présents an overall view of the "Common" at a most appropriate time. Following Michael Hardt and Antonio Negri have chosen to focus their book on Common as a social and political concept rather than common goods. Such a work is clearly needed presently, but how to promote the "Common" alternative? The authors claim that it requires implementing a "revolutionary project", although they realize that Revolution by itself is a somewhat outdated and ambiguous concept. They claim thar it can be introduced only through a "self-realization of the society", but how to achieve such a transformation remains unclear . Therefore, at the end of  their books the number of questionsremains higher than the number of answers. Still, the book présents the "Common" in quite a clear and well-structured way.

La notion de commun redevient d'une brûlante actualité. Les problèmes posés par la gestion des biens communs, tels qu'ils ressortent notamment des travaux d'Elinor Ostrom, prix Nobel d'Economie, nécessitent des solutions appropriée. La préservation de l'environnement, de la biodiversité, du climat ne peut trouver de réponse sans une gestion adéquates de ces biens communs de l'humanité que sont l'air, l'eau et la biosphère.  Par ailleurs, les excès du néolibéralisme et de la globalisation montrent qu'une appropriation généralisée de l'ensemble des biens par une petite minorité conduit d'une part à la destruction de l'environnement et d'autre part à des inégalités sociales inacceptables.
La notion très ancienne de bien commun retrouve également toute son importance, à un moment où le Marché est censé dicter toutes les solutions politiques.
Le dernier ouvrage de Pierre Dardot, philosophe et enseignant ainsi que de Christian Laval, sociologue, intitulé "Commun - Essai sur la révolution au XXIe siècle", qui présente une véritable somme sur le sujet, arrive donc à un moment tout à fait approprié. Les auteurs ont choisi de parler de commun au singulier, à la suite de Michael Hardt et Antonio Negri, plutôt que de "biens communs" pour désigner un concept social, ouvrant une "une nouvelle raison politique qu'il faut substituer à la raison néolibérale"..

dimanche 24 août 2014

Le panentheisme est-il la religion de demain? / Is panenthism the religion of the future?

Panentheism is a doctrine which aims to reconcile  scientific naturalism with a religious vision. through an alternative to both traditionnal theism and pantheism. Whereas for pantheism, the words God and Nature have similar meanings, for panentheism Nature is in God, but differs from God. Such an idea is quite old and can be found already in the philosophy of Plotinus, but the word of panentheism was coined during the XIXth century by the German philosopher Karl Friedrich Krause. During the XXth century this idea was further developed by the mathematician and philosopher Alfred North Whitehead, who had cowritten Principia Mathematica together with Bertrand Russel, as a part of the process philosophy that he introduced during his stay at Harvard University. The recent book written by David Ray Griffin, Professor of Philosophy of Religion and Theology at Claremont University présents a global view of panentheism in light of the ideas brought mainly by Whitehead. He shows that panentheism makes possible to avoid a contradiction between scientific naturalism and theism.  Furthermore panentheism seems compatible with most religious beliefs, as long as they do not imply a strictly dogmatic attitude. Therefore, such an approach might help building a much needed synthesis between science, philosophy and religion, providing a new worldview for the fuure.


La panenthéisme est une doctrine qui vise à réconcilier le naturalisme scientifique avec la vision religieuse, en proposant une alternative à la fois au théisme traditionnel et au panthéisme. Alors que pour le panthéisme, Dieu se confond avec  la Nature, position proche de de celle de Spinoza (Deus sive natura), selon le panenthéisme la Nature, est en Dieu, mais ne se confond pas avec Dieu. Cette conception n'est pas nouvelle. On la trouve déjà chez Plotin, mais c'est au XIXe siècle que le terme de panenthéisme a été proposé par le philosophe allemand Karl Friedrich Krause . 

mercredi 13 août 2014

Les nouveaux maîtres du monde / The New World Masters

 
To become a World master has been the old dream of conquerors, emperors, kings and monarchs. The spreading of democracy seemed to have put an end to this dream, but the power derived from technology and finance, is such, presently, that it seems feasible once again. Jules verne was considering such a risk in 1904, when he wrote his book "The World Master", in which Robur the Conquerors plans to control the whole world with a technology he is the only one to detain. Presently, technology is less important than finance ,which makes possible to gather a huge fortune at a world wide scale and to hide it in the multiple tax havens spread around the World. The swiss sociologist Jean Ziegler has written a book about the new world masters, who detain this power and form a small minority, which tends to become richer and richer. He shows that those who detain this power can behave as cultured and pleasant people. The problems which raise from this situation are therefore to be attributed to a system, rather than to specific people. Although the analysis of Jean Ziegler seems relevant, the solutions he suggests look much weaker, which is probably an indication about the difficulty to change the situation. 

Devenir Maître du monde est un fantasme déjà ancien. Il a animé les conquérants et les  monarques absolus. La démocratie semblait avoir mis une fin à ce rêve, mais, à l'heure actuelle, la technologie et la finance, qui démultiplient les pouvoirs que peut détenir un individu, à une échelle encore inconnue jusqu’à présent, donnent une nouvelle réalité à ce fantasme. Les inégalités augmentent et la question se pose de savoir où cette tendance peut conduire.
   Jules Verne avait déjà perçu ce risque, lorsqu’il a publié en 1904 un ouvrage intitulé « Le Maître du Monde ». Dans ce récit, il met en scène Robur le Conquérant, qui veut devenir le maître du monde en utilisant des technologies dont il est le seul à disposer et en particulier un véhicule amphibie extrêmement performant. Alors que Jules Verne est souvent perçu comme le prophète d’un développement scientifique et technique sans bornes, ce récit fait preuve d’un profond pessimisme en ce qui concerne les conséquences du progrès technologique.
   L’association de la technologie et de la finance rend un tel projet à nouveau possible . La finance, qui permet de réaliser des gains fabuleux en quelques clics d’ordinateur, est l’outil le plus approprié pour y parvenir. Le trading ouvre la possibilité de gagner tous les jours un gros lot au Casino, à condition d’être bien informé et de disposer d'un pouvoir d'influence suffisant. Les revenus, aussi élevés soient-ils, peuvent être alors dissimulés en grande partie dans des paradis fiscaux qui abondent sur la planète 

mercredi 6 août 2014

Superintelligence

Artificial Intelligence  is already able to surpass human intelligence in specific areas such as for instance playing at chess games. The philosopher and futurist Nick Bostrom calls superintelligence an Artificial intelligence which would superpass human intelligence in a much more general way. Once this level is reached, a Machine able to display such a superintelligence might become able to conceive another even more inelligent Machine. Within a few générations of such Machines, an "explosion" of intelligence would occur. This way of reasoning is perhaps too simple as it does not adress the difficult question concerning the nature of intelligence and how a Machine might imagine and create quite a new type of Machine. The consequences, anyway, might be disturbing and Nick Bostrom favours contrasted scenarios, either very positive or very negative.
What might happen if such a superintelligent machine becomes autonomous?  Several renowned scientists, including Stephen Hawking, have expressed recently their fears concerning the dangers of Artificial Intelligence, if it is not properly controlled and mastered. 

L’Intelligence Artificielle est déjà capable de dépasser les capacités humaines dans certaines activités spécifiques, comme par exemple le jeu des échecs. Le philosophe et prospectiviste Nick Bostrom a qualifié de super-intelligence une Intelligence Artificielle surpassant sensiblement l'intelligence humaine sur un plan beaucoup plus général. 
A partir du moment où ce niveau sera atteint, une telle machine serait alors capable de concevoir une machine encore plus intelligente. On devrait alors assister rapidement à un développement très rapide de l’intelligence disponible, conduisant à un phénomène d’explosion de l’intelligence, dont il est difficile d’anticiper toutes les conséquences possibles. Ce raisonnement laisse toutefois de côté la délicate question de savoir dans quelle mesure, il est vraiment possible de comparer une intelligence artificielle avec une intelligence humaine, sachant que leurs modes de fonctionnement sont sensiblement différentes. Il est certes possible de concevoir une machine capable de battre un homme aux échecs. Qu’en est-il toutefois dans d’autres domaines et en particulier celui de la création. Quelles peuvent être les capacités d’une machine à imaginer ?

vendredi 1 août 2014

Le besoin de scénarios d'avenir cohérents / The need for consistent scenarios



The need to keep the consistency of a set of solutions is often overlooked. This lack of consistency is favoured by the fact that most organizations and individuals have become highly specialized and that no global view prevails.Thus, for instance, the concept of sustainable development seems widely accepted, but  is unconsistent with a deregulated global market. For electoral reasons,  political leaders try to comply with contradictory imperatives  and tend to adopt unconsistent policies, thus, for instance, claiming the need to curb GHG emissions while refusing to introduce restrictions concerning cars circulation. Dani Rodrick, economist and Professor of Social Sciences in the Institute for Social Sciences in Princeton, arrives at the conclusion that assuming the coexistence of Global Markets, States and Democracy is  unconsistent and that a consistent scenario requires the removal of at least one of these three options. Thus, accepting Globalization under present terms leads to the disappearance either of the State or of the Democracy (and possibly both).  It means that consistent scenarios are highly needed for the future. Such scenarios require a clear choice of the values and priorities which govern the décisions.

La nécessité de respecter la cohérence des solutions à apporter, notamment en période de crise, est souvent méconnue. Ce manque de cohérence est favorisé par la spécialisation des individus et des organismes concernés ainsi que par le manque de vision d'ensemble qui en découle.C’est ainsi que dans un contexte de mondialisation dérégulée, il devient difficile sinon impossible à une entreprise d’adopter de nouvelles mesures sociales ou environnementales. En effet, elle court alors le risque de ne plus pouvoir demeurer compétitive vis-à-vis d’autres entreprises qui n’auraient pas adopté les mêmes mesures. Pour prendre un autre exemple, dans une agglomération comme Los Angeles où les autoroutes constituent un moyen d’accès quasiment exclusif, il serait vain, au moins dans le contexte technico-économique actuel, de vouloir se passer de pétrole.C’est l’absence de cohérence qui rend impraticable de nombreuses utopie sociales. De même, des considérations électorales et des impératifs contradictoires conduisent fréquemment à rendre incohérentes des décisions politiques. C’est ainsi qu’on ne peut simultanément vouloir réduire les émissions de gaz à effet de serre, en décrétant une taxe carbone et en même refuser de limiter les déplacements en voiture de la majorité de la population. Un autre exemple d’incohérence consiste à mettre en œuvre, comme cela se pratique actuellement pour l’énergie au sein de l’Union européenne, un marché dérégulé et des tarifs de rachat imposés pour les énergies renouvelables. Il en résulte notamment des prix de vente par moment négatifs sur le marché dérégulé pour une électricité qui a du être achetée par l’opérateur au tarif imposé, mais qui ne trouve pas preneur à un moment donnée, du fait qu’elle est produite en heure creuse.

jeudi 31 juillet 2014

L'Empire du gaz / The Gas Empire


Competitive, clean and flexible, natural gas has become very attractive as an energy source during the present energy transition period. Furthermore, natural gas makes possible to reduce significantly the CO2 emissions per unit energy produced (by a factor of about three per kWh for a combined cycle power plant, as compared to a standard coal fired power plant). Thus, with the revolution of shale gas, natural gas has enabled the United States to benefit from a clean and cheap energy source, while reducing its Green House Gases emissions. For the International Energy Agency, the present century might become the "Golden age" of naural gas. But where wil be located the next "Gas Empire"? Until recently, the answer seemed obvious: Russia with its 43 Tm3 of proven reserves (beginning of 2012) and its powerful Gasprom company. But, presently, with the shale gas revolution, the United States have already replaced Russia as the first world Producer of natural gas. They wish now to export LNG (Liquefied Natural Gas), primarly to Europe. Diverting the European Union from buying russian gas becomes a major geopolitical and commercial objective. Recent events in Ukraine and perhaps even in Gaza, where significant offshore gas resources have been identified, might be directly related to this situation.

Au cours de la période de transition énergétique, le gaz naturel s'avère une source d'énergie particulièrement avantageuse. Propre et souple d'emploi, le gaz naturel permet de réduire sensiblement les émissions de CO2 par unité d'énergie produite. Compte-tenu du rendement élevé des centrales à cycle combiné (près de 60%), les émissions de CO2 par kWh produit sont près de trois fois inférieure à celles d'une centrale au charbon standard, ayant un rendement de 40%. Ceci a permis aux Etats-Unis, grâce au gaz de schiste, de relancer leur industrie avec une source d'énergie particulièrement compétitive, tout en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre. Ni les énergies renouvelables ni le nucléaire n'étant pour le moment en mesure de prendre massivement le relais des énergies fossiles, le  gaz naturel devient une source d'énergie particulièrement intéressante. L'AIE considère que le XXIe siècle pourrait devenir l'Age d'or du gaz naturel.  

jeudi 10 juillet 2014

Un avenir violent? / Towards a violent future?

Is the world heading towards violence? The present world situation leaves little ground for optimism. The digital technologies have mainly favoured the development of the financial sector and have been profitable only  for a minority. This financialization of the economy seems impossible to stop. It leads to increased unequalities throughout the world, including developed countries. There seems to be no technical wave of innovation able to change the situation. The environvenmental impact of human activities increases and becomes more and more difficult to cope with. From a geopolitical perspective, the will of hegemony seems stronger yhan the will of cooperation. As a result, it seems inlikely that the issues humanity is facing will be addressed in a proper way. But, if no global solution is brought to the present problems, it becomes likely that more and more extended conflicts will result, which might degenerate into a world war,  under a shape still impossible to predict but becoming less unlikely than before.

Le dernier ouvrage de Jean-Hervé Lorenzi est intitulé "Un monde de violences", pour évoquer la situation de l'économie mondiale à l'horizon 2030. Un bref bilan de la situation mondiale rend en effet assez peu optimiste pour l'avenir:
- Les nouvelles technologies numériques ont surtout favorisé la financiarisation de l'économie et n'ont profité qu'à une minorité. La financiarisation de l'économie semble impossible à endiguer.
- De ce fait, on observe une montée des inégalités, notamment dans les pays développés..
- En dehors du numérique, aucune nouvelle vague technologique ne semble susceptible de relancer l'économie
- L'impact environnemental des activités humaines s'accroit et devient de plus en plus difficile à gérer, entraînant des coûts supplémentaires qui ralentissent l'économie.
- Sur le plan géopolitique, la volonté d'hégémonie tend à l'emporter sur la volonté de coopération.
Dans ces conditions, on voit mal comment pouvoir résoudre les nombreux  problèmes auxquels est confrontée l'humanité. Si aucune solution n'est apportée et que les problèmes s'aggravent, les problèmes non réglés risquent de conduire à des conflits de plus en plus étendus, qui nous rapprocheraient d'une guerre mondiale, dont les contours restent inconnus, mais qui devient moins improbable.

mercredi 9 juillet 2014

Le progrès technique est-il en train de ralentir? / Is technical progress getting slower?


  The rapid progress which is observed in the area of digital technologies, might suggest that technological progress is accelerating beyond any limit and might reach a kind of Singularity within the next coming years. Still, as it is noticed in a recent book by one of the leading French economists, the economic growth linked to technical innovation is getting slower. Digital technologies have not had the positive impact expected. They have lead to jobs destruction and have also contributed to the financialization of the economy with globally negative consequences. In other areas, the technical progress has remained rather slow, with few innovative disruptions. It is especially true in the areas of energy and resources (water, food, raw materials). In these areas, environmental constraints are getting much stronger, with a high impact upon the costs, while the technical progress remains slow. Thus, in the area of energy, potential disruptions are continuously postponed. Technical progress will be still observed, but it might be a dangerous illusion to expect that technology will solve all the problems.

La rapidité avec laquelle évoluent les technologies numériques peut donner l'impression que le progrès technologique est en train de s'accélérer au delà de toutes limites. Nous nous sommes habitués à la loi de Moore, qui peut être perçue comme nous conduisant à une Singularité, c'est à dire à une progression au delà de toute limite actuellement concevable. Pourtant, comme le souligne Jean-Hervé Lorenzi dans un ouvrage récent, la croissance économique, liée à l'innovation technique, est en train de ralentir. Cette situation tient à plusieurs éléments.
Tout d'abord, les avancées dans le domaine des technologies numériques, n'ont pas eu les effets escomptés. Les destructions d'emploi résultant de l'automatisation des tâches, n'ont pas été compensées par la création de nouvelles activités. Les technologies numériques ont eu surtout comme conséquence un développement excessif de la financiarisation, avec des conséquences globalement négatives.
En outre, les autres domaines n'ont progressé qu'assez lentement. et en particulier ceux dont dépendent des besoins vitaux: énergie, ressources, eau, alimentation. Dans tous ces secteurs les contraintes environnementales pèsent lourdement, avec des conséquences potentiellement de plus en plus graves, notamment en termes de réchauffement climatique. Les ruptures technologiques sont constamment reportées à plus tard, notamment dans le secteur énergétique. Le progrès technique va se poursuivre, mais, dans ce contexte, il serait illusoire de croire qu'il va permettre de régler tous les problèmes.

samedi 5 juillet 2014

Les énergies renouvelables et l'énergie nucléaire sont-elles complémentaires? / Teaming renewable and nuclear energy sources?



Teaming nuclear and renewable energy sources as a way to adress energy challenges? The idea is pushed forward with the hope to get a support from both sides, but it is far from obvious. First of course, those who advocate for one of these energy sources, are not very likely to support the other.  But, what about the economics? If we consider a mix of nuclear, solar and wind energy sources, in order to meet a given demand, it appears that without large energy storage means, as solar and wind energy are intermittent, it does not help to reduce the required installed nuclear capacity and the impact upon the total annual cost is very low, as this cost results mainly from the fixed investment cost. Therefore the solar and wind investments are to a large extent wasted. Now, with a large energy storage capacity, the situation may become different. Electricity produced during night by the nuclear power plants may be stored and used as a back-up for solar and wind electricity power. 

Energies renouvelables et énergie nucléaire sont-elles complémentaires? L'idée de complémentarité de ces sources d'énergie est de plus en plus souvent mise en avant, le plus souvent sans doute pour des raisons plus politiques que techniques. Pourtant, à première vue, ces deux types d'énergie sont loin d'être complémentaires. Une première raison , bien sûr, tient au fait que les partisan de l'une de ces options soutiennent rarement l'autre. Qu'en est-il au plan économique? La question de savoir comment répondre au mieux à une certaine demande par un mix énergétique est toujours complexe et ne peut être traitée de façon simple. Il faut donc, au moins dans un premier temps,  se contenter de raisonner sur un cas simplifié. Supposons pour cela que le problème se pose de répondre à une certaine demande uniquement par un mix de nucléaire d'une part, de solaire et d'éolien d'autre part. Dans un premier temps, si l'on raisonne en l'absence de stockage, en raison de l'intermittence du solaire et de l'éolien, l'installation d'une puissance importante de ces deux sources d'énergie ne diminue en rien le niveau de puissance nucléaire installée nécessaire. On pourrait même considérer que l'investissement effectué en capacité solaire et éolienne est engagé quasiment en pure perte. Il réduit le nombre d'heures de fonctionnement des centrales nucléaires, ce qui conduit à une augmentation sensible du coût unitaire du MWh, avec une faible incidence sur le coût annuel de production nucléaire, auquel il faut ajouter intégralement les coûts de production associés au solaire et à l'éolien. Par contre, la situation pourrait devenir différente à condition d'envisager des capacités de stockage importantes. Plutôt que d'affecter ces capacités de stockage aux énergies renouvelables, on pourrait les associer à la production nucléaire, notamment en stockant de l'électricité à partir du courant de nuit produit par les centrales nucléaires. L'électricité ainsi stockée, par exemple de façon gravitaire, pourrait servir à compenser le manque de production de l'éolien ou du solaire, en cas de manque de vent ou de soleil.

samedi 21 juin 2014

Biomimétisme et innovation / Biomimetics and innovation


Living systems represent a source of inspiration for technical innovation. A book just published in French présents the recent advances in the area of biomimetics. More and more applications can be found: new materials, microstructured surface states for improving resistance, adhesion or gliding, robots, prosthesis. Progress in the areas of nano and numerical technologies help to implement more easily options which are used by living systems. Miniaturization of equipments such as drones increases the interest of investigating solutions successfully tested by living organisms(flapping wings or propulsion in water by oscillation for instance). The wide diffusion of robots involves also confurations which are bioinspired.  This growing role of biomimetics comes after a long period during which technology was discarding the shapes of living organisms it was using initially (for instance in the case of planes). Still, the intertwinning of biology and technology présents certain risks which are not mentionned in the referred book. It might lead to the temptation of creating cyborgs with animals or even human beings. 

Le vivant est devenu une source permanente d'inspiration pour l'innovation technique. Un ouvrage récent publié chez Dunod, intitulé "Poulpe fiction" fait le point sur les progrès récents dans le domaine du biomimétisme. Les applications sont de plus en plus nombreuses: nouveaux matériaux, états de surface microstructurés permettant une meilleure résistance, une meilleure adhésion ou un meilleur glissement, nouvelles textures, systèmes de locomotion, robots, prothèses. Les raisons pour cet essor sont multiples. Les progrès des nanotechnologies et des technologies numériques permettent à présent d'adapter plus facilement des solutions issues du vivant. La miniaturisation de certains équipements tels que les drones conduit à examiner des options qui ont été testées avec succès dans le domaine du vivant (ailes battantes ou propulsion par ondulation). L'essor des robots implique également des configurations proches du vivant. La technique opère ainsi un retour en arrière. Pendant une longue période elle s'est écartée des formes du vivant qui l'avaient inspirée dans un premier temps (par exemple dans le domaine de l'aviation),  L'implication du biologique et de la technique n'est d'ailleurs pas sans dangers. Elle pourrait conduire si on n'y pas garde à des expérimentations assez inquiétantes de cyborgs animaux ou même humains.

lundi 16 juin 2014

Consommation d'énergie et type de civilisation / Energy consumption and type of civilization


The energy consumption has been often considered as a criterion for measuring the progress of a civilization. The russian scientist Kardhashev has proposed to use it for the identification of an extraterrestrial civilization. In a publication which goes back to 1964, by extrapolating the energy consumption of humanity, he anticipated that within100 to 200 years it would reach all the power received from the sun (between 1016 and 1017 W),  then, within 3200 years the whole power emitted by the sun (between 1026and1027 W)  and within 5800 years the power emitted by the whole galaxy (around 4.1037 W).  He considers that extraterrestrial civilizations might have alrady reached such levels and considers that the fitst level corresponds to what he calls a type I civilization, the second level a type II civilization and the third level a type III civilization.   Such powers are so high that they might be detected from Earth.  The problem it raises stems from the extrapolatopn operated by Kadhashev, which is most uncertain. It appears clearly that it will be necessary to limit the energy demand growth in order to overcome major environmental challenges. Such powers are much higher than the radiative forcing due to GHG which is around 0,5 . 1015 W. Liberating the huge powers anticipated by Kadhashev would increase the temperature on Earth,  to levels uncompatible with life.Furthermore the manipulation of such amounsts of energy would be extremely dangerous and might rapidly cause a final deflagration, meaning the end of humanity. Advanced extraterrestrial civilizations would certainly be able to realize such problems and be wise enough for keeping their energy consumption at a reasonable level.

La consommation d'énergie a été souvent citée comme une marque d'avancement d'une civilisation. Le scientifique russe Kardhashev a même proposé d'utiliser ce critère pour caractériser d'éventuelles civilisations extra-terrestres. Dans une publication qui remonte à 1964, extrapolant la consommation d'énergie de l'humanité à partir de l'évolution actuelle, il en déduit  qu'elle atteindra d'ici 100 à 200 ans toute la puissance reçue du soleil sur Terre, puis  dans 3200 ans la totalité de la puissance émise par le soleil (entre 1026 et 1027 W), et enfin dans 5800 ans la puissance émise par la galaxie toute entière. Il en déduit qu'une civilisation extra-terrestre plus avancée que la notre pourrait avoir déjà atteint ce niveau, ce qui lui permet de classer les civilisations en trois types: les civilisations de type I  seraient capables de maîtriser la puissance reçue par la Terre du soleil (entre 1016 et 1017 W), les civilisations de type II toute la puissance émise par le soleil (4.1026 W),  les civilisations de type III toute la puissance émise par la galaxie(environ 4.1037 W).

samedi 14 juin 2014

La technologie du futur / Technology of the Future

The book written by the physicist Michio Kake, entitled "Physics of the Future: How Science Will Shape Human Destiny and our Daily Lives by 2100" has just been published in French, with a different title (A Brief History of the Future), which is rather more appropriate, as the book is not about Physics, but only about Technology. The book is a good summary of what can be presently anticipated about the technology of the future. The distinction made between the short (until 2030), the mid (2030-2070) and the long term (beyond 2070) is quite relevant. Looking to the future only from a technological perspective represents the main limitation of the book. Economics are discussed, but still only from this point of view, ignoring all the human factors  such as the greed for money and power. A short paragraph is devoted to the need of using science with wisdom, but the requirements for achieving such a goal are not discussed. Finally, the book never mentions all the uncertainties of the future. Technology is presented as a huge store of sweets, a kind of Ali Baba cave, and the hypothesis of an Apocalypse which might result from an excess of such "sweets" is never mentioned.

L'ouvrage du physicien  Michio Kaku qui vient d'être publié en français sous le titre "Une brève histoire du futur" constitue un bon résumé de ce que l'on peut imaginer actuellement concernant l'avenir des technologies jusqu'à la fin du siècle. De façon judicieuse, l'auteur distingue le court terme  (jusqu'en 2030), du moyen terme (de 2030 à 2070) et du long terme (au delà de 2070). Cela lui permet de faire la différence entre les extrapolations les plus raisonnables qui concernent le court terme et les spéculations beaucoup plus hasardeuses qui concernent le moyen terme et le long terme.
   Ce que dit l'auteur est en phase avec la plupart des projections antérieures et ne suscite donc pas de critiques particulières en ce qui concerne le caractère plausible des hypothèses formulées. Les manquements de l'ouvrage tiennent plutôt au choix initial de se placer uniquement sous l'angle de la technologie. Certes, les aspects économiques sont abordées, mais toujours sous le même angle. Ainsi la volonté de pouvoir et d'enrichissement comme moteur de décisions n'est pas prise en compte. 
   Un court paragraphe est consacré à la nécessité de "manier l'épée de la science avec sagesse", mais les conditions à réunir pour y parvenir ne sont pas discutées. Enfin les incertitudes concernant l'avenir de toutes les technologies présentées ne sont pas évoquées. On a souvent l'impression, en lisant l'ouvrage, que la technologie ouvre les voies d'un vaste magasin de gâteries, une sorte de caverne d'Ali Baba, en omettant totalement d'évoquer l'hypothèse d'une apocalypse qui serait déclenchée par un abus de telles "gâteries".

mercredi 21 mai 2014

Le trading à haute fréquence / High Frequency Trading



High Frequency Trading (HFT) started, about twenty years ago. It appeared as a result from the deregulation of financial markets and the development of advanced numerical technologies. Computers make possible to operate financial orders within a microsecond, at a rate quite impossible to mach by a human operator. With HFT, it is possible to launch thousands of buying and selling orders, within a fraction of a second, making profit out of such fictive operations.  HFT uses techniques which are often borderline, close to what can be considered a a fraud, manipulating markets, through spoofing, layering or quote stuffing, using sensitive information a fraction of a second before competitors.  HFT has grown rapidly. It represents in the US more than 50% for equities and global futures, 75% for foreign exchange. It represents a real risk for the economy as shown by the flash crash of May 6, 2010. More fundamentally, it diverts unjustified profits from the real economy. How to justify the punction of a profit for a virtual operating lasting less than a second? HFT is an interesting demonstration of the perversity of speculation using advanced numerical tools within a deregulated system.  It is also an example of the negative impact of numerical technologies within an unregulated environment. More regulation seems absolutely necessary, but, due to the power of financial lobbies, it seems doubtful that the required steps will be put in place in the near future.

Le trading à haute fréquence est né de la dérégulation des marchés financiers et du développement des technologies numériques. Il a été rendu possible par la décimalisation des ordres, qui permet de fractionner la valeur des ordres passés. Seuls les ordinateurs deviennent capables de traiter des opérations aussi complexes. La gestion des ordres passés étant confiée à des machines, les opérations financières peuvent être réalisées en une microseconde, échelle de temps de toutes façons inaccessible à un opérateur humain. Le trading à haute fréquence permet de passer des milliers d'opérations furtives, qui sont annulées aussitôt, mais qui permettent au passage d'empocher un profit spéculatif. Il utilise pour réaliser ses profits de différentes techniques, qui n'ont rien à avoir avec l'économie réelle: saturer le marché pour bloquer les concurrents, déstabiliser les marchés (spoofing), utiliser une information sensible une fraction de seconde avant les autres. Ces pratiques s'apparentent souvent à la fraude (délit d'initié, manipulation des marchés), comme le montre Jean-François Gayraud dans son ouvrage "Le nouveau capitalisme criminel", mais sont difficiles à contrôler.

vendredi 16 mai 2014

L'intelligence artificielle est-elle une menace? / Is Artificial Intelligence a threat for humanity?


The astrophysicist Stephen Hawking and some other  renowned scientists have written to the The Independent, mentioning the need to carefully assess the threats which might result from the massive use of Artificial Intelligence (A.I.) in the near future. A.I. is progressing at a very fast rate and is replacing human beings in a fast growing number of applications. Finance is one of these application areas. As A.I. will be used for improving intelligent machines, an accelerating progress might result, leading to some kind of singularity. The actions lead by such machines have no reason to stay beneficial for humanity. Military deadly applications are certainly one of the areas which will involve a major use of A.I. By becoming autonomous, a machine equipped with a high level A.I. might lead humanity along a very dangerous path. During the biological evolution of humanity the development of intelligent has been accompanied by a rise of consciousness. It will not be the case with A.I., despite dubious assertions from science-fiction writers. The humanity is not prepared in handling a very amount of supplementary A.I., which might lead humanity to catastrophy through a path too complex for anticipating the dangers it involves, before it is too late.

Plusieurs scientifiques de renom, dont l’astrophysicien Stephen Hawking, ont voulu alerter l’opinion sur les dangers de l’intelligence artificielle (I.A.) et la nécessité de prendre des mesures, en vue d’éviter des dérives, dans un texte publié en mai 2014, par le journal  The Independent. Le philosophe et prospectiviste suédois Nick Bostrom souligne également le défi que représente pour l’évolution de l’humanité l’apparition d’une nouvelle forme de super-intelligence. L'I.A., dont la simple possibilité pouvait être mise en doute il y a encore peu d’années, devient une réalité qui s’impose dans un nombre croissant de domaines, en remplaçant les opérateurs humains pour opérer des tâches complexes, notamment dans le secteur financier. Ainsi, tout en conférant de nouvelles capacités à l’espèce humaine, l'I.A. pose également de nombreux problèmes. Alors que le travail intellectuel s’était développé aux dépens du travail physique au moment de la révolution industrielle, c’est à présent également le travail intellectuel qui est menacé. Pour le moment seules échappent à l’emprise de l'I.A. quelques activités créatives, mais dans l’avenir l'I.A.sera de plus en plus « créative » et même ces tâches pourront être confiées, au moins en large partie, à des machines.

vendredi 25 avril 2014

L'univers est-il mathématique? / Is the universe mathematical ?


In a recent book, the physicist Max Tegmark présents a radical point de view, stating that our universe is purely mathematical. Max Tegmark teaches physics at MIT and he is also a renowned cosmologist. The applicability of mathematics to physics is striking. Physics describes values and relations between thses values. Thus, it is perhaps not so surprising that mathematics are most appropriate for describing such relations. There are probably deep aspects of nature that physics is not able to describe. Temark's ideas find their main application in the area of multiverse theory. Considering that all solutions of a cosmological model have a physical reality, he derives four levels of multiverse. Levels I and II are linked to inflation, whereas level III corresponds to a multiverse according to the interpretation of quantum theory by Everett. Tegmark is not the first to present these different models and the idea of a multiverse encounters a growing success among physicists. To imagine that our universe is one among different universes to which we cannot get access seems appealing. Tegmark innovates by defining a level IV multiverse. This level corresponds to different universe mathematical  models. Tegmark assumes that if such a different mathematical model exists, different from ours, the multiverse it describes exists really This radical assumption is probably the most disputable of the book. Still the book remains very lively and most stimulating.

Dans un ouvrage récent, le physicien Max Tegmark défend un point de vue radical, selon lequel l'existence de l'univers est purement mathématique. Max Tegmark est professeur de physique au MIT. C'est aussi un cosmologiste réputé. Il est effectivement étonnant de constater que les structures de l'univers peuvent être décrites  en langage mathématique.  Une des raisons que l'on peut avancer est que la physique s'intéresse à des grandeurs et à des relations et il est n'est pas vraiment surprenant que le langage mathématique soit le plus approprié pour décrire des relations entre grandeurs. Par contre, il est probable que des aspects profonds de la réalité échappent à un tel formalisme. Les idées de Tegmark trouvent leur principale application dans la théorie des multivers. Considérant que toutes les solutions d'un modèle mathématique de représentation de l'univers ont une réalité, Tegmark aboutit à quatre niveaux de multivers. Ces multivers sont hors de notre portée et ne peuvent être supputés qu'en raison de la structure mathématique des équations. Les niveaux I et II sont liés aux modèles d'inflation, le niveau III correspond aux mondes multiples d'Everett, en théorie quantique. Tegmark n'est pas le premier à en parler et l'idée de multivers rencontre un succès croissant auprès des physiciens. Il ne paraît d'ailleurs pas tellement surprenant que notre univers ne soit qu'un des univers possibles et que nous ne puissions pas accéder à tous les mondes qui existent hors de notre portée. Tegmark innove en supposant un quatrième niveau d'univers, qui correspondrait à des modèles mathématiques d'univers différents du notre. Il suppose que chaque fois qu'il est possible de décrire un univers par un modèle mathématique, celui-ci existe effectivement. Cette hypothèse radicale est sans doute la plus discutable de l'ouvrage, mais celui-ci reste constamment captivant et stimulant. 

lundi 14 avril 2014

L'évolution a-t-elle un sens? / Is evolution meaningful?


The Darwinian theory of evolution is most often presented as the result of random transformations selected through an adaptation mechanism. It is considered to follow all directions. The apparition of human beings is one of its outcomes, among many others. This vision is not accepted by the supporters of the "intelligent design" concept. This concept is rejected by most scientists, but it can be presented in different ways. The biochemist Michael Denton claims that,  according to a structuralist view, only some specific shapes or structures are compatible with the laws of nature, leading to the complex structures which can be observed in living species. He relates these shapes to the anthropic principle, which might imply that an intelligent design is present since the Big bang. Still the mere idea that only structures compatible with the laws of physics and chemistry can be easily accepted, and does not seem uncompatible with the Darwinian mechanism of selection. A more radical view can be derived from the vision of Teilhard de Chardin, who considered that evolution is leading life towards ever more consciousness and intelligence until it might reach the "Omega point". This vision is not either in contradiction with the Darwinian mechanism of selection, as reaching a higher level of consciousness and intelligence helps a living being to reach a better adaptation to its surrounding environment. Therefore it is not necessary to imagine any teleological mechanism for driving such an evolution, which can be achieved through self-organization. The rise of consciousness and intelligence during evolution remains a fact and it may be found surprising that the role of consciousness during evolution has been hardly taken into account until now.

La théorie Darwinienne de l'évolution est souvent interprétée comment répondant au "hasard et à la nécessité", le hasard des mutations et la nécessité de la sélection naturelle. Le résultat de cette évolution est perçu comme un buisson foisonnant, dont aucune orientation n'est privilégiée. Cette vision est contestée par les partisans du "dessein intelligent", forme atténuée du "créationnisme", cherchant à faire passer des idées similaires, mais sous un habillage plus compatible avec le langage scientifique. L'idée centrale est qu'il est impossible de bâtir un organe complexe, semblable à une horloge, par des modifications graduelles menées au hasard, même lorsqu'elles font l'objet d'un mécanisme de sélection. Le concept de "dessein intelligent", qui est soutenu par des lobbys conservateurs, notamment aux Etats-Unis est rejeté par la quasi totalité des scientifiques. Il n'a d'ailleurs jamais pu être formulé sous forme d'une explication concrète des phénomènes observés. 
Il existe une forme encore plus atténuée du même principe, formulée par le biochimiste britannique

dimanche 13 avril 2014

Pour ou contre les OGM? / For or against MGO's?


 
During a Seminar organised in Paris on April 12 th, a debate was held between Gilles Eric Séralini, well known for his highly publicized study concerning the Monsanto NK 603 transgenic corn and Jacques Neirynck, Deputy at the Swiss Parliament, who has been involved in the assessment of MGO's.  Only crops produced in an open field were debated, as the use of GMO's for pharmaceutical purposes did not seem to raise objections. The subject is complex and would require a moderate position. Still,  the two dominant positions are one-sided. In USA, MGO's encounter very few obstacles, while in Europe they remain forbidden. This situation reflects the battle between lobbies,  driven either by commercial firms like Monsanto or by environmental activists. Gilles-Eric Seralini based his arguments mainly upon the toxicity of most pesticides or herbicides. Producing a transgenic corn resistant to an herbicide like the Monsanto Roundup can lead to an overuse of the herbicide, which is a good result for Monsanto, but perhaps not so good for the final user. Still, this argument does not seem to justify forbidding MGO's in general. Jacques Neyrinck mentioned the other applications which include a better resistance of the crops towards illness and drought or a better nutritive or gustative quality. It would be most useful in the future to get a stronger implication from public bodies and independant scientists, able to bring an objective evaluation of different MGO's and to lead research in accordance with public general interest. The fact that it appears difficult to reach such a goal shows that the democratic debate remains too weak. Opening a constructive dialogue seems a major need.


Au cours d'un colloque organisé à Paris le 12 avril 2014, sur le thème des "Nouvelles logiques du vivant", un débat a eu lieu entre Gilles-Eric Seralini et Jacques Neirynck. Gilles-Eric Seralini est bien connu du grand public pour ses études qui ont défrayé la chronique concernant la toxicité du maïs OGM Monsanto MON 863 et surtout celle qui a été publiée en 2012 puis retirée par l'éditeur concernant le maïs NK 603, résistant à l'herbicide Round up de Monsanto. Jacques Neirynck, Député (Conseiller National) au Parlement est, lui, plutôt un défenseur des OGM. Le débat n'a porté que sur les plantes OGM cultivées en plein champ, l'utilisation d'OGM pour des applications pharmaceutiques, en milieu confiné, étant acceptée de part et d'autre. Le sujet est complexe et à l'issue de ce débat, il paraît souhaitable d'adopter des positions nuancées. Or, il est frappant de constater l'opposition complète entre la situation aux Etats-Unis, où les OGM ne rencontrent que très peu d'obstacles et la situation en Europe où ils restent interdits.

vendredi 11 avril 2014

Empathie et recherche de sens / Empathy and life meaning

The present crisis is not only economic and financial. It is also a crisis of meaning. Without a meaning, it becomes impossible to build a positive vision of the future. A search for meaning can be encountered presently in many areas, in the will to achieve a better connection with nature, to develop human solidarity and also to reach a better personal fulfillment. Empathy opens a path in the search for meaning. It helps to become more open with human and all other living beings. Empathy has been described by Frans de Wall as a kind of resonance mechanism between neuronal circuits, which can be established at different levels of complexity and présents similarity with mimetic behaviour. This correspondance shows that such a "neuronal empathy" presents clear limitations and can lead also to a violent behaviour. In order to find a real meaning, it seems necessary to go beyond such a neuronal empathy and to share the same nature, the same consciousness, as shown in the Calameo presentation. It becomes then possible to develop compassion, altruism and love. There is no easy way for achieving such a transformation in our own attitude. Empathy has to become a part of education. Dialog and open-mindedness are required


La crise actuelle n'est pas seulement économique et financière. Il s'agit d'abord d'une crise du sens. Nous avons besoin de sens pour bâtir une vision d’avenir et ce sens fait défaut dans la vision du monde actuelle. La mondialisation opérée sur des bases purement mercantiles conduit à un monde plat, dépourvu de perspectives et de vision d’avenir. Thomas Friedman évoque avec enthousiasme ce monde plat dominé par le commerce et la finance, mais ce monde de la consommation, dans lequel le profit devient le seul critère de décision, ressemble plutôt au monde du dernier homme annoncé par Nietzche ou à celui des particules élémentaires de Michel Houellebecq, un monde désenchanté et privé d’espérance.
La volonté de retrouver un sens se manifeste dans différents domaines: dans le souhait d’une plus grande communion avec la nature et les autres êtres vivants, dans la recherche d’un meilleur lien social, comme en témoignent le développement des groupes sociaux, les nombreuses ONG qui se créent, la progression de l’économie sociale et solidaire, dans la volonté d’un épanouissement personnel à travers des actions de bénévolat et la recherche de pratiques spirituelles telles que la méditation.
L’empathie ouvre une voie intéressante dans cette recherche de sens. Elle amène à sortir du champ purement intellectuel pour aller vers les émotions et le partage. On a pu constater et de nombreux travaux en témoignent que l’empathie est spontanée, comme on l’observe chez les enfants et chez les animaux. L'empathie permet ainsi  de dépasser l’intérêt personnel pour s’ouvrir à l’ensemble des êtres vivants.

mercredi 19 mars 2014

La Prospective créative / Creative Futuring

Futures studies help to anticipate what might happen to morrow. Thus they guide the orientations which are most relevant regarding the mutations under way. A renewal of futures studies is required in the new world which is emerging. Future is more uncertain than ever and it is no more possible to identify all the possible options for the future by using only planning and strategic methods. Beyond such methods and the construction of scenarios for comparing identified potential evolutions, creative futuring aims at building a future which does not exist yet. It can be used for anticipating innovative options by investigating major trends, weak signals and potential disruptions, within the framework of a systemic approach. It helps also to build a vision and an action plan  for the future. A new book presenting such "Creative futuring" methods has just been published (in French) in a new collection (V&SP- Vitrac Editeur). It is aimed at a large audience, including all those wo want to build innovative projects, thus becoming co-creators of the world of to-morrow and also all those who are interested by what might be expected to happen next. .

La réflexion prospective aide à préparer l’avenir en comprenant la façon dont il est en germe dans les événements présents. Elle guide ainsi les orientations à prendre pour s’adapter aux mutations en cours. Un renouvellement de la démarche prospective s’impose pour agir avec succès dans le monde nouveau qui est en train de naître. L'avenir est plus que jamais incertain, et il n'est plus possible d'identifier l'ensemble des options possibles par une démarche purement stratégique.
   Au-delà des méthodes de la prospective stratégique et des scénarios élaborés à partir des facteurs clefs du moment, la prospective créative vise à construire un futur qui n’existe pas encore. Elle prépare les innovations de demain, en faisant appel à une analyse des tendances lourdes, des signaux faibles et des ruptures possibles, dans le cadre d’une démarche systémique. La prospective trouve ainsi une vocation nouvelle, au service de l’innovation et de la construction d’une « vision d’avenir ».
   Un nouvel ouvrage intitule "La prospective créative" vient d'être publié dans la nouvelle collection V&SP (Vitrac Editeur) pour présenter cette nouvelle démarche, visant à anticiper les ruptures et à innover avec succès. L’ouvrage est destiné à tous ceux qui, au sein des entreprises ou des territoires, veulent construire des projets innovants, en devenant ainsi des co-créateurs du monde de demain et aussi, plus généralement, à tous ceux qui se posent des questions sur l’avenir.

vendredi 14 mars 2014

Comment devenir créatif? / How to become creative?


To become creative represents a major need within an innovative society. There is no simple recipe fror becoming creative, but still, there is ample and converging evidence that some simple rules can be used for becoming more creative. The first condition is certainly motivation and a constant will to involve imagination. Curiosity is an essential ingredient and serendipity very helpful. Lateral thinking, as proposed by Edward de Bono is often the best way for finding new ideas.   Determination is most often required as new ideas are generally rejected, before being acclaimed. Openness to other ideas and other people, the ability to benefit from collaborative thinking is a further need. A last important ingredient is the intellectual rigor required for selecting the ideas which will be able to be accepted and become society. All these conditions depend not only from the individual, but also from the collectivity (family, company, nation). The freedom to think, to talk and to implement new ideas is of course a prerequisite of any creative process.

Devenir créatif constitue un impératif dans une société tournée vers l'innovation. Pour y parvenir, il n'existe évidemment pas de recette simple. Pourtant, clairement, il semble possible de définir des conditions qui favorisent la créativité. Celle-ci est liée d'une part à un profil personnel et d'autre part à un environnement, qui peut aider à devenir créatif ou au contraire décourager la créativité. Selon des exemples multiples et des témoignages convergents, quelques règles assez simples peuvent être retenues:
- Tout d'abord, faire preuve de motivation. Pour être créatif, il faut le vouloir et faire travailler constamment son imagination.
- La curiosité est un ingrédient indispensable. Il est nécessaire de s'intéresser à des domaines très divers, souvent éloignés du sujet sur lequel on travaille. Ce principe peut être qualifié de "sérendipité", en adaptant le terme anglais de "serendipity".
- Il est nécessaire d'exploiter la "pensée latérale", selon le terme inventé par Edward de Bono. Les créateurs pensent le plus souvent en dehors du cadre que l'on voudrait leur imposer. Ce sont souvent des individus aux idées "hérétiques".
- Faire preuve de persévérance. Les idées vraiment novatrices sont le plus souvent rejetées, avant d'être acclamées.
- Rester ouvert aux idées des autres et savoir bénéficier d'une réflexion collective.
- Etre capable de rigueur, pour sélectionner à l'issue d'une phase de divergence et de foisonnement des idées, celles qui ont des chances réelles de transformer la société (phase de convergence).

vendredi 7 mars 2014

Le concept Hyperloop est-il l'avenir du train? / Is the Hyperloop system the future of train transportation?


Ellon Musk is often presented as the new Steve Jobs. Therefore, his ideas are generally enthusiastically welcomed. Therefore, his idea of a hyperfast train, transporting passengers from Los Angeles to San Francisco at a speed close to the speed of sound within half an hour, were widely commented. The concepts is based upon a simple idea. At highe speed, air friction and the noise generated become the main limiting factors. Therefore, it seems difficult to achieve a velocity higher than   500 km/h, whatever the sustentation system used (rail or electromagnetic sustentation). Therefore, the only way to overcome this limitation is to circulate in a tunnel under vacuum. The idea is not new and présents no physical impossibility. Only the future will show if it will be effectively implemented. Still, obstacles are numerous. Building a very long completely airtight tunnel is certainling challenging, any deviation from a straight line seems impossible. Entering and leaving a  tunnel under  vacuum is not simple. Air sustentation was already tested without much success and might be incompatible with the need of maintaining a vacuum. Security might be the main obstacle, especially taking into account the risk of some catastrophy, such as an earthquake. The main issue is about the range of potential applications. For a short distance, it seems too expensive and difficult to implement in front of the time saved. For long distances, the plane seems a simpler solution. It does not need to create its vacuum but benefits from the low atmospheric pressure at high altitudes.

Ellon Musk est adulé, surtout aux Etats-Unis, comme le nouveau Steve Jobs. De ce fait toutes ses propositions sont écoutées non seulement avec intérêt, mais souvent avec enthousiasme. Aussi, quand il propose de relier Los Angeles à San Francisco par un train qui pourrait effectuer ce trajet en une demi-heure, à une vitesse proche de la vitesse du son, dans un tunnel sous vide, on s'interroge sur l'avenir du concept. L'idée part d'un constat assez simple. Quand on cherche à augmenter la vitesse d'un train, la résistance de frottement créée par l'air et le bruit généré deviennent des obstacles de plus en plus importants, ce qui fait qu'il parait difficile de dépasser 500 km/h, quel que soit le mode de propulsion ou de sustentation. Cette limitation concerne non seulement les trains qui circulent sur des rails, mais aussi les "Maglev" à sustentation électromagnétique. Dès lors une idée simple, et pas vraiment nouvelle consiste à faire circuler le train dans un tunnel sous vide. C'est ce qui permettrait d'atteindre environ 1000 km/h. Il n'y a rien d'impossible dans cette idée, et seul l'avenir permettra de savoir si elle sera réalisée. Pourtant les obstacles à franchir restent nombreux. La réalisation d'un tunnel parfaitement étanche sur de longues distances est un des problèmes.  Tout changement de  direction pose un problème extrêmement difficile (voire impossible) à régler. La sustentation pneumatique a causé dans le passé déjà bien des déboires (comme cela avait été constaté dans le cas de l'aérotrain de Bertin) et elle est peut-être incompatible avec le maintien du vide dans le tunnel. La sécurité en cas de cataclysme naturel, et notamment de tremblement de terre, est aussi une difficulté majeure à surmonter.

jeudi 6 mars 2014

Comment vivre? / How to live?



"Le vent se lève, il faut tenter de vivre", "The Wind Rises, let us try to live", says Hayao Miyazaki, quoting Paul Valéry. In the face of conflits, illness and death, how to live? Miyazaki brings answers from an other age. Athough his story happens in Japan, it is often inspired by the values of the old Europe, which seem presently to have almost disappeared in Europe itself. Preserving culture and civilization is a first answer to the brutality we have to endure. Despite all their attempts, human beings do not control their fate and, quite often, their good intentions lead to mere disasters. The protections they build are fragile. The necessity dictates its will, to which men and women can only oppose their feelings and their dreams. Miyazaki achieves the miracle of making us feel very close to a character which we might have found hateful, as he has conceived murderous planes. Miyazaki shows that the most authentic dimension of life may be elsewhere. Beauty, poetry and the strength of feelings can bring a meaning to a precarious life and help them to escape from absurdity. His film is a tribute  to visionaries, innovators, all those who want to change life, but often fail.

"Le vent se lève, il faut tenter de vivre", nous dit Hayao Miyazaki, citant Paul Valery. Face aux périls de la vie,  aux menaces de conflits, face à la maladie et à la mort, comment vivre? Miyazaki apporte des réponses d'un autre âge. Bien que le film se passe au Japon, on pense à la vieille Europe, à  une culture et des manières de vivre qui ont quasiment disparu. Miyazaki montre ainsi la diversité, mais en même temps l'unité des cultures, qui tissent des liens entre des hommes de différents pays et de différentes origines. Préserver la culture et la civilisation est ainsi une des toutes premières réponses à la brutalité du monde extérieur. Confronté au caractère tragique de l'existence, l'homme ne maîtrise pas son destin, ses meilleures intentions se retournent contre lui. Face à l'adversité ses défenses sont fragiles. Il ne peut opposer aux contraintes de la réalité que ses sentiments et la puissance de ses rêves. Le miracle du film de Miyazaki est ainsi de nous rendre infiniment proche le destin d'un personnage que nous pourrions vouloir rejeter, car il a conçu des avions meurtriers. Mais Miyazaki montre que la dimension la plus authentique de notre vie est ailleurs. La beauté, la poésie, la force des sentiments animent une existence chétive. Son film est aussi un hommage aux visionnaires, aux innovateurs, à tous ceux qui voudraient pouvoir changer la vie, mais ne réussissent pas toujours.

mardi 4 mars 2014

Innovation ouverte / Open innovation



Creativity is becoming the main asset of any company. Still, new ideas do not need to be generated internally. In general, the best strategy consists in trying to collect a maximum number of new ideas from outside. The main principles of Open Innovation have been defined by Henry Chesbrough, professor at California University. The company which applies those principles tries to maximize its exchanges and the number of links with external partners. It remains open not only to ideas, but also to the creation of spin-offs and to the acquisition of start-ups. It can also make profit from ideas generated internally, by exporting them to other companies. Numerical platforms such as SmartSystem, Spigit or YDEApolis can be used for information sharing and help to implement such a strategy.. Open Innovation relies upon collaborative work methods and collective intelligence. It helps to get a very diversified base of information, much larger than the one which might have been collected internally. Innovation can never be totally open and some balance between exchange and secrecy must be found in ordre to protect the future of the company involved in the innovation process. Nevertheless, increasing the level of openness is generally a most paying strategy. 

Faire preuve de créativité ne signifie pas que toutes les idées doivent être générées en interne. Les idées générées en interne présentent l’inconvénient d’être plus difficiles à apprécier avec objectivité, que celles qui proviennent de l’extérieur. Les principes de l’innovation ouverte (open innovation – OI) ont été formulés par  Henry Chesbrough, professeur à l’université de Californie à Berkeley[1]. L’innovation ouverte consiste à collecter et à suivre à tout moment les idées et initiatives générées à l’extérieur, en relation avec les objectifs poursuivis par l’entreprise. Plus généralement, il s’agit de rendre la frontière de l’entreprise poreuse, afin de faciliter les échanges avec l’extérieur. Ceux-ci peuvent aller jusqu’à la création d’entreprises  (spin-offs) ou l’acquisition de start-ups innovantes avec lesquelles une collaboration fructueuse a pu être établie. En même temps, l'entreprise engagée dans la démarche d'innovation ouverte peut valoriser certaines idées générées en interne, qu'elle n'a pas pu exploiter, en les exportant.

mercredi 26 février 2014

L'avenir de l'altruisme / The future of altruism

Mathieu Ricard, the scientist who became a bouddhist monk and a friend of the Dalaï-lama, has just published a book entitled "A plea for altruism". It represents a very thorough analysis of the role played by altruism in our society. Mathieu Ricard extends his views about altruisme to all living beings and to the future générations. Still, can we state that humanity progresses towards ever more altruism? Mathieu Ricard is certainly right, when he explains that it has become a matter of survival. Still, he seems a bit optimistic, when he considers that violence is declining. Relating the number of victims of the totalitarian regimes during the XXth century to the world population, in order to explain that these events were not worse than previous ones during history does not seem a very convincing demonstration. The present economic system favours egoism and an attitude of irresponsibility, leading to increasing inequalities and a destruction of the biosphere. It seems difficult to imagine how it could spontaneously evolve towards altruism, without major transformations. Still, the book written by Mathieu Ricard can help raising the level of consciousness, for moving in the right direction.

Mathieu Ricard, qui, après avoir débuté une carrière de scientifique,  est devenu moine bouddhiste et ami du Dalaï-lama, vient de publier un ouvrage intitulé "Plaidoyer pour l'altruisme",  qui réunit un ensemble impressionnant d'informations sur la question en près de 900 pages. Le souhait d'aller vers une société plus solidaire et lus fraternelle n'est pas nouveau, mais Mathieu Ricard montre que l'altruisme est devenu une question de survie pour l'ensemble de la société humaine et pour la biosphère tout entière. L'altruisme tel qu'il le définit va très au delà de règles de conduite individuelles. Il s'étend à l'ensemble des activités humaines, englobant le sort des animaux ainsi que celui des générations futures.
L'humanité évolue-t-elle vers plus d'altruisme? Il paraît assez clair que c'est pour elle, à présent, une question de survie. Pourtant, le triomphe de l'altruisme ne paraît pas acquis. Les sociétés occidentales ont connu une longue période de prospérité et de paix, malgré des conflits localisés, qui ont favorisé l'essor de la démocratie et réduit le recours aux comportements violents. Mathieu Ricard semble néanmoins bien optimiste quand il évoque "le déclin de la violence". L'argumentation parait trop partielle quand elle s'appuie sur quelques graphiques relatifs à des pays européens. Elle devient carrément douteuse, quand le nombre de victimes ayant résulté des régimes totalitaires du XXe siècle est rapporté à la population mondiale, pour expliquer que, tous comptes faits, ces événements n'ont pas été plus graves que d'autres, plus anciens.
L'évolution récente a institutionnalisé l'égoïsme comme mécanisme de base de l'économie mondiale, renforçant les inégalités et l'attitude d'irresponsabilité des décideurs. Il semble donc difficile d'aller vers un altruisme généralisé, sans rien changer au système actuel. Un nouveau système de repères est sans doute nécessaire pour y parvenir.
Transformer la vision de chacun reste sans doute le moyen le plus sûr pour atteindre un tel objectif. Le plaidoyer pour l'altruisme de Mathieu Ricard représente, en tout état de cause, une contribution utile pour élever le niveau de conscience afin de progresser dans cette direction.

dimanche 16 février 2014

Big data et prévision / Big data and foresight

Foresight requires large Databases, which help to identify key factors governing the evolution of a system. Such methods have been used for many years by Competitive Intelligence professionals. Big data have introduced a revolution in this area by giving access to extremely wide Databases. Numerical treatment of these data (Data mining) provides corrélations which can be incorporated in a simulation model, used for anticipating the evolution of the system. Big data can be gathered from many sources. The Web and Social networks provide large amounts of information, which can be used for Marketing new products. It is possible also to identify weak signals, analyze risks and foresee future disruptions. As Big data require very powerful computation means, an access to the biggest computers gives the best competitive advantage.

Prévoir l’évolution possible d’une situation nécessite de disposer de données, aussi complètes que possible, concernant l’ensemble des facteurs clefs, internes et externes. Ainsi, une entreprise qui prépare des plans d’avenir, en recherchant des marchés à l’exportation, a besoin de recueillir un maximum d’informations concernant l’état du marché, les barrières réglementaires, les partenaires possibles, l’état de la concurrence.Toutes ces informations font partie de l’intelligence économique. Une activité permanente de veille en continu est nécessaire pour savoir comment évoluent les facteurs jugés pertinents par l’organisation qui souhaite suivre ces données pour mieux s’organiser. Les technologies numériques ont bouleversé l’acquisition de ces informations en permettant l’accès en continu à des flux de données (flux RSS). De plus en plus fréquemment, on ne sait pas à l’avance ce qu’il s’agit de trouver. Détecter une situation inattendue est particulièrement intéressant et nécessite des méthodes élaborées. Une grande expérience du milieu exploré est le plus souvent nécessaire. Une révolution en cours concerne les Big data, c'est-à-dire le traitement de bases de données extrêmement étendues, pour en tirer les informations les plus pertinentes.

samedi 15 février 2014

La primauté du Zéro / The primacy of Zero


The importance that ancient Greeks attributed to numbers is well known. Since Pythagoras, they were considered as able to generate the whole Universe. Still, the Greeks used only the rational numbers and ignored the zero, with strong implications for their World vision. From them, all the numbers and therefore the whole Universe derived from the One, as explained by Plato in the Parmenides dialogue and further developed by Plotinus.  In India, on the contrary, the concepts of vacuity (shunyata) and zero were very early recognized. Arab travellers were able to discover this concept and introduce it as the basis for arithmetics and algebra. In such a vision, the Zero precedes the One and can generate all numbers as pairs of opposites. The concept of voidness, central in Bouddhism, was easily accepted in ancient China, as it seemed close to the views of Taoism and to the concept of yin and yang. The concept  of an active vacuum, distinct from nothingness, is in good accordance with the present scientific views. Still, outside the scientific realm, the concepts of Zero and voidness have not been integrated in the Western World view, which they might transform quite deeply.

On sait l'importance que les anciens Grecs attribuaient aux nombres, qui, depuis Pythagore étaient considérés comme sacrés, car capables de générer l'univers. Cette pensée a profondément influencé la pensée et la philosophie occidentales. Toutefois, les Grecs ne reconnaissaient que les rationnels positifs et, en particulier, ignoraient le zéro. Cette ignorance a eu d'importantes conséquences sur la vision du monde, qui découlait de cette pensée, et en particulier la primauté du Un, à partir duquel découlent tous les nombres et plus largement l'ensemble de l'Univers que nous connaissons. Cette idée, exposée dans le dialogue sur Parménide de Platon, a été développée en un vaste système de pensée par le Néoplatonisme. Elle a conditionné toute la pensée philosophique occidentale, qui n'a pu  concevoir que l'Etre ou son absence, c'est à dire le Néant.

lundi 10 février 2014

La mystique de la croissance / The mystique of growth

Dominique Meda, Professor of Sociology at the University Paris-Dauphine, is a brilliant representative of the french educationnal system. Her last look is about the central position of "growth" in our present economic system, which is so dominant that it appears as a central belief or even a "mystique". In her view, this permanent reference to the economic growth is detrimental to the environment and even to the level of hapiness. The GDP should not used any more for measuring the economic success and the cost of negative externalities generated by the economic activities should be taken into account. All this, altough cleraly presented, is not really new.The most original part of the book refers to the need of founding a new system of ethical values. Still, the reference to Ancient Greece is not completely convincing. Ancient Greeks have left an Advanced civilization. Still, hybris was present at least at the same level as nowadays. The Parthénon was built as a result of a plundering by Athens of other Cities. The liberty of the philosophers was paid by the existence of slavery. The greek myphology, although rich and meaningful, cannot be used presently as a support for a new system of values. This important issue remains therefore open.


Dominique Méda, professeure de sociologie à l'Université Paris-Dauphine, est une surdouée: ancienne élève de l'ENS, de l'ENA et agrégée de philosophie. Aussi, son ouvrage "La mystique de la croissance" ne peut qu'attirer l'attention. Le souhait de développer une économie alternative, plus soucieuse de l'environnement et du bonheur humain est également séduisant. Dominique Meda prend la suite de différents auteurs, dont Tim Jackson et Jean Gadrey qu'elle cite soigneusement. Elle plaide pour une rupture avec nos "sociétés fondées sur la croissance".  Pour rompre avec la "mystique de la croissance", jugée incompatible avec la préservation de l'environnement, elle préconise de changer d'indicateurs et de ne plus mesurer le succès économique à l'aune du PIB. Il faut également attribuer une valeur à la nature et, dès lors, affecter d'un coût les externalités négatives générées par l'économie.
Pour autant, elle se garde de parler de décroissance, préférant évoquer un découplage entre la prospérité économique et la consommation de ressources. Il s'agit d'encadrer l'économie dans des règles, "de manière à ce que la qualité du travail et celle de l'emploi soient toujours prises en compte dans le processus de production".  Pour cela, il faut définir des critères éthiques permettant d'aboutir à une "moralisation" de la production.
Toute cette analyse est bien structurée et mesurée, à l'écart de tout schématisme qui serait inadapté face à des problèmes complexes. Pourtant, dans le contexte difficile que traverse la France, bien des questions demeurent quant à la façon d'adopter un programme alternatif, qui marquerait une véritable rupture. L'ouvrage n'aborde pas la question des contraintes imposées par la mondialisation, ni les conséquences de la financiarisation croissante qui a marqué l'ensemble des économies et tout particulièrement la France. L'Etat, endetté,  est-il vraiment capable d'assurer une "reconversion écologique"? Et quelles en serait le contenu concret?
Un des points intéressants de l'ouvrage consiste à placer au centre de la reconversion écologique. la refondation des valeurs. Pourtant, l'idée proposée en conclusion de vouloir renouer avec les idéaux et les valeurs du monde grec ne paraît guère convaincante. Les anciens Grecs ont connu l'hybris avec la même intensité que nos contemporains, quoiqu'avec des moyens techniques plus réduits. Le Parthénon a été construit par Athènes en pillant les autres Cités grecques. Les philosophes n'ont pu discourir, qu'au prix de l'esclavage. Certes les anciens Grecs nous ont laissé une culture raffinée, mais on ne voit guère comment leur mythologie pourrait donner un sens au Monde actuel. On a ainsi le sentiment que l'auteur cède au plaisir d'une fiction littéraire aux dépens de la réalité historique.