Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

mercredi 21 mai 2014

Le trading à haute fréquence / High Frequency Trading



High Frequency Trading (HFT) started, about twenty years ago. It appeared as a result from the deregulation of financial markets and the development of advanced numerical technologies. Computers make possible to operate financial orders within a microsecond, at a rate quite impossible to mach by a human operator. With HFT, it is possible to launch thousands of buying and selling orders, within a fraction of a second, making profit out of such fictive operations.  HFT uses techniques which are often borderline, close to what can be considered a a fraud, manipulating markets, through spoofing, layering or quote stuffing, using sensitive information a fraction of a second before competitors.  HFT has grown rapidly. It represents in the US more than 50% for equities and global futures, 75% for foreign exchange. It represents a real risk for the economy as shown by the flash crash of May 6, 2010. More fundamentally, it diverts unjustified profits from the real economy. How to justify the punction of a profit for a virtual operating lasting less than a second? HFT is an interesting demonstration of the perversity of speculation using advanced numerical tools within a deregulated system.  It is also an example of the negative impact of numerical technologies within an unregulated environment. More regulation seems absolutely necessary, but, due to the power of financial lobbies, it seems doubtful that the required steps will be put in place in the near future.

Le trading à haute fréquence est né de la dérégulation des marchés financiers et du développement des technologies numériques. Il a été rendu possible par la décimalisation des ordres, qui permet de fractionner la valeur des ordres passés. Seuls les ordinateurs deviennent capables de traiter des opérations aussi complexes. La gestion des ordres passés étant confiée à des machines, les opérations financières peuvent être réalisées en une microseconde, échelle de temps de toutes façons inaccessible à un opérateur humain. Le trading à haute fréquence permet de passer des milliers d'opérations furtives, qui sont annulées aussitôt, mais qui permettent au passage d'empocher un profit spéculatif. Il utilise pour réaliser ses profits de différentes techniques, qui n'ont rien à avoir avec l'économie réelle: saturer le marché pour bloquer les concurrents, déstabiliser les marchés (spoofing), utiliser une information sensible une fraction de seconde avant les autres. Ces pratiques s'apparentent souvent à la fraude (délit d'initié, manipulation des marchés), comme le montre Jean-François Gayraud dans son ouvrage "Le nouveau capitalisme criminel", mais sont difficiles à contrôler.

vendredi 16 mai 2014

L'intelligence artificielle est-elle une menace? / Is Artificial Intelligence a threat for humanity?


The astrophysicist Stephen Hawking and some other  renowned scientists have written to the The Independent, mentioning the need to carefully assess the threats which might result from the massive use of Artificial Intelligence (A.I.) in the near future. A.I. is progressing at a very fast rate and is replacing human beings in a fast growing number of applications. Finance is one of these application areas. As A.I. will be used for improving intelligent machines, an accelerating progress might result, leading to some kind of singularity. The actions lead by such machines have no reason to stay beneficial for humanity. Military deadly applications are certainly one of the areas which will involve a major use of A.I. By becoming autonomous, a machine equipped with a high level A.I. might lead humanity along a very dangerous path. During the biological evolution of humanity the development of intelligent has been accompanied by a rise of consciousness. It will not be the case with A.I., despite dubious assertions from science-fiction writers. The humanity is not prepared in handling a very amount of supplementary A.I., which might lead humanity to catastrophy through a path too complex for anticipating the dangers it involves, before it is too late.

Plusieurs scientifiques de renom, dont l’astrophysicien Stephen Hawking, ont voulu alerter l’opinion sur les dangers de l’intelligence artificielle (I.A.) et la nécessité de prendre des mesures, en vue d’éviter des dérives, dans un texte publié en mai 2014, par le journal  The Independent. Le philosophe et prospectiviste suédois Nick Bostrom souligne également le défi que représente pour l’évolution de l’humanité l’apparition d’une nouvelle forme de super-intelligence. L'I.A., dont la simple possibilité pouvait être mise en doute il y a encore peu d’années, devient une réalité qui s’impose dans un nombre croissant de domaines, en remplaçant les opérateurs humains pour opérer des tâches complexes, notamment dans le secteur financier. Ainsi, tout en conférant de nouvelles capacités à l’espèce humaine, l'I.A. pose également de nombreux problèmes. Alors que le travail intellectuel s’était développé aux dépens du travail physique au moment de la révolution industrielle, c’est à présent également le travail intellectuel qui est menacé. Pour le moment seules échappent à l’emprise de l'I.A. quelques activités créatives, mais dans l’avenir l'I.A.sera de plus en plus « créative » et même ces tâches pourront être confiées, au moins en large partie, à des machines.

vendredi 25 avril 2014

L'univers est-il mathématique? / Is the universe mathematical ?


In a recent book, the physicist Max Tegmark présents a radical point de view, stating that our universe is purely mathematical. Max Tegmark teaches physics at MIT and he is also a renowned cosmologist. The applicability of mathematics to physics is striking. Physics describes values and relations between thses values. Thus, it is perhaps not so surprising that mathematics are most appropriate for describing such relations. There are probably deep aspects of nature that physics is not able to describe. Temark's ideas find their main application in the area of multiverse theory. Considering that all solutions of a cosmological model have a physical reality, he derives four levels of multiverse. Levels I and II are linked to inflation, whereas level III corresponds to a multiverse according to the interpretation of quantum theory by Everett. Tegmark is not the first to present these different models and the idea of a multiverse encounters a growing success among physicists. To imagine that our universe is one among different universes to which we cannot get access seems appealing. Tegmark innovates by defining a level IV multiverse. This level corresponds to different universe mathematical  models. Tegmark assumes that if such a different mathematical model exists, different from ours, the multiverse it describes exists really This radical assumption is probably the most disputable of the book. Still the book remains very lively and most stimulating.

Dans un ouvrage récent, le physicien Max Tegmark défend un point de vue radical, selon lequel l'existence de l'univers est purement mathématique. Max Tegmark est professeur de physique au MIT. C'est aussi un cosmologiste réputé. Il est effectivement étonnant de constater que les structures de l'univers peuvent être décrites  en langage mathématique.  Une des raisons que l'on peut avancer est que la physique s'intéresse à des grandeurs et à des relations et il est n'est pas vraiment surprenant que le langage mathématique soit le plus approprié pour décrire des relations entre grandeurs. Par contre, il est probable que des aspects profonds de la réalité échappent à un tel formalisme. Les idées de Tegmark trouvent leur principale application dans la théorie des multivers. Considérant que toutes les solutions d'un modèle mathématique de représentation de l'univers ont une réalité, Tegmark aboutit à quatre niveaux de multivers. Ces multivers sont hors de notre portée et ne peuvent être supputés qu'en raison de la structure mathématique des équations. Les niveaux I et II sont liés aux modèles d'inflation, le niveau III correspond aux mondes multiples d'Everett, en théorie quantique. Tegmark n'est pas le premier à en parler et l'idée de multivers rencontre un succès croissant auprès des physiciens. Il ne paraît d'ailleurs pas tellement surprenant que notre univers ne soit qu'un des univers possibles et que nous ne puissions pas accéder à tous les mondes qui existent hors de notre portée. Tegmark innove en supposant un quatrième niveau d'univers, qui correspondrait à des modèles mathématiques d'univers différents du notre. Il suppose que chaque fois qu'il est possible de décrire un univers par un modèle mathématique, celui-ci existe effectivement. Cette hypothèse radicale est sans doute la plus discutable de l'ouvrage, mais celui-ci reste constamment captivant et stimulant. 

lundi 14 avril 2014

L'évolution a-t-elle un sens? / Is evolution meaningful?


The Darwinian theory of evolution is most often presented as the result of random transformations selected through an adaptation mechanism. It is considered to follow all directions. The apparition of human beings is one of its outcomes, among many others. This vision is not accepted by the supporters of the "intelligent design" concept. This concept is rejected by most scientists, but it can be presented in different ways. The biochemist Michael Denton claims that,  according to a structuralist view, only some specific shapes or structures are compatible with the laws of nature, leading to the complex structures which can be observed in living species. He relates these shapes to the anthropic principle, which might imply that an intelligent design is present since the Big bang. Still the mere idea that only structures compatible with the laws of physics and chemistry can be easily accepted, and does not seem uncompatible with the Darwinian mechanism of selection. A more radical view can be derived from the vision of Teilhard de Chardin, who considered that evolution is leading life towards ever more consciousness and intelligence until it might reach the "Omega point". This vision is not either in contradiction with the Darwinian mechanism of selection, as reaching a higher level of consciousness and intelligence helps a living being to reach a better adaptation to its surrounding environment. Therefore it is not necessary to imagine any teleological mechanism for driving such an evolution, which can be achieved through self-organization. The rise of consciousness and intelligence during evolution remains a fact and it may be found surprising that the role of consciousness during evolution has been hardly taken into account until now.

La théorie Darwinienne de l'évolution est souvent interprétée comment répondant au "hasard et à la nécessité", le hasard des mutations et la nécessité de la sélection naturelle. Le résultat de cette évolution est perçu comme un buisson foisonnant, dont aucune orientation n'est privilégiée. Cette vision est contestée par les partisans du "dessein intelligent", forme atténuée du "créationnisme", cherchant à faire passer des idées similaires, mais sous un habillage plus compatible avec le langage scientifique. L'idée centrale est qu'il est impossible de bâtir un organe complexe, semblable à une horloge, par des modifications graduelles menées au hasard, même lorsqu'elles font l'objet d'un mécanisme de sélection. Le concept de "dessein intelligent", qui est soutenu par des lobbys conservateurs, notamment aux Etats-Unis est rejeté par la quasi totalité des scientifiques. Il n'a d'ailleurs jamais pu être formulé sous forme d'une explication concrète des phénomènes observés. 
Il existe une forme encore plus atténuée du même principe, formulée par le biochimiste britannique

dimanche 13 avril 2014

Pour ou contre les OGM? / For or against MGO's?


 
During a Seminar organised in Paris on April 12 th, a debate was held between Gilles Eric Séralini, well known for his highly publicized study concerning the Monsanto NK 603 transgenic corn and Jacques Neirynck, Deputy at the Swiss Parliament, who has been involved in the assessment of MGO's.  Only crops produced in an open field were debated, as the use of GMO's for pharmaceutical purposes did not seem to raise objections. The subject is complex and would require a moderate position. Still,  the two dominant positions are one-sided. In USA, MGO's encounter very few obstacles, while in Europe they remain forbidden. This situation reflects the battle between lobbies,  driven either by commercial firms like Monsanto or by environmental activists. Gilles-Eric Seralini based his arguments mainly upon the toxicity of most pesticides or herbicides. Producing a transgenic corn resistant to an herbicide like the Monsanto Roundup can lead to an overuse of the herbicide, which is a good result for Monsanto, but perhaps not so good for the final user. Still, this argument does not seem to justify forbidding MGO's in general. Jacques Neyrinck mentioned the other applications which include a better resistance of the crops towards illness and drought or a better nutritive or gustative quality. It would be most useful in the future to get a stronger implication from public bodies and independant scientists, able to bring an objective evaluation of different MGO's and to lead research in accordance with public general interest. The fact that it appears difficult to reach such a goal shows that the democratic debate remains too weak. Opening a constructive dialogue seems a major need.


Au cours d'un colloque organisé à Paris le 12 avril 2014, sur le thème des "Nouvelles logiques du vivant", un débat a eu lieu entre Gilles-Eric Seralini et Jacques Neirynck. Gilles-Eric Seralini est bien connu du grand public pour ses études qui ont défrayé la chronique concernant la toxicité du maïs OGM Monsanto MON 863 et surtout celle qui a été publiée en 2012 puis retirée par l'éditeur concernant le maïs NK 603, résistant à l'herbicide Round up de Monsanto. Jacques Neirynck, Député (Conseiller National) au Parlement est, lui, plutôt un défenseur des OGM. Le débat n'a porté que sur les plantes OGM cultivées en plein champ, l'utilisation d'OGM pour des applications pharmaceutiques, en milieu confiné, étant acceptée de part et d'autre. Le sujet est complexe et à l'issue de ce débat, il paraît souhaitable d'adopter des positions nuancées. Or, il est frappant de constater l'opposition complète entre la situation aux Etats-Unis, où les OGM ne rencontrent que très peu d'obstacles et la situation en Europe où ils restent interdits.

vendredi 11 avril 2014

Empathie et recherche de sens / Empathy and life meaning

The present crisis is not only economic and financial. It is also a crisis of meaning. Without a meaning, it becomes impossible to build a positive vision of the future. A search for meaning can be encountered presently in many areas, in the will to achieve a better connection with nature, to develop human solidarity and also to reach a better personal fulfillment. Empathy opens a path in the search for meaning. It helps to become more open with human and all other living beings. Empathy has been described by Frans de Wall as a kind of resonance mechanism between neuronal circuits, which can be established at different levels of complexity and présents similarity with mimetic behaviour. This correspondance shows that such a "neuronal empathy" presents clear limitations and can lead also to a violent behaviour. In order to find a real meaning, it seems necessary to go beyond such a neuronal empathy and to share the same nature, the same consciousness, as shown in the Calameo presentation. It becomes then possible to develop compassion, altruism and love. There is no easy way for achieving such a transformation in our own attitude. Empathy has to become a part of education. Dialog and open-mindedness are required


La crise actuelle n'est pas seulement économique et financière. Il s'agit d'abord d'une crise du sens. Nous avons besoin de sens pour bâtir une vision d’avenir et ce sens fait défaut dans la vision du monde actuelle. La mondialisation opérée sur des bases purement mercantiles conduit à un monde plat, dépourvu de perspectives et de vision d’avenir. Thomas Friedman évoque avec enthousiasme ce monde plat dominé par le commerce et la finance, mais ce monde de la consommation, dans lequel le profit devient le seul critère de décision, ressemble plutôt au monde du dernier homme annoncé par Nietzche ou à celui des particules élémentaires de Michel Houellebecq, un monde désenchanté et privé d’espérance.
La volonté de retrouver un sens se manifeste dans différents domaines: dans le souhait d’une plus grande communion avec la nature et les autres êtres vivants, dans la recherche d’un meilleur lien social, comme en témoignent le développement des groupes sociaux, les nombreuses ONG qui se créent, la progression de l’économie sociale et solidaire, dans la volonté d’un épanouissement personnel à travers des actions de bénévolat et la recherche de pratiques spirituelles telles que la méditation.
L’empathie ouvre une voie intéressante dans cette recherche de sens. Elle amène à sortir du champ purement intellectuel pour aller vers les émotions et le partage. On a pu constater et de nombreux travaux en témoignent que l’empathie est spontanée, comme on l’observe chez les enfants et chez les animaux. L'empathie permet ainsi  de dépasser l’intérêt personnel pour s’ouvrir à l’ensemble des êtres vivants.

mercredi 19 mars 2014

La Prospective créative / Creative Futuring

Futures studies help to anticipate what might happen to morrow. Thus they guide the orientations which are most relevant regarding the mutations under way. A renewal of futures studies is required in the new world which is emerging. Future is more uncertain than ever and it is no more possible to identify all the possible options for the future by using only planning and strategic methods. Beyond such methods and the construction of scenarios for comparing identified potential evolutions, creative futuring aims at building a future which does not exist yet. It can be used for anticipating innovative options by investigating major trends, weak signals and potential disruptions, within the framework of a systemic approach. It helps also to build a vision and an action plan  for the future. A new book presenting such "Creative futuring" methods has just been published (in French) in a new collection (V&SP- Vitrac Editeur). It is aimed at a large audience, including all those wo want to build innovative projects, thus becoming co-creators of the world of to-morrow and also all those who are interested by what might be expected to happen next. .

La réflexion prospective aide à préparer l’avenir en comprenant la façon dont il est en germe dans les événements présents. Elle guide ainsi les orientations à prendre pour s’adapter aux mutations en cours. Un renouvellement de la démarche prospective s’impose pour agir avec succès dans le monde nouveau qui est en train de naître. L'avenir est plus que jamais incertain, et il n'est plus possible d'identifier l'ensemble des options possibles par une démarche purement stratégique.
   Au-delà des méthodes de la prospective stratégique et des scénarios élaborés à partir des facteurs clefs du moment, la prospective créative vise à construire un futur qui n’existe pas encore. Elle prépare les innovations de demain, en faisant appel à une analyse des tendances lourdes, des signaux faibles et des ruptures possibles, dans le cadre d’une démarche systémique. La prospective trouve ainsi une vocation nouvelle, au service de l’innovation et de la construction d’une « vision d’avenir ».
   Un nouvel ouvrage intitule "La prospective créative" vient d'être publié dans la nouvelle collection V&SP (Vitrac Editeur) pour présenter cette nouvelle démarche, visant à anticiper les ruptures et à innover avec succès. L’ouvrage est destiné à tous ceux qui, au sein des entreprises ou des territoires, veulent construire des projets innovants, en devenant ainsi des co-créateurs du monde de demain et aussi, plus généralement, à tous ceux qui se posent des questions sur l’avenir.

vendredi 14 mars 2014

Comment devenir créatif? / How to become creative?


To become creative represents a major need within an innovative society. There is no simple recipe fror becoming creative, but still, there is ample and converging evidence that some simple rules can be used for becoming more creative. The first condition is certainly motivation and a constant will to involve imagination. Curiosity is an essential ingredient and serendipity very helpful. Lateral thinking, as proposed by Edward de Bono is often the best way for finding new ideas.   Determination is most often required as new ideas are generally rejected, before being acclaimed. Openness to other ideas and other people, the ability to benefit from collaborative thinking is a further need. A last important ingredient is the intellectual rigor required for selecting the ideas which will be able to be accepted and become society. All these conditions depend not only from the individual, but also from the collectivity (family, company, nation). The freedom to think, to talk and to implement new ideas is of course a prerequisite of any creative process.

Devenir créatif constitue un impératif dans une société tournée vers l'innovation. Pour y parvenir, il n'existe évidemment pas de recette simple. Pourtant, clairement, il semble possible de définir des conditions qui favorisent la créativité. Celle-ci est liée d'une part à un profil personnel et d'autre part à un environnement, qui peut aider à devenir créatif ou au contraire décourager la créativité. Selon des exemples multiples et des témoignages convergents, quelques règles assez simples peuvent être retenues:
- Tout d'abord, faire preuve de motivation. Pour être créatif, il faut le vouloir et faire travailler constamment son imagination.
- La curiosité est un ingrédient indispensable. Il est nécessaire de s'intéresser à des domaines très divers, souvent éloignés du sujet sur lequel on travaille. Ce principe peut être qualifié de "sérendipité", en adaptant le terme anglais de "serendipity".
- Il est nécessaire d'exploiter la "pensée latérale", selon le terme inventé par Edward de Bono. Les créateurs pensent le plus souvent en dehors du cadre que l'on voudrait leur imposer. Ce sont souvent des individus aux idées "hérétiques".
- Faire preuve de persévérance. Les idées vraiment novatrices sont le plus souvent rejetées, avant d'être acclamées.
- Rester ouvert aux idées des autres et savoir bénéficier d'une réflexion collective.
- Etre capable de rigueur, pour sélectionner à l'issue d'une phase de divergence et de foisonnement des idées, celles qui ont des chances réelles de transformer la société (phase de convergence).

vendredi 7 mars 2014

Le concept Hyperloop est-il l'avenir du train? / Is the Hyperloop system the future of train transportation?


Ellon Musk is often presented as the new Steve Jobs. Therefore, his ideas are generally enthusiastically welcomed. Therefore, his idea of a hyperfast train, transporting passengers from Los Angeles to San Francisco at a speed close to the speed of sound within half an hour, were widely commented. The concepts is based upon a simple idea. At highe speed, air friction and the noise generated become the main limiting factors. Therefore, it seems difficult to achieve a velocity higher than   500 km/h, whatever the sustentation system used (rail or electromagnetic sustentation). Therefore, the only way to overcome this limitation is to circulate in a tunnel under vacuum. The idea is not new and présents no physical impossibility. Only the future will show if it will be effectively implemented. Still, obstacles are numerous. Building a very long completely airtight tunnel is certainling challenging, any deviation from a straight line seems impossible. Entering and leaving a  tunnel under  vacuum is not simple. Air sustentation was already tested without much success and might be incompatible with the need of maintaining a vacuum. Security might be the main obstacle, especially taking into account the risk of some catastrophy, such as an earthquake. The main issue is about the range of potential applications. For a short distance, it seems too expensive and difficult to implement in front of the time saved. For long distances, the plane seems a simpler solution. It does not need to create its vacuum but benefits from the low atmospheric pressure at high altitudes.

Ellon Musk est adulé, surtout aux Etats-Unis, comme le nouveau Steve Jobs. De ce fait toutes ses propositions sont écoutées non seulement avec intérêt, mais souvent avec enthousiasme. Aussi, quand il propose de relier Los Angeles à San Francisco par un train qui pourrait effectuer ce trajet en une demi-heure, à une vitesse proche de la vitesse du son, dans un tunnel sous vide, on s'interroge sur l'avenir du concept. L'idée part d'un constat assez simple. Quand on cherche à augmenter la vitesse d'un train, la résistance de frottement créée par l'air et le bruit généré deviennent des obstacles de plus en plus importants, ce qui fait qu'il parait difficile de dépasser 500 km/h, quel que soit le mode de propulsion ou de sustentation. Cette limitation concerne non seulement les trains qui circulent sur des rails, mais aussi les "Maglev" à sustentation électromagnétique. Dès lors une idée simple, et pas vraiment nouvelle consiste à faire circuler le train dans un tunnel sous vide. C'est ce qui permettrait d'atteindre environ 1000 km/h. Il n'y a rien d'impossible dans cette idée, et seul l'avenir permettra de savoir si elle sera réalisée. Pourtant les obstacles à franchir restent nombreux. La réalisation d'un tunnel parfaitement étanche sur de longues distances est un des problèmes.  Tout changement de  direction pose un problème extrêmement difficile (voire impossible) à régler. La sustentation pneumatique a causé dans le passé déjà bien des déboires (comme cela avait été constaté dans le cas de l'aérotrain de Bertin) et elle est peut-être incompatible avec le maintien du vide dans le tunnel. La sécurité en cas de cataclysme naturel, et notamment de tremblement de terre, est aussi une difficulté majeure à surmonter.

jeudi 6 mars 2014

Comment vivre? / How to live?



"Le vent se lève, il faut tenter de vivre", "The Wind Rises, let us try to live", says Hayao Miyazaki, quoting Paul Valéry. In the face of conflits, illness and death, how to live? Miyazaki brings answers from an other age. Athough his story happens in Japan, it is often inspired by the values of the old Europe, which seem presently to have almost disappeared in Europe itself. Preserving culture and civilization is a first answer to the brutality we have to endure. Despite all their attempts, human beings do not control their fate and, quite often, their good intentions lead to mere disasters. The protections they build are fragile. The necessity dictates its will, to which men and women can only oppose their feelings and their dreams. Miyazaki achieves the miracle of making us feel very close to a character which we might have found hateful, as he has conceived murderous planes. Miyazaki shows that the most authentic dimension of life may be elsewhere. Beauty, poetry and the strength of feelings can bring a meaning to a precarious life and help them to escape from absurdity. His film is a tribute  to visionaries, innovators, all those who want to change life, but often fail.

"Le vent se lève, il faut tenter de vivre", nous dit Hayao Miyazaki, citant Paul Valery. Face aux périls de la vie,  aux menaces de conflits, face à la maladie et à la mort, comment vivre? Miyazaki apporte des réponses d'un autre âge. Bien que le film se passe au Japon, on pense à la vieille Europe, à  une culture et des manières de vivre qui ont quasiment disparu. Miyazaki montre ainsi la diversité, mais en même temps l'unité des cultures, qui tissent des liens entre des hommes de différents pays et de différentes origines. Préserver la culture et la civilisation est ainsi une des toutes premières réponses à la brutalité du monde extérieur. Confronté au caractère tragique de l'existence, l'homme ne maîtrise pas son destin, ses meilleures intentions se retournent contre lui. Face à l'adversité ses défenses sont fragiles. Il ne peut opposer aux contraintes de la réalité que ses sentiments et la puissance de ses rêves. Le miracle du film de Miyazaki est ainsi de nous rendre infiniment proche le destin d'un personnage que nous pourrions vouloir rejeter, car il a conçu des avions meurtriers. Mais Miyazaki montre que la dimension la plus authentique de notre vie est ailleurs. La beauté, la poésie, la force des sentiments animent une existence chétive. Son film est aussi un hommage aux visionnaires, aux innovateurs, à tous ceux qui voudraient pouvoir changer la vie, mais ne réussissent pas toujours.

mardi 4 mars 2014

Innovation ouverte / Open innovation



Creativity is becoming the main asset of any company. Still, new ideas do not need to be generated internally. In general, the best strategy consists in trying to collect a maximum number of new ideas from outside. The main principles of Open Innovation have been defined by Henry Chesbrough, professor at California University. The company which applies those principles tries to maximize its exchanges and the number of links with external partners. It remains open not only to ideas, but also to the creation of spin-offs and to the acquisition of start-ups. It can also make profit from ideas generated internally, by exporting them to other companies. Numerical platforms such as SmartSystem, Spigit or YDEApolis can be used for information sharing and help to implement such a strategy.. Open Innovation relies upon collaborative work methods and collective intelligence. It helps to get a very diversified base of information, much larger than the one which might have been collected internally. Innovation can never be totally open and some balance between exchange and secrecy must be found in ordre to protect the future of the company involved in the innovation process. Nevertheless, increasing the level of openness is generally a most paying strategy. 

Faire preuve de créativité ne signifie pas que toutes les idées doivent être générées en interne. Les idées générées en interne présentent l’inconvénient d’être plus difficiles à apprécier avec objectivité, que celles qui proviennent de l’extérieur. Les principes de l’innovation ouverte (open innovation – OI) ont été formulés par  Henry Chesbrough, professeur à l’université de Californie à Berkeley[1]. L’innovation ouverte consiste à collecter et à suivre à tout moment les idées et initiatives générées à l’extérieur, en relation avec les objectifs poursuivis par l’entreprise. Plus généralement, il s’agit de rendre la frontière de l’entreprise poreuse, afin de faciliter les échanges avec l’extérieur. Ceux-ci peuvent aller jusqu’à la création d’entreprises  (spin-offs) ou l’acquisition de start-ups innovantes avec lesquelles une collaboration fructueuse a pu être établie. En même temps, l'entreprise engagée dans la démarche d'innovation ouverte peut valoriser certaines idées générées en interne, qu'elle n'a pas pu exploiter, en les exportant.

mercredi 26 février 2014

L'avenir de l'altruisme / The future of altruism

Mathieu Ricard, the scientist who became a bouddhist monk and a friend of the Dalaï-lama, has just published a book entitled "A plea for altruism". It represents a very thorough analysis of the role played by altruism in our society. Mathieu Ricard extends his views about altruisme to all living beings and to the future générations. Still, can we state that humanity progresses towards ever more altruism? Mathieu Ricard is certainly right, when he explains that it has become a matter of survival. Still, he seems a bit optimistic, when he considers that violence is declining. Relating the number of victims of the totalitarian regimes during the XXth century to the world population, in order to explain that these events were not worse than previous ones during history does not seem a very convincing demonstration. The present economic system favours egoism and an attitude of irresponsibility, leading to increasing inequalities and a destruction of the biosphere. It seems difficult to imagine how it could spontaneously evolve towards altruism, without major transformations. Still, the book written by Mathieu Ricard can help raising the level of consciousness, for moving in the right direction.

Mathieu Ricard, qui, après avoir débuté une carrière de scientifique,  est devenu moine bouddhiste et ami du Dalaï-lama, vient de publier un ouvrage intitulé "Plaidoyer pour l'altruisme",  qui réunit un ensemble impressionnant d'informations sur la question en près de 900 pages. Le souhait d'aller vers une société plus solidaire et lus fraternelle n'est pas nouveau, mais Mathieu Ricard montre que l'altruisme est devenu une question de survie pour l'ensemble de la société humaine et pour la biosphère tout entière. L'altruisme tel qu'il le définit va très au delà de règles de conduite individuelles. Il s'étend à l'ensemble des activités humaines, englobant le sort des animaux ainsi que celui des générations futures.
L'humanité évolue-t-elle vers plus d'altruisme? Il paraît assez clair que c'est pour elle, à présent, une question de survie. Pourtant, le triomphe de l'altruisme ne paraît pas acquis. Les sociétés occidentales ont connu une longue période de prospérité et de paix, malgré des conflits localisés, qui ont favorisé l'essor de la démocratie et réduit le recours aux comportements violents. Mathieu Ricard semble néanmoins bien optimiste quand il évoque "le déclin de la violence". L'argumentation parait trop partielle quand elle s'appuie sur quelques graphiques relatifs à des pays européens. Elle devient carrément douteuse, quand le nombre de victimes ayant résulté des régimes totalitaires du XXe siècle est rapporté à la population mondiale, pour expliquer que, tous comptes faits, ces événements n'ont pas été plus graves que d'autres, plus anciens.
L'évolution récente a institutionnalisé l'égoïsme comme mécanisme de base de l'économie mondiale, renforçant les inégalités et l'attitude d'irresponsabilité des décideurs. Il semble donc difficile d'aller vers un altruisme généralisé, sans rien changer au système actuel. Un nouveau système de repères est sans doute nécessaire pour y parvenir.
Transformer la vision de chacun reste sans doute le moyen le plus sûr pour atteindre un tel objectif. Le plaidoyer pour l'altruisme de Mathieu Ricard représente, en tout état de cause, une contribution utile pour élever le niveau de conscience afin de progresser dans cette direction.

dimanche 16 février 2014

Big data et prévision / Big data and foresight

Foresight requires large Databases, which help to identify key factors governing the evolution of a system. Such methods have been used for many years by Competitive Intelligence professionals. Big data have introduced a revolution in this area by giving access to extremely wide Databases. Numerical treatment of these data (Data mining) provides corrélations which can be incorporated in a simulation model, used for anticipating the evolution of the system. Big data can be gathered from many sources. The Web and Social networks provide large amounts of information, which can be used for Marketing new products. It is possible also to identify weak signals, analyze risks and foresee future disruptions. As Big data require very powerful computation means, an access to the biggest computers gives the best competitive advantage.

Prévoir l’évolution possible d’une situation nécessite de disposer de données, aussi complètes que possible, concernant l’ensemble des facteurs clefs, internes et externes. Ainsi, une entreprise qui prépare des plans d’avenir, en recherchant des marchés à l’exportation, a besoin de recueillir un maximum d’informations concernant l’état du marché, les barrières réglementaires, les partenaires possibles, l’état de la concurrence.Toutes ces informations font partie de l’intelligence économique. Une activité permanente de veille en continu est nécessaire pour savoir comment évoluent les facteurs jugés pertinents par l’organisation qui souhaite suivre ces données pour mieux s’organiser. Les technologies numériques ont bouleversé l’acquisition de ces informations en permettant l’accès en continu à des flux de données (flux RSS). De plus en plus fréquemment, on ne sait pas à l’avance ce qu’il s’agit de trouver. Détecter une situation inattendue est particulièrement intéressant et nécessite des méthodes élaborées. Une grande expérience du milieu exploré est le plus souvent nécessaire. Une révolution en cours concerne les Big data, c'est-à-dire le traitement de bases de données extrêmement étendues, pour en tirer les informations les plus pertinentes.

samedi 15 février 2014

La primauté du Zéro / The primacy of Zero


The importance that ancient Greeks attributed to numbers is well known. Since Pythagoras, they were considered as able to generate the whole Universe. Still, the Greeks used only the rational numbers and ignored the zero, with strong implications for their World vision. From them, all the numbers and therefore the whole Universe derived from the One, as explained by Plato in the Parmenides dialogue and further developed by Plotinus.  In India, on the contrary, the concepts of vacuity (shunyata) and zero were very early recognized. Arab travellers were able to discover this concept and introduce it as the basis for arithmetics and algebra. In such a vision, the Zero precedes the One and can generate all numbers as pairs of opposites. The concept of voidness, central in Bouddhism, was easily accepted in ancient China, as it seemed close to the views of Taoism and to the concept of yin and yang. The concept  of an active vacuum, distinct from nothingness, is in good accordance with the present scientific views. Still, outside the scientific realm, the concepts of Zero and voidness have not been integrated in the Western World view, which they might transform quite deeply.

On sait l'importance que les anciens Grecs attribuaient aux nombres, qui, depuis Pythagore étaient considérés comme sacrés, car capables de générer l'univers. Cette pensée a profondément influencé la pensée et la philosophie occidentales. Toutefois, les Grecs ne reconnaissaient que les rationnels positifs et, en particulier, ignoraient le zéro. Cette ignorance a eu d'importantes conséquences sur la vision du monde, qui découlait de cette pensée, et en particulier la primauté du Un, à partir duquel découlent tous les nombres et plus largement l'ensemble de l'Univers que nous connaissons. Cette idée, exposée dans le dialogue sur Parménide de Platon, a été développée en un vaste système de pensée par le Néoplatonisme. Elle a conditionné toute la pensée philosophique occidentale, qui n'a pu  concevoir que l'Etre ou son absence, c'est à dire le Néant.

lundi 10 février 2014

La mystique de la croissance / The mystique of growth

Dominique Meda, Professor of Sociology at the University Paris-Dauphine, is a brilliant representative of the french educationnal system. Her last look is about the central position of "growth" in our present economic system, which is so dominant that it appears as a central belief or even a "mystique". In her view, this permanent reference to the economic growth is detrimental to the environment and even to the level of hapiness. The GDP should not used any more for measuring the economic success and the cost of negative externalities generated by the economic activities should be taken into account. All this, altough cleraly presented, is not really new.The most original part of the book refers to the need of founding a new system of ethical values. Still, the reference to Ancient Greece is not completely convincing. Ancient Greeks have left an Advanced civilization. Still, hybris was present at least at the same level as nowadays. The Parthénon was built as a result of a plundering by Athens of other Cities. The liberty of the philosophers was paid by the existence of slavery. The greek myphology, although rich and meaningful, cannot be used presently as a support for a new system of values. This important issue remains therefore open.


Dominique Méda, professeure de sociologie à l'Université Paris-Dauphine, est une surdouée: ancienne élève de l'ENS, de l'ENA et agrégée de philosophie. Aussi, son ouvrage "La mystique de la croissance" ne peut qu'attirer l'attention. Le souhait de développer une économie alternative, plus soucieuse de l'environnement et du bonheur humain est également séduisant. Dominique Meda prend la suite de différents auteurs, dont Tim Jackson et Jean Gadrey qu'elle cite soigneusement. Elle plaide pour une rupture avec nos "sociétés fondées sur la croissance".  Pour rompre avec la "mystique de la croissance", jugée incompatible avec la préservation de l'environnement, elle préconise de changer d'indicateurs et de ne plus mesurer le succès économique à l'aune du PIB. Il faut également attribuer une valeur à la nature et, dès lors, affecter d'un coût les externalités négatives générées par l'économie.
Pour autant, elle se garde de parler de décroissance, préférant évoquer un découplage entre la prospérité économique et la consommation de ressources. Il s'agit d'encadrer l'économie dans des règles, "de manière à ce que la qualité du travail et celle de l'emploi soient toujours prises en compte dans le processus de production".  Pour cela, il faut définir des critères éthiques permettant d'aboutir à une "moralisation" de la production.
Toute cette analyse est bien structurée et mesurée, à l'écart de tout schématisme qui serait inadapté face à des problèmes complexes. Pourtant, dans le contexte difficile que traverse la France, bien des questions demeurent quant à la façon d'adopter un programme alternatif, qui marquerait une véritable rupture. L'ouvrage n'aborde pas la question des contraintes imposées par la mondialisation, ni les conséquences de la financiarisation croissante qui a marqué l'ensemble des économies et tout particulièrement la France. L'Etat, endetté,  est-il vraiment capable d'assurer une "reconversion écologique"? Et quelles en serait le contenu concret?
Un des points intéressants de l'ouvrage consiste à placer au centre de la reconversion écologique. la refondation des valeurs. Pourtant, l'idée proposée en conclusion de vouloir renouer avec les idéaux et les valeurs du monde grec ne paraît guère convaincante. Les anciens Grecs ont connu l'hybris avec la même intensité que nos contemporains, quoiqu'avec des moyens techniques plus réduits. Le Parthénon a été construit par Athènes en pillant les autres Cités grecques. Les philosophes n'ont pu discourir, qu'au prix de l'esclavage. Certes les anciens Grecs nous ont laissé une culture raffinée, mais on ne voit guère comment leur mythologie pourrait donner un sens au Monde actuel. On a ainsi le sentiment que l'auteur cède au plaisir d'une fiction littéraire aux dépens de la réalité historique.

dimanche 9 février 2014

Aimer le futur / Loving the future


The book written by Georges Amar is certainly not a treatise about futures studies, but rather a kind of walk through various topics that he links to the "love of the future". The future is uncertain and trying to predict it is not the best thing to do. The most interesting part of it, which will bring surprises,  is the least predictable. Therefore, the author proposes an alternative way to approach the future, by using imagination and poetic narratives. He considers that a transformation of the language is the first and main step for being able to enter the future in the right way, with all the wisdom required.  During many years, Georges Amar has been in charge of futures studies at the Urban Transport Facility of Paris (RATP). He explains how to use his approach for transforming a transport function, using the most efficient technical means, into a mobility function, which helps to travel in the most pleasant way, bringing new opportunities in terms of services and human encounters. Throughout his book, the author demonstrates his wide and open culture and helps the reader himself "to love the future".

L'ouvrage que Georges Amar a consacré à la prospective n'est pas un Traité. Il s'agit plutôt d'une promenade à laquelle il convie le lecteur.  Le futur, ou du moins sa part la plus intéressante, celle qui peut nous réserver des surprises est inconnu. Donc, comment l'aborder? La démarche prospective elle-même a-t-elle un sens?
George Amar nous invite à "aimer le futur". Aimer le futur, c'est s'engager dans la construction d'un monde meilleur, sans connaître à l'avance le chemin qui sera suivi pour y parvenir. C'est progresser dans cette voie, en faisant preuve de la sagesse que les Anciens recommandaient, dans "la limitation des désirs et le respect du passé".
Pour ouvrir le champ des possibles, il faut faire appel à l'imagination, prendre les chemins de traverse, ce que Georges Amar qualifie  de "poétique de l'inconnu". En définitive, le rôle de la prospective consiste, selon lui, à faire évoluer le langage, ce qui permet d'introduire et d'adopter de nouveaux concepts.
Cette démarche, il l'applique au domaine qu'il a pratiqué pendant de nombreuses années, à la RATP. Cela lui permet de défendre des vues qui peuvent sembler paradoxales. Ainsi, il considère que le but qu'il faut viser dans l'organisation des transports n'est pas de pouvoir assurer un trajet dans le temps le plus court possible, mais plutôt pouvoir utiliser le mieux possible le temps correspondant pour faire des découvertes et opérer des rencontres. Il s'agit de passer du simple transport à la mobilité comme outil de reliance.
A travers cet ouvrage, qui se présente souvent sous forme d'aphorismes, l'auteur démontre la richesse de son expression et l'étendue de sa culture, au service d'une meilleure connaissance du futur. Il aide ainsi le lecteur à "aimer le futur".

vendredi 7 février 2014

Le réchauffement climatique s'est-il arrété? / Has global warming stopped?


Recent articles suggest that since the beginning of 2000, global warming has stopped. These publications are based upon graphs, showing the evolution of temperatures, which seem to follow a plateau during the last recent years. These graphs are used by climatosceptics for claiming that the models developed by IPCC scientists are wrong and that global warming is a fallacy. In fact, it is uncorrect to isolate data over a comparatively short period for drawing any general conclusion. Due to the variability of the the climate on Earth, large temperature fluctuations can occur, but it has no implication concerning the general trend. These fluctations do not mean that global warming has stopped. Of course, it wille be necessary to watch carefully the record of températures and if the trend measured deviates, it will be necessary ti revisit the models. This does not correspond to the present situation and global warming remains a threat. 

Un certain nombre d'articles récents ont pu laisser penser que depuis le début des années 2000, le réchauffement climatique s'est arrêté. Ces publications montrent des graphiques sur lesquels l'évolution de la température au cours des dix à quinze dernières années semble suivre un plateau. De tels graphiques sont abondamment repris par les "climato-sceptiques" de tout poil,  qui s'en servent pour nier la validité des modèles utilisés par les scientifiques du GIEC. En fait, isoler des données sur une période d'une dizaine d'années n'a pas de signification, comme le soulignent de nombreux scientifiques. Le climat sur Terre est marqué par une grande variabilité et certains épisodes de réchauffement ou de refroidissement peuvent même se produire périodiquement, comme les épisodes de type El Nino et La Nina. De telles déviations peuvent modifier significativement la moyenne des températures calculée sur une courte période et conduire à un moment donné à des écarts par rapport à une tendance générale. Jusqu'à présent, tout laisse à penser que le réchauffement climatique se poursuit inexorablement et que malgré les perturbations créées par les phénomènes météorologiques, la tendance prévue devrait se confirmer. Bien entendu, cela ne signifie pas qu'il faille ignorer les mesures effectuées et si, dans quelques années, il apparaît que la tendance suivie s'écarte de celle qui est prévue par les modèles, il faudra accepter de revisiter ces modèles. On n'en est pas là aujourd'hui et la menace que représente le réchauffement climatique n'a pas diminué.

La société hyperconnectée / The hyperconnected society



The development of Internet and digital technologies is at the origin of the present globalized and hyperconnected society. This hyperconnectivity presents various adavantages. It helps to concentrate an unprecedented  collective intelligence, as outlined by Ian Goldin, Director of the Oxford Martin School. By enhancing the communication between nations, organizations and individuals at the worldscale level, it can help to build a more friendly society. Jeremy Rifkin considers that we observe presently the emergence of an "empathic civilization". At the same time, it brings also major risks, the risk of a lower resilience as shown by the rapidity with which a Financial crisis propagates betwwen countries and across continents; the risk also of  a few "mainstream" productions dominating the media, leading to the disparition of local cultures. Therefore, hyperconnectivity is a fact, but its consequences remain difficult to predict. Until now, as a tool used for the propagation of globalization, it has been operated in a rather brutal and ruthless manner.

Le développement de l'Internet et des technologies numériques de communication conduit à une société mondialisée et hyperconnectée. Cette hyperconnection représente l'un des principaux facteurs d'évolution de la société. Cette hyperconnection présente de nombreux aspects positifs:
- Elle permet de concentrer une intelligence collective, d'une intensité sans équivalent tout au cours de l'histoire de l'humanité. Les atouts que l'humanité peut en retirer sont mis en avant notamment par Ian Goldin, Directeur de la Martin School à Oxford.
- Elle peut favoriser une meilleure connaissance réciproque entre nations, organisations et individus à l'échelle planétaire. Jeremy Rifkin affirme même que c'est là un moyen de construire une "société de l'empathie" plus solidaire et plus ouverte.
L'hyperconnection présente également des risques:
- En reliant étroitement toutes les organisations mondiales, elle peut conduire à une perte de résilience. On peut voir notamment la rapidité avec laquelle les crises financières se propagent d'une région à une autre ou même d'un continent à un autre.
- Sur un plan culturel, elle favorise les expressions "mainstream", qui sont diffusées à l'échelle mondiale, aux dépens de la diversité et peut conduire à une disparition progressive des cultures nationales.
En définitive, l'hyperconnection est un fait et ses conséquences seront peut-être comparables à celles qui ont résulté de la découverte de l'imprimerie. Elle s'inscrit dans le mouvement de globalisation actuel et son impact futur reste encore pour une large part inconnu. Pour le moment, elle a surtout servi à accélérer une mondialisation, qui s'est déployée de manière aveugle et brutale. 

dimanche 26 janvier 2014

Le soleil se lève à l'est / The sun rises in the east


China and India have been very soon civilization cradles. In Europe what is often called the "Western" civilization was iniated at the East of Europe, in the Near and Middle East. The economic (but also cultural) center of gravity of this civilization then migrated progressively towards the West, first Greece and Rome, then France and the United Kingdom. The discovery of America during the Renaissance period shifted even further towards the West this center of gravity.United States have become the center of a global Empire, linked by communication and exchange networks. As history is cyclic and the Earth is round, a reverse movement has started  The economic center of gravity now progresses eastwards and follows a reverse path as shown by Richard Dobbs and al., with a striking diagram published in the Mc Kinsey Global Institute Report: "Urban World Cities and the Rise of the Consuming Class". Still, this economic shift is not yet followed in the cultural area, as the center of gravity of our "World civilization" clearly remains in the West for the time being. But this situation is probably only temporary.

La Chine et l'Inde ont été très tôt des foyers de civilisation. En Europe, c'est en Orient, au Proche et Moyen-Orient, ainsi qu'en Egypte que la civilisation souvent qualifiée d'"occidentale" a commencé à se développer. Le centre de gravité économique (mais aussi culturel) de cette civilisation a ensuite migré vers la Grèce, puis Rome et enfin la France et la Grande-Bretagne, en un mouvement continu de déplacement vers l'Ouest. Les grandes expéditions maritimes et la découverte de l'Amérique au cours de l'époque de la Renaissance ont encore déplacé bien plus loin ce centre de gravité, toujours plus à l'ouest de l'Europe. Les Etats-Unis se sont retrouvés au centre d'un nouvel Empire mondial contrôlé par un réseau de communications, d'échange et d'influence.

L'histoire est-elle linéaire ou cyclique? / Is history linear or cyclic?


The  ecologist Buzz Holling has shown that ecosystems tend to follow a cyclic evolution. Thus, for instance, when a forest undergoes through a development phase, the different organisms it includes tend to become more interconnected, while the complexity of the ecosystem grows.As a consequence of this interconnectedness, the resilience of the ecosystem decreases and it may collapse when a perturbation occurs. The historian and anthropologist Joseph Tainter has a similar explanation for the collapse of some of the great civilizations of the past, such as the Roman empire, although he insists rather upon the unability of thses complex civilizations to get a proper access to the resources they require. The idea of a continuous progress is comparatively recent. Our civilization is probably doomed to fail, like the previous ones. The difference is that now it has become global. But, if our civilization is compared to the ecosystems investigated by Buzz Holling, this global interconnecteness is a source of fragility. There are many potential causes for such a collapse: natural catastrophies, environment destruction, wars, inadequacy of politicak rulers. Therefore, its fall, although very harmful, should be considered as a rather likely event.

Analysant le comportement des écosystèmes, le biologiste et écologiste Buzz Holling a observé un comportement cyclique.Ainsi, par exemple, dans le cas d'une forêt, on observe une phase de développement, au cours de laquelle tous les organismes de l'écosystème tendent à devenir interconnectés, tandis que la complexité de l'écosystème augmente. Cette interconnexion rend le système moins résilient et une perturbation (maladie, incendie, attaque de parasites, épisode de sécheresse, etc.)  peut conduire à sa destruction, ce qui se traduit par une perte de complexité. L'écosystème se reconstruit ensuite progressivement, en repartant dans un nouveau cycle. Buzz Holling a défendu l'idée que ce comportement est d'une portée très générale et a qualifié de "panarchie" la loi qui régit ainsi les écosystèmes, en considérant qu'il s'agit d'une règle d'évolution très générale, qui se répète à différentes échelles. On peut se demander dans quelle mesure un tel comportement est transposable aux sociétés. L'idée que l'accroissement de la complexité se traduit par une perte de résilience a déjà mise en avant par l'historien et anthropologue Joseph Tainter, notamment pour expliquer la chute de l'Empire romain.

jeudi 23 janvier 2014

Géo-ingénierie / Climate engineering

Climate engineering is not a new idea and goes back to 1991, when Paul Crutzen first proposed to disperse sulfur particles in the atmosphere, in order to obtain an effect similar to the cooling which results from the emission of ashes by a volcano. There are two main groups of climate engineering options. A first one aims at curbing the carbon dioxide concentration in the atmosphere, by promoting the development of biomass, which absorbs carbon dioxide by growing. Dispersing iron sulfate in the oceans is one of these options, as the presence of iron is believed to be one of the main limiting factor  for the growth of microalgae. A second group of options aims at reflecting a share of the sun radiations. To this group belong the initial idea of Paul Crutzen and also many other proposals, such as displaying a space-based giant reflector or the idea of sending sea water droplets in the atmosphere, in order to disperse salt cristals, which can increase the reflecting power of white clouds, by promoting the nucleation of many additional drops. All these ideas could be felt as dangerous, utopic and somewhat crazy, until recently, but this option might become the last possibility for human beings to cope with a large global warming which seems now almost impossible to avoid.   

Les idées de géo-ingénierie pour lutter contre le réchauffement climatique sont déjà anciennes, puisqu'elles remontent au début des années 90. C'est en 1991 que Paul Crutzen proposa l'idée d'envoyer dans l'atmosphère des particules de soufre ou d'autres composés soufrés, pour arrêter une partie du rayonnement solaire et diminuer ainsi le forçage radiatif. L'effet de refroidissement ainsi produit serait similaire à celui qui résulte de l'émission de cendres par les volcans. Il faudrait pour cela qu'elles soient émises à des hauteurs stratosphériques. Les particules pourraient être émises par des drones volant à haute altitude. D'autres options de géo-ingénierie ont été proposées depuis. Elles se décomposent en deux groupes: celles qui conduisent à réduire le niveau de dioxyde de carbone dans l'atmosphère et celles qui visent à arrêter une partie du rayonnement solaire. Pour réduire la teneur en dioxyde de carbone dans l'atmosphère, il a été proposé d'ensemencer les océans avec du sulfate de fer, qui favoriserait la croissance du plancton. 

samedi 18 janvier 2014

Créer le futur / Create the future


We are not able to predict for the future, as the world is too complex and too sensitive to parameters we cannot assess. Still, we need to prepare the best future we can and anticipate the changes under way. Therefore, rather than trying to predict the future, the only effective attitude is  to create new opportunitities and act for changing the world. The future "has to be invented rather than discovered". Such a process of creation of the future involves two steps: imagine and create new options, which can be used for transforming the world we live in, and then define a possible way for implementing these options. It can be done at various levels within a family, an enterprise, a nation or the whole world. Creating the future involves "reinventing the world". 

L’avenir est en grande partie imprévisible, parce que le monde extérieur est trop complexe pour qu’il soit possible de prévoir toutes ses évolutions et du fait que nous ignorons les intentions de nombreux acteurs susceptibles d’influencer le destin collectif. C’est particulièrement vrai dans le domaine géopolitique : il est impossible d’anticiper toutes les décisions d’un dictateur, qui peut décider de précipiter un conflit ou d’un terroriste, qui veut monter un attentat. Les événements que nous pouvons prévoir le mieux sont ceux que nous décidons nous-mêmes. Dans ces conditions, la meilleure façon d’appréhender le futur consiste à adopter une attitude proactive et agir pour transformer le monde. Gaston Berger disait déjà que « l’avenir est moins à découvrir qu’à inventer ».
   Une création du futur, implique une démarche de "prospective créative" selon un processus qui comporte deux étapes :