Les scénarios énergétiques à long terme vont dépendre d'un ensemble de facteurs (économiques, géopolitiques), dont une grande partie demeure incertaine. Dans un premier temps, la consommation d'énergie par habitant va continuer à croître, atteignant une valeur de l'ordre de 3 tep (tonne équivalent pétrole) par habitant et par an d'ici 2050. Cet accroissement va s'accompagner d'un rejet important de gaz à effet de serre. Au delà, on peut envisager trois types de scénarios. Le scénario d’une catastrophe écologique accompagnée d’un effondrement de la civilisation au niveau mondial, selon le modèle de Jared Diamond ne peut pas être exclu. Dans ce cas, la population humaine ainsi que la consommation d’énergie pourraient chuter brutalement. Si l'on écarte ce scénario, on peut envisager deux évolutions à long terme de la consommation d’énergie par habitant. Un premier scénario (i) correspond à une augmentation continue de la consommation d’énergie par habitant, même si la courbe tend à s’infléchir. Il me semble qu’un tel scénario implique nécessairement un large recours au nucléaire, quelle soient les filières retenues: réacteur de quatrième génération, réacteur au thorium ou autre.Un deuxième scénario (II) correspond à une baisse sensible de la consommation moyenne, suivie d’une stabilisation et éventuellement d’une lente remontée. Ce scénario est a priori celui qui est le plus compatible avec un très large recours aux énergies renouvelables, qui sont diffuses et nécessitent la mobilisation d'une surface de sol importante. Il paraît inévitable dans ce cas, d'aller vers une large réduction de la consommation moyenne d'énergie par habitant. Si c'est le cas privilégié, il faut sans doute s'y préparer dès à présent. Les conséquences restent toutefois difficiles à prévoir, mais certaines d'entre elles risquent d'être très négatives, avec une montée des inégalités entre ceux qui pourront consommer de l'énergie et ceux qui ne le pourront plus.
Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.
This blog presents informations and views about the future.
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lundi 25 novembre 2013
Scénarios énergétique à long terme / Long term energy scenarios
dimanche 24 novembre 2013
L'accord sur le Climat de Varsovie / The agreement at the Varsaw Climate Conference
Climate Conferences seem to follow a similar sequence each time. At Copenhagen, Durban and Varsaw, failure invariably followed promises. Nobody really expected a positive outcome from the Varsaw Conference, due to Poland dependence on coal. Is it the reason why it was held there? It was quickly confirmed, resulting in the departure of many participants. Rather surprizingly though, a final agreement has been reached at the Conference. But, now, we know what means an "agreement": a simple common declaration, which after long discussions, becomes almost useless. Of course, it is still possible to hope a better result at the following meetings and to reach a "real" agreement in Paris, in 2015. But, as the same causes should produce the same effects, there is no reason why a major shift should occur. Therefore, it seems legitimate to wonder if we have to consider the "agreement" which has been reached as good news.
Les Conférences sur le Climat se suivent et se répètent avec des résultats très similaires. Copenhague, Durban, Varsovie, une suite d'échecs. A chaque fois, il est dit et répété que la prochaine réunion sera la bonne. A Varsovie, on ne pouvait guère espérer de progrès décisifs, compte-tenu de l'importance que le maintien du charbon revêt pour la Pologne. Est-ce la raison pour laquelle ce lieu avait été choisi pour la dernière Conférence sur le Climat? De nombreux participants s'en sont rendus compte et ont décidé de quitter la réunion avant la fin. Pourtant, on est parvenu "in extremis", nous dit-on à un accord, ce qui peut paraître surprenant. En fait, on sait maintenant ce que signifie "parvenir à un accord": cela consiste simplement à signer ensemble une "déclaration commune", que de longues tractations visent de tout contenu, en remplaçant notamment le terme d'"engagements" par celui de "contributions". On espère à présent que la Conférence de Paris en 2015 permettra d'aboutir à des résultats concrets. Pourtant, les mêmes causes produisant les mêmes effets, on ne voit pas comment éviter le scénario habituel: l'Union Européenne seule à prendre des engagements, les pays émergents refusant toute obligation et les autres pays industrialisés en tirant argument pour ne pas prendre non plus d'engagements. Dans ce contexte, plutôt qu'un accord de façade, on peut se demander s'il ne vaudrait mieux afficher un franc désaccord.
samedi 16 novembre 2013
Champs morphogénétiques et magie/ Morphogenetic fields and magic thinking

The last book of Rupert Sheldrake "The science delusion" starts with a good introduction about the limits of science. Unfortunately, very soon it presents rather surprising views, which seem difficult to conciliate with science. He supports the idea that human beings might spend years without any food, by using a mysterious "prana". In his view, memory is not a result of the brain activity, but results from a connection with the events of the past, through space and time. For him, life relies upon a "resonance with a morphogenetic field". The nature of this field is never explained, nor the way "resonance" occurs. Therefore, such interpretations are very similar to the old magical thinking: a magic formula might act through such a "resonance with a morphogenetic field". It shows that magic thinking keeps a strong appeal for human imagination.
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Le dernier ouvrage du biologiste anglais Rupert Sheldrake, publié en anglais sous le titre "Réenchanter la science", est un curieux mélange ainsi d'ailleurs que l'ensemble de l'œuvre de l'auteur. Celui-ci se présente comme un scientifique, dont la philosophie de la science semble à bien des égards ouverte et séduisante. Aussi, est-on surpris quand on lit les points de vue qu'il expose. Pour prendre un simple exemple, l'observation qui a été faite d'une mystérieuse énergie noire agissant dans l'univers, est utilisée pour justifier l'idée que certaines personnes puissent se passer de nourriture pendant des années, alors qu'il n'existe aucun élément pour soutenir une position aussi aberrante. La respiration d'un être humain n'étant pas censée s'arrêter, il doit rejeter du dioxyde de carbone en permanence, ce qui suppose un apport de carbone à l'organisme (ou la consommation d'un stock limité dans les graisses). Pour l'ensemble des phénomènes liés au vivant, l'explication de Rupert Sheldrake se ramène constamment à une "résonance du champ morphogénétique".
jeudi 14 novembre 2013
La e-reputation / Internet reputation
The reputation and status of a company or individual is more and more related to the messages present on Internet and social networks, as Internet opens an access to a huge audience. This reputation can be positive or negative, with a potentially disastrous impact, as most messages remain present during many years. Internet modifies also the relationship between the provider and the consumer of a service, who acquires a strong power through the jugment he or she can emit about the company, the service or even the individual, as it can be observed in the area of tourism. The management of the Internet reputation requires therefore specific management tools. This area which is in rapid expansion presently, is presented in different recently published books, among which, in French: "Le Web social et la e-reputation" by Gil Adamy and in English: "Internet reputation management for businesses" by Guillermo "William" Rivas.
La réputation ainsi que la notoriété d'une entreprise ou d'un individu sont de plus en plus liées aux messages véhiculés sur Internet ainsi que les réseaux sociaux. Internet ouvre en effet à chacun un accès très large à un très vaste public international, qui peut ainsi se faire une opinion sur un produit ou une personne. Cette réputation peut être positive et contribuer ainsi à assurer le succès de l'entreprise ou de l'individu, mais elle peut être aussi négative, avec des conséquences d'autant plus désastreuses que les messages diffusés par Internet peuvent rester en place pendant des années. On sait à quel point une gestion imprudente de son image sur les réseaux sociaux peut compromettre une carrière. En outre, Internet modifie les relations entre le fournisseur d'un service et celui qui était naguère un consommateur passif, mais dont le pouvoir d'influence s'étend à travers les avis qu'il peut afficher, comme on l'observe notamment dans le secteur du tourisme. De ce fait, la gestion de l'e-réputation sur Internet et les réseaux nécessite de plus en plus des moyens de gestion spécifiques. Ce domaine en plein essor a fait l'objet de différents ouvrages, parmi lesquels on peut notamment signaler l'ouvrage de Gil Adamy: "Le Web social et la e-réputation" ou en anglais: "Internet reputation management for businesses" by Guillermo "William" Rivas.
lundi 11 novembre 2013
La divergence des visions du monde / Diverging worldviews

La crise de la vision du monde actuelle est liée, non pas tant à l'absence de toute vision, mais à l'incohérence et même à l'incompatibilité des principales visions actuelles. Ces visions du monde peuvent être schématiquement représentées dans un diagramme faisant apparaître la façon dont elles se positionnent par rapport à la croissance de la complexité d'une part et à l'intérêt général d'autre part. La complexité dans l'organisation de la société croît principalement en raison des progrès de la science et de la technologie. Cette évolution rapide n'est pas acceptée par tous. Elle est rejetée par les partisans de la décroissance et d'un retour à une vie plus lente et plus simple. Elle est également rejetée par les idéologies et les intégrismes qui se réfèrent à des principes schématiques devant prévaloir sur la réalité. L'intérêt général, par opposition à la recherche du profit individuel, est souvent mis en avant, mais il est en fait totalement absent de la vision actuelle de la globalisation, conçue selon les règles neolibérales ainsi que du capitalisme cognitif, qui vise à exploiter au mieux les nouvelles technologies de l'information pour maximiser le profit réalisé.
samedi 9 novembre 2013
Notoriété et quête de sens / Status and search for meaning

Dans son dernier ouvrage, "La peur de l'insignifiance", le psychanalyste Carlo Stenger analyse les mutations de la condition du Moi dans la société moderne. La préface de Pascal Bruckner résume assez bien les principales idées de l'ouvrage. A côté et parallèlement au monde de la finance, s'est installée une "Bourse du Moi", qui affiche constamment la notoriété des individus. Ceux-ci peuvent subitement se retrouver sous les projecteurs ou au contraire plonger dans l'obscurité. De la même façon que la richesse peut être évaluée selon la valeur du capital détenu, la notoriété se mesure à présent en fonction du nombre de citations sur Internet du nombre d'amis sur Facebook et il existe même des indices de notoriété, qui calculent automatiquement un "niveau d'influence", à partir de l'ensemble des informations recueillies sur Internet. Cette évolution est évidemment pernicieuse, car elle fait passer l'apparence avant la réalité, la forme avant le fond. Réflexion et spiritualité disparaissent sous l'abondance et la pacotille. Le phénomène est aggravé, comme le montre Carlo Stenger par la culture du "Just do it", qui donne à chacun l'impression "qu'il n'y qu'à". De nombreuses personnalités du monde des medias semblent n'être que des personnes tout à fait ordinaires, ce qui peut donner l'impression qu'il suffit de peu de choses pour accéder à la même notoriété. Carlo Stenger note très justement que ce besoin de notoriété répond à une angoisse existentielle face au caractère éphémère de l'existence humaine. En définitive, la poursuite de la notoriété apparaît comme une illusion, voire comme une aliénation. Comment en sortir? Carlo Stenger préconise de développer sa propre vision du monde, en la faisant cohabiter avec d'autres. A travers le "principe de la somme non nulle" il affiche la conviction que c'est là le meilleur moyen de faire progresser l'humanité.
jeudi 31 octobre 2013
Vicariance
Le nouvel ouvrage du neurophysiologiste Alain Berthoz est consacré au concept de vicariance (terme dont la racine latine vicarius signifie un remplaçant, d'où le terme de "vicaire"). La vicariance désigne la façon dont un organisme peut substituer un mécanisme à un autre pour s'adapter à l'environnement. C'est ainsi qu'en cas de lésion cérébrale, le cerveau, grâce à sa plasticité, peut faire appel à d'autres zones pour remplir ses fonctions.Ce processus est très général. Analysant la viabilité des systèmes, Jean-Pierre Aubin a montré que de manière très générale, ils sont pilotés par des mécanismes de régulation vicariants. Alain Berthoz montre que la vicariance est une propriété essentielle du vivant. Elle représente un des principaux moyens pour la nature de faire preuve d'une créativité incessante. Dans le cas des êtres humains, cette vicariance s'étend aux processus mentaux et aux mondes virtuels que crée le cerveau humain. Elle représente alors un fabuleux moteur de créativité, à condition, bien sûr que ces différents mondes "vicariants" puissent coopérer, sans s'affronter.
mardi 29 octobre 2013
Gravity
The film produced by Alfonso Cuaron is to a large extent outstanding. It brings us into a universe completely different from ours, where gravity does not exists any more and in which all our usual landmarks are abolished. Still, it gives the impression of being a documentary fiction or a disaster movie and not the master-piece, it might have been. The inspiration which can be found in the films by Kubrick, Tarkovsky or Malick is absent here. The infinite space is only a hostile nothingness from which to escape. The Earth itself provides a material support but it is void from any soul.
Le film produit par Alfonso Cuaron est incontestablement un film qui sort de l'ordinaire. Il a le mérite de nous entraîner dans un univers spatial, radicalement différent du notre, où la gravité n'existe plus et dans lequel tous nos repères habituels sont abolis, l'usage de la 3D renforçant l'impression de se retrouver plongé dans un univers inconnu. Pourtant en sortant de ce spectacle, on a l'impression d'avoir assisté à un documentaire-fiction ou à un film catastrophe et le réalisateur semble être passé à côté de ce qui aurait pu être un chef-d’œuvre. On n'y trouve ni le souffle ni l'inspiration des films de Kubrick, Tarkovsky ou de Terrence Malick. L'espace infini n'est qu'un néant hostile, dont on souhaite s'évader au plus vite. La Terre elle-même n'est plus qu'un support matériel. L'âme en est absente.
dimanche 27 octobre 2013
Le Futur d'Al Gore / The Future by Al Gore
L'ouvrage d'Al Gore, "Le Futur" vient d'être édité en français. C'est un ouvrage ambitieux, qui pose la question de l'avenir de notre civilisation, en préconisant sur un nouveau modèle économique, pour remettre le Monde sur la bonne voie, en s'appuyant sur six grands facteurs de changement: la mondialisation, les technologies numériques, la gouvernance mondiale, les mutations des modes de vie, les biotechnologies et le changement climatique.
Al Gore peut paraître passé de mode. On ne parle plus beaucoup du réchauffement climatique, le prix Nobel de 2007 paraît déjà loin. Pourtant, c'est l'un des personnages clefs de notre temps, une des rares personnalités qui ont su associer politique, écologie ainsi qu'une ouverture vis à vis de la science et de la technologie. Al Gore représente l'Amérique des grandes espérances, celle qui veut associer humanisme et foi dans le progrès. Il montre une voie, qui représente pour le Monde une séduisante vision d'avenir. A la lecture de son ouvrage, on ne peut que regretter davantage qu'elle n'ait pas prévalu en 2000.
mercredi 23 octobre 2013
La fin de la viande? / The end of meat?
Many reasons support the idea that our present consumption of meat should come to an end:
- Meat consumption increases the risk of cancer and heart disease.
- It represents a very heavy burden for the environment (pollution and high consumption of resources). Extrapolating the present Western mode of nutrition to the whole world would bring this burden to a highly unacceptable level.
- Alternative solutions become available for the production of proteins (micro-algae, transformation of insects.
- The most imperative reason is ethical. Animals are obviously conscious and sentient beings. Therefore their life and well-being have to be protected, especially in the case of the most evolved animals, such as superior mammals.
It is not what happens now and the share of meat increases at the world level. It is perceived as a progress by most populations. Food is narrowly related to the culture and the habits acquired during infancy evolve only slowly. In this area as in many others, a cultural change is the first step. Still, we can think that in the future, human beings will observe with surprise and horror the cruelty of our time.
De nombreuses raisons incitent actuellement à fortement ralentir, voire à arrêter complètement la consommation de viande:
- La consommation de viande entraîne des risques pour la santé: risques cardiaques liés à la consommation de graisse, risques de cancer liés à la consommation de viande grillée (la pratique du barbecue étant particulièrement nocive)
- La consommation de viande se traduit par une très forte pression sur l'environnement. L'élevage consomme une part de plus en plus importantes des ressources agricoles. Pour que l'ensemble de la population mondiale puisse adopter le régime alimentaire nord-américain actuel, il faudrait d'ici là produire cinq fois plus d'aliments qu'aujourd'hui, ce qui semble peu imaginable. Pour simplement poursuivre la tendance actuelle, il faudrait doubler la production agricole entre 2010 et 2030, ce qui correspond à un rythme de croissance nettement supérieur à celui qui a été observé ces dernières années. En outre la pollution résultant de tous les excréments (fientes, lisier) est de plus en plus difficile à maîtriser.
- Des solutions alternatives de fourniture de protéines deviennent disponibles (micro-algues ou transformation d'insectes: la production d'un kg de vers de farine nécéssite11 fois moins de surface agricole que la production d'un kg de bœuf).
samedi 12 octobre 2013
Le principe innovation / The innovation principle
Anne Lauvergeon, the former CEO of Areva, has chaired a Commission which has recently issued a report about innovation. It recommends six major priorities: energy storage, recycling, better exploitation of sea resources (metals and sea water desalination) , vegetable proteins and green chemistry, medical sensors, innovation for elderly people and Big data. Beyond these specific topics, the report advocates for an "innovation principle" able to equilibrate the "precautionnary principle", which has been accused to generate inaction. The report recommends to reintroduce the idea of change, risk and possibility of failure, in order to promote entrepreneurship and innovation. Promoting innovation requires also to break many existing barriers and to give to the individual the freedom to grow through creativity and invention as recommended by Carl Bass, the CEO of Autodesk , one of the pionners of 3D printing in the United States.
La Commission présidée par Anne Lauvergeon vient de rendre au Président de la République un rapport sur l'innovation. Le rapport préconise six grandes priorités: le stockage de l'énergie, le recyclage (et notamment celui des métaux rares), la valorisation des richesses marines (métaux et dessalement de l'eau de mer), les protéines végétales et la chimie du végétal, la médecine individualisée, l'innovation au service des seniors et les Big data.
Au delà de ces voies de progrès, le rapport préconise l'adoption d'un "principe d'innovation" venant équilibrer le "principe de précaution", qui risque à lui seul d'être générateur d'immobilisme.
Plus que d'un ensemble de mesures et d'un programme de financement, il s'agit là d'introduire une changement culturel pour "réapprendre à oser, à accepter le risque et donc l'échec", "stimuler et encourager la création d'entreprises, l'innovation, les PME innovantes, l'expérimentation, l'audace, l'achat innovant". Promouvoir l'innovation, c'est aussi décloisonner la pensée en silos et donner à l'individu la capacité de s'épanouir à travers une attitude créative, comme le préconise Carl Bass le président d'Autodesk, l'un des pionniers de l'impression 3D aux Etats-Unis..
dimanche 6 octobre 2013
L'économie positive / The positive economy
Is the "positive economy" the solution to all our problems? The report of the commission chaired by Jacques Attali seems to claim that. To advocate for a long term thinking is certainly right. Still, can the "positive economy" provide a vision for the future, able to federate all our efforts?
Positive is a very general and vague wording. It includes everything, sustainable development and altruistic behaviour. It suggests that it is possible to combine all the advantages. Unfortnately, reality is not so "positive". Globalization imposes an intense competition. General interest is in contradiction with many personnal interests. Efforts and choices are required.
"L'économie positive" est-elle la solution à tous nos problèmes? Le rapport de la commission présidée par Jacques Attali, téléchargeable sur le site du LH Forum, semble l'affirmer. Jacques Attali a le grand mérite d'alimenter constamment une réflexion de fond sur les grands enjeux du pays et de la planète. En outre, il présente des constats de fond qui paraissent fort justes, notamment en dénonçant la tyrannie du court-terme. Pour autant, "l'économie positive" apporte-t-elle la vision d'avenir susceptible de galvaniser les efforts?
Le terme lui-même paraît fort vague. L'économie positive intègre le long terme, mais aussi l'altruisme. Le terme de positif englobe tout, attrape tout. Certes on pouvait se douter que la crise actuelle s'explique largement par "le caractère non positif de l'économie mondiale". Mais est-ce que cela suffit pour rendre compte des manœuvres douteuses qui ont pris à une minorité de spéculateurs de s'enrichir en toute impunité?Ce n'est pas en louant la micro-finance qu'il sera possible de régler le problème, mais en s'attaquant aux mécanismes de la mondialisation. Affirmer que les technologies numériques favorisent l'altruisme, c'est reprendre le discours de Jeremy Rifkin, c'est oublier que ce sont elles qui ont permis un développement incontrôlé de la finance et le trading à haute fréquence.
Ce qui est gênant dans cette façon de vouloir "positiver" l'avenir, c'est qu'elle semble prétendre que la voie est toute tracée, en combinant tous les avantages. Dans le monde réel les tensions entre l'intérêt général et l'intérêt particulier ou entre les nations sont constantes. Des efforts et des sacrifices sont nécessaires, surtout dans les périodes de crise et les choix à effectuer ne sont sans doute pas aussi évidents que semble vouloir le dire le rapport.
L'innocence du carbone? / Is carbon innocent?
La parution des premiers éléments du nouveau rapport du GIEC, on observe une nouvelle offensive des climato-sceptiques avec la publication de deux ouvrages: "Climat: 13 vérités qui dérangent" et "L'innocence du carbone". Le livre de François Gervais, "L'Innocence du carbone" attire tout particulièrement l'attention. D'une part, l'auteur est un scientifique reconnu, et d'autre part, il avance un argument qui peut sembler décisif, auquel se résume l'ensemble de l'ouvrage . La molécule de dioxyde de carbone n'absorbe le rayonnement infra-rouge qu'à deux fréquences. Il en déduit qu'elle se comporte comme "une vraie passoire au rayonnement". En outre, et c'est là le point le plus important, l'effet de serre produit à ces deux niveaux de fréquence est complètement saturé. Ainsi, d'après François Gervais, "à ces deux fréquences, au niveau de la mer, il suffit d'une couche d'air d'une dizaine de mètres de hauteur pour occulter le rayonnement terrestre". Cette affirmation est utilisée pour nier tout effet significatif du dioxyde de carbone. Si l'effet d'absorption par les molécules de CO2 est saturé, toute émission supplémentaire de ce gaz est sans effet. En fait, il s'agit là d'observations élémentaires, qui n'ont rien de nouveau. C'est la transmission du rayonnement sur l'ensemble du spectre qui compte et non sa transmission aux deux fréquences d'absorption, Dans les fréquences voisines des deux fréquences d'absorption, il n'y a pas d'effet de saturation et c'est ce qui explique la variation logarithmique du forçage radiatif avec la concentration de CO2. Sur des questions aussi importantes, il importe de poursuivre les recherches et aussi d'éclairer l'opinion. La complexité des modèles incite à poser des questions. Toutefois, ce n'est pas en faisant preuve d'un parti-pris systématique et avec des raisonnements aussi simplistes, que l'on fera avancer le débat.
samedi 5 octobre 2013
Le boson et le chapeau mexicain / The boson and the mexican hat
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La découverte expérimentale du boson de Higgs (ou encore BEH, pour Brout, Englert et Higgs) en juillet 2012, grâce au grand collisioneur de hadrons du CERN, a marqué l'actualité scientifique récente. Englert et Higgs viennent d'être récompensés par le prix Nobel de physique pour leurs travaux sur le boson BEH. Cette particule, qui restait à découvrir pour compléter le "modèle standard", joue un rôle central, car seules les particules qui interagissent avec elle acquièrent une masse. L'ouvrage de Gilles Cohen-Tannoudji et Michel Spiro intitulé "Le boson et le chapeau mexicain" arrive donc au bon moment pour éclairer ceux qui veulent mieux comprendre le monde dans lequel ils habitent, sans être des spécialistes. Les deux auteurs, physiciens de renom, sont prestigieux. Gilles Cohen-Tannoudgi avait publié en 1986 un remarquable ouvrage intitulé Matière-espace-temps.
Pourtant, après une belle introduction aux théories de la physique moderne, les explications fournies concernant le mécanisme BEH, selon lesquelles une particule circulant dans le champ BEH serait ralentie par ses interactions avec le champ BEH, comme dans une sorte de "mélasse quantique visqueuse" et ceci en vertu d'une brisure de symétrie du "potentiel d'auto-interaction du champ BEH en forme de chapeau mexicain" apparaissent relativement obscures. L'ouvrage illustre ainsi la difficulté de traduire en langage ordinaire le langage mathématique de la physique actuelle. C'est là un défi qui reste à surmonter.
La Réinvention du monde / The World reinvention

Les décisions qui orientent notre avenir sont guidées, souvent sans même qu'on s'en rende compte, par une certaine vision du monde. La crise actuelle correspond, dans une large mesure, à une crise de la vision du monde et à une absence de vision d'avenir. Comment construire une vision
d’avenir, à un moment où les enjeux et les défis sont devenus planétaires, alors
que. le progrès scientifique et technique est de plus en plus fréquemment contesté ? C'est l'objet de l'ouvrage "La réinvention du monde - Entre utopie et principe de réalité" qui vient d'être publié dans la collective Prospective de l'Harmattan.e
Défendre une vision d’avenir, compatible avec l’intérêt général et la
préservation des biens communs, se heurte à la contradiction entre un idéal,
qui peut être jugé « utopique », et une démarche prise en fonction d’intérêts
particuliers, au nom du « réalisme ». Cette contradiction ne peut
être surmontée qu’en associant lucidité et valeurs éthiques, pour
« réinventer le monde ». Il ne sera possible de formuler un projet collectif, que si l’esprit de
coopération l’emporte sur les antagonismes et les rivalités. L’auteur aborde
différents scénarios alternatifs pour un tel projet: décroissance,
développement durable, innovation technologique, société du savoir et de la
création, mondialisation responsable, émergence de nouvelles valeurs, en se
plaçant dans la perspective de l’histoire longue de l’humanité. Plutôt qu’essayer d’apporter des
réponses immédiates aux questions complexes qui restent à résoudre, il met
l’accent sur l’évolution des mentalités et les conditions à réunir pour aborder
avec lucidité et ouverture d’esprit les situations nouvelles que nous réserve
l’avenir.
samedi 28 septembre 2013
Désir d'infini / Longing for infinity
Dans son ouvrage "Désir d'infini", l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan mêle considérations mathématiques, philosophiques et astronomiques. Il montre comment notre perception de l'infini et de l'univers a évolué au cours des âges.Ceci le conduit à revisiter le concept d'univers parallèles et de "multivers", somme d'une infinité d'univers en parallèle. Ce concept démultiplie à l'infini le vertige que pouvaient susciter l'immensité de l'univers qui nous est directement accessible. Il ouvre des interrogations philosophiques et métaphysiques en incluant dans le champ scientifique des mondes qui ne sont pas directement observables. Par ailleurs la plus grande partie de l'univers apparaît occupée par une matière noire et une énergie sombre qui demeurent invisibles. Le vide acquiert des propriétés étranges, devient un "vide quantique vivant, effervescent, bouillonnant d'énergie".
La frontière entre physique et métaphysique s'estompe ainsi. Des idées telles que "l'éternel retour" ou la présence d'un autre monde radicalement différent du notre ne sont plus de simples mythes et deviennent plausibles. Le désir d'infini rejoint l'amour de l'éternité qui animait Nietzsche et notre besoin de transcender la condition humaine.
mardi 24 septembre 2013
Antifragile
Nassim Nicholas Taleb s'était fait connaître avec son ouvrage sur les "cygnes noirs", ces événements qui restent ignorés jusqu'à ce qu'ils surviennent, en changeant une donne qui semblait acquise. Dans son dernier ouvrage "Antifragile: les bienfaits du désordre", l'auteur poursuit sa réflexion sur les risques imprévus et la manière de s'en prémunir. Considérant qu'il est impossible de prévoir des événements tels que les cygnes noirs, il préconise une stratégie pour se prémunir du risque en multipliant les options, en faisant preuve de pragmatisme, en diversifiant ses choix. Ses critiques les plus vives vont à ceux qui se prévalent de théories (typiquement les universitaires) plutôt que de regarder la réalité en face. Il se fait en même temps le chantre des petites structures fluides, capables d'évoluer et de s'adapter rapidement, et donc de bénéficier du désordre. Il déploie des talents de conteur et son livre se lit avec plaisir.
mardi 10 septembre 2013
BIoéconomie et biopolitique / Bioeconomy and Biopolitics

En passant de l’ère moderne à l’ère postmoderne, nous aurions changé de paradigme. L’ère industrielle avait été marquée par la prédominance des pôles matière et énergie. Au cours de l’ère actuelle, souvent qualifiée de postmoderne, ce seraient les pôles du vivant et de l’information qui seraient devenus prédominants. Le pouvoir serait ainsi devenu un « biopouvoir ». Michel Foucault à introduit la notion de «biopolitique» en considérant que le pouvoir de la Société s'exerce de plus en plus sur la vie de chacun. Si cela paraît vrai dans des pays où le pouvoir central est très fort comme en Chine, où il a pu imposer la politique de l'enfant unique, cela semble beaucoup moins le cas au sein des démocraties occidentales, dans lesquelles l'individualisme semble triompher et ceci en dépit d'un rapide progrès des méthodes biométriques.
vendredi 6 septembre 2013
L'énergie et notre avenir / Energy and our future
Energy supply at a moderate price represents an essential factor for the economic and social development during the coming years. The growth of the energy demand represents a major trend which corresponds to the growth of demography and the improvement of living standards. Energy transition will take time. Therefore the impact of energy consumption upon the environment and the climate will be quite heavy. Whatever the scenario which is considered, it seems unlikely now to remain within the 2°C limit for the increase of the mean temperature, xhich is considered as the present goal. The coming years will be critical and a major collapse of biodiversity and human population cannot be excluded. In the longer term, the energy transition might lead to two different types of evolution. If the world energy consumption keeps growing, it seems difficult to avoid a large depolyment of nuclear energy. If energy supply is ensued by renewable energy sources, it will be probably necessary to accept a strong reduction of the world energy consumption, as biomass, solar and wind energy which are diffuse, require too much land surface area for supply large amounts of energy to more than 9 billion people. The economic and social consequences will be very large and still difficult to predict.
La fourniture d'énergie accessible à un prix modéré représente un facteur essentiel du développement économique et social dans les années à venir. Il est certes difficile de prévoir la transformation de la société dans les années à venir, mais la croissance de la demande d'énergie, qui correspond à une croissance de la démographie et à une amélioration permanente du niveau de vie moyen, représente une tendance lourde, à laquelle il sera difficile d'échapper. Par ailleurs, la transition énergétique à l'échelle mondiale sera inévitablement relativement longue. Dans ces conditions, la fourniture d'énergie étant assurée actuellement à 80% par des énergies fossiles, l'impact de la consommation d'énergie sur l'environnement et le climat risque d'être très marqué. En fait, quel que soit le scénario considéré, il apparaît d'ores et déjà quasiment exclu de pouvoir en rester à la limite des 2°C d'élévation de la température, qui correspondent au scénario le plus favorable du GIEC et qui a été adoptée comme objectif par l'Union Européenne. Le monde va donc passer nécessairement par une phase critique, qui va avoir des conséquences très préoccupante pour l'environnement, à une échelle qui reste inconnue. Un effondrement brutal de la biodiversité et du niveau de la population n'est pas exclu.
dimanche 1 septembre 2013
Au delà du développement durable / Beyond sustainable development
The present crisis is, in the first instance, a crisis of our World vision. The present system of representation, which places competition and profit at the center of the economy, has lead to the crisis of the cognitive capitalism which was supposed to represent the "new economy" and to the degradation of the environment. The concept of "sustainable development", proposed already more than 25 years ago in the Brundtland report has brought a real progress , but its impact has remained limited as it contradicts the basic principles of the present globalized economy. Therefore, it has produced some results at the local level, but has not been able to bring any solution to the major challenges of the planet, such as the rarefaction of natural resources, the growing scarcity of water, land, raw materials and the global warming. Only a new World vision will be able to change such a situation and provide appropriate answers. New values, accepted by all the human community, at a worldscale level, have to emerge, requiring an open and deep intercultural dialogue.
La crise actuelle peut être analysée comme étant d'abord une crise de la vision du monde. Le système de représentation actuel consistant à placer la compétition et le profit comme moteurs exclusifs de la mondialisation a abouti d'une part à la crise du capitalisme cognitif et financier qui était censé constituer la "nouvelle économie" et d'autre part à une dégradation de plus en plus préoccupante de l'environnement.
Le concept de développement durable a été présenté il y a déjà plus de 25 ans dans le rapport Brundtland. Il a représenté un progrès réel, mais se trouve en contradiction avec les principes qui régissent le fonctionnement de la mondialisation. Dans ces conditions, il a permis certains progrès à une échelle locale, mais n'a pas permis d'apporter aux grands défis actuels que représentent les risques de pénurie d'eau, de ressources alimentaires, de matières premières ainsi que le réchauffement climatique, auquel la communauté internationale a été incapable d'apporter une parade. Seule une nouvelle vision du monde et la prise en compte de nouvelles valeurs peut donc à l'avenir permettre de préserver les biens communs que constituent l'eau, l'atmosphère, la terre et la biosphère. Pour que des valeurs authentiques puissent émerger, en étant acceptée par l'ensemble de la communauté humaine, il est nécessaire de pratiquer un dialogue interculturel ouvert et approfondi.
samedi 31 août 2013
L'économie du Bien commun / The Economy for the Common Good
The Forum "Imagine the Commun Good" was recently held in Paris. During the Forum, one of the central issues was related to the possibility of setting the Common good at the center of the economy. It requires a new logic referring to ethics and not only to competition and profit. Some of the potential tools for creating a "sharing economy" were also discussed.
A major question is to know how to proceed for reaching such a goal. Simple personal initiatives, although useful, are probably not sufficient for achieving this result within the present system. An etatic regulation is difficult to put in place within a democratic country and may lead to dictatorship if imposed to the majority.
Therefore, Common good can remain only an orientation which can be implemented at all levels, personnal or collective, without any dogma but by spreading the conviction that the survival of our society depends upon the will to implement such a program.
Un forum international consacré au Bien commun s'est tenu du 25 au 28 août à Paris. Au cours de ce forum, différents intervenants ont évoqué la façon de placer le Bien commun au centre de l'économie. Pour y parvenir il est nécessaire de sortir de la logique actuelle de compétition et de profit, en introduisant des principes éthiques dans la conduite de l'économie. Il est nécessaire d'autre part de mettre en place des moyens pour parvenir à une "économie de partage".
Toute la question est bien sûr de savoir comment y parvenir. Il est peu probable que la simple initiative personnelle puisse suffire dans le cadre du système actuel. Si l'on accepte la nature humaine telle qu'elle est, il est peu vraisemblable qu'elle se transforme du jour au lendemain, en se tournant vers l'intérêt général et en acceptant de le faire prévaloir sur les intérêts individuels. Un dispositif de régulation étatique peut être difficile à mettre en place dans un cadre démocratique et s'il est imposé par le pouvoir, il risque fort de mener à une dictature, avec toutes les dérives possibles qui en découlent.
Dans ces conditions, le Bien Commun doit rester une orientation, même si le but en lui même (une économie fondée sur le Bien Commun) paraît pour le moment inatteignable. Les moyens pour mettre en oeuvre une économie du Bien commun doivent être pensés à tous les niveaux: individuel, associatif, entrepreneurial et gouvernemental, en se gardant de tout dogmatisme, mais en restant fidèle à une orientation qui conditionne la survie de la société..
jeudi 22 août 2013
From a solid to a gaseous society / De la société solide à la société gazeuse
Zygmunt Bauman avait évoqué une société "liquide", en constatant que la cohésion sociale s'était amoindrie et que la société évoluait vers toujours plus de flexibilité et de précarité. Il exprimait ainsi la nostalgie des sociétés plus stables du passé. Poursuivant cette métaphore, on peut parler de société "solide" et "gazeuse". Si les contraintes imposées sont trop nombreuses et si l’organisation de
la société est trop rigide, le système économique et social devient incapable
de changer et donc de s’adapter. La société est alors figée et "solide", en devenant incapable de se transformer. Dans le passé, c'est ce qui est arrivé à l'empire chinois. Plus récemment, ce fut le cas de l'URSS. L'organisation sociale court alors le risque de s’effondrer
brusquement, comme ce fut le cas de l’URSS en 1991. La tentative de réforme
opérée par Gorbatchev, intervenue trop tard, contribua à précipiter la chute. A l'inverse, dans un système totalement dérégulé, les individus tendent à agir dans le sens de leur unique intérêt et le système devient de plus en plus "volatil". La société devient "gazeuse", en l'absence de toute cohésion. Soumise à de fortes turbulences, elle peut tendre rapidement vers
un fonctionnement chaotique. C’est la
situation qu'a connu le système néolibéral, caractérisée par une
très grande volatilité des cours boursiers ainsi que par une succession de
bulles et de crises. Ce comportement s'est traduit par la crise de 2008.
mercredi 21 août 2013
A qui appartient l'avenir? / Who owns the future
Dans son ouvrage "Who owns the future", Jaron Lanier critique la façon dont l'économie numérique s'est développée et en particulier la relation dissymétrique que les compagnies gérant les réseaux sociaux entretiennent avec leurs participants. L'ouvrage de Jaron Lanier est intéressant à de multiples égards. D'abord, parce que l'auteur connait bien le milieu dont il parle, ayant été l'un des pionniers de la "réalité virtuelle". Ensuite, parce qu'il peut aider à se dégager de quelques illusions concernant les vertus de 'l'économie immatérielle". Il montre en effet que si l'on n'y prend pas garde, elle pourrait conduire à un chômage massif , à des inégalités croissantes et à une progressive disparition des classes moyennes.
mardi 20 août 2013
Les réseaux intelligents et la pensée magique / Smart grids and magical thinking
Smart grids are very trendy nowadays as they seem to enable the building up of a new kind of energy Internet. They are supposed to bring a solution to a difficult problem: how to deal with the intermittent production of electricity by renewable sources? What to do when there is no wind, and how to provide electricity at peak load , in the evening or early morning, when the sun shines only during the day? A technical solution requires a back-up, either by fossil-fuel power plants or storage units. But, presently, electricity storage is not economically affordable and back-up by fossil fuels is not very attractive. Therefore, "smart grids' are presented as the solution to the problem There is no doubt that in the area of electricity transportation, as in any other area, numerical technologies have an important role to play for the automation and on-line optimization of the grid. Still, no intelligent grid can provide energy from nowhere, and smart grids cannot compensate an unbalance between supply and demand, except by cutting the supply to some selected users when the demand exceeds the available power. At least refering to "smart grids" is a good way to avoid providing any other answer. 'Smart" is the magic word which can be put forward in any circumstance. It can help also to justify overcosts and large investments, as "intelligence" is always expensive!
Le thème des "réseaux intelligents" est un exemple intéressant de la façon dont la pensée magique peut se déployer en apportant de fausses solutions à des problèmes réels. Au départ, il s'agit de répondre à un problème difficile. Comment compenser l'intermittence des sources d'énergie renouvelable? Comment faire lorsque les éoliennes ne produisent pas d'électricité, parce qu'il n'y a pas de vent et qu'il faut assurer une pointe de demande? Comment fournir de l'électricité le soir ou de bon matin, lorsque le rayonnement solaire ne peut fournir d'électricité que durant la journée? La solution technique au problème consiste à mettre en route des centrales fonctionnant avec des combustibles fossiles ou éventuellement mettre en oeuvre des systèmes de stockage d'énergie. Les systèmes de stockage d'énergie sont actuellement jugés comme étant beaucoup trop coûteux et assurer le back-up par du combustible fossile est une solution jugée "non présentable". C'est la raison pour laquelle, on préfère dire que le problème sera réglé par des "réseaux intelligents". Comme toutes les technologies, le transport de l'électricité bénéficie des technologies numériques, qui permettent d'assurer son automatisation et même l'optimisation des conditions de fonctionnement en temps réel. Par contre elles ne permettent pas de créer de l'énergie venant de nulle part. Quelle que soit "l'intelligence" d'un réseau, on ne voit pas comment il peut résoudre le problème d'un déséquilibre entre l'offre et la demande, autrement qu'en faisant appel à des sources d'énergie modulables (c'est à dire fossiles) ou à des stockages, qui ne peuvent se développer dans les conditions économiques actuelles. Au mieux, le réseau intelligent peut imposer des délestages à des clients jugés non prioritaires pour "effacer" une pointe de demande.
Mais de cette façon, il existe une réponse toute prête à la question de savoir comment gérer l'intermittence: on fera appel aux réseaux intelligents. Expliquer comment y parvenir est sans doute trop compliqué pour être expliqué autrement que par un vague schéma. "Intelligent" est le terme magique, qui permet de ne pas répondre aux questions.
lundi 19 août 2013
Les transports du futur / Future transportation
During many years, transportation means seemed to evolve only slowly through an incremental progress.: cars driven by internal combustion engines, planes by turboreactors, ships equiped with diesel groups. Now many new ideas seem to emerge and evolve rapidly. Three main groups of innovations can be considered:
- Fully automated vehicles: cars, ships, but also planes, which will not need any pilot (PPlane concept).
- New propulsion systems: hydrid propulsion for cars, ships but also for planes, making possible during the descent to recover a part of the energy required for the ascent, hydrogen as a fuel for casr, but also and probably more promising for ships and planes, electric vehicles, with inductive transmission during motion, along "an electric road".
- New sustentation systems and ultra-high speed transportation: vactrain transported at 2500 mph in a vacuum tunnel, hypersonic planes, morphic surfaces, tropospheric solar zeppelin, suspended vehicles (cable or rail) in urban areas, adjustable slidewalks.
All ideas will not succeed. Still, this come back of imagination and talent demonstrates that we are entering into a world of intelligence and creation, which will open a whole array of very diverse options, from new ways of walking to hypersonic transportation
Depuis des dizaines d'années, les principaux moyens de transport semblaient figés: automobiles et moteurs à combustion interne, avions propulsés par turboréacteurs, paquebots équipés de groupes diesel. .
Actuellement, le paysage paraît changer: de nouvelles solutions, qui n'auraient pas été imaginées, il y a seulement quelques années apparaissent et se développent rapidement. Ces innovations concernent l'ensemble des transports air, terre et mer. Elles sont trop nombreuses pour être récapitulées en quelques lignes, mais peuvent être classées en trois grandes catégories:
mercredi 7 août 2013
Energie perpétuelle gratuite (libre) / Perpetual free Energy
The idea of a perpetual free Energy encounters a wide interest, as shown by the numerous articles and videos which can be found on the Web, describing machines able to display an efficiency "higher than 100%". It is specially popular among all the adepts of New Age movements. This is a good exemple of a new kind of magic thinking, and of a regression of reason. The adepts mention numerous experiments "proving" the existence of such a free energy. The beauty of science lies in the fact that it is not necessary to ananalyze the detailed mechanism of such machines, for knowing that they cannot work. Admitting that they do work would mean that Science as a whole is wrong. Perhaps in the future, some new source of energy will be found, but then it will require a new kind of science. High level scientists would be eager to find it out. But this time has not come yet.
L'idée d'une "énergie perpétuelle gratuite (ou libre)", qu'il suffirait de prélever sur l'espace environnant, rencontre un vif succès, notamment auprès de tous les adeptes du New Age ou d'une pensée alternative. Tesla en avait rêve, mais sans jamais en établir l'existence. A son époque, l'existence de l'éther était encore admise. Elle représente un bel exemple de régression de la pensée et de l'irruption d'une pensée magique dans le monde contemporain. La conviction dont font preuve ses adeptes est dangereuse, car elle ne laisse pas de place au dialogue. Ceux qui n'admettent pas le concept sont des complices des compagnies pétrolières, qui empêchent l'énergie libre d'être adoptée par tous, en ruinant leurs activités. L'un des principaux instigateurs du concept d'énergie libre a pu bénéficier du soutien d'Adolf Hitler qui avait donné l'ordre de lui fournir toute l'aide possible.
Entre utopie et principe de réalité / Between utopia and realpolitik
Les projets de vision alternative
du monde restent souvent utopiques. Ils peuvent être défendus avec acharnement,
même s’ils se situent en complet décalage avec la réalité présente ou future. Dans
certains cas, la défense d’un tel projet peut même prendre la forme d’un
activisme, pratiquant la désinformation et utilisant des méthodes
d’intimidation. Elle prétend alors incarner l’opinion, même si elle n’est que
l’expression d’une minorité. Elle peut aussi s’apparenter à une pensée magique, prête à imaginer le
monde, non pas tel qu’il est, mais tel qu’il devrait être. La pensée magique
refuse de prendre en compte les objections scientifiques, qui ne seraient pas
conformes à sa vision. Elle s’associe fréquemment à la pensée New Age,
pour imaginer des options fantaisistes.
De telles utopies, imposées par une minorité agissante, débouchent en
général sur de graves désillusions. Ainsi, certaines formes d’activisme
écologique, en refusant tout débat ouvert, risquent de mener à des impasses et
de détourner de l’écologie une large partie de l’opinion. Les mouvements
anarchistes, tout en proclamant des principes d’autogestion, n’hésitent pas à
imposer leur point de vue par l’intimidation physique ou morale et peuvent même
être tentés de poursuivre des actions terroristes.
mardi 6 août 2013
Théorie des jeux et réchauffement climatique / Game theory and global warming
Global warming is presently widely accepted as a fact and its potentially dramatic consequences are well known. Still, it is easy to recognize that the international community is very far from an agreement concerning an action plan to be implemented at a world wide level. This situation may seem puzzling. Is it due to an incapacity of human nature to recognize the reality of an imminent catastrophe? The explanation lies rather in the contradiction between individual and collective interest in this case. Actions to be taken for preventing global warming represent a heavy cost and are detremental to the economic competitiveness within a global market. Therefore, from a game theory viewpoint, each player will try to convince the other players to accept to take the actions, while postponing as long as possible his own actions. Such an attitude will be especially favoured when international negociations are dominated by competition and political cynicism. Presently, the major emitters of Green House Gases, China and United States, are giving quite clearly the priority to their economic competitiveness, despite the risk of a catastrophe at a world wide level . For countries willing to act, deciding unilateral actions is probably not the right policy as it may be interpreted by the other players as an encouragement to their present policy. Reaching an international agreement on a sound basis is the only way to change the way the game is going on.
Il existe actuellement un consensus très large en ce qui concerne le réchauffement climatique, la relation qui existe entre ce réchauffement climatique et les activités humaines, ainsi que sur les actions à entreprendre pour le limiter. Pourtant, alors que la communauté internationale est consciente des implications dramatiques d'un tel réchauffement, elle est encore très loin d'avoir adopté un plan d'action concret avec des contraintes effectives sur les niveaux d'émission. Pour Jean-Pierre Dupuy, ceci tient au fait qu'en dépit de tous les arguments possibles, nous sommes incapables de penser la catastrophe.
Il existe une autre explication, plus simple, qui tient à la contradiction entre intérêts particuliers et intérêt collectif. A une échelle locale, je peux contribuer à des actions visant à limiter le réchauffement climatique et mon intérêt rejoint l'intérêt général. Pour éviter la catastrophe, il faut que l'ensemble de la population mondiale limite ses émissions de gaz à effet de serre. Toutefois l'impact spécifique des activités menées par un individu ou même une collectivité particulière reste faible. Dans le contexte de la mondialisation, les actions à entreprendre représentent des coûts et une perte de compétitivité. J'ai donc intérêt à ce que les autres appliquent une telle politique, tout en m'en disposant moi-même.
lundi 5 août 2013
Vers un effondrement de la civilisation? / Towards a collapse of civilization?

Dans l’avenir, un effondrement au niveau
planétaire pourrait être causé par une
destruction irréversible de l’environnement. On a pu montrer qu’un changement
brutal peut affecter les écosystèmes à partir du moment où un seuil critique
est franchi.
Certains scientifiques estiment que la
biosphère pourrait être affectée par une transition relativement rapide, entraînant
une extinction massive des espèces biologiques et une progression spectaculaire
de la désertification, au dessus d’une valeur critique de la fraction des sols
occupés par l’homme, pour ses besoins, que ce soit l’habitat, l’agriculture ou
encore d’autres usages. Cette fraction est déjà d’au moins 43%. Elle pourrait
s’élever à 50% en 2025 et à 70% d’ici 2060. Le seuil critique pourrait être
atteint avant 2050.
Big data et anticipation / Big data and future forecasting
Les signaux faibles représentent un moyen d'anticiper les ruptures. Toutefois, détecter et interpréter les signaux faibles n'est pas toujours simple.Une révolution en cours concerne les Big
data, c'est-à-dire le traitement de bases de données extrêmement
étendues, pour en tirer les informations les plus pertinentes. Des algorithmes
analogues à ceux qui sont employés pour les moteurs de recherche sont utilisés
pour établir des corrélations entre des données qui au départ pouvaient sembler
non reliées entre elles. Il est même possible à partir de ces vastes ensembles
de données d’élaborer des modèles numériques de systèmes complexes, qui servent
à prévoir l’évolution future de tels systèmes.
dimanche 4 août 2013
Signaux faibles / Weak signals
Change and disruptions are difficult to forecast. Weak signals come from the perphery and their meaning seems fist marginal. Weak signals, can remain unnoticed, but when they are systematically collected, gathered, and correctly interpreted, they can provide indications that a global trend which has been observed for years might be reversed. They help to anticipate major changes occuring in society.Major trends such as delocalization in emerging countries, urban sprawl or giant supermarkets might be reversed in the near future. It is only by observing weak signals that we can anticipate such disruptions.
Pour ne pas se trouver pris au dépourvu, face au changement et aux ruptures potentielles, il est nécessaire d’associer trois démarches : observer, comprendre, et imaginer.
Observer, c’est recueillir le plus possible d’informations pertinentes à travers le travail de veille et d’intelligence économique. Les signaux faibles correspondent à des informations, qui, prises isolément, ne suffisent pas à détecter les changements à venir, mais qui peuvent fournir des indications très utiles lorsqu’elles sont réunies en un faisceau d’indices et analysées en imaginant différents futurs possibles. Les signaux faibles interviennent généralement en périphérie et leur signification semble initialement marginale. Lorsqu'ils sont correctement interprétés, ils peuvent aider à anticiper un changement majeur ou une rupture. Les signaux faibles sont surtout importants lorsqu’ils sont en contradiction avec la tendance lourde du moment. Un signal faible, en conjonction avec d’autres, peut être alors interprété comme l’amorce d’un changement qu’il permet de détecter.
L'auto-organisation de l'économie / Spontaneous order in economy
The idea that society evolves through spontaneous order or through "autopoiesis", according to the terminology introduced by Humberto Maturana and Francesco Varela is now widespread. For the economist Frierich von Hayek, most social institutions have been built through such a "spontaneous order". He considered that it is the only process suited for a modern society. As a consequence, in economy, the Market is the only mechanism which can enable economy to evolve in a proper way. For Hayek, all state-driven decisions are most of the time arbitrary and tyrannic. His views have provided the theoretical basis for the neoliberal doctrine. Organization through spontaneous order is indeed adaptad to everyday life and planned economy has proven to be a failure in this area. Still, spontaneous order does not imply that the evolution thus followed will reach an optimal or even a viable state. It is clearly not adapted for meeting large planetary challenges, such as global warming. A new form of economic organization combining "spontaneous order" with some planned organization at a worldwide scale remains to be invented
L’idée que la société progresse par « auto-organisation », ou selon l’expression de Humberto Maturana et Francesco Varela par « autopoïèse »[1], est maintenant largement répandue. Elle constitue le point de départ de la théorie des systèmes sociaux du sociologue allemand Niklas Luhmann[2]. Pour Niklas Luhmann, une telle capacité d’auto-organisation de la société est liée avant tout à ses facultés de communication à travers un langage. L’ordre global d’un système auto-organisé s’établit spontanément à partir des interactions entre les différents éléments, individus ou organisations, qui le constituent. Ainsi, les structures complexes du monde vivant relèvent d’un processus d’évolution auto-organisé, à travers le mécanisme de sélection naturelle décrit par Darwin. Partant de la distinction traditionnelle que les Grecs avaient établie entre l'ordre naturel (cosmos) et l'ordre artificiel (taxis), l’économiste Friedrich von Hayek a introduit l’idée d’un « ordre spontané », résultant de l'action humaine, mais qui ne serait pas, pour autant, l’aboutissement d’un dessein conscient.
mardi 25 juin 2013
Microalgues / Microalgae
Microalgae were born in the sea three billions years ago. During all this time, they have developed a whole range of options and products for the best adaptation to various ambiant conditions. Micro-algae have generated much excitement in the area of biofuels and numerous start-ups have been created for this purpose. Still, biofuels production does not seem competitive yet. But micro-algae can find many other applications. In the future, they might represent an alternative to animal breeding for the production of proteins. They are used already for producing food additives such as antioxydants, DHA fatty acid, carotenoids. They can be used in many applications of fine chemistry and pharmaceutical industry. As microalgae are able to capture pollutants such as hydrocarbons and metals, they can be used for environmental protection and remediation. Thus the present developments in the area of microalgae could be part of the main options which might generate large mutations of the economy in the near future.
Les microalgues sont nées dans la mer il y a trois milliards d'années. Comme l'explique Claude Gudin dans son ouvrage sur "l'histoire naturelle des micro-algues", pendant toute cette durée, elles ont été capables de s'adapter à des conditions très variables du milieu environnement. Elles ont su exploiter toutes les possibilités offertes par la photosynthèse et ont développé une chimie complexe pour s'adapter à des milieux différents. Elles suscitent actuellement un intérêt considérable, car elles peuvent être cultivées dans des réacteurs, soit à la lumière du jour (conditions autotrophes): elles synthétisent alors des sucres et des huiles, soit en l'absence de lumière, en utilisant un substrat sucré pour alimenter leur croissance (conditions hétérotrophes). Il est donc possible de les produire sans exploiter de surface de terre agricole.
L'énergie à l'horizon 2050 / Energy 2050
The demand for energy is growing, due to demography and rising living standards. Considering different scenarii by 2050, it is only by combining a degrowth of energy consomption from 2 toe to 1 toe (whereas the trend is 3 toe) with a very strong progression of non carbon energy sources that it would be possible to meet the requirements of a temperature rise not exceeding 2°C. Unfortunately, such a scenario is not very likely to occur. United States and China are relying upon the least expensive energy sources, shale gas ans coal, for supporting their economy. The European Union is driven by illusions and "story telling", leading to an incoherent policy combining ultraliberalism with arbitrary constraints. It is urgent now to find a new way, at a worlwide level, for taking into account both economic needs and the urgency of saving the climate.
L'énergie alimente le moteur de l'économie. Son avenir à l'horizon 2050 et au delà pose de graves problèmes, pour lesquels il n'existe pas de solutions simples. La croissance de la demande est due à la progression de la démographie et à l'augmentation continue du niveau de vie. Elle pose le problème d'une raréfaction à terme des ressources, mais soulève aussi la question de plus en plus préoccupante du réchauffement climatique.
L'énergie primaire est assurée pour 80% par des énergies fossiles et cette part n'évolue que lentement. Dans ces conditions, la transition énergétique risque d'être longue et de ne pas être complètement achevée à la fin du siècle. La consommation d'énergie a été de 1,5 tep (tonne équivalent pétrole) par habitant et par an en moyenne dans le Monde en 2010. En 2050, un scénario tendanciel conduit à une consommation de 3 tep par habitant et par an. On peut envisager deux scénarios "alternatifs": un scénario de limitation à 2 tep et un scénario de décroissance à 1 tep. Le scénario de décroissance pourrait être toutefois très pénalisant pour l'économie mondiale et en particulier pour les pays en voie de développement.
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