Ce blog rassemble des informations et des réflexions sur l'avenir qui nous attend.

This blog presents informations and views about the future.

mercredi 23 octobre 2013

La fin de la viande? / The end of meat?


Many reasons support the idea that our present consumption of meat should come to an end:
- Meat consumption increases the risk of cancer and heart disease.
- It represents a very heavy burden for the environment (pollution and high consumption of resources). Extrapolating the present Western mode of nutrition to the whole world would bring this burden to a highly unacceptable level.
- Alternative solutions become available for the production of proteins (micro-algae, transformation of insects.
- The most imperative reason is ethical. Animals are obviously conscious and sentient beings. Therefore their life and well-being have to be protected, especially in the case of the most evolved animals, such as superior mammals.
It is not what happens now and the share of meat increases at the world level. It is perceived as a progress by most populations. Food is narrowly related to the culture and the habits acquired during infancy evolve only slowly. In this area as in many others, a cultural change is the first step. Still, we can think that in the future, human beings will observe with surprise and horror the cruelty of our time.

De nombreuses raisons incitent actuellement à fortement ralentir, voire à arrêter complètement la consommation de viande:
- La consommation de viande entraîne des risques pour la santé: risques cardiaques liés à la consommation de graisse, risques de cancer liés à la consommation de viande grillée (la pratique du barbecue étant particulièrement nocive)
- La consommation de viande se traduit par une très forte pression sur l'environnement. L'élevage consomme une part de plus en plus importantes des ressources agricoles. Pour que l'ensemble de la population mondiale puisse adopter le régime alimentaire nord-américain actuel, il faudrait d'ici là produire  cinq fois plus d'aliments qu'aujourd'hui, ce qui semble peu imaginable. Pour simplement poursuivre la tendance actuelle, il faudrait doubler la production agricole entre 2010 et 2030, ce qui correspond à un rythme de croissance nettement supérieur à celui qui a été observé ces dernières années. En outre la pollution résultant de tous les excréments (fientes, lisier) est de plus en plus difficile à maîtriser.
- Des solutions alternatives de fourniture de protéines deviennent disponibles (micro-algues ou transformation d'insectes: la production d'un kg de vers de farine nécéssite11 fois moins de surface agricole que la production d'un kg de bœuf).

samedi 12 octobre 2013

Le principe innovation / The innovation principle

Anne Lauvergeon, the former CEO of Areva, has chaired a Commission which has recently issued a report about innovation. It recommends six major priorities: energy storage, recycling,  better exploitation of sea resources (metals and sea water desalination) , vegetable proteins and green chemistry, medical sensors, innovation for elderly people and Big data. Beyond these specific topics, the report advocates for an "innovation principle" able to equilibrate the "precautionnary principle", which has been accused to generate inaction. The report recommends to reintroduce the idea of change, risk and possibility of failure, in order to promote entrepreneurship and innovation. Promoting innovation requires also to break many existing barriers and to give to the individual the freedom to grow through creativity and invention as recommended by Carl Bass, the CEO of Autodesk , one of the pionners of 3D printing in the United States.

La Commission présidée par Anne Lauvergeon vient de rendre au Président de la République un rapport sur l'innovation. Le rapport préconise six grandes priorités: le stockage de l'énergie, le recyclage (et notamment celui des métaux rares), la valorisation des richesses marines (métaux et dessalement de l'eau de mer), les protéines végétales et la chimie du végétal, la médecine individualisée, l'innovation au service des seniors et les Big data. 
Au delà de ces voies de progrès, le rapport préconise l'adoption d'un "principe d'innovation" venant équilibrer le "principe de précaution", qui risque à lui seul d'être générateur d'immobilisme. 
Plus que d'un ensemble de mesures et d'un programme de financement, il s'agit là d'introduire une changement culturel pour "réapprendre à oser, à accepter le risque et donc l'échec", "stimuler et encourager la création d'entreprises, l'innovation, les PME innovantes, l'expérimentation, l'audace, l'achat innovant". Promouvoir l'innovation, c'est aussi décloisonner la pensée en silos et donner à l'individu la capacité de s'épanouir à travers une attitude créative, comme le préconise Carl Bass le président d'Autodesk, l'un des pionniers de l'impression 3D aux Etats-Unis..

dimanche 6 octobre 2013

L'économie positive / The positive economy

Is the "positive economy" the solution to all our problems?  The report  of the commission chaired by Jacques Attali seems to claim that. To advocate for a long term thinking is certainly right. Still, can the "positive economy" provide a vision for the future, able to federate all our efforts?
Positive is a very general and vague wording. It includes everything, sustainable development and altruistic behaviour.  It suggests that it is possible to combine all the advantages. Unfortnately, reality is not so "positive". Globalization imposes an intense competition. General interest is in contradiction with many personnal interests. Efforts and choices are required.

"L'économie positive" est-elle la solution à tous nos problèmes? Le rapport de la commission présidée par Jacques Attali, téléchargeable sur le site du LH Forum, semble l'affirmer. Jacques Attali a le grand mérite d'alimenter constamment une réflexion de fond sur les grands enjeux du pays et de la planète. En outre, il présente des constats de fond qui paraissent fort justes, notamment en dénonçant la tyrannie du court-terme. Pour autant, "l'économie positive" apporte-t-elle la vision d'avenir susceptible de galvaniser les efforts? 
Le terme lui-même paraît fort vague. L'économie positive intègre le long terme, mais aussi l'altruisme. Le terme de positif englobe tout, attrape tout. Certes on pouvait se douter que la crise actuelle s'explique largement par "le caractère non positif de l'économie mondiale". Mais est-ce que cela suffit pour rendre compte des manœuvres douteuses qui ont pris à une minorité de spéculateurs de s'enrichir en toute impunité?Ce n'est pas en louant la micro-finance qu'il sera possible de régler le problème, mais en s'attaquant aux mécanismes de la mondialisation. Affirmer que les technologies numériques favorisent l'altruisme, c'est reprendre le discours de Jeremy Rifkin, c'est oublier que ce sont elles qui ont permis un développement incontrôlé de la finance et le trading à haute fréquence.
Ce qui est gênant dans cette façon de vouloir "positiver" l'avenir, c'est qu'elle semble prétendre que la voie est toute tracée, en combinant tous les avantages. Dans le monde réel les tensions entre l'intérêt général et l'intérêt particulier ou entre les nations sont constantes. Des efforts et des sacrifices sont nécessaires, surtout dans les périodes de crise et les choix à effectuer ne sont sans doute pas aussi évidents que semble vouloir le dire le rapport. 

L'innocence du carbone? / Is carbon innocent?

While the first results to be published in the new IPCC report are made public, new books written by climate skeptics have been recently published in France. The book by François Gervais "The innocence of carbon" puts forward an argument which may seem decisive. The carbon dioxide molecule absorbs infra-red radiations only at two frequencies. He states that "a  layer of air ten meters thick absorbs completely these radiations". Therefore this effect is rapidly saturated and adding more CO2 does not change any more the earth thermal balance. In fact, it is the overall effect across all the frequencies range which has to be taken into account,  and this effect is not saturated. Although the radiative forcing  is not proportionnal to the CO2 concentration, it varies as its logarithm. It appears clearly once again that although it is legitimate to raise questions, using a systematic denial approach based upon simplistic arguments can only contribute to create more confusion. 

La parution des premiers éléments du nouveau rapport du GIEC, on observe une nouvelle offensive des climato-sceptiques avec la publication de deux ouvrages: "Climat: 13 vérités qui dérangent" et "L'innocence du carbone". Le livre de François Gervais, "L'Innocence du carbone" attire tout particulièrement l'attention. D'une part, l'auteur est un scientifique reconnu, et d'autre part, il avance un argument qui peut sembler décisif, auquel se résume l'ensemble de l'ouvrage . La molécule de dioxyde de carbone n'absorbe le rayonnement infra-rouge qu'à deux fréquences. Il en déduit qu'elle se comporte comme "une vraie passoire au rayonnement". En outre, et c'est là le point le plus important, l'effet de serre produit à ces deux niveaux de fréquence est complètement saturé. Ainsi, d'après François Gervais, "à ces deux fréquences, au niveau de la mer, il suffit d'une couche d'air d'une dizaine de mètres de hauteur pour occulter le rayonnement terrestre". Cette affirmation est utilisée pour nier tout effet significatif du dioxyde de carbone. Si l'effet d'absorption par les molécules de CO2 est saturé, toute émission supplémentaire de ce gaz est sans effet.  En fait, il s'agit là d'observations élémentaires, qui n'ont rien de nouveau. C'est la transmission du rayonnement sur l'ensemble du spectre qui compte et non sa transmission aux deux fréquences d'absorption, Dans les fréquences voisines des deux fréquences d'absorption, il n'y a pas d'effet de saturation et c'est ce qui explique la variation logarithmique du forçage radiatif avec la concentration de CO2. Sur des questions aussi importantes, il importe de poursuivre les recherches et aussi d'éclairer l'opinion. La complexité des modèles incite à poser des questions. Toutefois, ce n'est pas en faisant preuve d'un parti-pris systématique et avec des raisonnements aussi simplistes, que l'on fera avancer le débat.

samedi 5 octobre 2013

Le boson et le chapeau mexicain / The boson and the mexican hat

The experimental discovery of the Higgs (or BEH) boson in july 2012, with the help of the CERN hadron collider, has been a landmark of last year. Englert and Higgs have just received the Nobel prize for their work concerning the BEH boson. This particle remained to be discovered for proving the validity of the "standard model". The BEH boson plays a central role in this model, as only the particles which interact with the BEH boson, acquire a mass. The book recently published (in French) by Gilles Cohen-Tannoudgi and Michel Spiro presents an overall picture of our knowledge. Both authors are highly competent. Still, their explanations of the BEH mechanism, linked with the fact that the auto-interaction potential of the field has the shape of a  Mexican hat, which can lead to a break of the symmetry remain difficult to follow for the non-specialist. It corresponds of course to the difficulty of translating in plain language the mathematical language of modern physics. Still, the challenge remains to overcome.

La découverte expérimentale du boson de Higgs (ou encore BEH, pour Brout, Englert et Higgs) en juillet 2012, grâce au grand collisioneur de hadrons du CERN, a marqué l'actualité scientifique récente. Englert et Higgs viennent d'être récompensés par le prix Nobel de physique pour leurs travaux sur le boson BEH. Cette particule, qui restait à découvrir pour compléter le "modèle standard", joue un rôle central, car seules les particules qui interagissent avec elle acquièrent une masse. L'ouvrage de Gilles Cohen-Tannoudji et Michel Spiro intitulé "Le boson et le chapeau mexicain" arrive donc au bon moment pour éclairer ceux qui veulent mieux comprendre le monde dans lequel ils habitent, sans être des spécialistes. Les deux auteurs, physiciens de renom,  sont prestigieux. Gilles Cohen-Tannoudgi avait publié en 1986 un remarquable ouvrage intitulé Matière-espace-temps.
Pourtant, après une belle introduction aux théories de la physique moderne, les explications fournies concernant le mécanisme BEH, selon lesquelles une particule circulant dans le champ BEH serait ralentie par ses interactions avec le champ BEH, comme dans une sorte de "mélasse quantique visqueuse" et ceci en vertu d'une brisure de symétrie du "potentiel d'auto-interaction du champ BEH en forme de chapeau mexicain" apparaissent relativement obscures. L'ouvrage illustre ainsi la difficulté de traduire en langage ordinaire le  langage mathématique de la physique actuelle. C'est là un défi qui reste à surmonter.

La Réinvention du monde / The World reinvention

The decisions which determine our future depend, often in an unconscious way,  upon our World vision. The present crisis corresponds to a large extent to a lack of a vision for the future. How to build such a vision, when the stakes and challenges have become planetary, while the mere idea of progress is more and more frequently questioned? These are some of the issues tackled in a book just published in the Futures Studies collection of the Editions de l'Harmattan ( for the time being in French),  entitled "The World Reinvention - Between Utopia and the Reality Principle". The main difficulty to overcome, discussed in the book, is the need  to conciliate the general interest and the preservation of common goods with a realistic approach. Different solutions and scenarios are presented. Most of the situations which have to be considered are complex and adopting a broad, open, multidisciplinary and intercultural approch appears as most important for entering into a new and uncertain age. 

Les décisions qui orientent notre avenir sont guidées, souvent sans même qu'on s'en rende compte, par une certaine vision du monde. La crise actuelle correspond, dans une large mesure, à une crise de la vision du monde et à une absence de vision d'avenir. Comment construire une vision d’avenir, à un moment où les enjeux et les défis sont devenus planétaires, alors que. le progrès scientifique et technique est de plus en plus fréquemment contesté ?  C'est l'objet de l'ouvrage "La réinvention du monde - Entre utopie et principe de réalité" qui vient d'être publié dans la collective Prospective de l'Harmattan.e
   Défendre une vision d’avenir, compatible avec l’intérêt général et la préservation des biens communs, se heurte à la contradiction entre un idéal, qui peut être jugé « utopique », et une démarche prise en fonction d’intérêts particuliers, au nom du « réalisme ». Cette contradiction ne peut être surmontée qu’en associant lucidité et valeurs éthiques, pour  « réinventer le monde ». Il ne sera possible de formuler un projet collectif, que si l’esprit de coopération l’emporte sur les antagonismes et les rivalités. L’auteur aborde différents scénarios alternatifs pour un tel projet: décroissance, développement durable, innovation technologique, société du savoir et de la création, mondialisation responsable, émergence de nouvelles valeurs, en se plaçant dans la perspective de l’histoire longue de l’humanité. Plutôt qu’essayer d’apporter des réponses immédiates aux questions complexes qui restent à résoudre, il met l’accent sur l’évolution des mentalités et les conditions à réunir pour aborder avec lucidité et ouverture d’esprit les situations nouvelles que nous réserve l’avenir.

samedi 28 septembre 2013

Désir d'infini / Longing for infinity

In his book "Désir d'infini" (Longing for infinity, not yet published in English), the astrophysicist Trinh Xuan Thuan brings together mathematical, philosophical and astronomical considerations. He shows how our perception of infinity and universe has evolved during history, until now. He explores the concept of  a "multiverse" gathering an infinite number of parallel universes. The major part of the universe appears filled with dark matter and dark energy, which remain invisible to us. Vacuum itself becomes full of energy and able to produce particles. The frontier between physics and metaphysics becomes blurred. Ideas such as "eternal return" or "another World" radically different from ours become plausible. During the ages, longing for infinity and eternity resulted from the need to transcend the human condition. Science brings now a renewed vision of the "reality" which surrounds us.

Dans son ouvrage "Désir d'infini", l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan mêle considérations mathématiques, philosophiques et astronomiques. Il montre comment notre perception de l'infini et de l'univers a évolué au cours des âges.Ceci le conduit à revisiter le concept d'univers parallèles et de "multivers", somme d'une infinité d'univers en parallèle. Ce concept démultiplie à l'infini le vertige que pouvaient susciter l'immensité de l'univers qui nous est directement accessible. Il ouvre des interrogations philosophiques et métaphysiques en incluant dans le champ scientifique des mondes qui ne sont pas directement observables. Par ailleurs la plus grande partie de l'univers apparaît occupée par une matière noire et une énergie sombre qui demeurent invisibles. Le vide acquiert des propriétés étranges, devient un "vide quantique vivant, effervescent, bouillonnant d'énergie".
La frontière entre physique et métaphysique s'estompe ainsi. Des idées telles que "l'éternel retour" ou la présence d'un autre monde radicalement différent du notre ne sont plus de simples mythes et deviennent plausibles. Le désir d'infini rejoint l'amour de l'éternité qui animait Nietzsche et notre besoin de transcender la condition humaine.

mardi 24 septembre 2013

Antifragile

Nassim Nicholas Taleb is well known for his book about "black swans", these events so rare, that they are completely ignored while they can reshape completely the whole landscape when they occur. In his last book "Antifragile. Things That Gain from Disorder", the author explains his strategy for limiting the risk, by introducing multiple options and favouring a pragmatic approach. His most fierce critics are delivered towards all those who want to rely upon theory rather than mere practice. He favours small structures able to change and adapt rapidly. His book is written in a very lively way and is very pleasant to read. Still, this thick book presents curious limitations: resilience and ecology are completely absent. The "chaos management" which seems favoured by the author has shown its limitations and China with its strong central power seems most successful. While the author presents in quite an interesting way his experience as a trader, he pretends that it can be applied everywhere, which seems doubtful. 

Nassim Nicholas Taleb s'était fait connaître avec son ouvrage sur les "cygnes noirs", ces événements qui restent ignorés jusqu'à ce qu'ils surviennent, en changeant une donne qui semblait acquise. Dans son dernier ouvrage "Antifragile: les bienfaits du désordre", l'auteur poursuit sa réflexion sur les risques imprévus et la manière de s'en prémunir. Considérant qu'il est impossible de prévoir des événements tels que les cygnes noirs, il préconise une stratégie pour se prémunir du risque en multipliant les options, en faisant preuve de pragmatisme, en diversifiant ses choix. Ses critiques les plus vives vont à ceux qui se prévalent de théories (typiquement les universitaires) plutôt que de regarder la réalité en face. Il se fait en même temps le chantre des petites structures fluides, capables d'évoluer et de s'adapter rapidement, et donc de bénéficier du désordre. Il déploie des talents de conteur et son livre se lit avec plaisir.

mardi 10 septembre 2013

BIoéconomie et biopolitique / Bioeconomy and Biopolitics

From the industrial to the postmodern era, the major poles of activity seem to have moved from matter and energy to life and information. Michel Foucault had introduced the concept of "biopolitics', as he considered that Society was exerting an increasing power on  the life of each individual. Despite a rapid development of biometrics, this idea seems questionnable at least in most democratic countries. Michael Hardt and Antonio Negri incorporate all the immaterial economy in the field of biopolitics by considering that it is a way to control the social life of each citizen. Still, such "biopolitics" remain far from life itself. The survival of the biosphere appears as the real challenge of our present century. In fact, our economy still requires matter and energy and that is the problem. Following the work done by N. Georgescu-Roegen, "bioeconomy" aims at reducing entropy generation.  But the challenge remains and will be very difficult to overcome.

En passant de l’ère moderne à l’ère postmoderne, nous aurions changé de paradigme. L’ère industrielle avait été marquée par la prédominance des pôles matière et énergie. Au cours de l’ère actuelle, souvent qualifiée de postmoderne, ce seraient  les pôles du vivant et de l’information qui seraient devenus prédominants. Le pouvoir serait ainsi devenu un « biopouvoir ». Michel Foucault à introduit la notion de «biopolitique» en considérant que le pouvoir de la Société s'exerce de plus en plus sur la vie de chacun. Si cela paraît vrai dans des pays où le pouvoir central est très fort comme en Chine, où il a pu imposer la politique de l'enfant unique, cela semble beaucoup moins le cas au sein des démocraties occidentales, dans lesquelles l'individualisme semble triompher et ceci en dépit d'un rapide progrès des méthodes biométriques.

vendredi 6 septembre 2013

L'énergie et notre avenir / Energy and our future

Energy supply at a moderate price represents an essential factor for the economic and social development during the coming years. The growth of the energy demand represents a major trend which corresponds to the growth of demography and the improvement of living standards. Energy transition will take time. Therefore the impact of energy consumption upon the environment and the climate will be quite heavy. Whatever the scenario which is considered, it seems unlikely now to remain within the 2°C limit for the increase of the mean temperature, xhich is considered as the present goal. The coming years will be critical and a major collapse of biodiversity and human population cannot be excluded. In the longer term, the energy transition might lead to two different types of evolution. If the world energy consumption keeps growing, it seems difficult to avoid a large depolyment of nuclear energy. If  energy supply is ensued by renewable energy sources, it will be probably necessary to accept a strong reduction of the world energy consumption, as biomass, solar and wind energy which are diffuse, require too much land surface area for supply large amounts of energy to more than 9 billion people. The economic and social consequences will be very large and still difficult to predict.

La fourniture d'énergie accessible à un prix modéré représente un facteur essentiel du développement économique et social dans les années à venir. Il est certes difficile de prévoir la transformation de la société dans les années à venir, mais la croissance de la demande d'énergie, qui correspond à une croissance de la démographie et à une amélioration permanente du niveau de vie moyen, représente une tendance lourde, à laquelle il sera difficile d'échapper. Par ailleurs, la transition énergétique à l'échelle mondiale sera inévitablement relativement longue.  Dans ces conditions, la fourniture d'énergie étant assurée actuellement à 80% par des énergies fossiles, l'impact de la consommation d'énergie sur l'environnement et le climat risque d'être très marqué.  En fait, quel que soit le scénario considéré, il apparaît d'ores et déjà quasiment exclu de pouvoir en rester à la limite des 2°C d'élévation de la température, qui correspondent au scénario le plus favorable du GIEC et qui a été adoptée comme objectif par l'Union Européenne. Le monde va donc passer nécessairement par une phase critique, qui va avoir des conséquences très préoccupante pour l'environnement, à une échelle qui reste inconnue. Un effondrement brutal de la biodiversité et du niveau de la population n'est pas exclu.

dimanche 1 septembre 2013

Au delà du développement durable / Beyond sustainable development

The present crisis is, in the first instance, a crisis of our World vision. The present system of representation, which places competition and profit at the center of the economy, has lead to the crisis of the cognitive capitalism which was supposed to represent the "new economy" and to the degradation of the environment. The concept of "sustainable development", proposed already more than 25 years ago in the Brundtland report has brought a real progress , but its impact has remained limited as it contradicts the basic principles of the present globalized economy. Therefore, it has produced some results at the local level, but has not been able to bring any solution to the major challenges of the planet, such as the rarefaction of natural resources, the growing scarcity of water, land, raw materials and the global warming. Only a new World vision will be able to change such a situation and provide appropriate answers. New values, accepted by all the human community, at a worldscale level, have to emerge, requiring an open and deep intercultural dialogue.

La crise actuelle peut être analysée comme étant d'abord une crise de la vision du monde. Le système de représentation actuel consistant à placer la compétition et le profit comme moteurs exclusifs de la mondialisation a abouti d'une part à la crise du capitalisme cognitif et financier qui était censé constituer la "nouvelle économie" et d'autre part à une dégradation de plus en plus préoccupante de l'environnement.
Le concept de  développement durable a été présenté il y a déjà plus de 25 ans dans le rapport Brundtland. Il a représenté un progrès réel, mais se trouve en contradiction avec les principes qui régissent le fonctionnement de la mondialisation. Dans ces conditions, il a permis certains progrès à une échelle locale, mais n'a pas permis d'apporter aux grands défis actuels que représentent les risques de pénurie d'eau, de ressources alimentaires, de matières premières ainsi que le réchauffement climatique, auquel la communauté internationale a été incapable d'apporter une parade. Seule une nouvelle vision du monde et la prise en compte de nouvelles valeurs peut donc à l'avenir permettre de préserver les biens communs que constituent l'eau, l'atmosphère, la terre et la biosphère. Pour que des valeurs authentiques puissent émerger, en étant acceptée par l'ensemble de la communauté humaine, il est nécessaire de pratiquer un dialogue interculturel ouvert et approfondi.

samedi 31 août 2013

L'économie du Bien commun / The Economy for the Common Good


The Forum "Imagine the Commun Good" was recently held in Paris. During the Forum, one of the central issues was related to the possibility of setting the Common good at the center of the economy. It requires a new logic referring to ethics and not only to competition and profit. Some of the potential tools for creating a "sharing economy" were also discussed.
A major question is to know how to proceed for reaching such a goal. Simple personal initiatives, although useful, are probably not sufficient for achieving this result within the present system. An etatic regulation is difficult to put in place within a democratic country and may lead to dictatorship if imposed to the majority.
Therefore, Common good can remain only an orientation which can be implemented at all levels, personnal or collective, without any dogma but by spreading the conviction that the survival of our society depends upon the will to implement such a program.

Un forum international consacré au Bien commun s'est tenu du 25 au 28 août à Paris. Au cours de ce forum, différents intervenants ont évoqué la façon de placer le Bien commun au centre de l'économie. Pour y parvenir il est nécessaire de sortir de la logique actuelle de compétition et de profit, en introduisant des principes éthiques dans la conduite de l'économie. Il est nécessaire d'autre part de mettre en place des moyens pour parvenir à une "économie de partage".
Toute la question est bien sûr de savoir comment y parvenir. Il est peu probable que la simple initiative personnelle puisse suffire dans le cadre du système actuel. Si l'on accepte la nature humaine telle qu'elle est, il est peu vraisemblable qu'elle se transforme du jour au lendemain, en se tournant vers l'intérêt général et en acceptant de le faire prévaloir sur les intérêts individuels. Un dispositif de régulation étatique peut être difficile à mettre en place dans un cadre démocratique et s'il est imposé par le pouvoir, il risque fort de mener à une dictature, avec toutes les dérives possibles qui en découlent.
Dans ces conditions, le Bien Commun doit rester une orientation, même si le but en lui même (une économie fondée sur le Bien Commun) paraît pour le moment inatteignable.  Les moyens pour mettre en oeuvre une économie du Bien commun doivent être pensés à tous les niveaux: individuel, associatif, entrepreneurial et gouvernemental, en se gardant de tout dogmatisme, mais en restant fidèle à une orientation qui conditionne la survie de la société..

jeudi 22 août 2013

From a solid to a gaseous society / De la société solide à la société gazeuse

Zygmunt Bauman has described the present society as "liquid", ever more flexible and  insecure, expressing his nostalgia for the more stable societies of the past. It is possible to develop this metaphor, considering that society can undergo through various states, from "solid" to "gaseous". If the constraints are very strong, the society becomes freezed and solid, as USSR before its fall. At the opposite, in the case of a complete deregulation, it becomes more and more volatile. The "gaseous" society tends to break down, beacause it has lost all the cohesion forces, as it happened in 2008, due to the excess of deregulation introduced by the neoliberal ideology. Therefore some compromise is needed between these two extremes. By refining this metaphor, some composite structure seems required, with solid bones for ensuring enough stability, soft matter, able to move without breaking, and some liquid and even gas circulation for irrigating the social organisation. 

 Zygmunt Bauman avait évoqué une société "liquide", en constatant que la cohésion sociale s'était amoindrie et que la société évoluait vers toujours plus de flexibilité et de précarité. Il exprimait ainsi la nostalgie des sociétés plus stables du passé. Poursuivant cette métaphore, on peut parler de société "solide" et "gazeuse". Si les contraintes imposées sont trop nombreuses et si l’organisation de la société est trop rigide, le système économique et social devient incapable de changer et donc de s’adapter. La société est alors figée et "solide", en devenant incapable de se transformer. Dans le passé, c'est ce qui est arrivé à l'empire chinois. Plus récemment, ce fut le cas de l'URSS. L'organisation sociale court alors le risque de s’effondrer brusquement, comme ce fut le cas de l’URSS en 1991. La tentative de réforme opérée par Gorbatchev, intervenue trop tard, contribua à précipiter la chute. A l'inverse, dans un système totalement dérégulé, les individus tendent à agir dans le sens de leur unique intérêt et le système devient de plus en plus "volatil". La société devient "gazeuse", en l'absence de toute cohésion. Soumise à de fortes turbulences, elle peut tendre rapidement vers un  fonctionnement chaotique. C’est la situation qu'a connu le système néolibéral, caractérisée par une très grande volatilité des cours boursiers ainsi que par une succession de bulles et de crises. Ce comportement s'est traduit par la crise de 2008. 

mercredi 21 août 2013

A qui appartient l'avenir? / Who owns the future

In his book "Who owns the future", Jaron Lanier criticizes the way the digital economy has grown. He considers as unfair the disymetric link which has been established between the companies controling the social networks and the participants. As a pionner of "virtual reality", Jaron Lanier knows well the situation he describes. He helps to deconstruct some of the illusions surrounding the "immaterial ecnomy". He shows that if no adequate measures are decided, it might play quite a negative role, by increasing unemployement and social inequalities.In the present society "information" tends to play the same role as "capital" in the indusrial society. Those who detain the information can derive profit by exploiting the work done by others.
The analysis presented in the book is not quite complete. The ralationship netween finance and the digital economy is only briefly mentioned whreas its economic impact seems much bigger than the impact of social networks. Still the book is quite stimulating and might help to improve our views concerning the way the digital economy should evolve.

Dans son ouvrage "Who owns the future", Jaron Lanier critique la façon dont l'économie numérique s'est développée et en particulier la relation dissymétrique que les compagnies gérant les réseaux sociaux entretiennent avec leurs participants. L'ouvrage de Jaron Lanier est intéressant à de multiples égards. D'abord, parce que l'auteur connait bien le milieu dont il parle, ayant été l'un des pionniers de la "réalité virtuelle". Ensuite, parce qu'il peut aider à se dégager de quelques illusions concernant les vertus de 'l'économie immatérielle". Il montre en effet que si l'on n'y prend pas garde, elle pourrait conduire à un chômage massif , à des inégalités croissantes et à une progressive disparition des classes moyennes.

mardi 20 août 2013

Les réseaux intelligents et la pensée magique / Smart grids and magical thinking


Smart grids are very trendy nowadays as they seem to enable the building up of a new kind of energy Internet. They are supposed to bring a solution to a difficult problem: how to deal with the intermittent production of electricity by renewable sources? What to do when there is no wind, and how to provide electricity at peak load , in the evening or early morning, when the sun shines only during the day? A technical solution requires a back-up, either by fossil-fuel power plants or storage units. But, presently, electricity storage is not economically affordable and back-up by fossil fuels is not very attractive. Therefore, "smart grids' are presented as the solution to the problem  There is no doubt that in the area of electricity transportation, as in any other area, numerical technologies have an important role to play for the automation and on-line optimization of the grid. Still, no intelligent grid can provide energy from nowhere, and smart grids cannot compensate an unbalance between supply and demand, except by cutting the supply to some selected users when the demand exceeds the available power. At least refering to "smart grids" is a good way to avoid providing any other answer. 'Smart" is the magic word which can be put forward in any circumstance. It can help also to justify overcosts and large investments, as "intelligence" is always expensive!

Le thème des "réseaux intelligents" est un exemple intéressant de la façon dont la pensée magique peut se déployer en apportant de fausses solutions à des problèmes réels. Au départ, il s'agit de répondre à un problème difficile. Comment compenser l'intermittence des sources d'énergie renouvelable? Comment faire lorsque les éoliennes ne produisent pas d'électricité, parce qu'il n'y a pas de vent et qu'il faut assurer une pointe de demande? Comment fournir de l'électricité le soir ou de bon matin, lorsque le rayonnement solaire ne peut fournir d'électricité que durant la journée? La solution technique au problème consiste à mettre en route des centrales fonctionnant avec des combustibles fossiles ou éventuellement mettre en oeuvre des systèmes de stockage d'énergie. Les systèmes de stockage d'énergie sont actuellement jugés comme étant beaucoup trop coûteux et assurer le back-up par du combustible fossile est une solution jugée "non présentable". C'est la raison pour laquelle, on préfère dire que le problème sera réglé par des "réseaux intelligents". Comme toutes les technologies, le transport de l'électricité bénéficie des technologies numériques, qui permettent d'assurer son automatisation et même l'optimisation des conditions de fonctionnement en temps réel. Par contre elles ne permettent pas de créer de l'énergie venant de nulle part. Quelle que soit "l'intelligence" d'un réseau, on ne voit pas comment il peut résoudre le problème d'un déséquilibre entre l'offre et la demande, autrement qu'en faisant appel à des sources d'énergie modulables (c'est à dire fossiles) ou à des stockages, qui ne peuvent se développer dans les conditions économiques actuelles. Au mieux, le réseau intelligent peut imposer des délestages à des clients jugés non prioritaires pour "effacer" une pointe de demande.  
Mais de cette façon, il existe une réponse toute prête à la question de savoir comment gérer l'intermittence: on fera appel aux réseaux intelligents.  Expliquer comment y parvenir est sans doute trop compliqué pour être expliqué autrement que par un vague schéma. "Intelligent" est le terme magique, qui permet de ne pas répondre aux questions.

lundi 19 août 2013

Les transports du futur / Future transportation

    
During many years, transportation means seemed to evolve only slowly through an incremental progress.: cars driven by internal combustion engines, planes by turboreactors, ships equiped with diesel groups. Now many new ideas seem to emerge and evolve rapidly. Three main groups of innovations can be considered:
- Fully automated vehicles: cars, ships, but also planes, which will not need any pilot (PPlane concept).
- New propulsion systems: hydrid propulsion for cars, ships but also for planes, making possible during the descent to recover a part of the energy required for the ascent, hydrogen as a fuel for casr, but also and probably more promising for ships and planes, electric vehicles, with inductive transmission during motion, along "an electric road".
- New sustentation systems and ultra-high speed transportation: vactrain transported at 2500 mph in a vacuum tunnel, hypersonic planes, morphic surfaces, tropospheric solar zeppelin, suspended vehicles (cable or rail) in urban areas, adjustable slidewalks.
All ideas will not succeed. Still, this come back of imagination and talent demonstrates that we are entering into a world of intelligence and creation, which will open a whole array of very diverse options, from new ways of walking to hypersonic transportation 

Depuis des dizaines d'années, les principaux moyens de transport semblaient figés: automobiles et moteurs à combustion interne, avions propulsés par turboréacteurs, paquebots équipés de groupes diesel. .
Actuellement, le paysage paraît changer: de nouvelles solutions, qui n'auraient pas été imaginées, il y a seulement quelques années apparaissent et se développent rapidement. Ces innovations concernent l'ensemble des transports air, terre et mer. Elles sont trop nombreuses pour être récapitulées en quelques lignes, mais peuvent être classées en trois grandes catégories:

mercredi 7 août 2013

Energie perpétuelle gratuite (libre) / Perpetual free Energy


The idea of a perpetual free Energy encounters a wide interest, as shown by the numerous articles and videos which can be found on the Web, describing machines able to display an efficiency "higher than 100%". It is specially popular among all the adepts of New Age movements. This is a good exemple of a new kind of magic thinking, and of a regression of reason. The adepts mention numerous experiments "proving" the existence of such a free energy. The beauty of science lies in the fact that it is not necessary to ananalyze the detailed mechanism of such machines, for knowing  that they cannot work. Admitting that they do work would mean that Science as a whole is wrong. Perhaps in the future, some new source of energy will be found, but then it will require a new kind of science. High level scientists would be eager to find it out. But this time has not come yet.

L'idée d'une "énergie perpétuelle gratuite (ou libre)", qu'il suffirait de prélever sur l'espace environnant, rencontre un vif succès, notamment auprès de tous les adeptes du New Age ou d'une pensée alternative.  Tesla en avait rêve, mais sans jamais en établir l'existence. A son époque, l'existence de l'éther était encore admise. Elle représente un bel exemple de régression de la pensée et de l'irruption d'une pensée magique dans le monde contemporain. La conviction dont font preuve ses adeptes est dangereuse, car elle ne laisse pas de place au dialogue. Ceux qui n'admettent pas le concept sont des complices des compagnies pétrolières, qui empêchent l'énergie libre d'être adoptée par tous, en ruinant leurs activités. L'un des principaux instigateurs du concept d'énergie libre a pu bénéficier du soutien d'Adolf Hitler qui avait donné l'ordre de lui fournir toute l'aide possible.

Entre utopie et principe de réalité / Between utopia and realpolitik


Alternative projects for a new world governance system are most often utopic. Some are even dangerous, as they can lead to the creation of activist movements, which intend to promulgate what is right or false, opening the way to a new kind of totalitarism, or some kind of magic thinking. On the other hand, sticking to the "reality principle", which considers any idealistic thinking as naive or hypocrite, leads to conflicts and to the destruction of human environment. Therefore finding a compromise, the "right middle" between this two attitudes is vital for the future. Therefore, rather than pretending to bring ready-made solutions, it seems more important to make mentalities to evolve through education and dialogue.

Les projets de vision alternative du monde restent souvent utopiques. Ils peuvent être défendus avec acharnement, même s’ils se situent en complet décalage avec la réalité présente ou future. Dans certains cas, la défense d’un tel projet peut même prendre la forme d’un activisme, pratiquant la désinformation et utilisant des méthodes d’intimidation. Elle prétend alors incarner l’opinion, même si elle n’est que l’expression d’une minorité. Elle peut aussi s’apparenter à une pensée magique, prête à imaginer le monde, non pas tel qu’il est, mais tel qu’il devrait être. La pensée magique refuse de prendre en compte les objections scientifiques, qui ne seraient pas conformes à sa vision. Elle s’associe fréquemment à la pensée New Age, pour imaginer des options fantaisistes.
   De telles utopies, imposées par une minorité agissante, débouchent en général sur de graves désillusions. Ainsi, certaines formes d’activisme écologique, en refusant tout débat ouvert, risquent de mener à des impasses et de détourner de l’écologie une large partie de l’opinion. Les mouvements anarchistes, tout en proclamant des principes d’autogestion, n’hésitent pas à imposer leur point de vue par l’intimidation physique ou morale et peuvent même être tentés de poursuivre des actions terroristes.

mardi 6 août 2013

Théorie des jeux et réchauffement climatique / Game theory and global warming


Global warming is presently widely accepted as a fact and its potentially dramatic consequences are well known. Still, it is easy to recognize that the international community is very far from an agreement concerning an action plan to be implemented at a world wide level. This situation may seem puzzling. Is it due to an incapacity of human nature to recognize the reality of an imminent catastrophe? The explanation lies rather in the contradiction between individual and collective interest in this case. Actions to be taken for preventing global warming represent a heavy cost and are detremental to the economic competitiveness within a global market. Therefore, from a game theory viewpoint, each player will try to convince the other players to accept to take the actions, while postponing as long as possible his own actions. Such an attitude will be especially favoured when international negociations are dominated by competition and political cynicism. Presently, the major emitters of Green House Gases, China and United States, are giving quite clearly the priority to their economic competitiveness, despite the risk of a catastrophe at a world wide level . For countries willing to act, deciding unilateral actions  is probably not the right policy as it may be interpreted by the other players as an encouragement to their present policy. Reaching an international agreement on a sound basis is the only way to change the way the game is going on.

Il existe actuellement un consensus très large en ce qui concerne le réchauffement climatique, la relation qui existe entre ce réchauffement climatique et les activités humaines, ainsi que sur les actions à entreprendre pour le limiter. Pourtant, alors que la communauté internationale est consciente des implications dramatiques d'un tel réchauffement, elle est encore très loin d'avoir adopté un plan d'action concret avec des contraintes effectives sur les niveaux d'émission. Pour Jean-Pierre Dupuy, ceci tient au fait qu'en dépit de tous les arguments possibles, nous sommes incapables de penser la catastrophe.
   Il existe une autre explication, plus simple, qui tient à la contradiction entre intérêts particuliers et intérêt collectif. A une échelle locale, je peux contribuer à des actions visant à limiter le réchauffement climatique et mon intérêt rejoint l'intérêt général. Pour éviter la catastrophe, il faut que l'ensemble de la population mondiale limite ses émissions de gaz à effet de serre. Toutefois l'impact spécifique des activités menées par un individu ou même une collectivité particulière reste faible. Dans le contexte de la mondialisation, les actions à entreprendre représentent des coûts et une perte de compétitivité. J'ai donc intérêt à ce que les autres appliquent une telle politique, tout en m'en disposant moi-même.

lundi 5 août 2013

Vers un effondrement de la civilisation? / Towards a collapse of civilization?

In the future, a collapse of the human civilization might result from the irreversible destruction of the environment. It has been shown that ecosystems can become unstable beyond a critical threshold. Some scientists consider that a comparatively rapid transition of the biosphere might occur, beyond a certain value of the earth soil fraction, which is devoted to human activities. This fraction reaches already  43%. It might reach 50% in 2025 and 70% in 2060. A critical threshold might be reached before 2050. A rapiddegradation of the biosphere would lead to a  sudden drop of biodiversity and human population. Humanity might enter into a new Dark Age. Such a scenario, although possible, is still far from certain. The future will depend of the road chosen by humanity.

Dans l’avenir, un effondrement au niveau planétaire pourrait être causé par  une destruction irréversible de l’environnement. On a pu montrer qu’un changement brutal peut affecter les écosystèmes à partir du moment où un seuil critique est franchi.
   Certains scientifiques estiment que la biosphère pourrait être affectée par une transition relativement rapide, entraînant une extinction massive des espèces biologiques et une progression spectaculaire de la désertification, au dessus d’une valeur critique de la fraction des sols occupés par l’homme, pour ses besoins, que ce soit l’habitat, l’agriculture ou encore d’autres usages. Cette fraction est déjà d’au moins 43%. Elle pourrait s’élever à 50% en 2025 et à 70% d’ici 2060. Le seuil critique pourrait être atteint avant 2050.

Big data et anticipation / Big data and future forecasting

Weak signals can help to anticipate disruptions, but are often difficult to detect and to onterpretate. Big data might represent a revolution, by providing means to interpretate automatically huge amounts of date. By correlating these huge amounts of data, they can be used for predicting the evolution or even a shift within a system. Bid data are specially valuable for detecting social trends and disruptions. They represent a potential revolution in the area of forecasting. Those companies which are equipped with the most powerful machines are in the best position for taking advantage from the use of Big data.

Les signaux faibles représentent un moyen d'anticiper les ruptures. Toutefois, détecter et interpréter les signaux faibles n'est pas toujours simple.Une révolution en cours concerne les Big data, c'est-à-dire le traitement de bases de données extrêmement étendues, pour en tirer les informations les plus pertinentes. Des algorithmes analogues à ceux qui sont employés pour les moteurs de recherche sont utilisés pour établir des corrélations entre des données qui au départ pouvaient sembler non reliées entre elles. Il est même possible à partir de ces vastes ensembles de données d’élaborer des modèles numériques de systèmes complexes, qui servent à prévoir l’évolution future de tels systèmes.

dimanche 4 août 2013

Signaux faibles / Weak signals



Change and disruptions are difficult to forecast. Weak signals come from the perphery and their meaning seems fist marginal. Weak signals, can remain unnoticed, but when they are systematically collected,   gathered, and correctly interpreted, they can provide indications that a global trend which has been observed for years might be reversed. They help to anticipate major changes occuring in society.Major trends such as delocalization in emerging countries,  urban sprawl or giant supermarkets might be reversed in the near future. It is only by observing weak signals that we can anticipate such disruptions.

 Pour ne pas se trouver pris au dépourvu, face au changement et aux ruptures potentielles, il est nécessaire d’associer trois démarches : observer, comprendre, et imaginer.
   Observer, c’est recueillir le plus possible d’informations pertinentes à travers le travail de veille et d’intelligence économique. Les signaux faibles correspondent à des informations, qui, prises isolément, ne suffisent pas à détecter les changements à venir, mais qui peuvent fournir des indications très utiles lorsqu’elles sont réunies en un faisceau d’indices et analysées en imaginant différents futurs possibles. Les signaux faibles interviennent généralement en périphérie et leur signification semble initialement marginale. Lorsqu'ils sont correctement interprétés, ils peuvent aider à anticiper un changement majeur ou une rupture. Les signaux faibles sont surtout importants lorsqu’ils sont en contradiction avec la tendance lourde du moment. Un signal faible, en conjonction avec d’autres, peut être alors interprété comme l’amorce d’un changement qu’il permet de détecter.

L'auto-organisation de l'économie / Spontaneous order in economy



The idea that society evolves through spontaneous order or through "autopoiesis", according to the terminology introduced by Humberto Maturana and Francesco Varela is now widespread. For the economist Frierich von Hayek, most social institutions have been built through such a "spontaneous order". He considered that it is the only process suited for a modern society.  As a consequence, in economy, the Market is the only mechanism which can enable economy to evolve in a proper way. For Hayek, all state-driven decisions are most of the time arbitrary and tyrannic. His views have provided the theoretical basis for the neoliberal doctrine. Organization through spontaneous order is indeed adaptad to everyday life and planned economy has proven to be a failure in this area. Still, spontaneous order does not imply that the evolution thus followed will reach an optimal or even a viable state. It is clearly not adapted for meeting large planetary challenges, such as global warming. A new form of economic organization combining "spontaneous order" with some planned organization at a worldwide scale remains to be invented

L’idée que la société progresse par « auto-organisation », ou selon l’expression de Humberto Maturana et Francesco Varela par « autopoïèse »[1], est maintenant largement répandue. Elle constitue le point de départ de la théorie des systèmes sociaux du sociologue allemand Niklas Luhmann[2]. Pour Niklas Luhmann, une telle capacité d’auto-organisation de la société est liée avant tout à ses facultés de communication à travers un langage. L’ordre global d’un système auto-organisé s’établit spontanément à partir des interactions entre les différents éléments, individus ou organisations, qui le constituent. Ainsi, les structures complexes du monde vivant relèvent d’un processus d’évolution auto-organisé, à travers le mécanisme de sélection naturelle décrit par Darwin. Partant de la distinction traditionnelle que les Grecs avaient établie entre l'ordre naturel (cosmos) et l'ordre artificiel (taxis), l’économiste Friedrich von Hayek a introduit l’idée d’un « ordre spontané », résultant de l'action humaine, mais qui ne serait pas, pour autant, l’aboutissement d’un dessein conscient. 

mardi 25 juin 2013

Microalgues / Microalgae



Microalgae were born in the sea three billions years ago. During all this time, they have developed a whole range of options and products for the best adaptation to various ambiant conditions. Micro-algae have generated much excitement  in the area of biofuels and numerous start-ups have been created for this purpose. Still, biofuels production does not seem competitive yet. But micro-algae can find many other applications. In the future, they might represent an alternative to animal breeding for the production of proteins. They are used already for producing food additives such as antioxydants, DHA fatty acid, carotenoids. They can be used in many applications of fine chemistry and pharmaceutical industry. As microalgae are able to capture pollutants such as hydrocarbons and metals, they can be used for environmental protection and remediation. Thus the present developments in the area of microalgae could be part of the main options which might generate large mutations of the economy in the near future. 

Les microalgues sont nées dans la mer il y a trois milliards d'années. Comme l'explique Claude Gudin dans son ouvrage sur "l'histoire naturelle des micro-algues", pendant toute cette durée, elles ont été capables de s'adapter à des conditions très variables du milieu environnement. Elles ont su exploiter toutes les possibilités offertes par la photosynthèse et ont développé une chimie complexe pour s'adapter à des milieux différents. Elles suscitent actuellement un intérêt considérable, car elles peuvent être cultivées dans des réacteurs, soit à la lumière du jour (conditions autotrophes): elles synthétisent alors des sucres et des huiles, soit en l'absence de lumière, en utilisant un substrat sucré pour alimenter leur croissance (conditions hétérotrophes). Il est donc possible de les produire  sans exploiter de surface de terre agricole.

L'énergie à l'horizon 2050 / Energy 2050

The demand for energy is growing, due to demography and rising living standards. Considering different scenarii by 2050, it is only by combining a degrowth of energy consomption from 2 toe to 1 toe (whereas the trend is 3 toe) with a very strong progression of non carbon energy sources that it would be possible to meet the requirements of a temperature rise not exceeding 2°C. Unfortunately, such a scenario is not very likely to occur. United States and China are relying upon the least expensive energy sources, shale gas ans coal, for supporting their economy. The European Union is driven by illusions and "story telling", leading to an incoherent policy combining ultraliberalism with arbitrary constraints. It is urgent now to find a new way, at a worlwide level, for taking into account both economic needs and the urgency of saving the climate.

L'énergie alimente le moteur de l'économie. Son avenir à l'horizon 2050 et au delà pose de graves problèmes, pour lesquels il n'existe pas de solutions simples. La croissance de la demande est due à la progression de la démographie et à l'augmentation continue du niveau de vie. Elle pose le problème d'une raréfaction à terme des ressources, mais soulève aussi la question de plus en plus préoccupante du réchauffement climatique.
   L'énergie primaire est assurée pour 80% par des énergies fossiles et cette part n'évolue que lentement. Dans ces conditions, la transition énergétique risque d'être longue et de ne pas être complètement achevée à la fin du siècle. La consommation d'énergie a été de 1,5 tep (tonne équivalent pétrole) par habitant et par an en moyenne dans le Monde en 2010. En 2050, un scénario tendanciel conduit à une consommation de 3 tep par habitant et par an. On peut envisager deux scénarios "alternatifs": un scénario de limitation à 2 tep et un scénario de décroissance à 1 tep. Le scénario de décroissance pourrait être toutefois très pénalisant pour l'économie mondiale et en particulier pour les pays en voie de développement.

lundi 24 juin 2013

Le mouvement des Makers / The Makers movement

Numerical technologies, such as 3D printing and laser cutting machnes can be used by individuals. The availability of such equipments can lead to a revolution in the way objects will be produced in the future. As a part of the DIY culture, it may help to enhance to a very large extent the opportunities for the diffusion of creativity in everyday life. For Chris Anderson, the chief redactor of Wired Magazine, it might become a starting point of a new industrial revolution. Although the impact in terms of creativity in everyday life seems certain, this conclusion in terms of an "industrial revolution" seems more dubious. 

Les outils intelligents, dont on dispose actuellement grâce au développement des technologies numériques, permettent à un particulier de réaliser ses propres objets, même s’ils sont de géométrie complexe. On observe en particulier un essor rapide des imprimantes 3D, qui vont sans doute devenir, dans un proche avenir, d'un usage aussi courant que les imprimantes actuelles.  D’autres équipements, tels que les outils de découpe laser, se répandent également. Les mutations technologiques rendent beaucoup facile et direct le passage de la conception à la réalisation d’un équipement innovant, alors qu’auparavant la concrétisation d’une idée sous la forme d’un objet suivait un processus long et coûteux. Elles donc permettre d’accélérer considérablement la diffusion des innovations Une autre conséquence importante est que chacun a la possibilité de réaliser facilement ces propres objets à partir d’un modèle numérique. Il devient possible d’effectuer des « tirages » en 3D de l’objet, soit sur sa propre imprimante 3D, soit chez un sous-traitant spécialisé, notamment pour les objets de grande dimension. Ces nouvelles opportunités ont conduit au développement du mouvement des makers, qui est particulièrement actif aux États-Unis, mais qui existe également dans d’autres régions du Monde, et notamment en Europe. Aux États-Unis, ce mouvement se présente comme une extension de la culture DIY (Do It Yourself). Le mouvement DIY réunit tous ceux qui veulent se réapproprier les objets qu’ils utilisent, en les concevant et en les fabriquant eux-mêmes. Il permet de disposer d’objets personnalisés, qui sont le reflet de la personnalité de chacun. La créativité peut ainsi se développer à tous les niveaux de la vie quotidienne.

Le gaz naturel: de la production aux marchés / Natural gas: from production to markets

Natural gas development is comparatively recent. It is  a clean and flexible energy source. Among all fossil energy sources, natural gas is the one which emits the smallest amount of CO2. Whereas coal-fired power plant emit more than one ton of CO2 per MWh produced, a modern combined cycle gas-fired power plant emits around 280 kg of CO2 per MWh. Natural gas resources are abundant and have been recently boosted by the development of shale gas in United States. To produce, process, transport and distribute natural gas to the final user has required major technological breakthroughs for developing offshore natural gas, LNG and GTL chains and new applications for natural gas. The book "Natural gas: from production to markets" published by "Technip Editions" ( in French for this edition) presents in a single volume all the basic information required  for a a better understanding of the gas chain and the future outlook for natural gas


Les atouts du gaz naturel sur le plan économique, sa souplesse d'utilisation, son caractère peu polluant ont assuré un développement rapide de cette source d'énergie. Parmi tous les combustibles fossiles, le gaz naturel est aussi celui qui émet le moins de dioxyde de carbone (CO2) et s'associe le mieux avec les énergies renouvelables. Faciliter la compétitivité du gaz naturel est l'une des meilleures réponses à apporter au problème du réchauffement climatique.Alors que la moyenne des centrales au charbon émet plus d'une tonne de CO2 par MWh, une centrale moderne à cycle combiné fonctionnant au gaz naturel n'en émet  que 280 kg environ.
   Ses ressources sont abondantes et les réserves exploitables commercialement sont revues largement à la hausse depuis le décollage de la production de gaz de schiste aux États-Unis. Compte-tenu de ses atouts, le gaz naturel est donc bien placé pour assurer la transition énergétique. Son marché est toutefois limité actuellement par les coûts très bas du charbon, alors que celui-ci est très pénalisant pour l'environnement. 
   Produire, traiter, transporter et utiliser du gaz, souvent situé dans des zones difficiles ou éloignées des sites de consommation, impliquait de surmonter des défis techniques considérables. Les technologies de pointe qu'il a fallu développer ont ouvert un large champ d'opportunités nouvelles : production de gaz en mer, croissance rapide du commerce international de GNL, cycles combinés, filières de valorisation GTL (Gas to Liquids).
   L'ouvrage " Le gaz naturel: de la production aux marchés" publié aux Editions Technip présente de manière synthétique les informations techniques et économiques nécessaires pour acquérir une vision d'ensemble de la chaîne gazière et analyse également les perspectives d'avenir.

dimanche 24 mars 2013

Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre? / How to reduce the emissions of green house gases


Reducing the level of GHG emissions becomes urgent, yet no solution is in sight. How to proceed? Probably not, by trying to extend the European Trading Scheme. This scheme combines major drawbacks. It applies only to industry, whereas an incrinsing share of the industry in the European Union has been delocalized towards countries which do not introduce themselves similar constraints. It favours a speculative market and fluctuating values of the permits, whereas a clear and foreseeable signal would be needed. Furthermore the present levels appear as totally uneffective. The alternative would be a tax which would be applied to all emissions, whatever the source and the region. With the same value of the tax everywhere, it would be possible to avoid a distorsion of concurrence in a globalized economy. If recycled in each country, this tax would be neutral for all national economies. It might go along with a fund gathered for helping the poorest countries to get a better access to energy, without increasing too much the burden upon the environment

Réduire les émissions de gaz à effet de serre devient de plus en plus urgent, et pourtant jusqu'à présent, aucune solution n'a été trouvée à l'échelle mondiale. Comment les réduire? On serait tenté de répondre, qu'il ne faudrait surtout pas chercher à étendre le système européen des permis de droits d'émission. Ce système cumule les inconvénients. Il ne concerne que l'industrie, qui est de moins en moins localisée en Europe, tout en encourageant la délocalisation vers des pays qui ne se fixent aucune règle. Les transferts qu'il opère bénéficient essentiellement à la Chine, qui tout en étant devenue le principal émetteur de gaz à effet de serre n'est sans doute pas le pays dans la situation la plus fifficile.  Il est basé sur des quotas fixés de manière arbitraire par l'administration. Il favorise les activités spéculatives et les fraudes sur un marché opaque pour le non initié. Il introduit de larges fluctuations dans la valeur de la tonne de CO2 évitée, alors qu'il faudrait fixer une valeur de référence aussi stable que possible. Il est enfin inefficace avec des valeurs de la tonne de CO2, qui ne sont actuellement absolument pas incitatives.

samedi 23 mars 2013

L'impératif du vivant / The requisite of life

In his book "The requisite of life", Thierry Gaudin, a leading representative of futures studies in France proposes a vision inherited from the Enlightment,  willing to combine scientific progress with humanistic principles. Inspired by the "requisite of life" rather than "the industrial requisite", our civilization should be able to build up a new system of values and find new ways to cooperate. Cooperation plays a more important role in nature than the struggle for life. By cooperating, living cells have been able to buld mora and more complex organisms oriented towards an increasing individuation. Still a major question remains. Can nature alone insprire ethics? Can it be substituted to transcendent values? The book does not reply to this question.

Dans son ouvrage, "L'impératif du vivant", Thierry Gaudin poursuit la réflexion qu'il a engagée avec "2100, récit du prochain siècle". Il reprend l'idée déjà exprimée auparavant, que la civilisation de demain sera bâtie sur le vivant et viendra ainsi remplacer la civilisation industrielle, qui s'appuyait sur l'axe matière- énergie. Il inscrit  ainsi sa pensée dans le prolongement de  des Lumières, en affichant la volonté d'opérer une synthèse entre le progrès scientifique et un humanisme responsable. Dans "l'impératif du vivant", il nous livre à nouveau avec brio une synthèse magistrale associant philosophie, science et histoire. En étant inspirée par "l'impératif du vivant" plutôt que par "l'impératif industriel", la civilisation devrait pouvoir retrouver de nouvelles valeurs et notamment des principes de collaboration. En effet, les forces de coopération jouent dans la nature un rôle plus important que la "lutte pour la vie", qui avait été décrite comme le principal moteur de l'évolution. En s'associant, les cellules vivantes ont créé des organismes de plus en plus complexes, allant vers une individuation croissante.
Demeure une question: la nature peut-elle suffire à  inspirer une éthique? Peut-être se substituer à une transcendance, pour inspirer un système de valeurs? L'ouvrage ne répond pas vraiment à cette question.

La guérison du monde / Healing the world

In his book "Healing the worls, the Franch essayist Frédéric Lenoir presents the way to be followed for getting out of the present crisis, which is presented as systemic, financial, economic, but also moral. The world is ill because humanity has been not able to master the technological progress and has been driven by hubris. The view which is presented has many merits: it is very open to all sources of inspiration and spirituality. Yet, the question arises. Has the proposal "healing the world" any real meaning. This idea seems to belongs to cotemporary illusions, according to which all misfortunes which happen to humanity, crimes and poverty can be considered as an illness, which can be cured with the right drugs. It is unlikely that it wille possible to heal the world. It wille remain full of sound and fury. Of course, this does not forbid to try changing oneself, as suggested by the author. But it is much less obvious that it will be enough for changing the world.

Dans "La guérison du monde", Frédéric Lenoir présente la voie qu'il faudrait suivre, selon lui, pour sortir de la crise actuelle. Cet ouvrage, destiné à un large public, est intéressant à plus d'un titre. Il commence par analyser la crise actuelle, comme une crise systémique, mais aussi une crise morale. Le monde est malade, parce qu'il n'a pas su résister à la démesure qu'a entraînée le progrès de la technologie. Pour le guérir, il faut remplacer l'hubris par la sagesse.
L'ouvrage est attachant par son ouverture universaliste, sa volonté de s'inspirer de toutes les expériences et de toutes les sources de spiritualité.Il présente aussi une bonne synthèse des expériences et des idées visant à transformer le monde.
Pourtant, on peut se demander si l'idée de "guérir" le monde a un sens. Elle fait partie de la panoplie des idées contemporaines, consistant à penser que tout mal est une maladie, dont on peut guérir: ce serait vrai des malheurs de la vie humaine, des crimes et de la pauvreté. Une telle vision n'est pas réaliste et malheureusement le progrès moral ne suit pas le progrès technique. Le Monde va sans doute continuer à être dominé par le bruit et à la fureur. Ceci n'interdit pas toutefois, comme le souligne l'auteur de chercher à se transformer soi-même. Cela suffira-t-il pour changer le monde. C'est moins évident.

dimanche 10 février 2013

Les énergies renouvelables sont-elles décentralisées? / Are renewable energies decentralized?


Renewable energy sources are often presented as decentralized. Such a representation is very widespread in the media, and is popularized by writers such as Jeremy Rifkin. The possibility of collecting free energy from the environment, thus getting rid of large industrial companies is of course  most appealing. Unfortunately, reality is, for the time being, quite different. Hydraulic and biomass energy do not follow such a logic. The Three Gorges Dam in China is one of the largest human installations ever made. Windwill farms now gather frequently more than a hundred giant windmills. They require an expensive transmission network for transporting the intermittent electricity production. One day, perhaps, if new disruptive storage systems are developed, this situation might change. It is important to carry on research in that direction. But it is better to avoid illusions, so frequently encouraged by the media that public opinion becomes convinced that they correspond to the current situation.

Les énergies renouvelables sont le plus souvent présentées comme décentralisées. Ceci correspond à la représentation, popularisée par des auteurs comme Jeremy Rifkin, de la possibilité pour chacun de générer sa propre énergie. Cette représentation est séduisante, car chacun rêve de devenir autonome et indépendant des grandes compagnies énergétiques. Pouvoir capter sa propre énergie à l'aide de quelques capteurs,  éviter les problèmes associés aux énergies fossiles semble la solution idéale. Malheureusement, la réalité est pour le moment assez différente. 

samedi 9 février 2013

Des Lumières de la Raison à la lumière de la Conscience / From Enlightment of Reason to Enlightment of Consciousness

The Light of Reason did not reach the expectations which it raised several centuries ago, at the Renaissance period. It did not prevent wars and genocides and now it does not seem able to save Humanity. Reason is needed, as the sleep of reason produces monsters, but rational thought alone cannot  provide the foundations for more humanity. Artificial intelligence can be displayed by a computer, but a computer is not conscious. We need Reason, but also Consciousness. Beyond the light of Reason, we need to move towards the source of Light, the source of Consciousness, the enlightened witness, described by the Persian philosopher Sohrawardi, through a planetary dialogue between civilizations. Then we can hope to move from a materialistic and flat world to a more meaningful universe.

Menacés par le Chaos, il nous importe de retrouver un sens. Les Lumières de la Raison qui ont commencé à éclairer le Monde au moment de la Renaissance, n'ont pas répondu aux espérances qui avaient été placées en elles. Elles n'ont pas permis d'empêcher les massacres, les guerres, les génocides, l'exploitation humaine. Certes la Raison est nécessaire. Goya rappelait déjà que le sommeil de la raison engendre les monstres. Mais la raison, au sens d'intelligence logique, ne peut suffire à fonder les relations humaines. L'informatique montre qu'un ordinateur est capable d'intelligence et en ce sens de raison. Mais un ordinateur n'a pas de conscience, n'éprouve rien, ne sent rien. La Raison doit être complétée par la Conscience. Au delà des lumières de la Raison, il s'agit d'aller vers la source de lumière, la source de conscience, le Témoin lumineux dont parlait Sohrawardi, à travers un dialogue planétaire entre civilisations. Ce n'est qu'à cette condition qu'il sera possible de passer d'un  monde matérialiste et plat, à un univers qui aura retrouvé un sens.

Progrès et bien commun / Progress and Common Good

Globalization relies presently upon an evolution process controlled by the market. Such a "self-organisation" can indeed generate more complexity and technological progress, but giving the power to the fittest implies a struggle for the control of a maximum amount of resources. Trying to get a maximum share of natural resources is not compatible with the best preservation of the common good. Elinor Ostrom has advocated for the creation of an institutional framework with might help local communities to manage their common good in an optimal way.  Presently, it becomes necessary to manage the "common good" , air, water, biodiversity, pristine natural spaces at a planetary level. Achieving such a goal requires a dialogue for defining together the essential values humanity wants to preserve.

Le progrès technique prolonge l’évolution biologique, en progressant vers toujours plus de complexité, à travers un mécanisme de sélection darwinien. La mondialisation et le néolibéralisme ont introduit un modèle d’un arbitrage par le Marché, selon lequel l’ensemble de l’économie est conçu comme un système dérégulé et auto-organisé, générant ses propres règles. Un tel mécanisme peut suffire à générer le progrès technique. Toutefois, le critère d’ « adaptation maximale » qui régit l’auto-organisation de l’économie aboutit à une compétition sans merci pour s’emparer d’un maximum de ressources. Or  ces ressources sont dispensées par un environnement, qui est un « bien commun », par définition fini. La compétition entre les acteurs pour détourner le maximum de ressources à leur profit exclusif aboutit d’une part à priver une large partie de la population mondiale de biens essentiels et d’autre part à un risque de destruction de l’environnement. 

dimanche 20 janvier 2013

Les idées fausses de Jeremy Rifkin / The wrong ideas of Jeremy Rifkin

Jeremy Rifkin encounters a great success, especially in Europe, with his books. Unfortunately most of his ideas have proven to be wrong. He has been the prophet of the "end of Work".  In practice,  a country like France where the working hours have been massively reduced (1679 h/y) are in a much more difficult position than those where they have been maintained at a higher level, such as Germany (1904 h/y). In 2002, he claimed that the "Hydrogen Economy" was imminent. Ten years later, nobody believes any more that it may be true. His comparison of the energy system with Internet has proven to be false, even where renewable energy sources are widely deployed. Later, he announced that Internet was creating a world "Empathic Civilization", a view quite close to the idea that we have reached the "end of history", because all nations will recognize the Western values as the only right ones. Now he claims that a "third industrial revolution" has started, based upon Internet and renewable energy sources. Thus he completely misses the mere fact that the priority of the two World great economic powers, the United States and China, have chosen to power their economic growth by using the cheapeast available energy sources, shale gas for the United States, coal for China. Only Europe seems to have chosen "the dream". 

Jeremy Rifkin, dont on vient de publier en France le dernier ouvrage consacré à "La troisième révolution industrielle" rencontre beaucoup de succès, notamment en Europe. Pourtant, si on examine le bilan de toutes les idées qu'il a soutenues au cours du temps, on peut constater qu'elles ont été toutes démenties par les faits.
En 1995, il s'est fait l"apôtre de la société post-industrielle et post-travail, annonçant "la fin du travail". Force est de constater que ceux qui ont cru à cette idée sont maintenant mal en point. La France où le temps de travail annuel est de 1679 h a un taux de chômage deux fois plus élevé qu'en Allemagne où ce temps de travail est de 1904 h. En 2002, il a annoncé l'économie de l'hydrogène. Dix ans après, personne ne croit vraiment que ce soit une révolution à notre portée. Il a également assimilé le fonctionnement du secteur énergétique à Internet, considérant que chacun va produire sa propre énergie et que l'hydrogène pourra transférer l'énergie d'une habitation à une autre.

vendredi 18 janvier 2013

Les trous noirs et la caverne de Platon / Black holes and Plato cavern

Simulation of a black hole (Wikipedia)
In his book about the black holes, the reknown physicist Leonard Susskind considers that a most likely representation of our world is to consider that it is located within a black hole. All the stars shift away at an increasing speed. When they reach the light velocity, they disappear within a "cosmic horizon" located at around fifteen billion light-years. The universe might be an hologram, encoded on the surface of this cosmic horizon. Although Leonard Susskind does not bring this comparison, such a representation looks very similar to the representation that Plato gave of the world as a cavern, in which men can only observe shadows. The real world of Ideas and informations is beyond the black hole in which we are enclosed.

Jusqu'à une date récente la science consistait à remplacer les mythes et les récits merveilleux par des explications rationnelles de plus en plus réductrices, qui rendait la vision du monde de plus en plus prosaïque. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Dans son ouvrage sur les trous noirs, le physicien resputé Leonard Susskind évoque l'idée que notre univers pourrait se situer à l'intérieur d'un trou noir. Toutes les étoiles s'éloignent de nous à une vitesse qui augmente avec la distance. Quand elles atteignent la vitesse de la lumière, elles disparaissent dans un "horizon cosmique" situé à environ quinze milliards d'années lumière. Toute se passe comme si nous vivions "dans un trou noir inversé". L'univers pourrait être alors un hologramme, dont les informations sont codées dans l'horizon cosmique.
Léonard Susskind n'en parle pas, mais cette représentation du monde ressemble beaucoup à la caverne de Platon, dans laquelle les hommes ne peuvent percevoir que des ombres. Le vrai monde celui des Idées et des informations est au delà, en dehors du trou noir dans lequel nous serions enfermés.